Cardiomyopathies induites par les anthracyclines EN UNE RÉFÉRENCE Le fond

EN UNE RÉFÉRENCE
RéférenceRéférence
Tirés à part :
Dr D. Cardinale, Cardiology Unit, European Institute
of Oncology, 435 via Ripamonti, 20141 Milan, Italie.
E-mail : daniela.car[email protected]
32 | La Lettre du Cardiologue n° 439 - novembre 2010
Cardiomyopathies induites par les anthracyclines
C. Adams, service de cardiologie, CH d’Argenteuil.
Le fond
Cette étude prospective menée dans un centre d’oncologie milanais a
inclus 201 patients consécutifs, symptomatiques ou non, ayant déve-
loppé une cardiomyopathie aux anthracyclines (fraction d’éjection
ventriculaire gauche [FEVG] ≤ 45 %). La majorité (74 %) était en classe
fonctionnelle NYHA I ou II. Un traitement par énalapril et, si possible,
carvédilol (association envisageable pour 129 patients) a été prescrit
après la détection de la dysfonction ventriculaire gauche systolique. La
FEVG a été réévaluée en échocardiographie chaque mois pendant les
3 premiers mois de suivi, puis tous les 3 mois durant 2 ans, et ensuite
tous les 6 mois (suivi moyen : 36 ± 27 mois). Les patients ont été classés
“répondeurs” au
traitement médical
quand leur FEVG
se normalisait
(≥ 50 %), “répon-
deurs partiels”
quand leur FEVG gagnait 10 % sans atteindre 50 %, “non répondeurs”
en dessous de ces données.
Les complications cardiaques majeures ont été colligées pendant le
suivi.
Quatre-vingt-cinq patients (42 %) ont été répondeurs, 26 (13 %)
répondeurs partiels, et 90 (45 %)non répondeurs. Le pourcentage
des répondeurs diminuait progressivement quand le délai entre la
fin de la chimiothérapie et le début du traitement à visée cardiaque
augmentait. Aucune récupération complète n’a été obtenue au-delà
de 6 mois.
Les patients répondeurs toléraient mieux l’association énalapril-carvédilol,
et la restauration d’une FEVG ≥ 50 % était observée 7 ± 4 mois après
le début du traitement.
Les répondeurs ont bénéficié d’un taux plus faible d’événements
cardiaques au cours de leur suivi (5 % contre 31 % pour les répondeurs
partiels et 29 % pour les non-répondeurs ; p < 0,001).
Commentaire
La survenue d’une cardiomyopathie aux anthracyclines est associée à
un pronostic défavorable (mortalité à 2 ans jusqu’à 60 %) et limite les
possibilités thérapeutiques pour les oncologues. Ces cardiomyopathies
sont par ailleurs réputées réfractaires aux traitements conventionnels
à visée cardiaque.
La principale conclusion de cette étude est l’importance d’un traitement
précoce par inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC), et si possible
par bêtabloquant, pour autoriser une normalisation de la FEVG et un
meilleur pronostic cardiaque. Un délai court de mise en route de ce
traitement (inférieur à 6 mois) et une classe fonctionnelle NYHA basse
(I à II) représentent les facteurs prédictifs indépendants de la récupération
myocardique. Quand ces 2 critères sont présents, la valeur prédictive
positive pour une restauration complète de la FEVG est de 84 %, ce qui
souligne l’importance d’un diagnostic précoce de la cardiomyopathie
en échocardiographie, même en l’absence de symptômes.
Cette même équipe s’était déjà intéressée à la prévention des cardiopa-
thies induites par les chimiothérapies, en détectant les patients à risque
en dosant la troponine I et en prescrivant un IEC à titre prophylactique
en cas de troponine I supérieure à 0,07 ng/ml
(1)
.
Cardinale D, Colombo A, Lamantia G et al. Anthracycline-
induced cardiomyopathy. Clinical relevance and response
to pharmacologic therapy. J Am Coll Cardiol 2010;55:213-
20.
Mots-clés
Cardiomyopathies aux anthracyclines – Inhibiteur de l’enzyme
de conversion – Bêtabloquant – Échocardiographie
Bibliographie
1. Cardinale D, Colombo A, Sandri MT et al. Prevention of high-dose chemotherapy-induced cardiotoxicity in high-risk patients by angiotensin-converting enzyme
inhibition. Circulation 2006;114:2474-81.
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