Sirolimus en transplantation rénale : données récentes et modalités d’utilisation »

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Mise au point
Sirolimus en transplantation rénale :
données récentes et modalités d’utilisation
Sirolimus in kidney transplantation: recent data and practical use
Nassim Kamar*, Laurent Becquemont**, Philippe Grimbert***, Didier Ducloux****
»»Si la survie des greffons rénaux à court terme s’est nettement
Although short term survival of kidney graft dramatically
improved over the last years, there has been no improvement
in long term survival, because of the occurrence of chronic
humoral rejection, chronic allograft nephropathy (interstitial
fibrosis/tubular atrophy) and death of patients with a
functioning graft, mostly due to cardiovascular diseases and
cancers. This long term negative evolution is partially due to
renal toxicity of calcineurin inhibitors (CNI) and the increased
risk of cancer associated with these molecules.
»»Des stratégies de conversion précoce des ICN par des inhibiteurs de la
Recently, early conversion strategies from CNI to mTOR
inhibitors, like sirolimus, were developed as an alternative to
current CNI-based strategies. Rationale for early conversion is
based on sirolimus properties in terms of cancer prevention and
antiproliferative effects, and its positive impact on renal function.
Patients eligible to early conversion must be highly selected
according to different factors. Timing for conversion is defined
according to considerations of reject prevention, CNI toxicities
and patient specific constraints. Early conversion may be initiated
in two different ways: abrupt or progressive. This conversion must
be anticipated, explained to the eligible patient since the very
first visit and imply that the physician has a good knowledge of
sirolimus induced-side-effects and their management.
améliorée au cours des dernières années, la survie à long terme est
restée inchangée du fait de la survenue de rejets humoraux chroniques,
de néphropathies chroniques d’allogreffe (fibrose interstitielle/atrophie
tubulaire) et de décès des patients avec un greffon fonctionnel,
décès principalement dus à des maladies cardiovasculaires et à des
cancers. Une part de cette évolution négative à long terme est liée à
la toxicité rénale des inhibiteurs de la calcineurine (ICN) et au fait que
ces immunosuppresseurs augmentent le risque de cancer.
mTOR, tel le sirolimus, se sont récemment développées, apportant une
alternative à la poursuite des ICN. Le rationnel de la conversion précoce
se fonde sur les effets bénéfiques du sirolimus sur la prévention et le
ralentissement de la prolifération tumorale et sur la fonction rénale.
est à définir en fonction de différents critères. Le délai de conversion
doit prendre en considération les exigences liées à la prévention du
rejet, à la toxicité des ICN ainsi que les contraintes liées au patient. La
conversion précoce peut être initiée de 2 façons : brutale ou progressive.
Cette conversion doit être programmée, explicitée au patient candidat
dès les premières consultations, et nécessite de bien connaître les
effets indésirables du sirolimus et la gestion de leur prise en charge.
Abstract
Résumé
»»Le profil des patients pouvant bénéficier d’une conversion précoce
Mots-clés : Sirolimus - Conversion précoce - Cancer - Fonction rénale
- Effets indésirables.
* Service de néphrologie,
dialyse et transplantation
d’organes, hôpital Rangueil,
CHU de Toulouse.
** Service de pharmacologie, hôpital Bicêtre,
Le Kremlin-Bicêtre.
*** Service de néphrologie
et transplantation, hôpital
Henri-Mondor, Créteil.
**** Service de néphrologie, dialyse et transplantation rénale, hôpital SaintJacques, Besançon.
94
L
a survie des greffons rénaux à court terme s’est
nettement améliorée ces dernières années du
fait de l’utilisation d’immunosuppresseurs de
plus en plus puissants. Toutefois, la survie à long terme
est restée inchangée pour plusieurs raisons, parmi lesquelles la survenue de rejets chroniques et de néphropathies chroniques d’allogreffe (fibrose interstitielle
et atrophie tubulaire [FI/AT]), ainsi que le décès de
patients avec un greffon fonctionnel. Les maladies
cardiovasculaires et les cancers sont les premières
causes de décès (1, 2). L’utilisation d’inhibiteurs de la
mTOR, tel le sirolimus, permet de prévenir le risque
Keywords: Sirolimus - Early conversion - Cancer - Kidney
function - Side-effects.
de cancer et de préserver la fonction rénale, au moins
chez certains patients.
Utilisation des inhibiteurs de la mTOR
pour prévenir le risque de cancer
Il a été montré que 10 à 15 % des décès après transplantation rénale étaient dus à des cancers, et que
50 % des patients développaient un cancer 15 à 20 ans
après la transplantation (3). Ce risque de cancer est
augmenté du fait de l’immunosuppression, et notam-
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Sirolimus en transplantation rénale : données récentes et modalités d’utilisation
ment par l’utilisation des ICN, et de par certaines infections virales.
Rôles de certains virus
dans le développement de cancers
Certaines infections virales observées après transplantation rénale augmentent le risque de cancer, tels le
virus Epstein-Barr (EBV) et le lymphome, le Human
Herpes virus (HHV8) et le sarcome de Kaposi, le papillomavirus et les cancers spinocellulaires et du col utérin,
ainsi que les virus des hépatites B et C et le carcinome
hépatocellulaire.
