DOSSIER THÉMATIQUE Le diagnostic de la DVDA Apport de l’angiographie de contraste numérisée quantitative dans le diagnostic de la DVDA Contribution of quantitative digitized contrast angiography to the diagnosis of ARVD J.-L. Hébert¹, G. Duthoit², Z. Bennoui¹, G. Kasser³, O. Gérard¹, V. Claes⁴, Y. Lecarpentier¹, ⁵ L’ ¹ Laboratoire d’explorations fonctionnelles cardiovasculaires, hôpital de Bicêtre, université Paris-Sud, Le Kremlin-Bicêtre. ² Unité de rythmologie, institut de cardiologie, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, AP-HP, Paris. ³ École nationale supérieure des arts et métiers, Paris. ⁴ Faculteit farmaceutische, biomedische en diergeneeskundige wetenschappen, Anvers, Belgique. ⁵ Centre de recherche clinique, CHR de Meaux. imagerie tient une place importante dans le difficile diagnostic de la dysplasie ventriculaire droite arythmogène (DVDA), dont les critères ont fait l’objet d’une révision récente (1), où une place grandissante a été réservée aux aspects quantitatifs, à l'échocardiographie et à la résonance magnétique nucléaire. Cette attitude, négligée lors de la première conférence de consensus (2), est justifiée : on ne cerne scientifiquement un phénomène qu’en le quantifiant. L’angiographie de contraste, la plus ancienne des techniques d’imagerie, reste dans sa version numérisée la technique de référence dans la DVDA (3-5), car elle offre une très bonne définition des contours endocardiques et de la cinétique pariétale des 2 ventricules. Toutefois, la morphologie complexe du ventricule droit (VD) rend difficile (mais non insurmontable) sa modélisation géométrique. Nous avons développé un outil informatique dédié à l’angiographie quantitative, qui exprime en millimètres les excursions pariétales et qui permet de classifier la DVDA sur des critères fonctionnels et morphologiques (6). Cette démarche offre une approche à la fois diagnostique − en particulier dans les formes localisées, difficiles à cerner par les techniques non invasives − et pronostique, indispensable dans les formes diffuses biventriculaires, préoccupantes en raison du risque hémodynamique encouru. Cette technique offre en effet une vision complète des contours de la cavité dans une incidence donnée, ce qui permet de juger d’emblée la morphologie globale de la cavité et la diffusion de 30 | La Lettre du Cardiologue ̐ n° 450 - décembre 2011 l’atteinte. Le strict respect d’un protocole dédié a permis un rendu contributif, sans aucune mortalité et sans morbidité appréciable, sur près d’un millier de patients explorés pour suspicion de DVDA. Population Notre expérience porte sur 300 patients répondant aux critères révisés de la DVDA (33 ans d’âge moyen, 75 % d’hommes et 60 % de sportifs s'entraînant au moins 6 heures par semaine). Les pathologies associées sont absentes et la coronarographie est normale. Les résultats angiographiques des patients sont comparés à ceux de 20 témoins soumis au même protocole pour suspicion de diverses cardiopathies non confirmées. Protocole Les détails du protocole d’exploration ont été développés dans un article antérieur (6). Après recueil des pressions droites avec une sonde de Swan-Ganz et gauches à travers une queue de cochon, on mesure le débit cardiaque par thermodilution et la différence artérioveineuse en oxygène. Le facteur de grandissement des images, indispensable à la calibration, est déterminé à l’aide une bille métallique de 40 mm de diamètre filmée dans le plan du cœur, dans les 2 incidences orthogonales retenues Points forts Mots-clés La cinéangiographie