ASCO 2007
Cancers bronchiques
251
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 6-7 - juin-juillet 2007
Cancers bronchiques
Lung cancer
D. Moro-Sibilot*
* UF oncologie thoracique, Inserm U823, CHU de Grenoble.
L
es cancers thoraciques ont fait l’objet cette année de
nombreuses présentations. Il n’y a pas de véritable scoop
ni d’avancée imprévue, mais plusieurs études confortent
des résultats antérieurs ou apportent un éclairage diff érent sur
des questions débattues.
CHIMIOTHÉRAPIE DES STADES AVANCÉS
DES CARCINOMES BRONCHIQUES
NON À PETITES CELLULES
Lassociation de gemcitabine et d’un sel de platine est l’un des
doublets standard de première ligne dans les cancers bron chiques
non à petites cellules (CBNPC). Le pemetrexed est un nouvel
antimétabolite, enregistré notamment dans le traitement de
seconde ligne des CBNPC. Son introduction en première ligne
en association avec un sel de platine et sa comparaison avec les
doublets de chimiothérapie actuels sont logiques. Lassocia-
tion pemetrexed 500 mg/m2 + carboplatine ASC 5, pendant
4 cycles (219 patients) a été comparée à l’association gemcita-
bine 1 000 mg/m2, J1, J8, carboplatine ASC 5, pendant 4 cycles
(218 patients). Lobjectif principal de l’étude était la comparaison
de la qualité de vie sous traitement (échelles EORTC QLQ-C30
et LC13), les objectifs secondaires étant la survie sans progres-
sion et la toxicité du traitement. Cette étude na pas permis de
mettre en évidence de diff érence sur l’objectif principal ni sur
la survie sans progression. Sur le plan de la toxicité, seules les
thrombopénies étaient plus fréquentes dans le groupe de patients
traités par gemcitabine et cisplatine (abstract 7517).
La chimiothérapie de consolidation par docétaxel après
chimio-radiothérapie concomitante est un concept qui
a été popularisé après plusieurs études du SWOG, dont
SWOG 9504 (1) et SWOG 0023 (abstract 7513). Létude HOG
LUN01-24 (abstract 7512) est une étude randomisée qui a
inclus 259 patients et a randomisé 180 d’entre eux entre une
chimio-radiothérapie concomitante avec étoposide et cisplatine
et le même traitement suivi d’une consolidation par 3 cycles de
docétaxel 75 mg/m2. Les patients étaient porteurs de cancers
non résécables de stades IIIa et IIIb. Létude a été amendée après
l’analyse intermédiaire des 203 premiers patients ; le recrutement
prévu pour une randomisation de 210 patients a été interrompu
pour un objectif de randomisation de 180 patients. La toxicité
hématologique de grade 3-4 dans le groupe “consolidation
a été la principale raison de cet amendement. Labsence de
gain en termes de survie sans progression (12,3 mois pour le
groupe docétaxel versus 12,9 mois pour le groupe contrôle) va
probablement amener à modifi er l’attitude des radiothérapeutes
américains, qui, pour 69 % d’entre eux, font actuellement une
chimiothérapie de consolidation.
TRAITEMENT DES STADES AVANCÉS
PAR THÉRAPEUTIQUES CIBLÉES
Le facteur de croissance VEGF est un élément clé pour la forma-
tion des néovaisseaux, et son hyperexpression a été observée
dans de nombreux types de tumeurs et associée à la progression
de la maladie. L’inhibition du VEGF est une cible thérapeutique
qui a déjà montré son intérêt dans diff érents types tumoraux.
Il y a 2 ans, l’étude ECOG 4599, incluant 878 carcinomes non
épidermoïdes pulmonaires de stade IIIB ou IV sans métastases
cérébrales, a comparé paclitaxel et carboplatine à la même
chimiothérapie associée au bévacizumab (15 mg/kg) [2]. Leff et
sur la survie était démontré, avec une augmentation très signi-
cative de la survie globale et de la survie sans progression.