Rôle de l’immunosuppression
dans le développement de cancers
Dans un modèle de souris Scid/Beige, l’injection de
cellules néoplasiques rénales entraîne l’apparition de
métastases pulmonaires (4). Le nombre et la taille de
ces métastases pulmonaires du cancer rénal sont significativement plus importants chez les souris ayant reçu
un traitement par ciclosporine A que chez les souris
contrôles n’en ayant pas reçu. La ciclosporine A favorise
le développement de cancers en induisant des mutations somatiques, en bloquant la réparation de l’ADN
ainsi que l’apoptose, et favorise le développement de
métastases, probablement via le Transforming Growth
Factor (TGF)-β (4).
La voie PI3K-AkT-mTOR semble intervenir dans le
développement de nombreux cancers chez l’homme.
Les inhibiteurs de la mTOR jouent un rôle important
dans la prévention et le ralentissement de la prolifération tumorale en bloquant cette voie et en bloquant
l’angiogenèse (5) [figure 1]. L’effet antiangiogénique
du sirolimus est en rapport avec une diminution de
la production de Vascular Endothelial Growth Factor
(VEGF) [5]. Dans le sarcome de Kaposi, il existe une
surexpression de VEGF. L’utilisation du sirolimus chez
des transplantés rénaux ayant un sarcome de Kaposi
a entraîné une disparition des lésions et une rémission
histologique (6, 7). Toutefois, une autre étude n’a pas
permis d’observer les mêmes résultats (8).
Rôle bénéfique des inhibiteurs
de la mTOR chez le transplanté rénal
H.M. Kauffman et al. ont montré que l’utilisation d’un
inhibiteur de la mTOR était un facteur indépendant
protecteur contre la survenue de cancer de novo après
transplantation rénale (9). Les résultats de l’étude
Rapamune Maintenance Regimen ont montré que les
nombres cumulés de cancers cutanés et de cancers
non cutanés étaient significativement plus bas chez
les transplantés rénaux recevant du sirolimus et des
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Facteur de croissance
cytokines
PDK1
Akt
p53
TSC1
TSC2
Rheb
mTORC2
PTEN
p53
mTORC1
mTOR
mTOR
rictor
organisation
du cytosquelette
P13K
SIROLIMUS
ractor
angiogenèse
apoptose
S6K1
4E-BP
S6
elF-4E
traduction,
synthèse protéique
La voie PI3K-AkT-mTOR est une voie de signalisation intracellulaire majeure, qui contrôle la croissance et la prolifération cellulaire en réponse aux nutriments, aux facteurs de croissance ou aux hormones. Toute anomalie de cette
voie est susceptible de favoriser le processus oncogène. L’inhibition de mTORC1 par le sirolimus se traduit par l’arrêt
de la croissance au stade G1 des cellules tumorales traitées, du fait de l’interruption sélective de la traduction des
protéines régulatrices du cycle cellulaire.
Figure 1. La voie PI3K-AkT-mTOR.
corticoïdes que chez ceux recevant la combinaison de
ciclosporine A, sirolimus et corticoïdes (10). L’effet bénéfique des inhibiteurs de la mTOR sur la prévention de
survenue de cancers a été également mis en évidence
lors des études de conversion des ICN aux inhibiteurs
de la mTOR, telle l’étude CONVERT (11). Toutefois, il n’est
pas établi que cet effet bénéfique est dû à l’utilisation
du sirolimus ou à l’arrêt des ICN.
Rationnel de conversion précoce d’un inhibiteur de la calcineurine aux inhibiteurs
de la mTOR : bénéfice sur la fonction rénale
Rationnel de la conversion précoce
Une part de la dysfonction chronique de l’allogreffe est
due à la toxicité rénale des ICN. L’arrivée des inhibiteurs
95
Mise au point
de la mTOR a soulevé l’espoir d’une épargne possible
des ICN. Les stratégies d’utilisation des inhibiteurs de
mTOR ont évolué au cours du temps. L’utilisation du
sirolimus de novo sans ICN s’est heurtée à une incidence
accrue de rejet aigu et à des complications chirurgicales (12). La conversion tardive des ICN pour le sirolimus a montré dans l’étude CONVERT (11) un bénéfice
limité aux patients ayant une bonne fonction rénale
(clairance de la créatinine > 40 ml/mn). Plus récemment,
une stratégie de conversion précoce, reposant sur un
triptyque logique, a été développée :
✓✓ utiliser les ICN durant la période postchirurgicale et
tant que le risque de rejet aigu reste élevé ;
✓✓ arrêter prématurément les ICN car leur toxicité est
précoce et peu réversible ;
✓✓ réserver cette stratégie au profil de patients ayant
bénéficié de la conversion tardive au sirolimus dans
l’étude CONVERT.
Deux études ont comparé une stratégie de conversion programmée précoce au maintien d’un traitement
fondé sur l’emploi d’un ICN.
