La Lettre du Cardiologue • n° 421 - janvier 2009 | 15
Résumé
Les techniques scintigraphiques de surveillance des chimiothérapies restent dominées par l’angiographie isoto-
pique. La place de l’IRM reste encore à définir.
Mots-clés
Angiographie
isotopique
Résonance
magnétique
Summary
Among isotopic technics to
detect cardiac side-effects of
anticancer drugs, radionuclide
angiography remains in first
line. Although MR imaging
is also helpful, its indications
remain to be more acurately
defined.
Keywords
Radionuclide angiography
Magnetic resonance
l’incidence d’insuffisance cardiaque cliniquement avérée.
Une nouvelle évaluation de la FEVG est recommandée
après des doses cumulatives de 240-300 mg/m2 et de
400-450 mg/m
2
de doxorubicine, puis après chaque
dose supplémentaire. Une surveillance plus rappro-
chée est recommandée chez les patients présentant
une dysfonction ventriculaire gauche à l’état de base ou
une maladie cardiaque connue, et en cas de radiothérapie
concomitante ou antérieure ou d’exposition simultanée
à tout autre agent cardiotoxique (6). Concernant le
suivi des patients sous trastuzumab, un algorithme de
surveillance rapprochée de la fraction d’éjection toutes
les 12 semaines a été récemment proposé par l’équipe
de la Mayo Clinic (7), fondé sur la cinétique d’apparition
des complications cardiaques rapportées dans les essais
thérapeutiques, mais son efficacité pour prévenir des
complications tardives reste encore à déterminer.
L’évaluation de la fraction d’éjection à l’effort par
méthode isotopique a été proposée avec un certain
succès, mais reste très limitée en pratique en raison
de l’état clinique de ces patients, souvent altéré sous
les effet conjugués de la maladie, de la chimiothé-
rapie et des pathologies associées (anémie, etc.).
Autres techniques
scintigraphiques
Par le passé, la scintigraphie myocardique aux anti-
corps antimyosine marqués avait permis de diffé-
rencier une lyse myocytaire authentique d’une
diminution transitoire et réversible de la FEVG après
chimiothérapie par anthracyclines (8, 9). En effet, il
avait été rapporté qu’une action inotrope négative
pouvait être responsable d’une altération transitoire
de la fonction contractile après une cure d’anthra-
cyclines, ce qui justifiait de ne mesurer la FEVG qu’à
distance de la dernière cure, avant la réalisation de
la cure suivante. Les anticorps antimyosine marqués
à l’indium, ne se fixant au niveau du myocarde qu’en
cas d’externalisation de la myosine intracellulaire
consécutivement à la lyse cellulaire, permettaient de
mettre en évidence de façon non invasive les lésions
myocardiques secondaires à la toxicité des anthracy-
clines. Cette technique, pourtant prometteuse, a été
abandonnée après le retrait des anticorps antimyosine
marqués, dont le marché a été jugé trop étroit.
IRM
L’IRM cardiaque permet une analyse morphologique
des cavités cardiaques et le calcul des fractions d’éjec-
tion des deux ventricules. Sa complexité d’utilisation au
regard de la simplicité des méthodes échographiques
ou encore scintigraphiques n’en fait cependant qu’un
examen de seconde intention dans cette indication.
En revanche, l’IRM offre des possibilités originales
de caractérisation tissulaire. Il a été montré que, en
cas de lésion myocardique secondaire à un infarctus
ou à une myocardite, une augmentation importante
du signal survient 15 à 20 minutes après l’injection
d’un produit de contraste paramagnétique (sels de
gadolinium), augmentation qui permet de mettre en
évidence les lésions à un stade initial.
Dans une étude récente (10), une IRM cardiaque a été
effectuée chez 10 patientes présentant une toxicité
avérée au trastuzumab, dont le diagnostic reposait sur
une diminution de FEVG inférieure à 40 % en scinti-
graphie ou en échographie. Les 10 patientes de cette
étude présentaient toutes un hypersignal tardif en IRM
après injection de gadolinium, prédominant au niveau
de la paroi latérale, et de siège sous-épicardique dans
tous les cas. Ce type de lésions est très similaire à ce
qui est observé dans les cas de myocardite. Cela est
cohérent avec la récupération fréquente d’une fonc-
tion ventriculaire gauche normale après interruption
du traitement chez ses patientes, rendant parfois
possible la reprise du traitement dans un second
temps. Dans cette dernière étude, 6 des 10 patientes
ont vu leur fonction ventriculaire gauche se normaliser
après interruption du trastuzumab. Cependant, les
4 autres patientes présentaient des signes de dysfonc-
tion persistante à 6 mois, et ce malgré un traitement
approprié de l’insuffisance cardiaque, incluant IEC et
bêtabloquants.
Conclusion
L’imagerie des complications cardiaques des chimio-
thérapies reste très largement fondée sur l’utilisation
de la fraction d’éjection isotopique. L’IRM cardiaque
avec injection est une technique prometteuse, parti-
culièrement pour l’évaluation des complications
liées à l’utilisation du trastuzumab chez les patientes
suivies pour un cancer du sein. ■
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