GICC : Groupe Insuffisance Cardiaque et Cardiomyopathies Dernière Newsletter de 2015. Bonne lecture et très bonnes fêtes de fin d’année ! Les points forts de l’ESC 2015 Le congrès de l’ESC s’est déroulé du 29 aout au 2 septembre 2015 à Londres. Un congrès riche en actualités sur les grandes études, nouvelles recommandations, mises aux points et cas cliniques dans l’insuffisance cardiaque. Grandes études : Quoi de neuf ? Plusieurs grandes études ont fait l’actualité. SERVE HF, bien sûr, qui a créé la surprise en montrant chez des patients en insuffisance cardiaque systolique et une apnée centrale significative que la ventilation nocturne auto asservie augmentait significativement la mortalité totale et cardio-vasculaire, malgré un efficacité sur l’apnée centrale. Cette surmortalité était modeste mais permanente pendant toute la durée de l’étude. Cette étude est maintenant publiée (Cowie : N Engl J Med 2015;373:1095), mais la lecture de l’article ne nous permet pas de comprendre ces résultats. Il nous est impossible pour le moment de définir le type de patients à risque. Pouvonsnous généraliser ces résultats au traitement de l’apnée obstructive, au type de ventilation ou aux autres types d’insuffisance cardiaque, en particulier à fraction d’éjection préservée ? Difficile de répondre à ces questions. Ce résultat conforte la nécessité de réaliser des études de morbi-mortalité pour valider les hypothèses physiopathologiques. L’étude OPTILINK HF a porté sur l’intérêt de la surveillance de l’impédance intra-thoracique (reflet de la volémie) couplée à une stratégie de prise en charge de l’insuffisance cardiaque par télémédecine comparée à un suivi standard chez des patients porteurs d’une insuffisance cardiaque systolique, appareillés avec un DAI et/ou une CRT. Il n’y a pas eu de diminution des hospitalisations ou de la mortalité dans le bras « impédance intra-thoracique », malgré les interventions thérapeutiques répétées suites aux informations reçues par le système. Ce résultat est décevant, en regard des espoirs attendus par l’utilisation des dispositifs médicaux pour évaluer le niveau de la congestion de nos patients. L’étude de phase 2, CUPID 2 a évalué l’intérêt de l’injection intra-coronaire d’une solution permettant un transfert du gène de la SERCA2a (défaillante dans l’insuffisance cardiaque, impliquée dans le cycle du calcium) chez des patients avec une insuffisance cardiaque avancée, sous traitement médical optimal. L’étude n’a pas montré de bénéfice sur les évènements hospitalisation/mortalité à 18 mois. Là encore, le concept était prometteur mais malheureusement sans succès. D’autres études sont en cours. L’étude ARTS-HF a évalué un nouvel antagoniste des récepteurs aux minéralocorticoïdes (ARM), la Finérénone, chez des patients en insuffisance cardiaque systolique avec du diabète et/ou une insuffisance rénale chronique. La Finérénone a une sélectivité similaire pour les récepteurs cardiaques et rénaux. Les autres ARM ont une affinité beaucoup plus importante pour les récepteurs rénaux, expliquant leurs effets secondaires. Plusieurs doses de Finérénone ont été comparées à une dose d’Eplérénone. Après 90 jours de traitement, la Finérénone et l’Eplérénone baissent de manière équivalente le Nt-proBNP avec une tolérance biologique identique (objectif principal). Résultat intéressant, mais nécessitant confirmation, on constate moins d’hospitalisations cardiovasculaires et moins de décès sous Finérénone. Une étude de morbi-mortalité est planifiée. GICC : Groupe Insuffisance Cardiaque et Cardiomyopathies Quoi de neuf coté recommandations ? On a aussi beaucoup parlé d’hypertension pulmonaire (HTP) avec la présentation des nouvelles recommandations européennes (ERS/ESC). Les changements notables reposent sur la classification des types d’HTP, notamment la distinction des formes post capillaires « isolée » ou « mixte » en fonction du gradient diastolique (différence entre la PAP diastolique et la PAPo) et des résistances vasculaires au cathétérisme cardiaque droit. La classification étiologique a été mise à jour. L’échocardiographie reste fondamentale pour le screening des HTP. Il faut maintenant associer la mesure de la Vmax de l’IT à d’autres critères évoquant la présence d’une HTP (dilatation