C ongrès réunion ●●J.C. Chachques* Actualités en transplantation cardiaque à l’American Heart Association (AHA) 8-12 novembre 2008 - La Nouvelle-Orléans GRANDS ESSAIS : études cliniques présentées E n 2008, les sessions scientifiques de l’American Heart Association (AHA) se sont déroulées du 8 au 12 novembre à La NouvelleOrléans, la plus grande ville de l’État de Louisiane. Située sur les bords du Mississippi, ce centre industriel et de distribution est également un port impor­ tant et une ville à la vie culturelle riche, ancienne et vibrante. L’AHA est une organisation très impli­ quée dans la recherche, l’éducation et la prévention des maladies cardiovascu­ laires. Son congrès réunit chaque année plus de 25 000 participants du monde entier. Ainsi, cardiologues praticiens et chercheurs y trouvent une occasion unique pour découvrir les principales avancées de la discipline. L’approche transdisciplinaire des maladies cardiovasculaires constitue la mission et en même temps la force de l’AHA. Pour les spécialistes, ce congrès annuel est une occasion de prendre connaissance des nouveautés tant sur le plan de la recherche que sur celui de la pratique médicale. Ainsi les translational sessions qui rassemblent scientifiques et cliniciens font le lien entre la recherche et les patients. * Service de chirurgie cardiovasculaire et laboratoire de recherches biochirurgicales (LRB), hôpital européen Georges-Pompidou, Paris. BONAMI FRENCH TRIAL Dans le domaine de la thérapie cellu­ laire, un groupe de recherche français a présenté les premiers résultats de l’étude BONAMI, une étude dans laquelle l’in­ jection intracoronaire de cellules souches autologues a été évaluée. Les premiers pas de la thérapie cellulaire se situent favora­ blement par rapport à ce que furent, dans les années 1990, les tentatives de thérapie génique. L’essai BONAMI (Bone marrow cells in acute myocardial infarction) a été mené dans 7 CHU français (Lille, Nantes, Toulouse, Créteil [Henri-Mondor], Mont­ pellier, Grenoble et Caen). ✓ ✓Problématique. Des études cardio­ logiques déjà effectuées suggèrent que la thérapie cellulaire est plus efficace chez des malades présentant une réduc­ tion importante de la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) et si le trai­ tement est réalisé précocement (dans la première semaine après l’infarctus). ✓ ✓Méthodologie. L’essai clinique BONAMI est une étude randomisée multicentrique, comprenant 101 patients (dont 49 sujets contrôles) présentant une FEVG de l’ordre de 36 %. Le protocole consistait à injecter des cellules médul­ laires souches autologues par cathéter intracoronaire, via l’artère fémorale, 9 jours après l’infarctus du myocarde (IDM). À 3 mois, la viabilité myocar­ dique, la fonction ventriculaire et la taille des infarctus ont été évaluées. ✓ ✓Conclusion. Les résultats montrent une tendance à l’amélioration de la viabilité myocardique chez les malades traités par cellules de moelle osseuse. Il n’y a pas eu de différences concernant 80 la fraction d’éjection ventriculaire ni la taille des infarctus. Aucun effet délétère n’a été trouvé à la suite de l’injection de cellules. Les auteurs recommandent la réalisation d’une étude plus large, utili­ sant des protocoles standardisés pour la préparation des cellules. I-PRESERVE Le bénéfice d’un traitement par antago­ niste des récepteurs de l’angiotensine (ARA) dans l’insuffisance cardiaque (IC) à fraction d’éjection (FE) préservée a été évalué. L’IC à fonction systolique conservée semble résister aux ARA-II. Plusieurs travaux déjà réalisés laissaient espérer une action favorable des IEC (inhibiteurs de l’enzyme de conversion) et des inhibiteurs de l’angiotensine sur l’IC à FE conservée. I-PRESERVE, le plus grand essai