DOSSIER THÉMATIQUE San Antonio Breast Cancer Symposium 2009 L’observance de l’hormonothérapie est-elle si mauvaise chez les Françaises ? Is hormonotherapy compliance so bad among French women? E. Brain* F * Institut Curie (hôpital RenéHuguenin), Saint-Cloud. réquemment retrouvé dans la littérature mais souvent oublié dans l’interprétation de nos grandes études cliniques, le taux de non-observance de l’hormonothérapie est de l’ordre de 20 % et peut aller jusqu’à 40 % après 1 à 3 ans de suivi. Il dépend de sa définition (interruption, prise irrégulière, etc.) et du seuil de prise en compte. Chan et al. ont rapporté l’étude de 5 000 patientes canadiennes traitées en Colombie-Britannique par hormonothérapie adjuvante entre 2005 et 2008 et pour 50% desquelles les données de contrôle de prescription étaient disponibles. Pour parler d’observance imparfaite ou satisfaisante, les auteurs ont considéré un seuil de séparation à 80 % du traitement planifié. Les résultats de cette étude diffèrent peu de ce qui est déjà connu, avec un taux global de non-observance de 40 %. Le distinguo entre tamoxifène et antiaromatase n’est pas patent (42 % et 37 % respectivement) et rejoint les données variables qui jalonnent les publications, sans nuance par rapport au prescripteur (oncologue médical ou radiothérapeute). Par ailleurs, les interruptions de traitement sont plus fréquentes chez les patients plus âgés ayant des petites tumeurs au profil volontiers “luminal”. Ces résultats rappellent au médecin que la vigilance dans le choix de sa prescription est indispensable et que le traitement doit être en adéquation avec un pronostic favorable et optimal. Ils permettent de souligner aussi l’importance de l’écoute en ce qui concerne les effets indésirables, pour un traitement jugé , en “raccourci”, simple et quasi anodin comparé à la chimiothérapie et aux autres traitements systémiques. Cela doit nous rendre plus attentifs aux différents spectres des effets indésirables, bien souvent à peine évoqués lors de nos consultations dites “de surveillance”. Le manque de temps nous rend moins réceptifs et lorsque nous ne ménageons pas un espace d’échange suffisant, les patientes n’abordent pas le 32 | La Lettre du Sénologue • n° 48 - avril-mai-juin 2010 problème des effets indésirables. Puisque l’enjeu n’est pas celui de la survie globale, on devrait savoir plus facilement modifier le traitement (switch) en s’adaptant à la qualité de vie des patientes, lorsque les mesures symptomatiques sont insuffisantes pour contrôler les effets indésirables, et ce d’autant plus que ces effets indésirables ne sont pas confirmés comme un élément pharmacodynamique positif d’efficacité. Il faut le rappeler, la qualité de vie passe par une bonne relation médecin-patient. Et une meilleure qualité de vie est un enjeu majeur pour améliorer l’observance d’un traitement. En cela, les patientes françaises ne sont certainement pas plus silencieuses que celles d’outre-Atlantique, francophones ou non. Les antiangiogéniques : des oscillations du bévacizumab aux inhibiteurs de tyrosine kinase L’anticorps monoclonal bévacizumab poursuit sa trace de la première ligne métastatique (étude AVADO) à la seconde ligne métastatique (étude RIBBON 2), avec un bénéfice absolu de 2 à 3 mois sur la médiane de survie sans progression, mais toujours aussi peu d’impact sur la survie globale. Par ailleurs, les effets indésirables (diarrhées, syndrome mains/pieds, etc.) sont difficiles à gérer ou à justifier avec les différents inhibiteurs de la tyrosine kinase proposés en alternative, malgré un point modeste significatif acquis pour le sorafénib. Tout cela souligne surtout notre méconnaissance des facteurs prédictifs de réponse à cette approche “ciblée” associée à la chimiothérapie classique. La poursuite des travaux permettra de mieux sélectionner les situations cliniques et les phénotypes idoines, plutôt que de céder à une utilisation large, sans nuance et un peu paradoxale dans un élan moderne annoncé et ambitieux de la médecine personnalisée. ■