É D I T O R I A L Le crabe et la puce " J.F. Morère* L’ année 2000 aura été l’année des puces. Les puces (à ADN), ces microarrays, ont envahi l’oncologie médicale. Elles permettent en quelque sorte de “tirer le portrait” (génique) des tumeurs et peut-être à l’avenir de cibler au mieux le traitement. Vous trouverez des traces de cette épizootie aux chapitres Cancer du sein, Cancer hématologique et Cancer urinaire. Dans les cancers bronchopulmonaires primitifs, le principe de la chimiothérapie de deuxième ligne, déjà utilisée par différentes équipes, s’affirme comme un nouveau standard thérapeutique grâce à l’étude randomisée de Shepherd, qui montre la supériorité du docétaxel sur l’administration d’un simple traitement palliatif, à la fois en termes de survie et de qualité de vie. Que faut-il retenir d’autre de cette année ? Tout d’abord la baisse de la mortalité par cancer du sein. Cette baisse non négligeable (20 %) résulte non seulement d’une détection plus précoce mais aussi d’un impact des traitements adjuvants. Parmi les nouvelles thérapeutiques, les anticorps monoclonaux méritent sûrement une mention. Herceptin® confirme ainsi son intérêt dans les cancers du sein, avec des taux de réponse voisins de ceux des agents de chimiothérapie lorsque le produit est ciblé chez les femmes surexprimant fortement le récepteur Her2 au sein de leur tumeur. D’autres anticorps dirigés contre les récepteurs ou les facteurs de croissance eux-mêmes (EGF, VEGF) semblent aussi prometteurs en association aux traitements plus classiques à la condition que leurs effets secondaires puissent être domestiqués. Il faut aussi, malheureusement, retenir, à l’inverse, l’augmentation de la mortalité par cancer bronchique chez la femme. L’Europe semble combler son retard sur les États-Unis. Le cancer bronchique devient ainsi la première cause de mortalité par cancer chez la femme au Royaume-Uni. Ces chiffres britanniques nous font redouter le même phénomène en France dans la prochaine décennie. Il faut encore retenir la validation clinique de certains concepts jusqu’alors débattus et qui peuvent modifier notre pratique quotidienne. Dans les cancers gastriques, le principe du traitement adjuvant semble s’imposer. L’étude récemment présentée par Mac Donald plaide en effet pour une chimio-radiothérapie adjuvante chez les patients ayant bénéficié d’une résection complète (RO). Les résultats de cette étude, confortés par les données d’une méta-analyse, donnent une base solide à l’utilisation de nouvelles combinaisons thérapeutiques incluant de nouvelles molécules (taxanes, dérivés de la camptothécine), qui seront, on l’espère, encore plus performantes. * Hôpital Avicenne, 125, route de Stalingrad, 93009 Bobigny Cedex. Il faut encore citer les agents ciblant l’angiogenèse tels que le thalidomide ou les agents bloquant les kinases liées au gêne abl, dont on attend beaucoup en hématologie mais aussi dans les tumeurs solides. Enfin, alors que le nouveau siècle s’avance, il nous faut constater que le mythe du cancer demeure toujours vivace dans les peurs des Français. Une enquête d’opinion récente classe en effet celui-ci en première place des maladies que les Français redoutent. Cela justifie sûrement la poursuite de nos efforts vers une meilleure information. Toute la rédaction de La Lettre du Cancérologue se joint à moi pour vous souhaiter une bonne année 2001. ! CLAUDIE DAMOUR -TERRASSON ET Toute l’équipe du groupe de presse et d’édition SR. Teleperformance Média Santé... vous donnent rendez-vous avec le nouveau millénaire 2001 ... trois cent soixante-cinq jours en 2001 ... trois cent soixante-cinq rendez-vous avec nos publications... La Lettre du Cancérologue - volume IX - n° 6 - décembre 2000 237