Cette année est présentée la plus large étude de phase III compa-
rant 3 bras : chimiothérapie seule par gemcitabine et cisplatine
et la même chimiothérapie associée soit à 7,5 mg/kg, soit à
15 mg/kg de bévacizumab toutes les 3 semaines (Avastin
®
in
Lung AVAiL, BO17704) [abstract 7514].
Les résultats obtenus sur 1 043 patients de stade IIIB/IV
(tableau I, gure 1) démontrent que l’addition de bévacizumab à
une chimiothérapie à base de gemcitabine + cisplatine prolonge
signifi cativement la survie sans progression comparativement à
la chimiothérapie seule. Bien que cette étude nait pas été conçue
pour comparer les doses de bévacizumab, un eff et thérapeutique
similaire a été observé dans les deux groupes thérapeutiques
en termes de survie sans progression.
Le bévacizumab se confi rme donc comme la première thérapeu-
tique ciblée qui, associée à la chimiothérapie, améliore les résul-
tats de la première ligne dans les phases avancées de CBNPC.
Le choix actuel de la seconde ligne thérapeutique peut être la
chimiothérapie par docétaxel ou pemetrexed ou, au contraire,
un traitement par un inhibiteur de tyrosine kinase (TKI) de
l’EGFR comme l’erlotinib.
ASCO 2007
Cancers bronchiques
252
0,8
1,0
Survie sans progression (%)
0,6
Temps (mois)
Placebo + CG
Bév. 7,5 mg/kg + CG
Placebo
+ CG
n = 347
–––
–––
HR (IC95)
p
Bév. 7,5
+ CG
n = 345
0,75
(0,62-0,91)
0,0026
0,4
0,2
0,0 0369121518
Figure 1.
Courbes de survie sans progression dans l’étude AVAIL.
Comparaison du groupe contrôle au groupe bévacizumab
7,5 mg/kg.
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 6-7 - juin-juillet 2007
Dans les études comparatives randomisées de seconde ligne
thérapeutique, le docétaxel est souvent retenu comme élément
comparateur. En eff et, il a déjà été comparé au pemetrexed (3),
au topotécan (4) et à des médicaments plus anciens tels que
la vinorelbine et l’ifosfamide (5). Cette année, un nouvel alca-
loïde de la pervenche, la vinfl unine, est comparé au docé-
taxel (abstract 7511). Cinq cent quarante-sept patients de
stades IIIB/ IV déjà prétraités ont été randomisés dans un
groupe docétaxel 75 mg/m
2
(275 patients) ou dans un groupe
vinfl unine 320 mg/m2 (272 patients). Les caractéristiques de
deux groupes de patients sont résumées dans le tableau II.
Le profi l de tolérance de la vinfl unine est diff érent de celui
du docétaxel ; on note que la constipation, les myalgies, les
douleurs abdominales et les vomissements sont signifi cative-
ment plus fréquemment retrouvés avec celle-ci, mais cela n’a
pas modifi é de façon importante son administration, puisque
la dose-intensité relative a été supérieure à 98 %. Ce nouveau
médicament représente une alternative intéressante au docé-
taxel dans le traitement de seconde ligne des CBNPC.
Létude pivotale BR21 a démontré il y a 3 ans la place majeure
de l’erlotinib en seconde ou troisième ligne thérapeutique des
CBNPC de stades IIIB/IV (6). Sur la base de cette étude réalisée
dans une population de patients non sélectionnés, l’erlotinib
a bénéfi cié d’une autorisation de mise sur le marché pour les
CBNPC en progression après une première ligne de chimio-
thérapie.
En dehors d’un choix fondé sur des caractéristiques prédictives
de réponse à l’erlotinib ou liées à l’état général du patient, aucun
critère biologique nest régulièrement utilisé en routine pour
déterminer le meilleur traitement. Cela souligne l’intérêt des
études comparant la chimiothérapie aux TKI de l’EGFR dans
cette indication.