testant un ARA-II dans cette indication, est un échec. ✓ ✓Problématique. Approximativement 50 % des patients en IC ont une FE préservée (≥ 54 %) et cette proportion va en augmentant. Aux États-Unis, l’IC à FE préservée est responsable d’en­ viron 500 000 hospitalisations pour IC et de 25 000 décès. L’IC à FE préservée touche principalement les femmes et les sujets âgés, au contraire de l’IC à FE basse. L’hypertension artérielle en est la première cause tandis que les coronaropa­ thies sont relativement peu fréquentes. ✓ ✓Objectif de l’étude. Les auteurs ont cherché à déterminer si le traitement par un ARA, l’irbésartan, réduisait la morta­ lité et la morbidité chez des patients IC à FE préservée. Le critère primaire était la mortalité toutes causes et les hospi­ talisations cardiovasculaires (pour IC, IDM, accident vasculaire cérébral [AVC], arythmie) ; les critères secondaires étaient les décès par IC ou l’hospitalisation. Le Courrier de la Transplantation - Volume IX - n o 2 - avril-mai-juin 2009 C ongrès réunion ✓ ✓Méthodologie. I-PRESERVE est une étude randomisée, en double aveugle, contrôlée contre placebo et incluant 4 128 patients ; la moyenne de suivi était de 50 mois. ✓ ✓Conclusion. Il s’agit du plus large essai conduit chez des patients présen­ tant une IC à FE préservée. L’irbésartan n’a pas eu d’effet sur le critère primaire ni sur les critères secondaires. L’admi­ nistration du médicament a été sûre et bien tolérée. Une meilleure compréhen­ sion des mécanismes fondamentaux de ce syndrome et des cibles potentielles du traitement semble nécessaire. HF-ACTION HF-ACTION est la plus importante étude contrôlée réalisée à ce jour pour évaluer l’efficacité de l’entraînement physique dans le traitement de l’IC. Ses résultats apportent de nouveaux éléments au débat. Pendant 2 ans et demi, un entraînement physique a été suivi par plus de 1 000 patients IC. La comparaison du devenir de 2 groupes IC selon leur niveau d’activité physique montre une réduction de 7 % du critère primaire de l’étude incluant les décès et les hospitalisations. Cette différence non significative le devient après ajus­ tement sur des facteurs pronostiques préspécifiés. Absolument sans danger, le bénéfice de l’exercice vient en complément d’un traitement médical optimal. ✓ ✓Problématique. Dans les études précédentes, l’entraînement physique avait augmenté les capacités à l’exercice, amélioré la qualité de vie, amélioré les biomarqueurs et augmenté potentielle­ ment la survie. Les limites des essais précédents étaient : de petits effectifs, une majorité de “centres uniques”, un manque de puissance pour évaluer la mortalité et la morbidité, l’absence de groupe contrôle adéquat et des données de sécurité limitées. ✓ ✓Méthodologie. 2 331 patients en insuf­ fisance cardiaque congestive (ICC) ont été évalués ; NYHA 2-4, FEVG ≤ 35 %, traitement médical optimal et capa­ cité à l’exercice, médiane de suivi de 2,5 ans. ✓ ✓Conclusion. L’étude HF-ACTION est la plus importante de celles concer­ nant l’entraînement à l’exercice des patients IC. Selon le protocole, l’en­ traînement à l’exercice induit une réduction modeste, non significative, du critère primaire (mortalité toutes causes et hospitalisations toutes causes) et des critères secondaires. Dans une analyse secondaire, après ajustement sur les facteurs pronostiques les plus significatifs, l’effet ajusté du traitement était statistiquement significatif pour les critères primaire et secondaire : morta­ lité cardiovasculaire ou hospitalisation pour IC. Les résultats de l’étude HF-ACTION encouragent la mise en place d’un programme d’entraînement à l’exer­ cice structuré pour les patients présen­ tant une fonction ventriculaire gauche diminuée et des