La Lettre du Sénologue • n° 56 - avril-mai-juin 2012 | 11
administré après échec des IA non stéroïdiens a
une efficacité comparable à celle de l’exémestane :
dans l’essai EFFECT portant sur 660 patientes, la
durée médiane de réponse est de 13,5 mois versus
9,8 pour l’exémestane, avec des taux de bénéfice
clinique, respectivement de 32,2 et 31,5 % et de 29,1
et 27,2 % sur les métastases viscérales (7). Si le taux
de réponse objective demeure faible (de l’ordre de
7 %), de tels résultats sont loin d’être négligeables
en situation de rattrapage !
Le fulvestrant a pour l’instant été essentiellement
développé chez les patientes ménopausées, mais
des essais sont en cours chez les femmes non méno-
pausées.
Choix du traitement en phase
métastatique
L’hormonothérapie ne concerne que les tumeurs
hormonosensibles et il est utile en premier lieu de
rappeler les critères d’hormonosensibilité en phase
métastatique :
– positivité des RH ; l’hormonosensibilité des formes
RE+ RP+ est considérée comme plus élevée que celle
des formes avec RE et RP dissociés (au sein de ces
dernières, il est classiquement admis que les RE–
RP+ sont plus hormonosensibles que les RE+ RP) ;
– intervalle libre long, au moins 2 ans, idéalement
plus de 5 ans ;
– grade et/ou index de prolifération peu élevés ;
– pas de lésion viscérale menaçante ou rapidement
évolutive (exemple typique des localisations hépa-
tiques ou des lymphangites pulmonaires).
Soulignons que l’existence de lésions métastatiques
viscérale n’est pas en soi une contre-indication systé-
matique à l’hormonothérapie !
Par ailleurs, les patientes ayant eu un bénéfice clinique
(réponse objective ou stabilisation supérieure à 6 mois)
avec une première ligne d’hormonothérapie ont une
probabilité élevée de répondre à une deuxième ligne,
sauf en cas d’apparition de lésions viscérales évolutives.
Diverses options sont possibles, mais les essais
cliniques ne répondent pas à la question spéci-
fique de la prise en charge des rechutes en cours
d’IA adjuvant, qui deviennent un cas de figure de
plus en plus fréquent :
– chez une patiente rechutant sous tamoxifène
ou à distance de la fin du traitement adjuvant, on
proposera un IA compte-tenu de la supériorité de
cette classe thérapeutique en première ligne métas-
tatique ;
– dans le cas d’une rechute sous IA, on peut en
changer, notamment pour l’exémestane dont
l’efficacité après échec d’un IA non stéroïdien est
démontrée (7) ; passer au fulvestrant, dont l’effi-
cacité est comparable à celle de l’exémestane (7),
ou au tamoxifène, qui est efficace et demeure une
option après échec des IA.
Pour les lignes ultérieures d’hormonothérapie, les
options sont difficilement schématisables : fulves-
trant, passage à un autre IA, tamoxifène, voire
progestatifs.
Dans le cas particulier des femmes non ménopau-
sées, lorsqu’une hormonothérapie est indiquée, il
est possible d’ajouter au tamoxifène une suppression
ovarienne par agoniste LH-RH, ce type d’associa-
tion étant considéré comme le schéma de référence
avant la ménopause (1). L’alternative, notamment
en cas de rechute sous tamoxifène est d’associer un
IA à la suppression ovarienne mais cette attitude,
bien que répandue, n’est pas étayée par des essais
cliniques randomisés dans cette population. Il n’est
cependant pas rare que les patientes ayant reçu des
lignes antérieures de chimiothérapie soient rendues
ménopausées par le traitement, en particulier en
cas de lignes multiples chez des patientes âgées
de plus de 40 ans.
Association avec les traitements
ciblés et réversion
de l’hormonorésistance
(figure 5 p. 12)
Blocage de la voie HER2
Récemment, l’association IA + trastuzumab a été
testée chez des patientes atteintes de cancers
métastatiques RH+ HER2+ : si les résultats du
bras expérimental se révèlent supérieurs à ceux
de l’hormonothérapie seule, les résultats de cette
dernière étant très modestes, cela soulève la ques-
tion de l’hormonosensibilité de ce type particulier
de tumeurs (2). Un autre essai a été réalisé avec
l’association lapatinib + létrozole montrant des
résultats assez similaires (3).
Au final, les espoirs fondés sur une éventuelle synergie
entre traitement anti-HER2 et hormonothérapie ont,
dans une certaine mesure, été déçus. Dans la pratique
quotidienne rares sont les patientes chez qui ce type
de stratégie peut être envisagé en première ligne,
car les critères d’évolutivité et la présence fréquente
de localisations viscérales agressives feront souvent
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