de contraste est la technique d’imagerie de référence dans le diagnostic de la dysplasie ventriculaire droite arythmogène. Les malades sont classifiés selon leur fraction d’éjection du ventricule droit (FEVD), conservée ou abaissée. >> Les malades de type I (65 %) ont une FEVD ≥ 35 %, des volumes VD normaux et une excursion systolique de l’anneau tricuspide (TAPSE) respectée (> 14 mm). Ils se répartissent en type Ia (45 %) avec altérations antéroapicales limitées et en type Ib (20 %) ayant les atteintes du type Ia, associées à des déhiscences de la paroi inférieure. >> Les malades de type II (35 %) ont une dilatation majeure du VD, une FEVD < 35 % avec TAPSE < 12 mm. Ils se répartissent en type IIa avec ventricule gauche (VG) préservé et en type IIb avec FEVG < 40 %, en défaillance cardiaque. pour les injections : l’oblique antérieure droite (OAD) de 45°, et l’oblique antérieure gauche (OAG) de 45°. L’exploration peut être complétée par une coronarographie qui montre, dans les formes dilatées, des aspects d’étirement typiques sur le réseau marginal droit en zone dysplasique, avec stagnation distale en arbre mort. Le traçage manuel des contours télédiastolique et télésystolique sur des cycles sinusaux et non postextrasystoliques, dans chaque incidence, permet l’analyse segmentaire des excursions pariétales par la technique “centerline” de FH. Sheehan et al. (7) quantifiée (6) [figures (1 à 5)B]. L’excursion de chaque segment est exprimée en millimètres et est comparée à une valeur de référence, dans chaque incidence, à l’aide d’un nomogramme établi sur les témoins (figures [1 à 5]C). L’excursion segmentaire est normalisée par rapport au périmètre télédiasto- A Télédiastole lique du contour considéré. Les volumes ventriculaires télédiastolique et télésystolique du VD et la fraction d’éjection du VD (FEVD) sont calculés par le modèle géométrique de l’hémiellipsoïde de JG. Boak et al. (8). L’analyse biplane du VG permet le calcul des volumes et de la fraction d’éjection du VG (FEVG) par le modèle géométrique de l’ellipsoïde de H. Dodge et al. (9), et la comparaison de la cinétique segmentaire à un nomogramme dans chaque incidence. Résultats Anomalies morphologiques élémentaires, aspects qualitatifs ◆ Ventricule droit Le choix des incidences, non conventionnelles, est déterminant. L’OAD 45° permet, mieux que Zoom d = 1,9 mm Trabéculation Espaces intertrabéculaires B 6,8 mm Dysplasie ventriculaire droite arythmogène Diagnostic Imagerie Angiographie de contraste numérisée quantitative Highlights » Quantitative cineangiography can be considered as gold standard -when QFSGPSNFECZFYQFSUTBNPOH PUIFSJNBHJOHUPPMTVTFEGPS UIFEJBHOPTJTPG"37%$5IF patients were classified on the CBTJTPGQSFTFSWFEPSJNQBJSFE SJHIUWFOUSJDVMBSFKFDUJPOGSBDtion (RVEF). » 5ZQF*QBUJFOUT IBE QSFTFSWFE37&'ö OPSNBM RV volumes and preserved TAPSE (≥14mm). They were divided into two groups: type *B XJUIXBMMJNQBJSment limited to anterior wall BOEBQFYUZQF*C TBNF alterations as previously, associated with diaphragmatic wall bulgings. » 5ZQF**QBUJFOUT IBE JNQBJSFE37&' BOE 5"14&NN XJUIJNQPSUBOU37EJMBUJPOBOEEJGGVTF parietal alterations. They were divided into two groups: type **BXJUIPVU37JOGVOEJCVMBS beating aneurism; type IIb with 37JOGVOEJCVMBSCFBUJOHBOFVSJTN*OUIFTFDBTFTUIFMFGU WFOUSJDVMBS-7 TZTUPMJDGVODUJPO XBTDPMMBQTFE-7&' with poor hemodynamic condition implying heart transplant GPSCJWFOUSJDVMBSIFBSUGBJMVSF Keywords Arrhythmogenic right ventricular dysplasia Diagnosis Imaging Quantitative digitized contrast cineangiography C