symptômes d’IC, tout en l’associant au traitement pharma­ cologique. JUPITER La présentation des résultats de l’étude JUPITER était très attendue, cette étude ayant inclus 18 000 patients sans anté­ cédents de maladie cardiovasculaire ni de diabète de type 2, qui avaient un LDL-cholestérol inférieur à 1,30 g/l et présentaient un dosage de la protéine C réactive ultrasensible (CRPus) supé­ rieur à 2 mg/l. JUPITER a montré un bénéfice de la rosuvastatine chez des sujets considérés comme étant à faible risque, présentant un LDL-cholestérol inférieur à 130 mg/­dl et une CRP supérieure ou égale à 2 mg/l. Un traitement par rosuvastatine à 20 mg/j a réduit de 44 % l’incidence des événe­ ments cardiovasculaires et de 20 % la mortalité (toutes causes confondues). Les résultats soulèvent l’hypothèse d’une extension de la prescription des statines. ✓ ✓Problématique. Les recommanda­ tions actuelles quant à la prévention des 81 IDM, des AVC et des décès cardiovas­ culaires préconisent un traitement par statine chez les patients présentant une maladie vasculaire avérée, un diabète ou chez ceux ayant une hyperlipidémie. Toutefois, cette sélection et les straté­ gies thérapeutiques sont insuffisantes puisque la moitié des événements cardia­ ques et des AVC surviennent chez des patients apparemment en bonne santé avec un taux de LDL-cholestérol dans la moyenne, voire bas. Afin d’améliorer la détection des sujets à risque cardiovasculaire augmenté, les médecins ont souvent recours au dosage de la CRPus, un biomarqueur inflamma­ toire qui prédit de façon reproductible et indépendante les futurs événements vasculaires et améliore la classification du risque global, même lorsque les taux de cholestérol sont bas. ✓ ✓Méthodologie. 8 901 patients traités par 20 mg/j de rosuvastatine versus placebo ont été évalués. ✓ ✓Conclusion. Chez les hommes et les femmes apparemment en bonne santé, avec une CRPus élevée mais un LDL-cholestérol bas, la rosuvastatine a réduit de 47 % l’incidence des IDM, des AVC et des décès cardiovasculaires. Bien qu’évaluant une population avec un taux de lipides considéré comme optimal par la plupart des algorithmes actuels de prévention, le bénéfice relatif observé dans l’étude JUPITER était supérieur à celui de la plupart des essais antérieurs réalisés avec des statines. Dans cet essai, chez des individus avec une CRPus élevée et un taux bas de LDL-choles­ térol, ne relevant pas classiquement d’un traitement par statine, la rosuvastatine a réduit significativement la mortalité toutes causes de 20 %. Les bénéfices de la rosuvastatine sont cohérents dans tous les sous-groupes, indépendamment de l’âge, du sexe, de l’ethnie ou de toute autre caractéristique clinique initiale, incluant ceux avec une CRPus élevée sans autre facteur de risque majeur. Les taux d’hospitalisation et de revascularisation ont été réduits de 47 % dans les 2 ans, suggérant que la sélection Le Courrier de la Transplantation - Volume IX - n o 2 - avril-mai-juin 2009 C ongrès réunion et la stratégie thérapeutique testées dans JUPITER sont probablement le rapport coût-efficacité. SEARCH Chez 12 000 sujets ayant fait un infarctus, l’étude SEARCH a évalué l’effet de la baisse de l’homocystéine par la prise quotidienne d’acide folique et de vita­ mine B12 ou de placebo. Il semble que les suppléments alimentaires en acide folique et en vitamines ne protègent pas le cœur : sans grande surprise par rapport aux essais antérieurs, vitamines et antioxydants s’avèrent n’avoir abso­ lument aucun effet bénéfique sur le plan cardiovasculaire. Fort heureusement, ils sont aussi inoffensifs. ✓ ✓Méthodologie. Deux comparaisons séparées de traitements randomisés chez 12 064 patients ayant survécu à un événement cardiaque. Comparaison