Létude SIGN de phase II présentée à la World Conference of
Lung Cancer (WCLC) de 2005, comparant gefi tinib et docé-
taxel, mettait en évidence une effi cacité comparable entre
les deux traitements et des paramètres de survie en faveur
du gefi tinib. Cette année, une étude japonaise de phase III
a comparé le gefi tinib 250 mg/jour (187 patients) au docé-
taxel 60 mg/m
2
(200 patients) chez des patients ayant reçu
1 ou 2 lignes de chimiothérapie.
Les critères d’inclusion de cette étude nont pas favorisé l’inclu-
sion de patients potentiellement répondeurs aux TKI. Le taux
de réponse et la qualité de vie sont plutôt en faveur du gefi tinib ;
les résultats de survie globale et sans progression montrent
une absence d’infériorité du gefi tinib par rapport au docétaxel.
Létude INTEREST compare les mêmes médicaments dans
une population non asiatique ; les résultats en sont attendus
pour le congrès de Séoul de cet automne. Une confi rmation
de l’étude japonaise aurait un impact majeur sur le choix de la
seconde ligne, en particulier du fait de la bonne tolérance des
TKI de l’EGFR.
Les TKI de l’EGFR peuvent être prescrits sur des populations
non sélectionnées comme, par exemple, dans l’étude BR21 (6),
l’étude ISEL (7) ou les travaux cités ci-dessus. Cependant, on
connaît des facteurs prédictifs de réponse clinique tels que le
sexe féminin, les populations asiatiques, l’existence d’un taba-
Tableau I.
Comparaison des caractéristiques des 3 groupes de l’étude
AVAIL.
CG
n = 347
CGB 7,5
n = 345
CGB 15
n = 351
Survie sans progression (médiane : mois) 6,1 6,7 6,5
Taux de réponse (%) 20 34 30
Hémorragies pulmonaires grade >3 (%) 0,6 1,5 0,9
Hémorragies grade >3 (%) 2 6 6
Maladie thromboembolique (%) 6 7 7
Neutropénie grade >3 (%) 32 40 36
Thrombopénie grade >3 (%) 23 27 23
Épistaxis grade >3 (%) < 1 2 3
HTA grade >3 (%) 2 6 9
C : cisplatine, G : gemcitabine, B : bévacizumab.
Tableau II.
Comparaison des deux groupes de l’étude vin unine versus
docétaxel en seconde ligne.
Médicament Vin unine Docétaxel
Hommes/femmes (%) 75/25 75,3/24,7
Stades IIIB/IV 23,9/61,4 24,7/60
Adéno/Épidermoïdes (%) 41,9/36,4 43,6/34,2
Constipation grade 3 (%) 39,2* 11,7
Diarrhées grade 3 (%) 6,2 12,4*
Vomissements grade 3 (%) 23,8* 14,2
* Différence statistiquement significative.
ASCO 2007
Cancers bronchiques
253
80
100
Survie (%)
60
Mois depuis chirurgie
Suivi moyen 22,3 mois
EGFR mutant, n= 40
EGFR WT/K-ras WT, n =210
K-ras mutant, n = 50
40
20
0010 20 30 40 50 60 70
Figure 2.
In uence pronostique des mutations de l’EGFR et de
K-ras dans une population de patients opérés non traités par
TKI (ASCO 2007, educational session).
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 6-7 - juin-juillet 2007
gisme, ou encore des caractéristiques histologiques telles que les
adénocarcinomes et leur composante bronchiolo-alvéolaire. Les
caractéristiques biologiques telles que l’amplifi cation de l’EGFR
ou certaines mutations de l’EGFR (8, 9) représentent aussi la
possibilité de sélectionner les patients les plus à même de bénéfi -
cier d’un traitement ciblé. Plusieurs études ont évalué les TKI de
l’EGFR dans des populations sélectionnées. Létude IFCT 0401
présentée par J. Cadranel (abstract 7560) a inclus 90 patients
(88 évaluables) porteurs d’adénocarcinomes à composante bron-
chiolo-alvéolaire. Ces patients ont été traités par du gefi tinib à la
dose de 250 mg/jour. Les données de cette étude sont résumées
dans le tableau III à côté de celles antérieurement publiées
sur le même type de tumeurs (10, 11). Les résultats sont assez
comparables à ceux de ces études plus anciennes : on retrouve
l’infl uence prédictive du sexe, de l’apparition d’une éruption
sous TKI, de l’absence de tabagisme, mais l’un des apports de
cette étude est de montrer la meilleure évolution des patients
porteurs d’adénocarcinomes non mucineux.
