Ces résultats de recherche nous renseignent sur la complexité des modalités
d’émergence et de résolution de conflits sociocognitifs subséquents à la nature de la
situation d’interaction sociale.
L’étude de l’émergence et de la résolution de conflits sociocognitifs dans le cadre
d’activités d’enseignement s’est surtout développée avec des enfants en âge
préscolaire et scolaire (Doise & Mugny, 1981, 1997).
Les travaux sur la même théorie de conflit sociocognitif dans des structures de
formation d’adultes pour une professionnalisation restent encore relativement limités
même si Bourgeois et Nizet (1997) affirment qu’elle reste un bon moyen pour décrire les
mécanismes et les conditions de l’apprentissage des adultes en situation d’interaction
sociale.
Buchs, C., Lehraus, K., & Butera, F. (2006) ont essayé de faire le point sur un ensemble
de recherches mettant en évidence les liens entre les interactions qui s’installent dans
les petits groupes et l’apprentissage. Ils ont montré à partir de ces travaux que les
échanges d’informations et de ressources favorisent le traitement cognitif.
D’abord, parce que résumer des informations oralement est un moyen efficace de les
organiser, de les élaborer et de les retenir.
Ensuite parce que le seul fait d’enseigner ses connaissances, améliore la compréhension
de ces informations. Autrement dit, le discours se construit dans l’interaction.
Ainsi, l’étudiant qui explique à son camarade favorise la construction d’une signification
commune de la situation (co-construction) et provoque un enrichissement mutuel.
Et dans une perspective socioconstructiviste, les discussions et les conflits stimulent la
curiosité et la motivation pour apprendre et favorisent le travail.
Cette recherche intéressante semble la plus contigüe aux théories sur le modèle
de la stivation, mais ne fait pas ressortir les hypothèses inscrites dans une
situation « adidactique » de formation « professionnalisante ».
Le défi dans la conception du modèle de la stivation était grand mais intéressant,
car il était difficile de mettre en place les mêmes schémas expérimentaux classiques
comme pour les études avec des enfants.
La formation d’adulte diffère de celle de l’enfant car avec l’adulte il s’agit de faire face à
des situations complexes d’enseignement et d’apprentissage avec l’entrée en matière de
facteurs comme l’identité professionnelle, le sentiment de compétence, la motivation
personnelle ou les relations sociales entre eux.
Pourtant généralement, les dispositifs d’apprentissage établis dans les écoles de
formation d’adultes et les méthodes pédagogiques mises en œuvre suscitent des
discussions, des débats entre stagiaires. Qu’il s’agisse d’exposés, d’apprentissages
collaboratifs, des séances d’animation pédagogique, d’études pratiques, les stagiaires
sont mis en situation d’interaction sociale. Dans de situations pareilles, les stagiaires
entrent en « conflit sociocognitif » parce que leurs conceptions et structures cognitives
sont confrontées à des informations perturbantes, incompatibles avec leur système de
connaissances préalables.
Cette déstabilisation ou perturbation cognitive engage le stagiaire dans la recherche d’un
nouvel équilibre qui tient compte des informations perturbantes.
La particularité et l’intérêt du modèle de la stivation réside dans le fait que les
interactions sociales des stagiaires sont vécues de manière spontanée dans des situations