figure 1. Ventricule droit OAD 45°. DVDA type Ia. La Lettre du Cardiologue ̐ n° 450 - décembre 2011 | 31 DOSSIER THÉMATIQUE Le diagnostic de la DVDA Apport de l’angiographie de contraste numérisée quantitative dans le diagnostic de la DVDA B Télédiastole Télésystole A Zoom Zoom Figure 2. Ventricule droit OAG 45°. DVDA type Ia, même patiente que sur la figure 1. l’OAD 30°, de visualiser le plan de l’anneau tricuspide, refoulé à droite en cas de dilatation importante du VD, afin de mesurer son déplacement systolique (Tricuspid Annular Plane Systolic Excursion [TAPSE]), déterminant majeur de la FEVD (6, 10). Cette incidence dégage aussi parfaitement les lésions élémentaires dans les zones du “triangle de la dysplasie” : infundibulum pulmonaire, apex et zone sous-tricuspidienne. Elle montre l’enchevêtrement des trabéculations de la paroi antéroapicale et leur hypertrophie, quantifiée par comparaison avec le diamètre apparent de la sonde d’angiographie : une épaisseur supérieure ou égale à 4 mm des trabéculations en télédiastole est pathologique (figures [1 et 3]A), même chez un sportif entraîné. La zone de jonction infundibulotrabéculaire antérieure peut présenter un bombement akinétique, siège d’une hypertrophie trabéculaire prenant un aspect confluant en “chou-fleur” en télésystole. La bandelette ansiforme est souvent hypertrophiée, trop bien visible. L’apex du VD peut être 32 | La Lettre du Cardiologue ̐ n° 450 - décembre 2011 amputé avec un aspect “en coup de serpe ” (figure 4A, p. 34), rarement anévrismal ; il est le siège de l’Y renversé du système de haubanage hypertrophié de la bandelette ansiforme. Le plancher du VD peut présenter des déhiscences pariétales localisées, en doigt de gant ("outpouchings"), stagnantes (figure 3A, p. 33). La zone sous-tricuspide peut présenter un aspect en hamac ("bulging") avec distension stagnante diastolique, voire systolodiastolique (figures [4 et 5]A, pp. 34, 35). La zone sous-tricuspidienne est alors déplacée en dessous du plan de l’apex. La cinétique de l’éperon de Wolff est également bien vue, diminuée dans les formes diffuses avec réduction de TAPSE, ainsi que celle de l’infundibulum sous-pulmonaire, anévrismal à parois amincies seulement dans les formes les plus diffuses (figure 5A, p. 35). En OAD 45°, les trabéculations hypertrophiées à projection septale prennent un aspect tabulaire ("stacking") avec des espaces intertrabéculaires horizontaux parallèles médiocavitaires, et elles se superposent DOSSIER THÉMATIQUE B Télédiastole Télésystole A C Figure 3. Ventricule droit OAD 45°. DVDA type Ib. aux images fissuraires (figure 1A, p.31). Cette incidence permet enfin d’identifier et de quantifier une éventuelle régurgitation tricuspidienne. L’OAG 45° offre une excellente visualisation de la morphologie et de la cinétique du septum interventriculaire (SIV), meilleure que l’OAG 60° ou l’incidence transverse gauche, et renseigne de façon très démonstrative sur les interactions interventriculaires dans les formes avec dilatation du VD. Elle permet de confirmer l’hypertrophie des trabéculations à projection septale avec des aspects d’indentations profondes en “dents de requin”, qui se projettent sur l’ensemble du mur septal (figure 2A, p. 32). Elle permet d’apprécier la dilatation transversale du VD et de visualiser une éventuelle déformation anévrismale de sa paroi libre. Dans les formes diffuses, l’aspect fissuraire disparaît en raison de la dilatation de la cavité, mais l’hypertrophie demeure et les trabéculations apparaissent épaissies, étirées, parallèles