0,76 (IC : 0,45-1,31). Elle n’a pas retrouvé d’élévation de la
mortalité globale (risque relatif : 1,03 [IC : 1,03-1,18]). Il faut
noter cependant que, dans cette méta-analyse d’essais rando-
misés, elle n’a pas inclus tous les essais randomisés et a mêlé
des essais comportant un traitement par oestro-progestatifs et
un essai qui comportait des estrogènes seuls.
Nelson (15) a effectué une méta-analyse de l’ensemble des
études qui lui semblaient méthodologiquement satisfaisantes
sur le sujet et a conclu que l’on retrouvait bien une élévation
de l’incidence du cancer du sein chez les femmes en cours de
traitement avec un intervalle de confiance compris entre 1,21
et 1,40, qu’il n’y avait pas d’augmentation statistiquement
significative chez les femmes qui avaient pris ce traitement
mais ne le poursuivaient plus pour des durées de prise de 5 ans
(IC : 0,85-1,14). Cependant, en revanche, il retrouvait une aug-
mentation du risque statistiquement significative pour les trai-
tements pris pendant une durée supérieure à 5 ans (IC : 1,23-
1,35). Concernant la mortalité, il ne trouvait aucune élévation
du risque, que ce soit chez les patientes en cours de traitement,
pour celles qui ont été traitées autrefois sur une durée infé-
rieure à 5 ans ou sur une durée de plus de 5 ans.
Concernant le cancer de l’endomètre, il a noté, sous estrogène
seul, un risque relatif à 2,3 (IC : 2,1-2,5), ce qui confirme les
données antérieures mais ne montre pas d’élévation sous estro-
gène + progestatifs, le risque relatif étant à 0,8 (IC : 0,6-1,2).
Concernant le cancer du côlon, il a trouvé une réduction de son
incidence en cours de traitement hormonal substitutif avec un
risque relatif à 0,66 (IC : 0,59-0,74). Cette réduction est égale-
ment observée chez les femmes qui avaient pris antérieure-
ment un THS avec un risque relatif à 0,80 (IC : 0,74-0,86).
PROGESTATIFS, MODALITÉS D’ADMINISTRATION
ET RISQUE
De nombreuses publications se sont évertuées à essayer de
mettre en évidence l’existence d’une différence entre traite-
ments par estrogènes seuls et traitements estroprogestatifs et si
les modalités d’administration jouaient un rôle. Globalement,
la majorité des études retrouvent un risque accru de cancer du
sein sous estroprogestatifs ou plus exactement en cas d’utilisa-
tion d’estrogènes conjugués équins et d’acétate de médroxy-
progestérone. La plupart des études font apparaître également
un risque majoré essentiellement en cas de traitement combiné
continu. Il est cependant très difficile de se retrouver dans les
publications, car les définitions des traitements continus ou
séquentiels sont fluctuantes selon les auteurs, et la durée
exacte de prise des progestatifs est rarement précisée. Le
tableau III résume les principales études sur le sujet.
CONCLUSION
Cette étude confirme donc le probable effet promoteur du trai-
tement hormonal substitutif de la ménopause sur certains can-
cers du sein préexistants. Le risque relatif observé est très
faible, et il semble en fait que le traitement hormonal substitu-
tif gomme l’effet protecteur de la ménopause. Avec ce recul
qui est court, on ne note pas de risque majoré pour les autres
cancers mais une réduction du risque de cancers coliques. Il
n’y a pas de différence de mortalité observé par cancer.
Concernant donc la mortalité, on observe globalement environ
20 à 30 % de réduction de celle-ci. Cette réduction peut être
liée au profil des patientes traitées, à un biais de surveillance,
les tumeurs diagnostiquées sous THS l’étant souvent à un
stade plus précoce, mais on ne peut éliminer un effet bio-
logique des estrogènes sur la tumeur, les estrogènes pourraient
être les premiers SERM en ayant certes un effet promoteur sur
des cancers infracliniques préexistants mais un effet anti-méta-
stasiant comme ont pu l’évoquer in vitro les travaux de
l’équipe de Rochefort (22).
Le THS semble permettre la promotion de tumeurs d’évolution
plus lente avec moins de cellules en mitose, davantage de
tumeurs de grade I et de cancers lobulaires (23), davantage de
tumeurs RE+, PR+, davantage de tumeurs moins volumineuses
sans envahissement ganglionnaire et moins aneuploïdes (24,
25).
L’association estroprogestative utilisée n’est pas celle commu-
nément employée en France. Il est donc difficile d’extrapoler
par rapport à nos traitements. On peut par ailleurs se poser la
question du rôle des progestatifs et de leur mode d’administra-
tion, puisque, parallèlement, l’étude WHI concernant les estro-
gènes utilisés seuls chez les femmes hystérectomisées se pour-
suit et qu’à 5 ans, il n’a pas été observé d’élévation de
l’incidence du cancer du sein.
Cette étude sera déclinée prochainement sous la forme de
publications thème par thème, et nous aurons davantage de
renseignements sur les cancers du sein observés. "
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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1993 ; 168 : 1473-80.
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and hormone replacement therapy : collaborative reanalysis of data from 51 epide-
15
La Lettre du Gynécologue - n° 283 - juin 2003
DOSSIER
Études Traitement séquentiel Traitement continu
RR (IC)RR (IC)
Porch 2002 (16) 1,04 (0,74-1,46) 1,82 (1,34-2,48)
Weiss 2002 (17) 0,98 (0,74-1,30) 1,45 (1,09-1,91)
Olsson 2003 (18) 1,44 (0,67-3,08) 3,13 (1,70-5,75)
Ross 2000 (19) 1,38 (1,13-1,68) 1,09 (0,88-1,35)
Magnusson 1999 (20) 1,03 (0,94-1,13) 1,19 (1,09-1,31)
Newcomb 2002 (21) 1,57 (0,95-2,60) 1,54 (1,15-2,07)
Tableau III.