de la diminution de l’homocystéine (acide folique plus vitamine B12 versus placebo). Traitement abaissant plus ou moins intensément le LDL-cholestérol (simvastatine 80 mg/j versus simvasta­ tine 20 mg/j). Durée moyenne du suivi : 6,7 ans. ✓ ✓Conclusion. Abaisser les taux d’homo­cystéine par le recours à l’acide folique est sans risque, mais ne réduit pas le risque d’événement cardiovasculaire. Les résultats de SEARCH sont cohé­ rents avec les études antérieures, ayant comparé groupe sous statines et groupe contrôle, d’une part, et groupe sous trai­ tement plus ou moins intensif, d’autre part. La réduction des événements cardiaques majeurs est d’autant plus importante que la baisse du LDL-choles­ térol est significative. Physicians’ Health Study II L’AHA 2008 aura décidément été une mauvaise année pour les vitamines avec la présentation des résultats de la Physicians’ Health Study II (PHS II), dans laquelle 14 641 médecins âgés de plus de 50 ans ont pris pendant 7 ans en moyenne de la vitamine C, de la vitamine E ou les placebos correspon­ dants. L’apport d’antioxydants (vita­ mines E et C), fréquemment consommés spontanément par une grande partie des adultes américains, ne semble pas effi­ cace selon cette étude. ✓ ✓Objectif. Étude randomisée, en double aveugle, contrôlée contre placebo (plan factoriel) évaluant le rapport bénéfices/ risques de la vitamine E (400 UI/j), de la vitamine C (500 mg/j) et des multi­ vitamines dans la prévention des mala­ dies cardiovasculaires et des cancers chez 14 641 médecins masculins âgés de plus de 50 ans et suivis jusqu’à 10 ans. ✓ ✓Méthodologie. Les sujets ont égale­ ment reçu un complexe polyvitaminé avec des sels minéraux et le deuxième groupe était placé sous placebo. Après 10 ans de suivi, les résultats montrent que la prise de vitamines C et E n’a eu aucun effet sur la réduction de la morta­ lité par accident cardiovasculaire ; rien sur l’infarctus, rien sur les AVC. Il y a même eu un peu plus d’hémorragies cérébrales dans le groupe recevant les vitamines, un effet déjà connu pour la vitamine E. Il n’y a donc aucun avantage et aucun intérêt à consommer quotidien­ nement des suppléments vitaminiques en espérant protéger son cœur. ✓ ✓Conclusion. PHS II a démontré qu’un supplément individuel de vita­ mines E et C ne réduit pas le risque d’événement cardiaque majeur. Les données disponibles ne soutiennent pas l’idée d’une supplémentarité en vita­ mines E et C dans la stratégie de préven­ tion des maladies cardiovas­culaires. Ainsi, la prise de vitamines E et C n’a aucun effet de prévention sur les acci­ dents cardiovasculaires. TIMACS L’étude TIMACS a évalué la fenêtre optimale d’angiographie et d’interven­ tion en cas de syndromes coronariens aigus (SCA) sans élévation du segment ST. Faut-il ou non revasculariser en urgence les patients souffrant de SCA sans élévation de ST ? L’étude TIMACS répond que les deux options sont possi­ 82 bles, à l’exception du cas des patients à haut risque, qui doivent être revascula­ risés en urgence. ✓ ✓Objectif. Étude internationale et randomisée comparant une stratégie invasive précoce à une stratégie tardive chez des patients présentant un SCA sans élévation du segment ST. ✓ ✓Méthodologie. Angor instable ou NSTEMI, 2 des 3 critères suivants : patients âgés de plus de 60 ans, signes ischémiques à l’ECG ou élévation des biomarqueurs et indication de revas­ cularisation. Traitement par aspirine, clopidogrel, anti-GPIIbIIIa en pratique de routine. Randomisation : ➤ ➤ stratégie invasive précoce : corona­ rographie suivie d’une angioplastie ou d’un pontage (< 24 h) ; ➤ ➤ stratégie invasive tardive : coronaro­ graphie (> 36 h) suivie d’une angio­ plastie ou d’un pontage. ✓ ✓Conclusion. Globalement, il