✓✓ Dans l’étude Concept (13), les patients, sélectionnés le jour de la transplantation (tableau I), recevaient
initialement un traitement séquentiel associant basiliximab, ciclosporine, mycophénolate mofétil (MMF)
et corticoïdes. Trois mois après la transplantation, les
patients étaient randomisés en 2 bras : conversion de la
ciclosporine pour le sirolimus ou maintien du même traitement (tableau I). Le critère principal était la fonction
rénale à 1 an estimée par la clairance de la créatinine
(Cockcroft et Gault) ; 192 patients ont été randomisés.
À la fin de l’étude, la clairance de la créatinine était
Tableau I. Critères d’inclusion, d’exclusion et de non-randomisation dans l’étude Concept.
Critères d’inclusion
Receveur adulte (18-75 ans) d’une première transplantation rénale
Critères d’exclusion
Receveur d’un rein de donneur vivant ou de donneur à cœur arrêté
Antécédent de transplantation rénale
Transplantations multiples
Ischémie froide > 36 h
Âge du donneur > 65 ans
Panel Reactive Antibody (PRA) > 30 %
Infection active
Antécédent de cancer
Globules blancs < 2 500/mm3
Hémoglobine < 9 g/100 ml
Critères de non-randomisation à la 12e semaine post-transplantation
Épisode de rejet aigu d’un grade ≥ 1 (classification de BANFF)
Clairance calculée de la créatinine < 40 ml/mn
Variation de la créatinine sérique > 30 % dans les 15 derniers jours
Protéinurie > 1 g/j
Dose de mycophénolate mofétil < 1,5 g/j
96
significativement plus élevée chez les patients ayant eu
une conversion (13). Ces résultats ont été confirmés dans
une étude d’extension à 4 ans (14). Le pourcentage de
patients ayant eu un rejet après la randomisation était
numériquement supérieur dans le groupe conversion,
sans toutefois atteindre le seuil de significativité (13).
✓✓ L’étude Spare The Nephron (STN) a été plus récemment publiée (15). Dans cette étude, les patients, recevant du MMF et un ICN (ciclosporine ou tacrolimus),
étaient randomisés entre le premier et le sixième mois
suivant la transplantation pour continuer ce traitement
ou remplacer l’ICN par le sirolimus. À 1 an, le débit de
filtration glomérulaire (DFG) mesuré par la clairance de
l’iothalamate n’était pas différent entre les 2 groupes,
mais la fonction rénale s’était davantage améliorée
dans le groupe sirolimus que dans le groupe ayant
poursuivi l’ICN (+ 24,4 ml/mn dans le bras sirolimus
versus + 5,2 ml/mn dans le bras contrôle ; p = 0,012).
Les résultats concordants de ces deux études suggèrent que la conversion précoce d’un ICN pour le
sirolimus est associée à une amélioration de la fonction rénale.
Le mécanisme expliquant l’amélioration de la fonction
rénale après conversion de la ciclosporine au sirolimus
n’est pas univoque. Dans une étude ancillaire de l’étude
Concept, A. Servais et al. (16) n’ont pas retrouvé de différence dans le score de fibrose 1 an après la transplantation chez les patients ayant eu ou non une conversion
au sirolimus. Il est possible que la conversion à 3 mois
soit déjà trop tardive ou le moment de la biopsie, trop
précoce.
Place de la conversion précoce dans
les stratégies immunosuppressives actuelles
Les données de Concept à 48 mois permettent de
dégager un premier indice en faveur de l’effet favorable,
au moins à moyen terme, de la conversion. Plusieurs
points restent cependant à discuter : compte tenu
des différents biais dans l’étude STN et du fait que la
ciclosporine était le comparateur dans l’étude Concept,
aucune donnée solide ne permet de juger de l’effet de
la conversion lorsque les patients reçoivent du tacrolimus. De plus, le seul critère biologique retenu dans
les études Concept et STN ne peut résumer l’ensemble
des exigences en termes d’immunosuppression. Des
données supplémentaires concernant le coût, la qualité
de vie, l’efficacité et la tolérance à long terme sont indispensables. Néanmoins, même s’il persiste un doute
raisonnable sur les effets à long terme de la conversion
sur la fonction rénale, le bénéfice de cette stratégie sur
le risque de cancer repose sur des données solides et
concordantes.
Le Courrier de la Transplantation - Vol. XI - n° 2 - avril-mai-juin 2011
Sirolimus en transplantation rénale : données récentes et modalités d’utilisation
Quel patient peut bénéficier
de cette conversion et à quel délai
après la transplantation ?
Profil du patient
En s’appuyant sur les critères d’inclusion et d’exclusion des études Concept (13) et de STN (15), il s’agit
des patients adultes à risque immunologique faible
ou modéré ayant reçu un rein non marginal, et dont
l’évaluation à 3 mois ne retrouve pas d’antécédent de
rejet aigu sévère ou récidivant ni d’altération significative de la fonction du greffon ou d’effets indésirables
du MMF (tableaux I et II).
