30 | La Lettre du Cardiologue ̐ n° 450 - décembre 2011
DOSSIER THÉMATIQUE
Le diagnostic de la DVDA
Apport de l’angiographie
de contraste numérisée
quantitative dans le diagnostic
de la DVDA
Contribution of quantitative digitized contrast angio-
graphy to the diagnosis of ARVD
J.-L. Hébert¹, G. Duthoit², Z. Bennoui¹, G. Kasser³, O. Gérard¹, V. Claes⁴, Y. Lecarpentier¹, ⁵
¹
Laboratoire d’explorations fonc-
tionnelles cardiovasculaires, hôpital
de Bicêtre, université Paris-Sud, Le
Kremlin-Bicêtre.
²
Unité de rythmologie, institut de
cardiologie, hôpital de la Pitié-Salpê-
trière, AP-HP, Paris.
³ École nationale supérieure des arts
et métiers, Paris.
⁴
Faculteit farmaceutische, biome-
dische en diergeneeskundige weten-
schappen, Anvers, Belgique.
⁵ Centre de recherche clinique, CHR
de Meaux.
L’
imagerie tient une place importante dans le
difficile diagnostic de la dysplasie ventricu-
laire droite arythmogène (DVDA), dont les
critères ont fait l’objet d’une révision récente (1), où
une place grandissante a été réservée aux aspects
quantitatifs, à l'échocardiographie et à la résonance
magnétique nucléaire. Cette attitude, négligée lors
de la première conférence de consensus (2), est justi-
fiée : on ne cerne scientifiquement un phénomène
qu’en le quantifiant. L’angiographie de contraste, la
plus ancienne des techniques d’imagerie, reste dans
sa version numérisée la technique de référence dans
la DVDA (3-5), car elle offre une très bonne défini-
tion des contours endocardiques et de la cinétique
pariétale des 2 ventricules. Toutefois, la morphologie
complexe du ventricule droit (VD) rend difficile (mais
non insurmontable) sa modélisation géométrique.
Nous avons développé un outil informatique dédié
à l’angiographie quantitative, qui exprime en milli-
mètres les excursions pariétales et qui permet de
classifier la DVDA sur des critères fonctionnels et
morphologiques (6). Cette démarche offre une
approche à la fois diagnostique − en particulier
dans les formes localisées, difficiles à cerner par les
techniques non invasives − et pronostique, indis-
pensable dans les formes diffuses biventriculaires,
préoccupantes en raison du risque hémodynamique
encouru. Cette technique offre en effet une vision
complète des contours de la cavité dans une inci-
dence donnée, ce qui permet de juger d’emblée la
morphologie globale de la cavité et la diffusion de
l’atteinte. Le strict respect d’un protocole dédié a
permis un rendu contributif, sans aucune mortalité
et sans morbidité appréciable, sur près d’un millier
de patients explorés pour suspicion de DVDA.
Population
Notre expérience porte sur 300 patients répondant
aux critères révisés de la DVDA (33 ans d’âge moyen,
75 % d’hommes et 60 % de sportifs s'entraînant
au moins 6 heures par semaine). Les pathologies
associées sont absentes et la coronarographie est
normale. Les résultats angiographiques des patients
sont comparés à ceux de 20 témoins soumis au
même protocole pour suspicion de diverses cardio-
pathies non confirmées.
Protocole
Les détails du protocole d’exploration ont été déve-
loppés dans un article antérieur (6). Après recueil des
pressions droites avec une sonde de Swan-Ganz et
gauches à travers une queue de cochon, on mesure
le débit cardiaque par thermodilution et la différence
artérioveineuse en oxygène.
Le facteur de grandissement des images, indispen-
sable à la calibration, est déterminé à l’aide une bille
métallique de 40 mm de diamètre filmée dans le plan
du cœur, dans les 2 incidences orthogonales retenues