n’y a pas eu de différence significative entre la stra­ tégie invasive précoce et la stratégie inva­ sive tardive pour la prévention des décès, des IDM ou des AVC (critère primaire). Cependant, dans le sous-groupe à plus haut risque (score GRACE > 140), une stratégie invasive précoce a été supérieure à une stratégie tardive dans la prévention des décès, des IDM ou des AVC. Une stratégie invasive précoce a eu également un fort impact en réduisant de 70 % le taux d’ischémie réfractaire. Il n’y a pas eu de différence significative sur les hémor­ ragies majeures ou d’autres paramètres de tolérance entre les deux stratégies. CLOPIDOGREL Une équipe marseillaise a reçu les honneurs d’une présentation en session plénière avec une étude démontrant la possibilité de réduire les thromboses intra-stent par modulation de la dose de charge de clopidogrel. L’adaptation des doses de charge de clopidogrel aux résultats de l’index VASP semble limiter les thromboses précoces des stents. Les doses de charges Le Courrier de la Transplantation - Volume IX - n o 2 - avril-mai-juin 2009 C ongrès réunion supplémentaires de clopidogrel ont été calculées selon les résultats de la réac­ tivité plaquettaire évaluée par le test VASP. Cet approche permet de diminuer les thromboses précoces de stent et les événements cardiaques majeurs. ✓ ✓Problématique. Il existe une grande variabilité interindividuelle dans les réponses au clopidogrel chez des patients coronariens. Cette variabilité est liée à des facteurs divers allant de la génétique à la clinique. La réponse au clopidogrel est imprévisible. ✓ ✓Méthodologie. Angioplastie non urgente : SCA et angor instable (1 122 patients). Critère primaire : thrombose de stent. Critère secondaire : événement cardiaque majeur incluant des décès cardio-vasculaires, IDM et revas­ cularisation urgente. Saignements TIMI majeurs et mineurs à 30 jours (score de TIMI [thrombolysis in myocardial infarction]). ✓ ✓Conclusion. Surveiller la réactivité plaquettaire pour adapter la dose de charge de clopidogrel permet de dimi­ nuer le taux de thrombose de stent à 30 jours chez des patients présentant une faible réponse au clopidogrel, sans augmenter les saignements. Les patients peuvent être divisés en 3 groupes en fonction de l’index de VASP : les bons répondeurs, les faibles répondeurs et les patients résistants. ✓ ✓Implication clinique. Une fenêtre thérapeutique est envisageable pour les antiagrégants chez les patients candi­ dats à une angioplastie pour prévenir les événements ischémiques sans augmenter les hémorragies. Une surveillance de la réactivité plaquettaire est une condition nécessaire. NOUVEAUX DéVELOPPEMENTS Risque d’interférence entre les pacemakers, les défibrillateurs et les écouteurs des lecteurs MP3 Aussi petits que soient les aimants contenus dans les écouteurs des lecteurs MP3, ils exposent à un risque d’inter­ férence avec les pacemakers et les défi­ brillateurs implantables quand ils sont placés à moins de 3 cm des boîtiers, comme dans la poche d’une veste. La vague des lecteurs MP3, iPod® en tête, a envahi la planète. Tous ces appareils ont en commun le fait d’avoir des écouteurs qui contiennent un petit aimant (subs­ tance contenant du néodymium) néces­ saire à la transmission des vibrations. Une étude effectuée à Boston a cherché à savoir si ces aimants de petite taille pouvaient entraîner des interférences avec les pacemakers et les défibrillateurs, du même type que les gros aimants, utilisés précisément pour tester ces appa­ reils. Un effet magnétique typique a été constaté dans un cas sur quatre quand les écouteurs sont à proximité immédiate du boîtier. Cet effet est réversible dès que l’on éloigne la source magnétique du PM ou du DAI. Il faudrait