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Le Courrier de la Transplantation - Volume VIII - n
o 2 - avril-mai-juin 2008
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congrès
greffées chez les patients atteints de
cardiomyopathies ischémiques se dirige
vers une nouvelle approche thérapeu-
tique, associant la biologie cellulaire aux
techniques d’ingénierie tissulaire. La
thérapie de régénération myocardique
par le biais de la transplantation cellu-
laire évolue vers des greffons beaucoup
plus composites, associant des cellules,
une matrice extracellulaire et des facteurs
de croissance.
AssistAnce et régénérAtion
myocArdiques utilisAnt
des mAtrices bioArtificielles :
étude mAgnum
L’objectif de la thérapie cellulaire en
cardiologie est de régénérer le myocarde
en implantant des cellules souches
myogéniques ou angiogéniques. Cepen-
dant, il faut tenir compte du fait que, dans
la maladie ischémique, la matrice extra-
cellulaire est aussi pathologiquement
altérée. Ainsi, il a semblé nécessaire aux
investigateurs de cette étude d’associer
un procédé de thérapie cellulaire à des
techniques de génie tissulaire, visant à
améliorer la fonction contractile ainsi
que la matrice extracellulaire, respon-
sable de la géométrie ventriculaire. L’ob-
jectif de l’étude MAGNUM (Myocardial
Assistance by Grafting a New Upgraded
bioarticial Myocardium) a été d’éva-
luer l’intérêt et l’utilité d’associer une
matrice de collagène cellularisée à la
cardiomioplastie cellulaire chez des
patients présentant des séquelles post-
infarctus de myocarde.
Chez 15 patients, d’un âge moyen de
54 ± 3 ans, présentant des séquelles d’in-
farctus ventriculaire gauche avec indi-
cation d’un pontage coronarien unique
dans le but de revasculariser les zones
du ventricule éloignées, des cellules
mononucléées de moelle osseuse ont été
implantées au moment de la chirurgie
effectuée sans circulation extracorporelle
(CEC). Après l’injection de cellules dans
les infarctus, une matrice 3D de colla-
gène type I (dimensions : 7 x 5 x 0,6 cm),
semée préalablement avec la même
quantité de cellules de moelle osseuse,
a été xée sur la surface épicardique
de la zone infarcie. Cette matrice a été
recouverte par une deuxième matrice
non cellularisée.
Les interventions et les évolutions post-
opératoires se sont déroulées sans morbi-
dité ni mortalité (suivi : 15 ± 4 mois).
Des études échocardiographiques et
scintigraphiques ont montré que 52 %
des segments traités présentaient une
amélioration de la contractilité ventri-
culaire. Les volumes télédiastoliques
du ventricule gauche (VG) sont
descendus de 142 ± 24 ml à 117 ± 21 ml
(p = 0,03). La fraction d’éjection du VG
a été améliorée de 25 ± 7 % à 33 ± 5 %
(p = 0,04). Des paramètres de fonction
diastolique ont montré des améliorations
signicatives.
La conclusion de cette étude est que les
patients présentant des cicatrices d’in-
farctus de myocarde, traités par l’asso-
ciation de cardiomyoplastie cellulaire
et d’implant d’une matrice de collagène
cellularisée au cours de la chirurgie de
revascularisation myocardique, ont
montré des améliorations fonction-
nelles et hémodynamiques. Ce procédé
d’ingénierie tissulaire semble renforcer
la paroi ventriculaire pathologique
à l’aide de tissus viables et limiter le
remodelage postischémique, augmentant
ainsi l’efcacité de la cardiomyoplastie
cellulaire.
vers le myocArde bioArtificiel
Des études expérimentales ont été
présentées par O. Schussler et al.
(HEGP, Paris), montrant l’améliora-
tion de la biofonctionnalité de matrices
en collagène, semées avec des cellules
souches, grâce à l’incorporation du
peptide d’adhésion RGD (arginine-
glycine-aspartate).
Il est bien connu que la plupart des
cellules s’attachent à une matrice
extracellulaire qui constitue la trame
des tissus, et cet attachement est néces-
saire à leur propre survie. Les cellules
adhèrent par des récepteurs, les inté-
grines (protéines hétérodimériques
transmembranaires). Plus de 25 inté-
grines sont connues, et beaucoup (en
particulier les intégrines 1 et 3) se lient
à des composants de la matrice extracel-
lulaire. Certaines, dont le prototype est
la bronectine, contiennent le tripeptide
Arg-Gly-Asp.
trAitement cHirurgicAl
des cArdiomyopAtHies sévères
du ventricule droit
Tandis que, pour le traitement de l’in-
suffisance VG, plusieurs alternatives
pharmacologiques et chirurgicales exis-
tent, l’insufsance ventriculaire droite
(VD) reste une pathologie difcilement
contrôlable. Le rôle du VD a été sous-
estimé dans le passé : des études récentes
ont montré que, plus qu’un conduit, il
est une pompe possédant des fonc-
tions systolique et diastolique. Pour les
malades présentant une défaillance du
VD associée à une insufsance de la
valve tricuspide, les résultats de la plastie
ou du remplacement valvulaire isolé sont
parfois décevants. Une étude présentait
la réalisation d’une cardiomyoplastie
(CMP) antérieure pour améliorer la fonc-
tion du VD, associée à une plastie de la
valve tricuspide.
Dix patients ont bénécié d’une CMP
due à une insufsance du VD. La série
comprend 7 hommes et 3 femmes
avec une moyenne d’âge de 42 ans
(15 à 63 ans). L’étiologie de l’insuf-
fisance du VD était, pour 7 cas, une
dysplasie ventriculaire droite arythmo-
gène, pour 2 cas, une cardiomyopathie
ischémique et, pour un cas, une maladie
de Uhl. Tous les patients, excepté un
cas de cardiomyopathie ischémique,
présentaient une insuffisance de la
valve tricuspide. Neuf étaient en classe
fonctionnelle (NYHA) III et un en clas-
se IV. La fraction d’éjection moyenne du
VD était de 17 ± 6 % et celle du VG de
41 ± 12 %. Huit sujets ont bénécié d’une
CMP antérieure utilisant le muscle grand
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