des cavités cardiaques droites, taille de la veine cave inférieure, analyse du flux pulmonaire). Cette démarche est indispensable avant de référer le patient à un centre expert dans l’HTAP pour la réalisation du cathétérisme cardiaque droit et pour la mise en route d’une thérapeutique adaptée. Les recommandations concernant le traitement ont fait l’objet d’importantes modifications avec l’apparition de nouveaux médicaments (Macitentan), de nouvelles classes thérapeutiques (activateurs de la guanylate cyclase soluble et des récepteurs de prostacycline) ou de nouvelles stratégies (combinées ou non). Les points forts de l’AHA 2015 Autre congrès majeur, l’AHA, qui n’a plus son aura de jadis, mais qui nous apporte son lot de résultats d’études importantes. Cette année nous en retiendrons trois qui ont bénéficié comme souvent d’une publication simultanée. L’étude NEAT-HFpEF a évalué l’effet de l’isosorbide mononitrate sur les activités quotidiennes (estimée par un accéléromètre) chez 110 patients suivis pour une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée (ICFEVGp). Il s’agit d’une étude en double aveugle contre placebo avec un « cross-over ». La dose d’isosorbide mononitrate était augmentée de 30 mg à 120 mg/j. L’étude est négative avec sous nitrés, une moindre activité quotidienne (p = 0.06) et une diminution des activités inversement proportionnelle à la dose de nitrés. L’isosorbide mononitrate ne modifie ni la qualité de vie, ni le test de marche de 6 minutes, ni le taux de BNP mais augmente le nombre d’effets secondaires. (Redfield : New Engl J Med 2015 ; 373 :2314). L’étude SOCRATES Reduced a évalué chez 456 patients en insuffisance cardiaque systolique l’effet du Vériciguat sur le taux de Nt-proBNP. Le Vériciguat est un nouvel activateur de la guanylate cyclase soluble (ayant une demi-vie plus longue que le Riociguat [Adempas@]qui a une indication dans l’hypertension pulmonaire post-embolique non opérable). Il s’agit d’une étude de phase II qui a comparé quatre doses de Vériciguat versus placebo. A 12 semaines, la baisse du NT-proBNP est proportionnelle à la dose de Vériciguat mais les taux sont identiques au groupe placebo. Nous sommes en attente d’une étude similaire dans l’ICFEVGp. (Gheorghiade : JAMA 2015 ; 314 : 2251). Enfin de l’espoir pour le patient diabétique ! L’étude EMPA-REG OUTCOME a évalué sur 3 ans l’impact de l’empaglifozine sur la morbimortalité cardiovasculaire chez le diabétique de type 2 à risque. L’empaglifozine est un inhibiteur du co-transporteur sodium glucose de type 2 qui permet d’augmenter l’élimination rénale du glucose. Cette étude, en double aveugle contre placebo, a randomisé 7020 patients avec au moins un antécédent cardiovasculaire, un index de masse corporelle ≤ 45 kg/m² et une hémoglobine glycquée entre 7 et 9%. Deux doses d’empaglifozine ont été testées (10 et 25 mg). L’étude est positive avec une diminution significative de 14% (HR : 0.74 – 0.99, p=0.04) de l’objectif principal (mortalité cardio-vasculaire, infarctus et accidents GICC : Groupe Insuffisance Cardiaque et Cardiomyopathies vasculaires cérébraux). L’empaglifozine diminue la mortalité totale (HR: 0.68 [0.57 0.82], p<0.001), la mortalité cardio-vasculaire (HR: 0.62 [0.49 - 0.77], p<0.001) et les hospitalisations pour insuffisance cardiaque (HR: 0.65 [0.50 - 0.85], p=0.002). Les événements ischémiques coronaires sont diminués de manière non significative et les accidents neurologiques sont plus fréquents dans le groupe empaglifozine, mais la différence n’est pas significative. Ces effets majeurs s’accompagnent d’une diminution de la glycémie, de l’hémoglobine glycquée, du poids, de l’uricémie, de la pression artérielle et d’une augmentation des taux d’HDL et de LDL sans effets secondaires majeurs, en particulier pas d’augmentation des infections urinaires. En revanche, sous empaglifozine, on constate plus d’infections génitales dans les deux sexes et plus d’épisodes d’insuffisance rénale, liés à la diurèse osmotique induite par le médicament. Il n’y a pas de différence entre les deux doses d’empaglifozine. (Zinman : New Engl J Med 2015 ; 373 : 2117). Quoi de neuf dans la littérature ? Recommandations pour le dépistage des cardiopathies suite aux chimiothérapies avec anthracyclines dans