labo link Laboratoire Dr. Collard SC/SPRL synlab Belgique Juillet 2016 Recommandations de dépistage HELICOBACTER PYLORI Généralités H. pylori est une bactérie très commune, trouvée chez 50% des patients à travers le monde. Sa prévalence est actuellement réduite à 20% des patients en Europe Occidentale. Elle vit exclusivement dans l’estomac humain, à ph acide. La contamination est interhumaine, et le plus souvent liée à de mauvaises conditions d’hygiène (après vomissements). Les australiens Warren et Marshall ont découvert cette bactérie dans les années 80 et ont reçu le prix Nobel de médecine en 2005. L’infection par H. pylori joue un rôle causal dans la pathogénèse de l’adénocarcinome gastrique, le lymphome MALT, l’ulcère gastrique, l’ulcère duodénal et l’atrophie gastrique. Avant que le rôle d’H. pylori ne soit connu, le bismuth était traditionnellement utilisé dans le traitement des ulcères stomacaux. Son mécanisme de fonctionnement étant inconnu, et le bismuth étant un métal toxique, il a été retiré du marché. Il semble maintenant plausible que le bismuth fonctionne comme un toxique tuant les bactéries. Au total, environs 10% des personnes infectées développerons un ulcère et 1% des personnes infectées développerons un cancer gastrique. H. pylori est le facteur de risque principal dans la pathogénie des cancers gastriques non localisés au cardia (cancer de type intestinal survenant dans la région antrale, et cancer de type diffus se traduisant par une infiltration et un épaississement de la paroi gastrique). L’éradication de la bactérie réduit le risque de cancer gastrique et prévient la progression des lésions prénéoplasiques. Le dépistage d’H. pylori est recommandé en cas d’antécédents familiaux au 1ier degré de cancer gastrique. L’éradication de H. pylori fait partie de la prise en charge initiale de tous les lymphomes MALT. Elle peut suffire à obtenir une rémission durable particulièrement en cas de lésion localisée et en l’absence de translocation t. H. pylori semble impliqué dans 70 à 80% des ulcères gastriques et duodénaux. L’éradication du germe favorise la cicatrisation et prévient les récidives. Les ulcères gastriques peuvent évoluer vers le cancer, mais cette évolution est rare. Les ulcères duodénaux n’évoluent jamais vers la cancérisation. En cas de dyspepsie, l’éradication du germe est généralement recommandée. Mais en l’absence de lésion endoscopique, le bénéfice de l’éradication sur la symptomatologie est faible. L’éradication et la recherche d’H. pylori sont recommandé en cas de traitement par IPP, ou par AINS ou par aspirine, si traitement au long cours. Il en est de même avant chirurgie bariatrique par by-pass car le by-pass empêchera la surveillance de la muqueuse gastrique. L’éradication d’H. pylori n’est pas un traitement du reflux gastro-œsophagien. Retrouvez nos précédentes publications sur www.synlab.be Tests de détection de l‘infection A H. PYLORI 1. Méthodes nécessitant une biopsie gastrique sous endoscopie : •Examen histologique : La sensibilité et la spécificité de cet examen sont supérieures à 90%. En cas de traitement anti sécrétoire ou antibiotique, la recherche est moins sensible, la présence d’une gastrite chronique active (polynucléaires neutrophiles dans la muqueuse) est un signe indirect de l’infection. •Culture : C’est la méthode de référence, la seule qui permette de tester la sensibilité à tous les antibiotiques. Mais, elle est de réalisation très difficile. Le germe a du mal à survivre, il nécessite un ph très bas, un transport rapide sous carboglace dans un milieu spécifique, une conservation à -80° C. •PCR (amplification génique) : Elle a une excellente sensibilité et spécificité pour le diagnostic de l’infection. Elle permet la détermination des principales mutations impliquées dans la résistance à certains antibiotiques (macrolides et fluoroquinolones). Ses conditions de transport sont moins contraignantes. Elle n’est pas remboursée par la sécurité sociale. •Le test rapide à l’uréase (H. pylori possède une uréase) est utilisable pour un diagnostic rapide en salle d’endoscopie. Sa positivité est suffisante pour initier un traitement. Sa négativité n’exclut pas une infection. 2. Tests non invasifs, ne nécessitant pas une endoscopie. •Sérologie (recherche d’IgG) : Technique de réalisation très facile, de faible coût, remboursée par la sécu. Elle est le témoin d’une infection actuelle ou ancienne, et ne permet pas d’affirmer que l’infection est toujours active. Elle n’est pas utilisable pour un contrôle d’éradication. •Recherche d’Ag bactérien dans les selles : Identification d’une infection active avec d’excellentes valeurs prédictives positives et négatives. Ce test est recommandé pour le diagnostic et le contrôle de l’éradication. Il nécessite un prélèvement de selles conservé au frais et analysé rapidement. Il est remboursé par la sécu. •Test respiratoire à l’urée marquée : Il détecte une infection active par la mise en évidence d’une activité uréasique. En présence d’H. pylori, l’ingestion d’urée marquée est suivie par un rejet dans l’air expiré de CO2 marqué dont la quantité peut être mesurée. Le test identifie une infection active et est fortement recommandé pour le contrôle d’une éradication. Il doit être réalisé au moins 4 semaines après l’arrêt des antibiotiques et au moins deux semaines après l’arrêt des IPP. Traitement L’éradication du germe est difficile. Les antibiotiques utilisés doivent atteindre une concentration bactéricide en milieu acide, H. Pylori a une capacité élevée de variation génomiques expliquant l’émergence fréquentes de souches résistantes, la culture bactérienne et donc l’antibiogramme sont techniquement difficiles à réaliser, la PCR est possible pour étudier la sensibilité des souches mais son utilisation est limitée à quelques antibiotiques. Le traitement est le plus souvent probabiliste et associe IPP et plusieurs antibiotiques. Divers schémas séquentiels ou non séquentiels ont été proposés. Depuis quelques temps, certains préconisent la réutilisation du bismuth. Références : • HAS • Corata 2016, D. Lamarque Rédaction : Dr Bassem Fayed www.synlab.be