Correspondances en Onco-Urologie - Vol. IV - n° 1 - janvier-février-mars 2013
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dossier thématique
Les temps forts
de l’ASCO
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-GU 2013
après la cystectomie radicale. Il s’est appuyé sur la
base de données nationale américaine, qui comptait
16 953 patients ayant eu une cystectomie radicale entre
1998 et 2009 (4).
Pour conclure avec le traitement néo-adjuvant,
S.M. Stevenson et al. ont rapporté en poster une analyse
coût/effi cacité (5). Ils ont rétrospectivement repris les
données de 186 patients atteints d’un carcinome uro-
thélial, dont 64 % avaient reçu une cystectomie radicale
seule et 36 % une chimiothérapie néo-adjuvante. La
SG est de 26,6 mois pour le groupe cystectomie radi-
cale et de 38,3 mois pour le groupe chimiothérapie
néo- adjuvante (p = 0,056). La survie à 5 ans par Quality
Adjusted Life Years (QALY) est de 21,8 versus 39,8 %
(p = 0,039), respectivement. En termes de coût, la
chimiothérapie néo-adjuvante représente une augmen-
tation absolue de 9 712 dollars et une augmentation
par QALY gagné de 10 317 dollars, ce qui est tout à fait
favorable comparativement à d’autres thérapeutiques
antitumorales, notamment les thérapies ciblées.
Formes métastatiques
Il n’y a pas eu de nouveautés dans ce domaine. Citons le
poster de A. Necchi et al., qui ont présenté les données
rétrospectives concernant l’effi cacité d’un schéma de
MVAC simplifi é (sMVAC) avec soit suppression du J22,
soit suppression des J15 et J22, toutes les 3 semaines (6).
Ces schémas sont fréquemment utilisés en pratique
quotidienne, sans que l’on connaisse réellement leur
effi cacité. Cent trente-deux patients ont reçu l’un de ces
2 schémas simplifi és. La SSP est de 9,5 mois, et la SG,
de 19,5 mois, supérieures aux résultats de l’étude pivot
actualisée de H. Von der Maase et al. (8,3 et 15,2 mois
respectivement) [J Clin Oncol 2005;23[21]:4602-8].
Population unfi t
Une étude de phase III randomisée, présentée en
session orale par J. Lehmann, a comparé une chimio-
thérapie adjuvante par 6 cycles de gemcitabine à cette
même chimiothérapie administrée à la progression,
chez des patients opérés d’un carcinome urothélial,
et non éligibles à une chimiothérapie par sels de
platine (7). L’étude s’est terminée précocement en raison
d’un faible recrutement, malgré les 29 centres partici-
pants, qui n’ont pu inclure que 120 patients en 8 ans.
La SSP à 3 ans est de 50 % pour le bras gemcitabine
en adjuvant versus 40 % pour le bras gemcitabine à la
progression (p = 0,6), infi rmant l’hypothèse de supé-
riorité du bras adjuvant, puisqu’il fallait prouver une
supériorité de 15 % en SSP à 3 ans.
Cette question de l’inéligibilité au cisplatine est cru-
ciale, car elle est fréquente dans la pratique quo-
tidienne. G. Chen et al. ont rapporté les données
démographiques des patients âgés porteurs d’un
cancer de la vessie avancé (≥ T3, N1-N3, M1) entre 2004
et 2007, d’après la base de données SEER-Medicare (8).
1 031 patients ont été identifi és, l’âge médian était
de 74 ans, 51,6 % ont reçu de la chimiothérapie – du
cisplatine pour 40 % d’entre eux, soit seulement 20 %
d’une population âgée dont l’extension tumorale jus-
tifi ait une chimiothérapie.
Dans cette population, le cisplatine est-il aussi effi cace
que chez des patients plus jeunes, et, surtout, n’est-il
pas plus toxique ?
C’est ce qu’ont étudié A. Bamias et al., en comparant
l’effi cacité et la tolérance d’une chimiothérapie avec
cisplatine chez des patients âgés de plus de 70 ans
et chez des patients plus jeunes (9). Ils ont repris les
données individuelles de 8 essais de phase II et III,
ayant inclus 543 patients, dont 162 (30 %) âgés de
plus de 70 ans. Les caractéristiques cliniques étaient
identiques dans les 2 groupes, hormis la clairance de
la créatinine, qui était inférieure chez les sujets âgés
(57 ml/ mn versus 73 ml/ mn [p < 0,0001]). Les patients
âgés ont reçu 1 cycle de moins en médiane (5 versus
6 [p = 0,004]), mais le taux de réponse (50 versus 52 %
[p = 0,65]) et la SG (12,1 versus 12,8 mois [p = 0,91])
sont comparables. Il n’y a pas de diff érence en termes
de toxicité rénale de grade 3-4, de neutropénie fébrile
ni de décès toxiques. En conclusion, la chimiothérapie
avec cisplatine peut être administrée chez des patients
âgés de plus de 70 ans en cas de bonne fonction rénale,
avec une effi cacité comparable à celle obtenue chez
des patients plus jeunes.
Conclusion
•
Il est temps que l’on s’intéresse aux populations âgées
et unfi t : plus de 70 ans, PS supérieur ou égal à 2, clai-
rance inférieure à 60 ml/mn ; car ce sont les patients
que l’on soigne au quotidien.
• Les essais de phase III avec plus de 200 patients, qui
mettent plus de 8 ans à inclure, ne sont plus réalisables.
C’est une perte de temps et un gâchis en termes de
ressources.
Il faut retourner à la biologie de la tumeur afi n d’émettre
des hypothèses biologiques et mécanistiques plus
robustes afin de permettre l’élaboration de théra-
peutiques réellement effi caces.
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