l’enfance. Armenian: Lancet Oncology 2015; 16: e123 Le traitement des cancers de l’enfant, et notamment des hémopathies malignes, a fait de grand progrès avec une survie à 5 ans proche de 80%, au prix cependant d’un risque important de complications à long terme. Parmi elles, les complications cardiovasculaires sont au premier plan avec notamment un risque d’insuffisance cardiaque 15 fois supérieur à la population normale. Plusieurs sociétés savantes se sont associées pour proposer un schéma de surveillance. Ces recommandations sont basées sur l’évaluation du risque en fonction des médicaments utilisées et des doses, de l’association ou non à une radiothérapie, etc… Il est ainsi proposé, pour les personnes traitées dans l’enfance par anthracyclines ou radiothérapie thoracique, une surveillance échographique tous les 5 ans, avec une surveillance rapprochée en cas de grossesse. Ces recommandations revoient en détail l’intérêt des différents méthodes d’imagerie (échographie, IRM, scintigraphie…), des biomarqueurs et l’intérêt des traitements habituellement recommandés pour le traitement de l’insuffisance cardiaque. Un excellent document de synthèse sur le sujet ! Resynchronisation : savoir patienter ! Burns: JACC Heart Fail 2015; 3: 990 Cette étude monocentrique a suivi pendant plus de 3 ans, 294 patients ayant bénéficié d’une resynchronisation. Parmi ceux-ci, 174 patients sont considérés comme répondeurs à un an (baisse ≥ 15% du volume télésystolique) et 86% gardent leur effet favorable à plus de 3 ans de l’implantation. Cent vingt patients sont considérés comme non répondeurs à un an mais 43% ont une amélioration dans les 3 ans. Les répondeurs tardifs sont plus souvent des patients avec une cardiopathie ischémique. La survie est moins bonne chez les patients non répondeurs. La limite majeure de cette étude est son caractère rétrospectif avec au final 37% de patients analysés sur la population de départ (décès, pas de suivi clinique ou échographique à long terme). Cœur et femme : deux études intéressantes. Cardiomyopathie du péripartum : une étude prospective chez 100 patientes montre une récupération avec une FEVG ≥ 50% chez 72% d’entre elles à un an. Aucune patiente avec une GICC : Groupe Insuffisance Cardiaque et Cardiomyopathies FEVG < 30% et un diamètre télédiastolique ≥ 60 mm n’a récupéré. McNamara : J Am Coll Cardiol 2015 ; 66 : 905. Grossesse et cardiomyopathies : il s’agit d’une étude américaine, rétrospective à partir de données administratives sur une population analysable de 4 440 521 femmes admises entre 2006 et 2010 pour accouchement, dont 2078 avec une cardiomyopathie (CMP). Parmi cellesci, 1039 ont une CMP du péripartum, 52 une CMP hypertrophique et 987 un autre type de CMP. Les complications cardiaques sont majeures en présence d’une CMP du péripartum (46%) mais probablement les auteurs ont inclus des dysfonctions VG postéclampsie. Le taux de complication est le plus faible en cas de CMP hypertrophique (23.1% vs 38.9% pour les autres CMP et 0.4% pour les femmes sans CMP). Les complications obstétricales sont également plus fréquentes dans le groupe CMP. Lima : JACC Heart Fail 2015 ; 3 : 257. Actualités du groupe PHRC ECAD – Damien Logeart : Intérêt ou non d’un suivi spécialisé après une hospitalisation pour une décompensation cardiaque. REGISTRES FRESH PHHF – Nicolas Lamblin / Thibaud Damy Grossesse et cardiomyopathie – Jean-Noël Trochu Toutes les données récentes sur le site internet de la SFC : http://www.sfcardio.fr/etudes-en-cours AGENDA - NOS PROCHAINS RENDEZ-VOUS Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie – 13 – 16 janvier 2016 Réunion du Groupe le 14 janvier 18h00 – 20h00 : salle 212-213m Niveau 2 Neuilly Journées Françaises de l’Insuffisance Cardiaque – Lyon 14-16 septembre 2016 Journées Européennes de l’Insuffisance Cardiaque : 12 mai 2016 Commencez dès maintenant à réfléchir aux actions possibles Bureau du groupe Président : Past-président : Secrétaires : Pascal de Groote Richard Isnard Thibaud Damy, Florence Beauvais Site Internet du groupe Emmanuelle Berthelot Marie-France Seronde Auteurs : E Berthelot, F Mouquet, P de Groote News-Letter Bureau Emmanuelle Berthelot Joël Dagorn Jean-Christophe Eicher Nicolas Lamblin Frédéric Mouquet Jean-Michel Tartière