Les mutations de l’EGFR ont été découvertes il y a 3 ans.
Elles sont prédictives de la réponse aux TKI de l’EGFR ; leur
impact sur la survie sans progression et sur la survie globale
est possible mais fait l’objet de controverses. Les mutations
de l’EGFR et de K-ras semblent, par ailleurs, être un facteur
pronostique favorable indépendamment de l’utilisation des
TKI (fi gure 2). Plusieurs études prospectives présentées à
l’ASCO 2006 avaient montré l’impact favorable des TKI chez
les patients présentant une mutation. Cette année, l’étude
iTARGET (abstract 7504) évalue, chez 31 patients présen-
tant une délétion de l’exon 19 ou une mutation L858R, un
traitement par gefi tinib 250 mg. Le taux de réponse est de
55 %, avec une médiane de survie de 20,8 mois. On note plus
de réponses chez les patients porteurs de la mutation L858R,
à l’inverse de ce qui était noté l’an dernier par Paz-Ares sur
un collectif de patients plus important (12). Enfi n, l’un des
intérêts de cette étude est de montrer que 76 % des patients
mutés ont une amplifi cation de l’EGFR. Celle-ci est plus simple
à mettre en place en routine que la recherche des mutations,
la coexistence dans les mêmes tumeurs de l’amplifi cation et
des mutations de l’EGFR peut ainsi faire préférer la recherche
de l’amplifi cation en routine clinique.
Bien que le taux de réponse soit plus élevé chez les patients mutés
amplifi és, la diff érence nest pas statistiquement signifi cative,
mais ce dernier point est sûrement lié à un manque d’eff ectif
dans cette étude.
La partie biologique de l’étude BR21 comparant erlotinib et
placebo, déjà publiée (13), a été revisitée avec de nouvelles
analyses biologiques (abstract 7571). Cette étude confi rme les
résultats de la publication et souligne qu’il existe un petit bénéfi ce
de survie chez les patients porteurs de la mutation de l’EGFR,
mais que ce bénéfi ce n’atteint pas le niveau de la signifi cation
statistique. En revanche, l’amplifi cation de l’EGFR est un facteur
prédictif de réponse et de bénéfi ce en survie chez les patients
traités par TKI.
TRAITEMENT MULTIMODALITÉ DES STADES
OPÉRABLES
La chirurgie est le seul traitement permettant d’obtenir de façon
très régulière la guérison des cancers bronchiques. Cependant,
seuls 25 % des patients opérés vont survivre à leur cancer, la
grande majorité des autres étant victime de rechutes locales
ou métastatiques de la maladie. La radiothérapie et la chimio-
thérapie sont proposées pour essayer de contrôler ces risques
de rechute.
Plusieurs études, ces dernières années, ont démontré la place
des chimiothérapies adjuvantes, et ce traitement fait maintenant
partie des standards thérapeutiques.
La méta-analyse LACE présentée l’an dernier et réalisée sur
4 584 patients (14) montrait une réduction du risque de décès
de 11 % (hazard-ratio 0,89 [IC95 : 0,82-0,96]). Dans cette étude, un
travail en sous-groupe a évalué l’infl uence de l’âge sur le bénéfi ce
de la chimiothérapie adjuvante (abstract 7553). Les patients ont
été divisés en 3 groupes : moins de 65 ans, 65-69 ans, plus de
Tableau III.
Comparaison des résultats de l’étude IFCT 0401 aux résul-
tats publiés de TKI de l’EGFR dans le traitement des adénocarcinomes
à composante bronchiolo-alvéolaire.