Parmi ces patients, certaines catégories doivent faire
discuter de l’opportunité de la conversion :
✓✓ les patients receveurs d’un rein provenant d’un donneur vivant apparenté : le problème chez ces patients
est de pouvoir garantir des résultats à long terme équivalents à ceux publiés aujourd’hui ;
✓✓ les patients chez lesquels les corticoïdes ont été
arrêtés : compte tenu d’une relation possible entre
arrêt des corticoïdes et survenue d’un rejet aigu dans
le bras sirolimus de l’étude Concept (13), le sevrage en
corticoïdes doit être considéré avec prudence chez les
patients sous sirolimus-MMF ;
✓✓ les patientes jeunes, en âge de procréer et chez les
hommes jeunes (lire Effets indésirables, p. 99) ;
✓✓ les patients chez lesquels la conversion ne doit pas
être envisagée en cas de dyslipidémie non contrôlée
par un traitement optimal ;
✓✓ les patients chez lesquels il existe une protéinurie
modérée qui doit faire reconsidérer l’opportunité de la
conversion (lire Effets indésirables, p. 99).
À l’inverse, certaines catégories de patients pourraient
avoir un bénéfice supérieur :
✓✓ les patients ayant des antécédents de cancer ;
✓✓ les patients ayant reçu un rein considéré comme
marginal, mais ayant, 3 mois après la transplantation,
une fonction rénale correcte (clairance ≥ 40 ml/mn,
protéinurie < 1 g/j).
Enfin, certains patients méritent une évaluation supplémentaire de l’intérêt d’une conversion aux inhibiteurs
de la mTOR :
✓✓ les patients à haut risque cardiovasculaire : des
données expérimentales (souris apoE -/-) suggèrent
que le sirolimus aurait un effet favorable sur la plaque
d’athérome (17) ;
✓✓ les patients à risque immunologique élevé : l’impact
de la conversion précoce devrait être étudié chez des
patients considérés à haut risque immunologique, mais
n’ayant pas eu de rejet aigu précoce.
Le Courrier de la Transplantation - Vol. XI - n° 2 - avril-mai-juin 2011
Tableau II. Critères d’inclusion, d’exclusion et de non-randomisation dans l’étude Spare The Nephron.
Critères d’inclusion
Receveur adulte (18-75 ans) d’une transplantation rénale (donneur vivant autorisé)
Critères d’exclusion
Transplantations multiples
Critères de non-randomisation 1 à 6 mois post-transplantation
Épisode de rejet aigu d’un grade > 1 (classification de BANFF) ou épisode de rejet aigu
cortico-résistant
Clairance calculée de la créatinine < 30 ml/mn ou créatinine > 2,5 mg/dl
Cholestérol > 3g/l ou triglycérides > 3,5 g/l
Moment de la conversion
Le moment de la conversion était fixé à 3 mois après
la transplantation dans Concept et dans un délai
variant entre 1 mois et 6 mois après la transplantation dans STN.
Le délai de conversion doit prendre en considération
les nécessités liées à la prévention du rejet aigu (maintien des ICN dans la période à risque), les exigences
liées à la toxicité des ICN (fibrose interstitielle chez 35 %
des patients 1 an après la greffe) et les contraintes liées
aux patients (espacement des consultations, reprise
d’activité). La période idéale se situe probablement
entre le deuxième et le troisième mois suivant la
transplantation.
Modalités de conversion
L’introduction d’un inhibiteur de la mTOR est le moment
le plus délicat du traitement. On va en effet exposer un
patient dont la fonction rénale est satisfaisante à un
risque théorique de rejet aigu et/ou d’effets indésirables.
D’autre part, du fait de la longue demi-vie du sirolimus
(40 à 60 heures), le temps pour arriver à l’état d’équilibre
va être long (7 à 14 jours) et source de modifications
inadaptées de posologie.
C’est donc dans les conditions les plus confortables
que doit être entreprise la conversion d’un ICN vers le
sirolimus. Dans le cadre d’une conversion précoce, une
courte hospitalisation permettra de faire une biopsie
systématique du greffon pour exclure un rejet infraclinique, de pratiquer une mesure de l’aire sous la courbe
(ASC) d’acide mycophénolique et de bien informer
le patient sur les effets indésirables potentiels et les
moyens de les prévenir. L’information du patient est
fondamentale pour obtenir une bonne adhérence au
nouveau traitement.
On peut initier la conversion de manières progressive
ou brutale (figure 2, p. suivante).
97
Mise au point
Conversion
Si bithérapie avec ICN
ou MPA + Tacro + Ctc
Si MPA + ICN +Ctc
Conversion brutale
- arrêt ICN
- MPA baisse 25 - 50 %
- Ctc ≥ 10 mg/j
- Smx-Tmp
- SRL dose de charge de 6 mg/j
- puis SRL 2 - 3 mg/j
- T0 ≥ 7 jours cible 5 - 10 ng/j
Conversion progressive
- baisse 50 % ICN
- maintien MPA
- Ctc ≥ 10 mg/j (1 mois)
- Smx-Tmp
- SRL dose de charge = 0
- puis SRL 1 - 2 mg/j
- T0 ≥ 7 jours cible 5 - 10 ng/j
- puis arrêt CNI, ctl T0 J14
MPA : acide mycophénolique ; Ctc : corticoïdes ; ICN : inhibiteurs de calcineurine ; Tacro : tacrolimus ; Smx-Tmp :
sulfaméthoxazole-triméthoprime ; SRL : sirolimus ; T0 : concentration résiduelle de sirolimus.