et fixes (figure 5A, p.35), ce qui est confirmé en OAG, avec un aspect en “mie de pain” dans la zone septale, verticalisée et immobile. Les autres causes d’hypertrophie trabéculaire (communication interauriculaire [CIA], retour veineux pulmonaire anormal partiel [RVPAP], sténose pulmonaire à SIV intact, hypertension artérielle pulmonaire [HTAP], etc.) devront être éliminées. ◆ Ventricule gauche En OAD 45°, les interactions interventriculaires se traduisent, dans les formes dilatées, par un recouvrement partiel de la paroi antérieure du VG par la zone trabéculaire du VD, d’où un aspect de pseudohypertrophie de la paroi antérieure avec réduction importante de son déplacement (normale = 10 mm) et aspect laminé en systole. L’OAG 45° permet une bonne analyse des interactions interventriculaires lorsque le VD est dilaté, alors que le volume du VG reste normal ou peu augmenté (inférieur ou égal à 130 % de la normale), même dans les formes diffuses. Chez le sédentaire ayant un VD La Lettre du Cardiologue ̐ n° 450 - décembre 2011 | 33 DOSSIER THÉMATIQUE Apport de l’angiographie de contraste numérisée quantitative dans le diagnostic de la DVDA Le diagnostic de la DVDA Télésystole A B Zoom Mésosystole Télédiastole C figure 4. Ventricule droit OAD 45°. DVDA type IIa. dilaté, le SIV devient paradoxal et sa face gauche est incurvée vers le VG de taille normale, qui est refoulé en haut et à gauche avec verticalisation du plan de l’anneau aortique. En revanche, chez le sportif entraîné, le VG est plus volumineux que chez le sédentaire et les interactions interventriculaires sont moins nettes : le SIV reste en position médiane, mais il demeure vertical et immobile tout au long du cycle cardiaque. L’atteinte d’origine intrinsèque du VG est globalement plus discrète que celle du VD et n’aboutit à des répercussions sensibles que dans les formes diffuses. Elle s’ajoute aux interactions interventriculaires d’origine volumétrique. En OAG 45°, la cinétique de la paroi libre du VG, qui n’est soumise qu’à la contrainte péricardique, est le meilleur marqueur de l’intégrité de la fonction systolique du VG : l’effondrement de son excursion (normale = 10 mm) accompagne les formes biventriculaires sévères et traduit une atteinte intrinsèque du VG. De même, une paroi inférieure hypo- ou akinétique 34 | La Lettre du Cardiologue ̐ n° 450 - décembre 2011 en OAD 45° (normale = 10 mm) témoigne d’une atteinte intrinsèque du VG, en particulier dans la zone sous-mitrale. Toutefois, certains signes morphologiques d’atteinte intrinsèque locorégionale du VG peuvent être décelés, y compris dans des formes peu importantes à droite. Ils sont limités, mieux vus en OAD 45°, et concernent : la zone médioventriculaire, hypokinétique, engainée d’un manchon fibreux sur un large segment moyen ; la zone apicale, comblée, en “coup de serpe” ; et la zone sous-mitrale en arrière du pilier postérieur, donnant au VG un aspect en “ballerine”. Anomalies cinétiques et volumétriques, aspects quantitatifs et résultats hémodynamiques La démarche suivie pour établir la classification angiographique des DVDA a consisté à focaliser l’analyse sur le VD en raison de la constance de DOSSIER THÉMATIQUE Télédiastole A Zoom figure 5. Ventricule droit OAD 45°. DVDA type IIb. son atteinte, plus aléatoire que celle du VG. La valeur seuil de FEVD de 35 %, déterminante pour le maintien de sa fonction systolique (11) a été retenue. Les patients de type I ont une FEVD supérieure ou égale à 35 %. Ce sont les plus fréquents (65 % des cas). Les patients de type