Étude IFCT 0401 SWOG 0126
(10) MSKCC (11)
N 88 136 83
Traitement antérieur non oui oui
TKI (mg/jour) ge tinib 250 ge tinib 500 erlotinib 150
RO (%) 131422
Contrôle (%) 29 46 38
Survie à 1an (%) 52 51 NR
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Cancers bronchiques
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Sel de platine + vinca-alcaloïde/étoposide
MSKCC 80 53
GETCB 01CB82
EORTC 08861
Int 0115
MDA DM 87045
ANITA RT
BLT RT
IALT RT
ALPI RT
Sous-total
68/72
240/267
13/24
369/488
33/34
243/377
33/49
386/572
2882/470
1 667/2 353
Autres associations avec platine
Test d'interaction : p = 0,90 Chimiothérapie
mieux
LCSG 791
FLCSG3
Sous-total
143/172
76/86
219/258
(c) autres antimétabolites
OLCSG1d
Sous-total 1,02 (0,45 ; 2,33)
0,85 (0,65 ; 1,11)
0,89 (0,81 ; 0,98)
0,89 (0,81 ; 0,97)
23/49
23/49
0123
Total 1 909/2 660
Catégorie d'études Décès/patients Hazard-ratio IC95 (HR)
Figure 3.
Méta-analyse comparant radiothérapie et chirurgie avec et sans chimio-
thérapie.
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 6-7 - juin-juillet 2007
70 ans. Le bénéfi ce est observé uniquement
dans les populations de moins de 65 ans
(p = 0,0001) ; il n’y a pas de signifi cativi
statistique au-delà de 65 ans.
Cette année, cest la méta-analyse princeps
de 1995 (15) qui est actualisée, avec un
eff ectif de 8 147 patients (abstract 7552).
Cette nouvelle analyse, reprenant 30 études
de chimiothérapie adjuvante, estime que
la chimiothérapie apporte un bénéfi ce en
survie de 4 % à 5 ans (hazard-ratio 0,86
[IC
95
: 0,81-0,93], p = 0,000001). Dans le sous-
groupe de patients traités par chirurgie et
radiothérapie, il n’y avait, en 1995, qu’une
tendance non statistiquement signifi cative
en faveur de la chimiothérapie. Cette actuali-
sation inclut les études récentes sur ce sujet,
et en particulier les grandes études adju-
vantes récemment publiées, dans lesquelles
des sous-groupes de patients ont été traités
par radiothérapie (abstract 7521). La méta-
analyse démontre le bénéfi ce en survie pour
l’ensemble des groupes étudiés (hazard-
ratio = 0,88, IC95 [0,80-0,96], p = 0,0062)
[figure 3]. La majorité du bénéfice est
expliquée par le sous-groupe traité par des
associations de sels de platine et dalcaloïdes de la pervenche
ou de l’étoposide. Ce sous-groupe est numériquement le plus
important et cest aussi celui où le bénéfi ce est le plus incontes-
table. Dans les autres sous-groupes, il y a une tendance en faveur
de la chimiothérapie, mais avec un intervalle de confi ance ne
permettant pas de conclure à la signifi cativité de la diff érence.
Maintenant, la question à venir est celle de la place de la radio-
thérapie après chimiothérapie adjuvante. Létude de phase III
IFCT 0503 LungART, qui compare une radiothérapie médias-
tinale conformationnelle postopératoire à l’absence de radio-
thérapie après chirurgie complète chez des patients présentant
un CBNPC avec envahissement médiastinal N2, va bientôt
commencer en Europe.