Figure 2. Conversion ICN/sirolimus.
Conversion progressive
La conversion progressive est à préférer lorsque le
patient est sous tacrolimus, car ce dernier n’interagit
pas sur la pharmacocinétique du sirolimus. Lorsque
l’équilibre est atteint sous une demi-dose de tacrolimus, l’arrêt de celui-ci n’engendre pas de modification de la posologie journalière de sirolimus ni de sa
concentration résiduelle. Le risque de sous-dosage
précoce de sirolimus est moins préoccupant, car il
persiste une part d’immunosuppression du tacrolimus. Il n’est donc pas nécessaire d’employer une
dose de charge. Ainsi, le risque de surdosage et d’effets indésirables est donc minimisé. On commence
le sirolimus à une posologie de 1 à 2 mg/j selon le
poids (1 mg/j si inférieur à 70 kg, 2 mg/j si supérieur
à 70 kg). Dans le même temps, on baisse de moitié la
posologie du tacrolimus. En cas de trithérapie (ICN,
corticoïdes, MPA), afin de limiter le risque de cytopénie, la posologie d’acide mycophénolique peut
être baissée de 25 % si l’ASC est dans la fourchette
de 30 à 60 µg.h/ml ou de 50 % si l’ASC est supérieure à
la fourchette cible. Si l’ASC de l’acide mycophénolique
est au-dessous de la fourchette cible, la posologie
est maintenue inchangée. En cas de bithérapie, il est
préférable d’adapter la posologie de MPA dans la
fourchette thérapeutique. Des algorithmes bayésiens
de calcul d’ASC de MPA pour la spécialité Myfortic®
devraient être prochainement disponibles. Afin de
98
limiter le risque d’apparition d’aphtes, la posologie
de corticoïdes doit être laissée à 10 mg/j. Si le traitement immunosuppresseur ne comprend pas ou
plus de corticoïdes, il est préférable d’en introduire
temporairement le temps d’atteindre un équilibre
dans la fourchette thérapeutique. La fourchette de
concentration résiduelle de sirolimus à viser se situe
entre 5 et 10 ng/ml ; dans les 6 premiers mois de greffe,
on visera plutôt 8 ng/ml, et au-delà, plutôt 6 ng/ml.
Ces chiffres hors AMM ne sont en rien validés mais ils
reflètent davantage la pratique courante actuelle. Les
cibles de l’AMM (12 à 20 ng/ml) sont probablement
associées à une fréquence supérieure d’événements
indésirables. Du fait de la longue demi-vie du sirolimus,
il faut attendre au moins une semaine après la dernière modification de posologie avant de contrôler la
nouvelle concentration résiduelle. Les avantages de la
conversion progressive sont la sécurité apportée par
l’ICN (moins de risque de rejet aigu) associée au plus
faible risque de surdosage et donc à une meilleure
tolérance. Les inconvénients tiennent essentiellement
à la durée pour atteindre l’équilibre.
Conversion brutale
La conversion brutale est à préférer lorsque le patient
est sous ciclosporine, car cette dernière interagit sur
la pharmacocinétique du sirolimus via une inhibition
du CYP3A4 et de la P-glycoprotéine. Aussi, lorsque les
concentrations cibles de sirolimus sont obtenues en
présence de ciclosporine à demi-dose, il va falloir après
arrêt définitif de la ciclosporine adapter à nouveau la
dose de sirolimus pour retrouver un équilibre dans
la fourchette thérapeutique. Il est donc plus simple
d’arrêter brutalement la ciclosporine. On débute alors
avec une faible dose de charge (6 mg) justifiée par
la longue demi-vie du sirolimus et par la nécessité
de ne pas courir le risque d’un sous-dosage qui, en
l’absence d’ICN, exposerait le patient à un risque accru
de rejet aigu. Dès le lendemain de la dose de charge,
la posologie journalière est de 2 à 3 mg selon le poids
(2 mg/j si < à 70 kg, 3 mg/j si > à 70 kg). Les conseils
pour les corticoïdes et l’acide mycophénolique sont
les mêmes qu’en cas de conversion progressive. Il
en va de même pour la concentration résiduelle de
sirolimus à atteindre et la fréquence de mesure de
concentrations résiduelles (≥ 7 jours). Les avantages
de la conversion brutale tiennent à la plus grande
rapidité pour atteindre l’équilibre. Les inconvénients
sont un risque plus important de surdosage, qui entraînerait davantage d’effets indésirables (concentrationdépendants) et donc, davantage d’échecs (retour au
traitement par ICN).
Le Courrier de la Transplantation - Vol. XI - n° 2 - avril-mai-juin 2011
Sirolimus en transplantation rénale : données récentes et modalités d’utilisation
Tableau III. Inhibiteurs et inducteurs du CYP3A4 et de la P-glycoprotéine.
