EN UNE RÉFÉRENCE Mots-clés Cardiomyopathies aux anthracyclines – Inhibiteur de l’enzyme de conversion – Bêtabloquant – Échocardiographie Référence Référence Cardinale D, Colombo A, Lamantia G et al. Anthracyclineinduced cardiomyopathy. Clinical relevance and response to pharmacologic therapy. J Am Coll Cardiol 2010;55:21320. Cardiomyopathies induites par les anthracyclines C. Adams, service de cardiologie, CH d’Argenteuil. Le fond Cette étude prospective menée dans un centre d’oncologie milanais a inclus 201 patients consécutifs, symptomatiques ou non, ayant développé une cardiomyopathie aux anthracyclines (fraction d’éjection ventriculaire gauche [FEVG] ≤ 45 %). La majorité (74 %) était en classe fonctionnelle NYHA I ou II. Un traitement par énalapril et, si possible, carvédilol (association envisageable pour 129 patients) a été prescrit après la détection de la dysfonction ventriculaire gauche systolique. La FEVG a été réévaluée en échocardiographie chaque mois pendant les 3 premiers mois de suivi, puis tous les 3 mois durant 2 ans, et ensuite tous les 6 mois (suivi moyen : 36 ± 27 mois). Les patients ont été classés “répondeurs” au traitement médical Tirés à part : quand leur FEVG Dr D. Cardinale, Cardiology Unit, European Institute of Oncology, 435 via Ripamonti, 20141 Milan, Italie. se normalisait E-mail : [email protected] (≥ 50 %), “répondeurs partiels” quand leur FEVG gagnait 10 % sans atteindre 50 %, “non répondeurs” en dessous de ces données. Les complications cardiaques majeures ont été colligées pendant le suivi. Quatre-vingt-cinq patients (42 %) ont été répondeurs, 26 (13 %) répondeurs partiels, et 90 (45 %)non répondeurs. Le pourcentage des répondeurs diminuait progressivement quand le délai entre la fin de la chimiothérapie et le début du traitement à visée cardiaque augmentait. Aucune récupération complète n’a été obtenue au-delà de 6 mois. Les patients répondeurs toléraient mieux l’association énalapril-carvédilol, et la restauration d’une FEVG ≥ 50 % était observée 7 ± 4 mois après le début du traitement. Les répondeurs ont bénéficié d’un taux plus faible d’événements cardiaques au cours de leur suivi (5 % contre 31 % pour les répondeurs partiels et 29 % pour les non-répondeurs ; p < 0,001). Commentaire La survenue d’une cardiomyopathie aux anthracyclines est associée à un pronostic défavorable (mortalité à 2 ans jusqu’à 60 %) et limite les possibilités thérapeutiques pour les oncologues. Ces cardiomyopathies sont par ailleurs réputées réfractaires aux traitements conventionnels à visée cardiaque. La principale conclusion de cette étude est l’importance d’un traitement précoce par inhibiteur de l’enzyme de conversion (IEC), et si possible par bêtabloquant, pour autoriser une normalisation de la FEVG et un meilleur pronostic cardiaque. Un délai court de mise en route de ce traitement (inférieur à 6 mois) et une classe fonctionnelle NYHA basse (I à II) représentent les facteurs prédictifs indépendants de la récupération myocardique. Quand ces 2 critères sont présents, la valeur prédictive positive pour une restauration complète de la FEVG est de 84 %, ce qui souligne l’importance d’un diagnostic précoce de la cardiomyopathie en échocardiographie, même en l’absence de symptômes. Cette même équipe s’était déjà intéressée à la prévention des cardiopathies induites par les chimiothérapies, en détectant les patients à risque en dosant la troponine I et en prescrivant un IEC à titre prophylactique en cas de troponine I supérieure à 0,07 ng/ml (1). ■ Bibliographie 1. Cardinale D, Colombo A, Sandri MT et al. Prevention of high-dose chemotherapy-induced cardiotoxicity in high-risk patients by angiotensin-converting enzyme inhibition. Circulation 2006;114:2474-81. 32 | La Lettre du Cardiologue • n° 439 - novembre 2010