La question de l’intérêt de la chimiothérapie néo-adjuvante a
été soulevée par les résultats de plusieurs études (16-18). Dans
l’étude française MIP 91 publiée en 2002 (18), deux stratégies
étaient comparées : chimiothérapie par mitomycine + ifosfa-
mide + platine (MIP) [2 cycles] suivie de chirurgie, comparée
à la chirurgie première. Le bénéfice de la chimiothérapie
préopératoire dans cette étude était observé plutôt dans les
stades I et II que dans les stades III (N2). Cette étude est à
l’origine de plusieurs travaux confi rmatifs, dont les études
IFCT 0002 (abstract 7519) et S9900 présentée par K. Pisters
(abstract 7520). Létude S9900 compare une chimiothérapie par
3 cycles de paclitaxel 225 mg/m2 et carboplatine ASC 6 puis
chirurgie à un groupe de patients traités par chirurgie seule.
Les patients inclus dans l’étude étaient de stades IB à IIIA
(T3N1). Les caractéristiques des patients sont représentées
dans le tableau IV. Cette étude a été prématurément inter-
rompue pour des raisons éthiques du fait des résultats des
études de chimiothérapie adjuvante, qui rendaient caduque
l’existence d’un groupe contrôle traité par chirurgie seule.
L’e ectif de patients est donc insuffi sant pour avoir la puissance
statistique nécessaire. Dans le groupe de patients traité par
chimiothérapie, l’observance a été bonne, avec 79 % de patients
ayant reçu les trois cycles de chimiothérapie prévus. Le taux
de réponse à la chimiothérapie d’induction est de 41 %. Il y a
7 décès postopératoires dans le groupe chimiothérapie puis
Tableau IV.
Comparaison des résultats de l’étude S9900 comparant
chimiothérapie néo-adjuvante et chirurgie à chirurgie d’emblée chez
les patients opérables de stades I à IIIA.
Groupe néo-adjuvant Groupe contrôle
Hommes/femmes (%) 64/36 68/32
Stades IB-IIA/IIB-IIIA 67/33 68/32
Épidermoïdes/adénocarcinomes/
autres (%) 34/31/35 42/33/25
RC/RP (%) 3/38 -
Survie globale (médiane : mois) 75* 46
Survie sans progression
(médiane : mois) 33** 21
* p = 0,19 ; HR = 0,81 ; ** p = 0,07 ; HR = 0,77.
ASCO 2007
Cancers bronchiques
255
400
350
450
300
Années
200
250
100
150
0
50
1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004
CPC
CBNPC
Toutes
histologies
Figure 4.
Évolution du nombre de résumés “poumon” à l’ASCO.
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 6-7 - juin-juillet 2007
chirurgie versus 4 dans le groupe chirurgie seule. En dépit
d’une amélioration à la fois de la survie globale et de la survie
sans progression, la diff érence reste statistiquement non signi-
cative. Cette absence de signifi cation statistique s’explique
certainement par l’insuffi sance du nombre de patients, mais
aussi par une survie du groupe contrôle meilleure que celle
prévue sur le plan statistique.
Létude IFCT 0002 est une phase III multicentrique compa-
rant deux schémas d’administration de la chimiothérapie. Les
patients sont traités soit par deux cycles de chimiothérapie
avant l’intervention et éventuellement deux autres cycles après
la chirurgie en cas de réponse, soit par deux cycles avant l’inter-
vention suivis éventuellement à nouveau de deux autres cycles,
toujours avant l’intervention chirurgicale. La chimiothérapie
comporte soit une association de carboplatine + paclitaxel,
soit une association de cisplatine + gemcitabine. Les résultats
préliminaires de cette étude sont présentés avec l’inclusion de
528 patients. Lanalyse montre un taux de réponse à la chimio-
thérapie comparable, avec 52,3 % pour cisplatine + gemcitabine
versus 49,2 % pour carboplatine + paclitaxel. Ladministration
de plus de deux cures de chimiothérapie naméliore pas le taux
de réponse clinique ni de réponse pathologique sur la pièce
opératoire. En revanche, la compliance à l’administration de
la chimiothérapie est bien meilleure quand celle-ci est admi-
nistrée en préopératoire (90,4 % versus 75,2 %, p = 0,0011). On
remarque, d’une part, la quasi-absence de décès toxiques (1/528),
ce qui diff ère des données obseres dans les chimiothérapies
adjuvantes, et, d’autre part, un chiff re de mortalité postopé-
ratoire denviron 3 %, non infl uencé par le nombre de cycles
de chimiothérapie préopératoire. Dans la même thématique,
les résultats préliminaires de l’étude espagnole NATCH ont
été publiés (abstract 7578). Cette étude a inclus 625 patients
de stades IA à IIA dans 3 bras : soit chirurgie (211 patients),
soit chimiothérapie préopératoire par paclitaxel + carboplatine
(203 patients), soit la même chimiothérapie administrée en
situation adjuvante (211 patients). Seule la population traitée en
préopératoire a été présentée. Les stades IB représentent 65 % des
patients. Le taux de réponse à la chimiothérapie préopératoire
est de 58,7 %, et on observe 6 % de progression sous chimiothé-
rapie. Le taux de réponse complète sur la pièce opératoire est
de 8,8 %. Il y a 11 % de neutropénies de grade 3-4. Les résultats
défi nitifs sont attendus pour 2009, mais, déjà, G. Scagliotti, dans
la discussion sur ce thème, évoque l’absence de diff érence dans
les deux modalités de chimiothérapie.