Les inhibiteurs puissants
Les inhibiteurs intermédiaires
Les inhibiteurs faibles
Les inducteurs
Contre-indiqués ou déconseillés :
 risque de surdosage majeur
Déconseillés :
 risque de surdosage important
 diminuer la dose de 50 %
et surveiller T0 une semaine
après introduction
Déconseillés :
 risque de surdosage
 surveiller T0 une semaine
après introduction
Déconseillés :
 risque de sous-dosage
 doubler la posologie journalière
et surveiller T0 une semaine
après introduction
atazanavir, indinavir, itraconazole,
kétoconazole, posaconazole,
néfazodone, nelfinavir, ritonavir,
saquinavir, clarithromycine,
télithromycine
amprénavir, aprépitant,
diltiazem, érythromycine,
fluconazole, fosamprénavir, jus de
pamplemousse, vérapamil, quinidine
cimétidine, nicardipine, amiodarone
rifampicine, rifabutine, millepertuis
(St John’s wort), carbamazépine,
phénobarbital, phénytoïne
Les interactions médicamenteuses
Les inhibiteurs de la mTOR voient leur absorption intestinale limitée par un transporteur d’efflux entérocytaire,
la P-glycoprotéine. De plus, ils sont majoritairement
éliminés sous forme de métabolites dépendant de l’activité du CYP3A4 hépatique. Il en résulte, comme pour
les ICN, de nombreuses interactions médicamenteuses
avec les inhibiteurs de la P-glycoprotéine et du CYP3A4
(tableau III). Il convient d’en tenir compte tout au long
du traitement, d’éviter certaines coprescriptions et, si
ce n’est pas possible, de modifier préventivement la
posologie.
Aspect humain et organisationnel
de la conversion d’un inhibiteur de la
calcineurine vers un inhibiteur de la mTOR
Tout changement thérapeutique d’un traitement
immunosuppresseur chez un patient transplanté
requiert un certain nombre de précautions. En effet,
et surtout si ces modifications ne sont pas justifiées
par la gestion d’une complication ou d’un effet indésirable induit par les traitements précédents, elles sont
susceptibles de désorienter certains patients chez qui
les prises médicamenteuses des traitements immunosuppresseurs sont ritualisées, voire de générer chez
certains d’entre eux une modification de la compliance
thérapeutique. Ce contexte correspond tout à fait à
celui généré par la conversion d’un ICN vers un inhibiteur de la mTOR réalisé dans la grande majorité des
indications entre le premier et le sixième mois après
la transplantation rénale.
Ce type d’informations doit être initié lors des consultations prégreffe qui sont généralement l’occasion
d’exposer aux patients les tenants et les aboutissants
des traitements immunosuppresseurs. Cette information doit être réitérée lors de la transplantation et,
en particulier, lors de la mise en route du traitement
immunosuppresseur initial. Plus précisément, les effets
Le Courrier de la Transplantation - Vol. XI - n° 2 - avril-mai-juin 2011
indésirables des différentes classes thérapeutiques
doivent être exposés. De manière concomitante, il est
fondamental d’associer à cette perspective de conversion la réalisation fréquente, mais non systématique,
d’une biopsie rénale de dépistage, généralement réalisée au troisième mois postgreffe, permettant ainsi
de mieux étayer l’indication de cette modification
thérapeutique.
Des informations spécifiques sont également fondamentales chez la femme jeune désireuse de grossesse
et devant s’astreindre à une contraception orale durant
toute la période d’exposition aux inhibiteurs de la mTOR
et chez l’adulte jeune de sexe masculin en âge de procréer, quant aux risques de réduction de sa fertilité.
Effets indésirables du sirolimus
et gestion de leur prise en charge (tableau IV)
Effets indésirables métaboliques
Dyslipidémie
ll s’agit de l’effet secondaire le plus fréquemment rencontré lors d’un traitement par sirolimus. Ce médicament entraîne une augmentation du cholestérol total,
des triglycérides et de l’apolipoprotéine C-III (18). Cette
dyslipidémie est plus importante en cas d’administration concomitante de ciclosporine A et de corticoïdes. L’utilisation de statines et de fibrates, ainsi que
la réduction des taux résiduels de sirolimus permettent
de réduire de façon significative l’hypercholestérolémie
et l’hypertriglycéridémie (18).
Diabète de novo
Le sirolimus peut induire un diabète de novo.
La voie des mTOR joue un rôle important dans la cascade
de signalisation de l’insuline (19). L’hypertriglycéridémie
induite par le sirolimus augmente ce risque de diabète
via une insulinorésistance. Cet effet diabétogène du
sirolimus semble également être plus important en
cas d’association aux ICN (19).
99
Mise au point
100
Effets indésirables rénaux
Le sirolimus et les inhibiteurs de la mTOR en général
étaient réputés pour être non néphrotoxiques. Toutefois,
une certaine toxicité rénale a été décrite.
Effets indésirables cutanéomuqueux
Les effets indésirables cutanéomuqueux sont fréquents
et sont responsables de nombreux arrêts de traitement
par sirolimus.