par conséquent recommander aux porteurs de défibrilla­ teurs et de pacemakers de maintenir une distance de sécurité de 3 cm entre leur boîtier et les écouteurs. En ce qui concerne les risques pour les porteurs de pacemaker, l’aimant impose son propre rythme au dispositif et chez ceux de défibrillateur implantable, il empêche la détection des arythmies, ce qui rend le DAI inefficace. Dans un cas comme dans l’autre, désactiver tempo­ rairement l’un ou l’autre de ces dispo­ sitifs peut s’avérer dangereux pour le patient. Il ne faut pas confondre le risque d’interférence lié aux aimants présents dans les écouteurs (et qui émettent en permanence) avec celui des lecteurs MP3 eux-mêmes. Ces derniers sont totalement innocentés par une étude californienne également présentée à l’AHA. L’excédent d’énergie du cœur pourrait aider au fonctionnement des stimulateurs et des défibrillateurs Le surplus d’énergie généré par le cœur pourrait un jour servir au fonctionnement des stimulateurs et des défibrillateurs cardiaques, une façon de prolonger leur durée de vie. La technologie des stimu­ lateurs et des défibrillateurs cardiaques 83 n’a pas beaucoup évolué ces dernières années. Actuellement les piles utilisées sont à base de lithium et le seul moyen simple d’allonger la durée de vie des prothèses est d’augmenter leur taille. La possibilité de recharger un stimu­ lateur cardiaque à partir de sa sonde a été évaluée dans une étude effectuée au Royaume-Uni. Dans cette expérience réalisée chez le cochon, un micro­ générateur alimenté par les battements cardiaques a produit une partie de l’élec­ tricité nécessaire au fonctionnement du pacemaker. À l’extrémité du ventricule droit, des sondes de stimulation de 15 Fr ont été implantées comprenant deux détecteurs de pression qui récupéraient l’énergie engendrée par l’acti­vité élec­ trique spontanée du cœur et la transmet­ taient ensuite au pacemaker. L’énergie délivrée par la sonde permettait globa­ lement de produire 17 % de l’énergie nécessaire au fonctionnement du stimu­ lateur cardiaque. Cette technologie tout à fait innovante appelée SIMM (self-energizing implantable medical microsystem) pourrait dépasser la capacité actuelle de récupération de l’énergie, de l’ordre de 20 %. Les résultats préliminaires laissent entrevoir la possibilité de mettre au point une nouvelle génération de pacemakers dont la durée de vie sera significative­ ment allongée. ✓ ✓Recharger un défibrillateur en transcutané. C’est ce qu’a conçu puis expérimenté une équipe de Hanovre. Sur 10 moutons implantés d’un défibrillateur, un circuit pour permettre son recharge­ ment en transcutané a été ajouté. Les résultats ont montré qu’il était possible de recharger entièrement le défibrillateur sur une période de 2 heures et, ce, pour une durée de 6 mois. Le rechargement par voie transcutanée n’a pas eu d’effet indésirable. Recharger un défibrillateur pourrait ainsi avoir un intérêt majeur. L’interféron fait la preuve du concept de l’étiologie virale des cardiomyopathies dilatées L’efficacité de l’interféron bêta-1b (IFNβ-1b) sur certaines formes de la sclérose en plaques fait évidemment Le Courrier de la Transplantation - Volume IX - n o 2 - avril-mai-juin 2009 C ongrès réunion penser à une étiologie virale. À l’inverse, dans la cardiomyopathie, la présence de génomes viraux dans quelque 50 % des cas suggère que la cytokine pour­ rait être utilisée en complément de traitements symptomatiques. L’étude BICC (Beta-Interferon in Chronic viral Cardiomyopathy), même s’il ne s’agit que d’une phase II, apporte pour la première fois des données randomi­ sées confortant l’hypothèse. L’étude BICC est une étude multicentrique euro­ péenne, menée en double-aveugle contre placebo, selon un