II ont une FEVD inférieure à 35 %. Ce sont les plus typiques et ils sont aisément identifiables par toutes les techniques d’imagerie. Il n’existe pas de différence d’âge, ni d’influence du sexe ou de la pratique sportive entre les patients des 2 types. L’analyse morphologique des cas de type I met en évidence 2 sous-groupes : celui dont l’atteinte est limitée à la paroi antéro-septoapicale (type Ia, 45 % des cas) sous forme d’hypertrophie trabéculaire avec hypokinésie marquée (normale = 4 mm), sans dilatation cavitaire (normale = 80 ml.m-² en télédiastole) [figures 1 et 2, pp. 31, 32] ; celui qui présente ces mêmes anomalies auxquelles s’ajoute une atteinte hypokinétique du plancher du VD (normale = 6 mm), avec “outpouchings” sousapicaux, et/ou “bulgings” de la zone sous-tricuspidienne (type Ib, 20 % des cas) [figure 3, p. 33]. Les patients de type II (35 % des cas) présentent une atteinte diffuse avec dilatation importante du VD (supérieure à 120 ml.m-² en télédiastole) [figures 4 et 5]. Les anomalies du type I y sont présentes et se complètent par une atteinte de la paroi latérale et de l’éperon de Wolff, qui est le moteur musculaire principal de la cinétique de l’anneau tricuspide (6). Le TAPSE, normalement supérieur ou égal à 14 mm, devient inférieur à 12 mm (figures [4 et 5]B), ce qui, conjugué à une diminution d’amplitude de la paroi latérale inférieure à 5 mm (normale = 10 mm), précipite la réduction de la FEVD inférieure à 35 %. Dans cette population, les interactions interventriculaires en parallèle sont importantes, avec SIV paradoxal. Parmi les cas de type II, une souspopulation a été isolée, qui présente un volumineux anévrisme battant de l’infundibulum pulmonaire du VD, à paroi très amincie, bien visualisé en OAD 45° (figure 5A). L’étude du VG a montré que sa fonction systolique, le plus souvent respectée dans la DVDA, est en revanche constamment effondrée (FEVG inférieure à 40 %) dans cette sous-population avec anévrisme infundibulaire. La sous-population sans La Lettre du Cardiologue ̐ n° 450 - décembre 2011 | 35 DOSSIER THÉMATIQUE Le diagnostic de la DVDA Apport de l’angiographie de contraste numérisée quantitative dans le diagnostic de la DVDA anévrisme a été définie comme type IIa (25 % des cas) et la sous-population qui le présente, comme type IIb. Quelques cas de transition entre les types et sous-types, traduisant l’évolution de l’affection, ont été observés. Le type IIb (10 % des DVDA) offre des caractéristiques physiopathologiques faisant sa gravité hémodynamique. Il partage avec le type IIa les mêmes interactions transeptales en parallèle. De plus, l’anévrisme infundibulaire battant accumule en systole un volume sanguin qui n’est pas délivré au lit artériel pulmonaire, constituant un “effet réservoir” qui réduit la précharge du VG peu ou pas dilaté en diastole (normale = 70 ml.m-²) et qui réalise des interactions interventriculaires en série. Ce phénomène est également retrouvé dans l’évolution d’autres pathologies (12). Cette association d’interactions interventriculaires aggrave la réduction du débit systolique aortique (inférieur à 35 ml.m-² par cycle), ce qui précipite l’insuffisance cardiaque globale (index cardiaque inférieur à 2 l.mn-¹.m-²) et élargit la différence artérioveineuse en oxygène (supérieure à 6,5 mL pour 100 mL de sang). La paroi libre du VG en OAG 45° présente alors une hypokinésie diffuse importante (inférieure à 5 mm, normale = 10 mm), traduisant son atteinte intrinsèque. Les courbes hémodynamiques montrent, exclusivement dans les types