Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n
o 2 - avril-mai-juin 2008
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Vocabulaire
Transmission
O
n rattache spontanément transmission au verbe transmettre, où l’on
reconnaît mettre, et ceci bien que la mission n’ait plus grand-chose à
voir avec la mise. Ce qui montre que la formation des mots latins –
mittere, missus, missio – reste vivante pour nous après que nous avons collecti-
vement perdu ce qui fut notre latin. Transmettre est directement hérité du latin,
au Xe siècle, alors que transmission est un emprunt écrit, assez savant, quatre
ou cinq siècles plus tard. Il apparut très précisément dans le discours médical, à
propos des “humeurs” dont on pensait qu’elles se répandaient dans l’organisme.
Ce n’est qu’au XVIIIe siècle qu’on en fait un mot technique, mécanique, et qu’on
l’applique en général à toute communication.
Mais l’emploi du concept de “transmission” reste actif à propos de l’organisme ;
si on ne l’utilise pas à propos du sang, c’est parce que Harvey impose l’idée
de “circulation” (d’abord en latin). C’est la pathologie qui le récupère au tout
début du XIXe siècle, en lui donnant une valeur plus générale que contagion et
en l’appuyant sur un adjectif venu du droit, transmissible.
Au XXe siècle, après les découvertes de la microbiologie pasteurienne, puis
des virus et de la génétique, l’idée qu’il y a des maux ou plutôt des vecteurs
de maux transmissibles (ou non) à l’espèce humaine rend compte du domaine
entier de l’épidémiologie. Hors des communications de signes et du domaine
de l’information, le terme transmission s’est spécialisé dans la menace liée à
certaines activités, pourtant nécessaires à une autre “transmission”, celle de la
vie, et l’on parle avec tristesse des maladies “sexuellement transmissibles”. ■
Alain Rey, directeur de rédaction du Robert, Paris.
Le Courrier de la Transplantation vous souhaite
un bel été sur la route des vacances
et vous donne rendez-vous à la rentrée