(p =0,59), même pour les sous-groupes de patients à risque, âgés
de 70 ans ou plus, ou fibrinolysés. En revanche, il existe une aug-
mentation des hémorragies mineures sous clopidogrel en asso-
ciation avec l’aspirine (3,6 % versus 3,1 % ; p = 0,005).
Conclusion. Cette large étude randomisée met en évidence
l’intérêt de l’association aspirine + clopidogrel à la phase
aiguë d’un IDM en objectivant une réduction de la mortalité
globale et des complications associées : mortalité, récidives
d’IDM, AVC, sans majoration du risque d’hémorragies
sévères.
Le clopidogrel a été bien toléré, même pour les sujets âgés ou les
patients fibrinolysés (ces derniers représentant la moitié des sujets
inclus). La réalisation d’une angioplastie primaire constituait un
critère d’exclusion pour l’étude dans la mesure où elle justifie
d’emblée la prescription de clopidogrel.
À l’instar des recommandations concernant les syndromes
coronaires aigus, les résultats de COMMIT soutiennent l’in-
troduction de clopidogrel à la phase aiguë d’un IDM en asso-
ciation aux autres traitements actuellement préconisés. À dis-
cuter :l’intérêt d’une dose de charge, non effectuée ici.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil
Infarctus du myocarde aigu : intérêt du clopidogrel en association à l’aspirine
Le clopidogrel fait partie intégrante des traitements recom-
mandés en présence d’un syndrome coronaire aigu sans
sus-décalage du segment ST. Faut-il étendre sa prescription aux
infarctus du myocarde (IDM) aigus ?
COMMIT est une étude randomisée qui a inclus 45 852 pa-
tients admis dans 1 250 hôpitaux chinois lors les 24 premières
heures d’un IDM suspecté. Ceux-ci ont été randomisés entre
clopidogrel 75 mg/j sans dose de charge (22 961 patients) et
placebo (22 891 patients), tous recevant de l’aspirine 162 mg/j
et un traitement conventionnel pour l’IDM. Dans 93 % des cas,
l’électrocardiogramme objectivait un sus-décalage de ST (87 %)
ou un bloc de branche gauche (6 %) et, dans 7 % des cas, un sous-
décalage de ST. Les patients avaient eu une fibrinolyse avant la
randomisation dans 50 % des cas. Les critères de jugement
comportaient, d’une part, les complications incluant décès, réci-
dives d’IDM, accidents vasculaires cérébraux (AVC), et d’autre
part la mortalité globale pendant la durée du traitement (séjour
hospitalier jusqu’à une durée maximale de 28 jours, durée
moyenne : 15 jours).
Le groupe clopidogrel a bénéficié d’une réduction significa-
tive de 9 % des décès, récidives d’IDM et AVC (9,2 % versus
10,1 %, p = 0,002). Pour la mortalité globale, la réduction
obtenue de 7 % est également significative (7,5 % pour le
groupe clopidogrel et 8,1 % pour le groupe placebo ;
p = 0,03). La prescription de clopidogrel a réduit le risque de
récidive d’IDM fatal ou non de 14 %. Ces effets favorables sont
indépendants des autres traitements.
Par ailleurs, il n’a pas été objectivé de majoration du risque
hémorragique majeur (nécessité de transfusion, hémorragie céré-
brale ou fatale) sous l’association aspirine + clopidogrel
Addition of clopidogrel to aspirin in 45,852 patients with acute
myocardial infarction: randomized placebo-controlled trial.
COMMIT (ClOpidogrel and Metoprolol in Myocardial Infarction
Trial) collaborative group.
●
Lancet 2005;366:1607- 21.
ABSTRACTS
La Lettre du Cardiologue - n° 393 - mars 2006
8
Eplerenone reduces mortality 30 days after randomization fol-
lowing acute myocardial infarction in patients with left ventri-
cular systolic dysfunction and heart failure.
Pitt B, White H, Nicolau J et al. for the EPHESUS Investigators
●
J Am Coll Cardiol 2005;46:425-31.
placebo ; p = 0,004) et celui de critère composite (mortalité
cardiovasculaire et hospitalisations pour complications car-
diovasculaires) de 13 % (respectivement 8,6 % et 9,9 % ;
p = 0,074). Le risque de mortalité cardiovasculaire est dimi-
nué de 32 % (p = 0,003) et celui de mort subite cardiaque de
37 % (p = 0,051).
La tolérance de l’éplérénone a été satisfaisante. Une hyperkaliémie
est apparue pour 15 patients sous placebo et pour 23 patients sous
éplérénone (p = 0,254) – mais il faut noter que 86 % à 87 % des
patients inclus recevaient également, à la phase aiguë de leur IDM,
un inhibiteur de l’enzyme de conversion ou un antagoniste de l’an-
giotensine II.
Conclusion. L’étude EPHESUS* avait constaté une réduc-
tion de la mortalité de toutes causes de 15 % sous éplérénone
sur un suivi de 16 mois après un IDM aigu compliqué de dys-
fonction ventriculaire gauche systolique symptomatique.
Cette nouvelle analyse à 30 jours de la randomisation objec-
tive des résultats tout aussi favorables, avec une réduction de la
mortalité globale de 31% et de la mortalité cardiovasculaire
de 32 %. Cela est d’autant plus important que 25 % des décès
de l’étude EPHESUS à 16 mois concernant le groupe placebo
sont survenus lors de ces 30 premiers jours postrandomisation.
À côté des traitements actuellement préconisés lors de la prise
en charge d’un IDM, ces résultats incitent à la prescription d’éplé-
rénone (25 mg/j) dès la phase aiguë quand l’IDM est compliqué
d’une dysfonction ventriculaire gauche (FEVG ≤40 %) associée
à des signes cliniques d’insuffisance cardiaque (en tenant compte
des critères biologiques d’exclusion) .
* Pitt B, Remme W, Zannad F et al. Eplerenone, a selective aldosterone
blocker, in patients with left ventricular dysfunction after myocardial infarc-
tion. N Engl J Med 2003;348:1309-21.
C. Adams, service de cardiologie, CH Argenteuil