IIb, une égalisation des pressions de l’oreillette droite (OD) jusqu’à l’artère pulmonaire, avec ventricularisation de la pression de l'OD due à l’insuffisance tricuspidienne importante, par dilatation de l’anneau, avec onde a très ample dans l’OD (normale < 8 mmHg), transmise au VD et à l’artère pulmonaire. Cela traduit le rôle vicariant de la systole atriale dans le remplissage et la vidange du VD atone. Sa disparition (passage en arythmie complète) précipite la défaillance cardiaque globale par dissociation électromécanique avec des signes droits prépondérants, qui peut rapidement devenir critique. En revanche, les pressions pulmonaires restent normales dans ces formes évoluées, par “effet diurétique” sur le lit pulmonaire, dû au grand volume stagnant dans le VD et accentué par l’“effet réservoir” de l’anévrisme infundibulaire. De fait, les pressions de remplissage du VG sont paradoxalement peu augmentées, voire normales en dépit de l’effondrement de la FEVG avec un muscle du VG plutôt de type “restrictif” et il n’y a pas d’œdème aigu du poumon révélateur. Ces patients de type IIb, qui ont une réduction des fractions d’éjection des 2 ventricules inférieure à 40 %, sont des candidats à ■ la greffe cardiaque. Références bibliographiques 1. Marcus FI, McKenna WJ, Sherrill D et al. Diagnosis of arrhythmogenic right ventricular cardiomyopathy/dysplasia. Proposed Modification of the Task Force Criteria. Circulation 2010;121:1533-41. 2. Richardson PJ, McKenna WJ, Bristow M et al. Report of the 1995 World Health Organization/International Society and Federation of Cardiology Task Force on the Definition and Classification of Cardiomyopathies. Circulation 1996;93:841-2. 3. Daubert C, Descaves C, Foulgoc JL et al. Critical analysis of cineangiographic criteria for diagnosis of arrhythmogenic right ventricular dysplasia. Am Heart J 1988;115:448-59. 4. Daliento L, Rizzoli G, Thiene G et al. Diagnostic accuracy of right ventriculography in arrhythmogenic right ventricular cardiomyopathy. Am J Cardiol 1990;66:741-5. 5. Pinamonti B, Sinagra G, Salvi À et al. Left ventricular involvement in right ventricular dysplasia. Am Heart J 1992;123:711-24. 6. Hébert JL, Chemla D, Gérard O et al. Angiographic right and left ventricular function in arrhythmogenic right ventricular dysplasia. Am J Cardiol 2004;93:728-33. 7. Sheehan FH, Bolson EL, Dodge HT et al. Advantages and applications of the centerline method for characterizing regional ventricular function. Circulation 1986;74:293-305. 8. Boak JG, Bove AA, Kreulen T, Spann JF. À geometric basis for calculation of right ventricular volume in man. Cathet Cardiovasc Diagn 1977;3:217-30. 9. Dodge HT, Sandler H, Ballew DH, Lord JD Jr. The use of biplane angiocardigraphy for the measurement of left ventricular volume in man. Am Heart J 1960;60:762-76. 36 | La Lettre du Cardiologue ̐ n° 450 - décembre 2011 10. Kaul S, Tei C, Hopkins JM et al. Assessment of right ventricular function using two-dimensional echocardiography. Am Heart J 1984;107:526-31. 11. Di Salvo TG, Mathier M, Semigran MJ, Dec GW. Preserved right ventricular ejection fraction predicts exercise capacity and survival in advanced heart failure. J Am Coll Cardiol 1995;25:1143-53. 12. Davlouros PA, Kilner PJ, Hornung TS et al. Right ventricular function in adults with repaired tetralogy of Fallot assessed with cardiovascular magnetic resonance imaging: detrimental role of right ventricular outflow aneurysms or akinesia and adverse right-to-left ventricular interaction. J Am Coll Cardiol 2002;40:2044-52.