ÉDITORIAL 2011 : vers plus de prévention et de prédiction Jean-François Morère* L’ inventaire oncologique de l’année qui vient de s’écouler MISE AU POINT est une nouvelle fois particulièrement riche. En effet, de nombreuses informations ont été présentées ou publiées concernant différentes thématiques : l’épidémiologie, le profil biologique, la thérapeutique. Pour l’épidémiologique, l’Institut national du cancer a pu faire part de résultats qui intéressent à la fois les thérapeutes mais aussi les patients. Pour la première fois, en effet, le pronostic des cancers s’améliore significativement au niveau de notre pays. Le taux de mortalité a ainsi baissé de 22 % chez l’homme et de 14 % chez la femme, ce qui justifie la poursuite des efforts de tous. Les efforts peuvent également porter sur la prévention. Il faut souligner l’intéressant papier publié par nos collègues anglo-saxons. Ils ont en effet publié les résultats d’une méta-analyse de 8 essais de prévention par de faibles doses d’aspirine 75 mg/j. Le but initial, il faut bien le dire, était la prévention des accidents vasculaires. Ils se sont cependant intéressés aux autres événements qui pouvaient survenir au cours de ce traitement préventif. La surprise est de taille. Ces faibles doses d’aspirine données pendant 5 ans, autour de 50 ans, sont capables de réduire la mortalité d’un certain nombre de cancers tels que les cancers du côlon, du poumon et du pancréas, ou les tumeurs cérébrales. De plus, cet effet se poursuit à long terme puisqu’il existe, sur 20 ans, * Service d’oncologie médicale, hôpital Avicenne, Bobigny. une réduction de 10 % de la mortalité à dix ans par cancer de la prostate, de 30 % pour le cancer du poumon et de 40 % pour le cancer colorectal. À suivre… En ce qui concerne la thérapeutique, les avancées se sont faites en oncologie thoracique avec l’apparition de nouveaux standards dans le traitement des sujets âgés, mais surtout dans les pas significatifs qui ont été franchis vers une médecine personnalisée grâce aux thérapies ciblées. En effet, ces dernières sont aujourd’hui capables, auprès d’une population sélectionnée, d’êtreNotre beaucoupéquipe, plus efficaces que la chimiothérapie classique. Des nouveaux concepts se confirment : les traitements guidés sur des facteurs prédictifs démontrés, ­l’impact du traitement de maintenance. Nous devons donc nous réapproprier de nouveaux arbres de décision pour améliorer notre pratique quotidienne. L’année 2010 s’est terminée en beauté pour le profilage biologique avec deux études portant sur l’intérêt de la mise en évidence de cellulesDamour-Terrasson tumorales circulantes dans les cancers Claudie du sein. Leur présence en situation adjuvante ou en situation métastatique représente, en effet, un facteur pronostique démontré. Ce nouveau facteur pronostique devra sûrement être intégré, là encore, dans notre décision thérapeutique bouleversant ainsi nos codes habituels. toujours plus près de vous, vous souhaite une très belle année 2011 Un nouveau panorama du cancer pour ce début 2011 Toute l’équipe de la rédaction de la Lettre du Cancérologue est donc extrêmement heureuse de vous proposer une synthèse documentée de toutes ces avancées, et bien entendu, de vous présenter ses meilleurs vœux pour l’année 2011. ■ Notre équipe, toujours plus près de vous, vous souhaite une très belle année 2011 Claudie Damour-Terrasson 6 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 1 - janvier 2011