Protéinurie
L’apparition d’une protéinurie significative d’origine glomérulaire a été rapportée chez des transplantés rénaux de novo recevant du sirolimus,
ainsi qu’après conversion d’un ICN au sirolimus.
Après conversion d’un ICN au sirolimus, une augmentation de la protéinurie a été observée chez
30 à 92 % des patients selon les séries. Des cas de
hyalinose segmentaire et focale de novo ont été
également rapportés (20, 21). L’inhibition de la
mTOR peut être responsable d’une diminution de
l’expression de VEGF glomérulaire entraînant une
dédifférenciation et l’apparition d’un phénotype
fœtal des podocytes exprimant anormalement la
cytokératine et PAX2 (22). Par ailleurs, l’apparition
ou la majoration de la protéinurie après l’arrêt des
ICN peut être due à la levée de la vasoconstriction
des ICN et à l’effet antiprotéinurique dû au blocage
de la calcineurine. La protéinurie était réversible à
l’arrêt du sirolimus et lors du retour vers un traitement par ICN (21, 23). Une protéinurie supérieure
à 0,8 g/24 heures avant la conversion au sirolimus
a été identifiée comme un facteur indépendant
associé à la survenue d’une protéinurie significative
après la conversion (24). En cas de survenue d’une
protéinurie, cette dernière doit être caractérisée,
une ponction biopsie rénale doit être effectuée et
une recherche d’anticorps anti-HLA dirigés contre le
greffon doit être effectuée pour ne pas méconnaître
un rejet humoral. L’utilisation de médicaments ayant
un effet antiprotéinurique, comme les bloqueurs
du système-rénine-angiotensine, peut permettre
de limiter cette protéinurie.
Retard de cicatrisation et lymphocèle
Du fait de son effet antiprolifératif et antilymphoangiogénique, le sirolimus retarde la cicatrisation de la paroi
et augmente la fréquence de lymphocèle (30). La baisse
d’utilisation du sirolimus dans les suites immédiates de
la transplantation a permis de réduire de façon significative ces deux effets indésirables. Toutefois, lors de
toute chirurgie, notamment en cas d’exérèse de carcinome cutané, chez un patient recevant du sirolimus,
il est nécessaire de remplacer le sirolimus par un ICN
pour permettre une cicatrisation adéquate. Le sirolimus
doit être arrêté une dizaine de jours avant la chirurgie
et pourra être repris une fois la cicatrisation terminée.
Tubulopathie et retard de reprise
de fonction rénale
Lors de l’utilisation du sirolimus chez des transplantés
rénaux de novo, il a été observé une augmentation
du risque de retard de fonction rénale (RFR) [25] et
une prolongation de la période de RFR (26), mais qui
n’influençait pas la survie et la fonction des greffons
à 1 an (27). Cela est probablement dû à l’effet antiprolifératif de cette molécule qui retarde la régénération des cellules épithéliales tubulaires (28). Des
troubles électrolytiques (hypokaliémie, hypophosphorémie) dus à une dysfonction tubulaire peuvent
être observés (29).
Angio-œdème
L’incidence est de 15 % (33). Il s’agit d’œdème localisé,
aigu et transitoire. Sa localisation est variable et peut
toucher le visage et la cavité buccale. L’amélioration est
spontanée dans la majorité des cas. Il est rarement utile
de diminuer la dose ou d’arrêter le sirolimus. Il est, en
revanche, nécessaire d’éliminer d’autres causes, notamment la prise concomitante d’inhibiteurs de l’enzyme
de conversion.
Acné
L’incidence de l’acné varie selon les études de 17 à
75 % (31). Sa localisation et sa description histologique
sont variables. Elle survient surtout chez les hommes, en
cas d’antécédent d’acné et si les taux résiduels de sirolimus sont élevés. Elle est due à l’inhibition de l’Epidermal
Growth Factor (32). Sa prise en charge est identique à
celle de l’acné vulgaire et repose essentiellement sur les
traitements locaux (érythromycine locale, peroxyde de
benzoyle, rétinoïdes). Toutefois, des traitements généraux par cyclines ou rétinoïdes peuvent être adaptés. Une
réduction des doses de sirolimus est parfois nécessaire.
Œdèmes chroniques des membres inférieurs
Ils surviennent chez plus de la moitié des patients (33).
L’atteinte peut être unilatérale et asymétrique. Ces
œdèmes sont résistants aux diurétiques. En cas de
persistance, malgré la réduction des doses, l’arrêt du
sirolimus est nécessaire.
Aphtes
L’incidence des aphtes est de l’ordre de 40 à 60 % (33).
Leur fréquence est plus élevée chez les patients ne
Le Courrier de la Transplantation - Vol. XI - n° 2 - avril-mai-juin 2011
Sirolimus en transplantation rénale : données récentes et modalités d’utilisation
recevant pas de corticoïdes. Ils surviennent, en général,
très précocement après la mise en route du traitement,
surtout si le sirolimus est administré sous forme de sirop
et si les taux résiduels sont élevés. La présence d’aphtes
est généralement transitoire. Des bains de bouche par
une potion Saint-Louis ou par clobétasol permettent
une guérison en 3 à 7 jours (34). Une réduction de dose
ou un changement de formulation peuvent être nécessaires. Toutefois, il est rare que la survenue d’aphtes
implique l’arrêt du sirolimus.