Le bien-fondé du néo-adjuvant est discuté, l’un de ses prin-
cipaux intérêts étant de pouvoir être administré à un plus
grand nombre de patients que les traitements adjuvants. Une
méta-analyse des traitements néo-adjuvants a été publiée
(19). Celle-ci donne, au global, un hazard-ratio de 0,82
(IC95 : 0,69-0,97) en faveur de l’approche néo-adjuvante.
Il est probable qu’aucune étude ne résolve la question du
meilleur moment pour administrer la chimiothérapie : avant
ou après la chirurgie. La question nest d’ailleurs probablement
plus d’actualité : cette modalité est largement répandue en
pratique courante. Son choix varie selon les écoles de pensée
et selon les options thérapeutiques des équipes chirurgicales,
qui, souvent, préfèrent ne pas retarder le moment de l’in-
tervention, celle-ci restant, en 2007, la partie fondamentale
du traitement. Enfin, d’autres questions scientifiquement
plus importantes ont pris le devant de la scène. On peut
citer, en particulier, la place de la pharmacogénomique, de
la génomique ou de la protéomique dans la sélection des
patients, tout comme la place des traitements ciblés, qu’ils
visent l’EGFR ou l’angiogenèse.
TRAITEMENT DES CARCINOMES
À PETITES CELLULES PULMONAIRES
Le traitement des carcinomes à petites cellules pulmonaires
(CPC) a été l’objet d’une présentation en session plénière. Cette
présentation sort un peu de l’ombre une maladie dont l’incidence
a diminué ces dernières années et qui, en l’absence de progrès
thérapeutique, est en passe de devenir une maladie orpheline. La
courbe des abstracts de l’ASCO ces dernières années témoigne
du manque d’intérêt pour cette maladie (fi gure 4). Le traite-
ment de première ligne des carcinomes à petites cellules a peu
évolué, il repose sur l’association de cisplatine + étoposide, à
laquelle on ajoute une radiothérapie thoracique la plus précoce
possible dans les formes limitées de la maladie. La question de la
radiothérapie prophylactique cranioencéphalique a été résolue
dans les formes limitées de la maladie, où ce traitement est
indiqué chez les patients en réponse. Dans les formes étendues,
cette question reste débattue ; une méta-analyse récente (20)
évaluait le bénéfi ce potentiel en survie à 5,4 % à 3 ans. Une étude
de l’EORTC a comparé l’irradiation prophylactique cérébrale
(IPC) à l’absence de traitement chez les patients porteurs de
formes étendues en réponse après chimiothérapie (abstract 4).
Le critère de jugement était l’apparition de métastases céré-
brales symptomatiques. Deux cent quatre-vingt-six patients ont
été randomisés, 143 dans le groupe IPC et 143 dans le groupe
contrôle. La tolérance de la radiothérapie était bonne, avec 29 %
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