BILLET D'HUMEUR THM 10 ans après l’étude WHI : “Beaucoup de bruit pour rien !” “ “What ado about nothing!” Marianne Buhler Gynécologue, Paris Références bibliographiques 1. Rossouw JE, Anderson GL, Prentice RL et al. Writing Group for the Women's Health Initiative Investigators Risks and benefits of estrogen plus progestin in healthy postmenopaus al women: principal results From the Women's Health Initiative randomized controlled trial. JAMA 2002;288(3):321-33. 2. Fournier A, Kernaleguen C, Panjo H, Clavel-Chapelon F, Ringa V. Postmenopaus al hormone therapy initiation before and after the Women's Health Initiative in two French cohorts . Menopause 2011;18(2):219-23. L’ étude WHI publiée en 2002 a eu pour conséquences une réduction majeure des prescriptions de traitement hormonal de la ménopause (THM) dans les pays industrialisés. Les menaces pour les femmes qui prennent des hormones sont terribles : elles auront des cancers du sein, mourront d’infarctus, seront diminuées par des accidents vasculaires cérébraux (AVC) divers et, en plus, ces hormones n’améliorent même pas leur qualité de vie ! Les médecins sont irresponsables ! Les études se succèdent (1, 2), contredisant tout ce qui avait été écrit auparavant (3). Comme nous expliquaient certaines autorités scientifiques fortement soutenues par la majorité des médias, il ne faut pas utiliser les THM, sauf quand vraiment on ne peut pas faire autrement, quand on a expliqué aux femmes tout ce qu’elles risquaient et si, malgré tout, elles maintiennent leur demande pour être soulagées, il faut limiter dans le temps ces prescriptions. Deux études récentes viennent de balayer ces dogmes. La première étude (4), randomisée, en double aveugle contre placebo, a été menée aux États-Unis pendant 4 ans (comme WHI avant son arrêt) comparant 3 groupes : Prémarin® + Utrogestan®, patch d’E2 associé avec Utrogestan® et placebo. Résultats, miracle, amélioration de la qualité de vie ! Et qui plus est, pas d’augmentation du nombre de cancers du sein, ni d’infarctus, ni d’AVC, et ce, quelle que soit la voie d’administration ! 3. Scarabin PY, Oger El, PluBureau G. EStrogen and Thrombo Embolism Risk Study Group. Differential association of oral and transdermal oestrogenreplacement therapy with venous thromboembolism risk. Lancet 2003;362:428-32. La seconde étude (5), randomisée elle aussi, publiée dans le British Medical Journal, a été menée au Danemark sur 1 000 femmes suivies pendant 10 ans, voire 16 ans pour certaines. Elle compare le Trisequens® (E2 2 mg + acétate de noréthistérone) avec E2 seul pour les femmes hystérectomisées contre placebo. 4. Harman SM, Manson J, Asthana S. Hormone therapy has many favorable effects in newly menopaus al w omen: initial finding of the Kronos Early Estrogen Prevention Study (KEEPS). North American Menopause Society (NAMS), 2012. Augmentation des maladies thromboemboliques et AVC ? Non, même si le THM est pris pendant 16 ans et par voie orale. 5.Schierbeck LL, Rejnmark L, Tofteng CL et al. Ef fect of hormone replacement therapy on cardiovascular events in recently postmenopausal women: randomised trial. BMJ 2012;345:e6409. Combien de temps faudra-t-il pour revenir à la période précédente où les femmes prenaient avec tranquillité ce traitement, où nous osions dire à nos patientes que leurs artères se dégraderont moins, que leur os seront plus solides et, de plus, leur sexualité plus rayonnante sans avoir le risque de cancer du sein comme une épée de Damoclès sur leur destin ! L iens d'intérêts : L'auteur déclare un lien d'intérêt avec Bayer et Teva. Mêmes résultats : augmentation des cancers du sein ? Non. De plus, on note une diminution de la mortalité et des maladies cardiovasculaires alors que cette association estroprogestative avait été accusée de tous les maux. Pauvres patientes et pauvres médecins prescripteurs ! ” Nous attendons la “Une” des journaux de presse écrite et télévisés (JT) de 20 heures pour proclamer l’avènement et la renaissance du THM… Qui osera le faire ? 6 | La Lettre du Gynécologue • n° 377 - décembre 2012