Figure 5. Œdèmes palpébraux sous siro-
limus.
DOSSIER
tmiqu
Le Courrier de la Transplantation - Volume X - n
o 1 - janvier-février-mars 2010
13
■ Des œdèmes parfois extrêmement
importants peuvent toucher jusqu’à
50 % des patients sous sirolimus (6).
Ils prédominent sur les membres infé-
rieurs, mais des localisations inhabi-
tuelles, palpébrales (figure 5) [10] et
sur les membres inférieurs ont aussi été
décrites. Il semble que tout traumatisme
local ou général puisse soit déclencher
une poussée d’œdème soit l’accentuer.
Il est fréquemment noté, par exemple,
un œdème bilatéral accentué du côté du
greffon dans le cas de greffes rénales.
Après élimination des causes systé-
miques, le traitement est symptoma-
tique et consiste principalement en une
compression veineuse. Son principal
objectif sera d’augmenter le confort du
patient mais aussi de limiter les risques
liés à ces œdèmes chroniques, tels que
les érysipèles.
■ Trois observations d’œdèmes évoluant
vers un état sclérodermiforme ont été
rapportées (6). Cet état se développait
rapidement après l’installation des
œdèmes et régressait à l’arrêt du siro-
limus.
■ Les angio-œdèmes, ou urticaires
profondes, sont rapportés chez 15 %
des patients sous sirolimus (6, 11,
12). Ils peuvent survenir, comme lors
de prise d’inhibiteurs de l’enzyme
de conversion, plusieurs semaines ou
mois après le début du traitement. Les
cofacteurs telle la prise concomitante
d’aspirine ou d’inhibiteurs de l’en-
zyme de conversion peuvent expliquer
cette fréquence élevée. La localisation
céphalique prédomine, avec quelques
observations d’angio-œdème muqueux
asphyxiant. Ils évoluent sur quelques
heures à quelques jours, souvent moins
de 48 heures, en l’absence même de trai-
tement spécique et malgré la poursuite
du sirolimus. La récurrence est plus ou
moins fréquente.
Cette toxicité semble être un phéno-
mène de classe car l’évérolimus, autre
rapamycine, a aussi été incriminé dans
la survenue d’angio-œdèmes (13). Le
traitement n’est pas codié. Dans les
formes les plus graves, il est indispen-
sable d’arrêter le sirolimus et de pres-
crire des corticoïdes à forte dose.
■ Une onychopathie chronique mono-
morphe a été rapportée chez près de trois
quarts des patients sous sirolimus (14).
Elle est caractérisée principalement
par une atteinte matricielle : des ongles
mous, fragiles, poussant lentement
et, souvent, une onychorrhexie. Une
onycholyse, une photo-onycholyse, des
phénomènes vasculaires et une inam-
mation périunguéale sont aussi observés,
mais moins souvent.
TACROLIMUS, AZATHIOPRINE,
MYCOPHÉNOLATE MOFÉTIL
ET MYCOPHÉNOLATE DE SODIUM
Ces trois traitements sont peu respon-
sables de toxicité cutanéo-muqueuse
propre.
■ De rares observations d’hypertrophie
gingivale ont été publiées avec le tacro-
limus. Des acnés et des hypertrophies
sébacées n’ont été rapportées qu’en utili-
sation locale dans certaines dermatoses,
ce qui suggère que la toxicité du tacro-
limus sur le follicule pileux est voisine
de celle de la ciclosporine, mais seules
de très fortes concentrations, obtenues
par application locale de pommade,
sont responsables d’une telle toxicité.
L’absence de stockage sébacé en utili-
sation orale ne permet pas d’atteindre
ces doses toxiques.
L’alopécie serait plus fréquente sous
tacrolimus et rapportée, dans une étude,
chez près de 30 % des patients (15, 16).
Elle se développe (ou se remarque ?) en
moyenne plus de 1 an après le début
du traitement, avec une nette prédo-
minance féminine. Le traitement par
minoxidil local semble efcace. Cette
alopécie est réversible à l’arrêt du trai-
tement (17).
À noter que le switch ciclosporine-tacro-
limus est favorable sur le plan derma-
tologique. Dans toutes les publications,
une régression de l’hypertrophie gingi-
vale et de l’hypertrichose induite par la
ciclosporine est observée après substi-
tution par le tacrolimus.
■ Des cas d’hypersensibilité ont été
rapportés après utilisation d’azathio-
prine, principalement de type urticaire,
mais aussi un cas d’érythème noueux et
de vascularite. De même, des eczémas
de contact suite à la manipulation de
comprimés d’azathioprine ont été
décrits. Enn, une alopécie est notée
chez 2 à 3 % des patients sous azathio-
prine (18).
■ Les principaux effets indésirables
cutanéo-muqueux rapportés avec le
mycophénolate mofétil et le myco-
phénolate de sodium sont des aphtes
buccaux survenant rapidement après
l’introduction des médicaments et
semblant, comme la toxicité digestive,
dose-dépendants (19-21). La responsa-
bilité du mycophénolate mofétil a été
discutée dans la survenue d’onycholyses
chez un malade (22).
Il est indispensable de prendre en charge
la toxicité cutanéo-muqueuse de ces
médicaments immunosuppresseurs
an d’augmenter la qualité de vie de
ces patients, mais aussi an d’accroître
l’observance parfois mauvaise chez
certains d’entre eux, les adolescents par
exemple. ■
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