Effets indésirables hématologiques
L’incidence de l’anémie sous sirolimus est de 57 % (35).
Le sirolimus a été identifié comme un facteur indépendant associé à la survenue d’anémie après transplantation rénale (36). Il s’agit d’anémie microcytaire,
d’allure inflammatoire. Les mécanismes responsables
de cette anémie sont une augmentation de cytokines
pro-inflammatoires, telles que l’interleukine 6 et le
Tumor Necrosis Factor α, associés à une absence d’augmentation de l’interleukine 10 (37) et à une modification de l’homéostasie du fer (38). Cette anémie est
plus importante en cas de traitement associé à de
l’acide mycophénolique. Ainsi, devant une anémie
survenant sous sirolimus, après avoir éliminé les causes
classiques d’anémie, les doses d’acide mycophénolique doivent être adaptées si nécessaire. Des agents
stimulant l’érythropoïèse peuvent être également
introduits. Des leucopénies et des thrombopénies
sont parfois observées. Des épisodes de microangiopathies thrombotiques dus à la baisse d’expression
du VEGF ont été rapportés, ce qui a conduit à l’arrêt
du médicament (39).
Pneumopathies
Plusieurs cas de pneumopathies interstitielles attribuées au sirolimus ont été rapportés (40, 41). Les
patients présentent une toux, une fièvre et une
dyspnée. Les examens radiologiques retrouvent un
aspect de pneumopathie interstitielle. Le lavage
broncho-alvéolaire retrouve une hypercellularité avec
une hyperlymphocytose. Il est possible de trouver des
polynucléaires neutrophiles ou éosinophiles ou une
hémorragie alvéolaire. La pathogénie est mal connue.
Dans un premier temps, il est nécessaire d’éliminer les
autres causes de pneumopathies, et notamment la
pneumocystose. En cas de forte suspicion de pneumopathie au sirolimus, ce dernier doit être arrêté. Une
amélioration clinique et biologique est observée en
quelques semaines. L’effet de la réintroduction du
sirolimus après une pneumopathie interstitielle due
à ce dernier n’est pas connu.
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Tableau IV. Principaux effets indésirables du sirolimus et prise en charge.
Effets indésirables
Prise en charge
Dyslipidémie Statine ou fibrate
Réduction de dose des corticoïdes
Réduction de dose du sirolimus
Diabète
Éviter l’association aux inhibiteurs de la calcineurine
Réduction de dose des corticoïdes
Réduction de dose du sirolimus
Protéinurie
Utilisation d’inhibiteurs du système rénine-angiotensine
Réduction de dose du sirolimus
Arrêt du sirolimus si protéinurie très importante ou syndrome
néphrotique
Troubles électrolytiques
Supplémentation si hypokaliémie ou hypophosphorémie
Acné
Traitements locaux (érythromycine locale, peroxyde
de benzoyle, rétinoïdes)
Traitements généraux (doxycycline ou rétinoïdes)
Réduction de dose du sirolimus
Œdèmes chroniques
Réduction de dose du sirolimus
Arrêt sirolimus si les œdèmes persistent
Angio-œdème
Disparition spontanée
Réduction puis arrêt du sirolimus si persistance
Aphtes
Bains de bouche
Corticoïdes locaux (clobétasol)
Réduction de dose du sirolimus
Changement de formulation du sirolimus si nécessaire
Retard de cicatrisation
Arrêt du sirolimus en cas de chirurgie puis reprise à distance
Anémie
Éliminer les autres causes d’anémie
Réduction de dose d’acide mycophénolique
Réduction de dose du sirolimus
Agent stimulant l’érythropoïèse
Pneumopathies
Éliminer les autres causes (pneumocystose)
Réduction puis arrêt du sirolimus
Possibilité de prophylaxie systématique des pneumocystoses
Arthralgies
Réduction de dose du sirolimus
Troubles de fertilité
Prévenir les hommes en âge de procréer
Effets sur les fonctions gonadiques
Chez l’homme, il a été rapporté des cas d’anomalies de
la spermatogenèse et une baisse de la fertilité (42). Le
sirolimus entraîne une baisse des taux de testostérone
et une augmentation des taux de LH et FSH (43). Ces
troubles hormonaux sont corrélés aux taux résiduels.
Les troubles de la fertilité peuvent être irréversibles.
Les patients en âge de procréer doivent être informés
de ce risque.
Chez les femmes, le sirolimus doit être arrêté en cas
de grossesse à cause du risque de malformations
fœtales.
101
Mise au point
Conclusion
Après transplantation rénale, les inhibiteurs de la
mTOR, tel le sirolimus, ont une place importante dans
la prévention des cancers et dans la préservation de la
fonction rénale. Un suivi à plus long terme est néces-
saire pour confirmer ces données. Des études supplémentaires seront également nécessaires pour définir
le meilleur moment pour effectuer une conversion des
ICN aux inhibiteurs de la mTOR.
■
Conflit d’intérêts. Pfizer SAS.
R
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