protocole randomisé, chez 143 patients. Ces patients étaient porteurs d’une cardiomyopathie modérée (FEVG > 25 %) associée à une infection par un adénovirus, un entérovirus et/ou un parvovirus. Les résultats, présentés par le groupe berlinois, font état d’une efficacité antivirale du traitement : amélioration de la classe NYHA et de la qualité de vie. Si l’IFNβ-1b se révèle efficace en phase III alors d’autres stratégies ou cytokines antivirales pourraient émerger, la cardiomyopathie dilatée idiopa­ thique semblerait moins idiopathique qu’on ne le pense habituellement et l’on pourrait assister à l’apparition de la cardio­myopathie virale chronique comme nouvelle entité clinique. L’ex­ pression de protéines virales à la surface des myocytes infectés pourrait en effet induire des mécanismes de type autoimmuns, éventuellement persistants après la disparition de ­l’infection. Turbine d’assistance ventriculaire gauche Impella™ : the Europella Registry Dans 6 à 8 % des cas, les IDM se compliquent d’un choc cardiogénique qui assombrit fortement le pronostic. Le taux de décès s’élève à 40-50 % malgré la contrepulsion intra-aortique (CPIA) par ballonnet et une revascularisation dans les meilleurs délais. Plusieurs dispositifs d’assistance ventriculaire gauche ont été imaginés, certains limités par un taux élevé de complica­ tions ou la nécessité d’une implantation intracardiaque. Le dispositif d’assistance ventriculaire gauche Impella™ LP2.5 est une pompe axiale pouvant assurer un débit continu de 2,5 l/mn. Il s’agit d’une turbine dont la particularité est d’inclure un moteur dans le dispositif. On peut l’implanter par voie percutanée via l’artère fémorale ou par voie sous-clavière ou au décours d’une circulation extracorporelle. La turbine d’assistance ventriculaire gauche Impella™ LP2.5 a été utilisée chez 144 patients en choc cardio­génique après infarctus. L’implantation du dispo­ sitif a été effectuée par voie percu­ tanée. Tous les patients faisaient partie de l’étude prospective multicentrique Europella, organisée par 10 centres européens ayant une grande activité en PCI (percutaneous coronary interventions). Le traitement a été effectué sur des personnes âgées (62 % âgés de plus de 70 ans), ayant des antécédents d’in­ farctus (53 %), et une FEVG inférieure ou égale à 30 % (54 %). La moyenne de l’EuroSCORE était de 8,2 et des pontages coronariens avaient été refusés chez 43 % des patients. La durée d’as­ sistance par Impella a été de 1 h 28 mn (SD : 51 mn). Aucune complication liée à l’implantation et aucun AVC n’ont été rapportés. Des améliorations hémodynamiques ont été constatées chez des malades après l’implantation du dispositif Impella™ LP2.5. Il augmente l’index cardiaque, le débit et la pression artérielle moyenne 30 mn après l’implantation. Des risques d’hémolyse et de déplacement du maté­ riel dans le ventricule gauche justifient une évaluation plus longue incluant un nombre plus élevé de malades. Le système Impella™ LP2.5 offrant la possibilité d’une assistance ventriculaire allant jusqu’à 2,5 l/mn pourrait devenir une alternative à l’utilisation des ballon­ nets de contrepulsion aortique. ■ Les articles publiés dans Le Courrier de la Transplantation le sont sous la seule responsabilité de leurs auteurs. Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction par tous procédés réservés pour tous pays. © juin 2001 - Edimark SAS (DaTeBe Éditions) - Imprimé en France - ÉDIPS, 21800 Quetigny - Dépôt légal à parution. Sont routés avec ce numéro : ✓ Compte-rendu Club de la transplantation (28 pages + CD) ; ✓ Infos Réunion intitulé “Prophylaxie anti-infectieuse en transplantation” (12 pages). 84 Le Courrier de la Transplantation - Volume IX - n o 2 - avril-mai-juin 2009