Le Courrier de la Transplantation - Volume II - n o4 - oct.-nov.-déc. 2002
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Revue
de presse
>1/80, associés à des activités plus faibles
des transaminases, chez 4 patients.
Les IgG étaient > 1,5 N dans tous les cas.
L’histologie montrait des signes d’HAI
classique (hépatite modérée à sévère,
incluant une nécrose parcellaire, infiltrat
portal et périportal comportant un pour-
centage élevé de plasmocytes). Tous les
receveurs atteint d’HAIDN étaient
DRB*0301 ou ont reçu un greffon
DRB*0301- ou DRB*0401-positif. L’ap-
pariement HLA ne modifiait pas le risque
de développement de l’HAIDN. Dans
deux cas, le diagnostic ayant été retardé
ou ignoré, le greffon a été perdu. Dans les
cinq autres cas, le diagnostic ayant été
rapide, l’augmentation ou la réintroduc-
tion des corticoïdes, avec une réduction
progressive à 10 mg/j en entretien, a per-
mis de guérir les patients.
Conclusion.L’assimilation de l’HAIDN
au rejet chronique reste discutable :
l’HAIDN est très sensible aux corti-
coïdes, alors que le rejet chronique ne
l’est pas. Les auteurs suggèrent que
l’HAIDN est une forme d’HAI. Il est pro-
bable qu’un terrain immunologique
(allèles HLA particuliers, notamment)
favorise cette complication. Le rôle
déclenchant de virus, du rejet ou d’autres
processus immunologiques reste à éva-
luer. Il est utile de rechercher régulière-
ment l’apparition d’autoanticorps (AAN,
AML,A-LKM1) après TH, surtout en cas
d’augmentation de l’activité des trans-
aminases, et les patients atteints
d’HAIDN doivent être traités rapidement
par les corticoïdes.
Y. Calmus
Heneghan MA et al. Graft dysfunction mimicking
auto-immune hepatitis following liver transplanta-
tion in adults. Hepatology 2001 ; 34 : 464-70.
Attention au rejet
en cas de syndrome
lymphoprolifératif
L
es biopsies hépatiques (n = 24) de
patients atteints de syndromes lym-
phoprolifératifs (SLP) extrahépatiques
ont été revues. Des signes de rejet aigu
ont été trouvés dans 20 cas (83,3 % des
biopsies), de grade indéterminé pour 7
d’entre elles (35 %), de grade minime
pour 3 (15 %) et modéré pour 10 (50 %).
Le diagnostic d’hépatite à EBV était le
diagnostic principal pour deux biopsies,
et le diagnostic secondaire dans six autres
cas. Quatre biopsies montraient la pré-
sence d’une hépatite non spécifique, et
cinq une récidive de la maladie initiale.
En immunohistochimie, l’infiltrat était
fait essentiellement de lymphocytes T. La
séquence d’ARN-EBV EBER a été
détectée dans 58 % des échantillons, qu’il
y ait ou non des signes de rejet. Le trai-
tement antirejet a permis d’obtenir une
réponse complète (36 % des cas) ou par-
tielle (64 %) des 11 cas traités, même en
présence du virus EBV. Au cours du suivi,
des signes de rejet chronique débutant
sont apparus chez 25 % des patients. Ces
données indiquent que les signes le plus
souvent constatée au niveau du greffon
hépatique, en cas de SLP extrahépatique,
sont des signes de rejet ; le rejet peut être
efficacement traité, même en présence du
virus EBV ; il existe un risque élevé
d’évolution vers le rejet chronique, pro-
bablement lié à la réduction de l’immu-
nosuppression dans ce contexte.
Y. Calmus
Randhawa P et al. Allograft liver biopsy in patients
with Epstein-Barr virus-associated post-transplant
lymphoproliferative disease. Am J Surg Pathol 2001 ;
25 : 324-30.
Lymphocytes T
cytotoxiques
anti-virus d’Epstein-Barr :
des cellules allogéniques
peuvent être utilisées
L
es syndromes lymphoprolifératifs
(SLP), le plus souvent associés au
virus d’Epstein-Barr (EBV), sont la
conséquence d’une prolifération incon-
trôlée de lymphocytes B présentant une
infection persistante par l’EBV, qui est
d’autant plus importante que la fonction
lymphocytaire T cytotoxique, contrô-
lant normalement l’infection virale
EBV, est effondrée, sous l’effet de l’im-
muno-suppression. Le traitement des
SLP repose sur la réduction de l’immu-
nosuppression, l’utilisation d’anticorps
monoclonaux dirigés contre des pro-
téines membranaires du lymphocyte B
(notamment les anticorps anti-CD20)
ou sur la chimiothérapie convention-
nelle.
Depuis quelques années, l’injection de
lymphocytes T cytotoxiques (CTL) géné-
rés ex vivo, et capables de détruire les
lymphocytes B infectés par l’EBV, a été
proposée comme une alternative efficace
et grevée de peu d’effets indésirables.
L’idéal est de disposer de CTL auto-
logues, produits à partir de cellules du
receveur. Dans cette étude, les auteurs ont
utilisé des CTL allogéniques, partielle-
ment appariés au système HLA du rece-
veur. Ils montrent pour la première fois
l’efficacité de ces CTL dans le traitement
d’un lymphome EBV-induit.
Le patient traité était un enfant ayant
reçu, à l’âge de 9 mois, une greffe com-
binée foie + intestin. Neuf mois après la
transplantation, l’enfant a présenté un
SLP. La biopsie obtenue sur un ganglion
cervical et sur le greffon iléal montrait
une prolifération polyclonale B, EBV-
positive (EBER-positive en hybridation
in situ). La création de CTL EBV-spéci-
fiques a été réalisée de la façon suivante :
des cellules mononucléées sanguines
périphériques (PBMC) de donneurs
sains ont été infectées in vitro par l’EBV
jusqu’à obtention d’une lignée lympho-
blastoïde immortalisée. Des PBMC sains
ont été incubés en présence de cellules
immortalisées irradiées, en présence
d’IL-2, jusqu’à obtention de lignées
CTL. Les CTL d’un donneur, partielle-
ment apparié HLA avec le receveur et
montrant une forte cytotoxicité spéci-
fique contre une lignée lymphoblastoïde
du receveur, ont été perfusés à la dose de
106cellules/kg. Aucun effet indésirable
n’a été enregistré. À J7, les adénopathies
ont disparu. Le patient n’a pas présenté
de récidive après 24 mois de sur-
veillance. Les précurseurs CTL EBV-
spécifiques dirigés contre la lignée
du receveur, absents avant injection,
persistaient juqu’à 11 semaines après
injection.