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La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIII - n° 11 - décembre 2014 | 455
ÉDITORIAL
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ESMO 2014: la médecine de précision
àl’honneur
J.F. Morère
Service d’oncologie médicale,
hôpital Avicenne, Bobigny ;
service d’oncologie médicale,
hôpital Paul-Brousse, Villejuif ;
rédacteur en chef de
La Lettre du Cancérologue.
La médecine ciblée du cancer, ou médecine de précision, brille de tous ses feux
à l’ESMO 2014.
S’il fallait s’en convaincre, il suffi t de regarder les résultats de l’étude
CLEOPATRA. Dans cette étude de phaseIII, les investigateurs ont évalué la sûreté
et l’effi cacité d’une combinaison de pertuzumab + trastuzumab + chimiothérapie
chez 808patientes atteintes d’un cancer du sein métastatique HER2+ non antérieu-
rement traitées. Ces nouveaux résultats présentés à Madrid sont en eff et spectacu-
laires. Cette combinaison triple, comparée à la combinaison double trastuzumab +
chimiothérapie, donne un gain de survie globale de près de 16 mois, avec une survie
médiane de 56,5 versus 40,8 mois. Le Dr S.Swain souligne ainsi que “l’amélioration
de la survie de près de 16 mois observée dans l’étude CLEOPATRA n’a jamais été
obtenue précédemment dans les études portant sur le cancer du sein métastatique”.
Ce bénéfi ce en survie globale est observé quels que soient les sous-groupes de
patientes. Le gain de survie sans progression observé lors des résultats et des
analyses précédentes est maintenu avec un follow-up de 50 mois. En ce qui
concerne la tolérance, celle-ci est inchangée dans le bras comportant le pertuzumab ;
en particulier, il n’existe aucun signe de toxicité cardiaque à long terme.
J.Cortes, autre signataire de l’étude, souligne, quant à lui, la surprise que constitue
cet important accroissement de la survie globale supérieur à celui de la survie sans
progression, et émet l’hypothèse que ce gain supplémentaire serait le refl et des
diff érents mécanismes d’action que les anticorps monoclonaux exercent. Le méca-
nisme exact de cet accroissement reste cependant inconnu. Il est certain aujourd’hui
que cette nouvelle combinaison modifi era nos pratiques dans un avenir proche.
À côté de ces brillants résultats dans le cancer du sein, il faut aussi souligner
l’intérêt que suscitent les ICI, nouveau vocabulaire pour inhibiteurs des checkpoints
de l’immunité, qui se développent à vitesse grand V. Cette stratégie de domestiquer
le système immunitaire de l’hôte pour se battre contre le cancer devient un must
de la thérapeutique anticancéreuse avec, à côté des anticorps anti-CTLA4
telsquel’ipilimumab et le trémélimumab, 8 anticorps anti-PD1 ou anti-PD-L1.
Denouvelles études nous montrent leur effi cacité dans le mélanome malin utilisés
seuls ou en combinaison; toutefois, leur effi cacité ne se résume manifestement pas
à cette niche mais est observée dans les cancers du poumon non à petites cellules,
les cancers de la tête et du cou, les cancers urothéliaux.
On le voit, cette médecine de précision progresse aujourd’hui à grands pas.
Vous retrouverez toutes ces avancées signifi catives de la médecine de précision
et des thérapeutiques classiques dans les synthèses proposées par la rédaction
deLaLettre du Cancérologue.
Bonne lecture, et tous nos vœux pour cette fi n d’année 2014.