ÉDITORIAL
Pr Jean-François
Morère
Rédacteur en chef
de La Lettre du Cancérologue ;
service d’oncologie médicale,
hôpital Avicenne, Bobigny ;
hôpital Paul-Brousse, Villejuif.
4 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 1-2 - janvier-février 2013
Survie des personnes atteintes
decancer : l’exception française !
L’exception consiste en une nouvelle méthode d’estimation
delasurvie (la survie nette), diff érente de la méthode classique
utilisée précédemment (la survie relative). La France est le premier
pays à utiliser cette méthode plus proche de la réalité. La comparaison
des résultats français avec ceux des études internationales doit donc
être prudente. En appliquant cette nouvelle méthode, le réseau Francim,
leservice de biostatistique des hospices civils de Lyon, l’Institut de veille
sanitaire etl’Institut national du cancer ont récemment présenté leurrapport
sur la survie des personnes atteintes d’un cancer en France portant
sur427 000personnes et 47localisations de cancers.
Pour les cancers les plus fréquents, une amélioration signifi cative
aétéobservée.
➤Pour les cancers de la prostate, ce progrès est particulièrement marquant,
avecungain de l’ordre de 20%. La survie nette à 5ans est passée de 70%
en1990 à90% en 2002; à 10ans, la survie est restée élevée, aux environs
de70%.
➤Pour les cancers du sein, l’évolution reste bonne avec un gain de 8%,
lasurvie nette à 5ans passant de 81% en 1990 à 89% en 2002.
➤Pour les cancers colorectaux, les résultats observés sont plus modestes
puisque seul un gain de 4% a été observé entre 1990 et 2002.
➤Pour les cancers du poumon, le gain est encore plus limité,
avecuneévolution peu signifi cative chez l’homme de 2%,
et de seulement 1% chezlafemme.
De façon paradoxale pour un cancer qui avait bénéfi cié depuis de nombreuses
années de la prévention, l’évolution du cancer du col de l’utérus est inverse,
avec une légère diminution de la survie dans les formes invasives. Ce paradoxe
n’est probablement qu’apparent et est sans doute lié à la pratique du frottis
permettant de dépister des lésions précancéreuses précocement. Les lésions
diagnostiquées à un stade de cancer invasif sont donc moins fréquentes mais
sans doute plus graves cliniquement.
On le voit, la survie des personnes atteintes d’un cancer varie donc en fonction
de la localisation cancéreuse. Globalement, la survie à 10ans peut ainsi varier
de 1 à 93%. Notons qu’en France aucune parité n’existe vis-à-vis du cancer
puisque ceux de mauvais pronostic représentent 40% des cas chez l’homme
contre 16% chez la femme. À l’inverse, 52% des cancers chez la femme sont
debon pronostic pour seulement 28% chez l’homme.