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VIH
12 | La Lettre de l’Infectiologue • Tome XXIX - n° 1 - janvier-février 2014
Traitement antirétroviral : plus tôt, c’est mieux !
Valérie Martinez (Service de médecine interne, hôpital Antoine-Béclère, Clamart,
facultéParis-Sud, Inserm UMRS996)
Contexte
L’efficacité des traitements antirétroviraux est basée sur l’obtention d’une charge virale
indétectable, inférieure à 50copies/ ml, associée à une restauration immunitaire avec un
taux de CD4>500/mm3. Cette efficacité est obtenue pour la majorité des patients avec
les traitements actuels.
La taille du réservoir viral est déterminée en mesurant l’ADN proviral dans les cellules mono-
nucléées sanguines (CMNS) des patients et ce réservoir est considéré, avant l’introduction
d’un traitement antirétroviral, comme un marqueur indépendant du risque de progression
vers un taux de lymphocytes CD4 bas et vers le stade sida.
Instaurer tôt un traitement antirétroviral, idéalement durant la primo-infection, a un impact
positif sur les paramètres biologiques comme la déplétion du réservoir et la restauration
du système immunitaire. Néanmoins, les données restent relativement restreintes, du fait
des durées limitées des traitements instaurés en phase de primo-infection dans les études
anciennes, et de l’absence de comparaison entre patients traités dès le stade de la primo-
infection et ceux traités au stade de l’infection chronique.
Le but de cette étude est de décrire la dynamique de l’ADN proviral et des cellules immu-
nitairesT dans le cadre d’une cohorte prospective et monocentrique de patients traités soit
en primo-infection, soit en infection chronique. À cela s’ajoute une analyse des facteurs
prédictifs à la fois d’un réservoir viral faible et d’une reconstitution immune optimale sous
traitement.
Méthode
Cette étude s’est déroulée de janvier 2005 à janvier 2011 à Orléans ; elle a inclus tous les
patients infectés par le VIH-1, recevant et répondant à un traitement antirétroviral. L’inclu-
sion correspond à la date de la première valeur de charge virale inférieure à 50copies/ml
sous traitement antirétroviral.
Deux groupes de patients ont été constitués : les patients traités dans les 4mois suivant le
diagnostic de primo-infection virale, et ceux traités plus tardivement, en phase chronique.
Tous étaient suivis dans l’étude jusqu’à la survenue d’un échec virologique (charge virale
entre50 et 200copies/ml sur 2prélèvements successifs ou supérieure à 200copies/ ml sur
1seul prélèvement, ou patient perdu de vue). Le seuil de détection pour la charge virale
était à50 puis à 20copies/ml et, pour l’ADN proviral, à 5copies/PCR, avec des résultats
exprimés en nombre de copies par million de CMNS, par million de lymphocytes CD4 et
par ml de sang.
L’analyse a évalué la proportion de patients présentant une réponse viro-immunologique
optimale définie par un faible réservoir (ADN proviral< à 2,3log
10
copies/10
6
CMNS), et
une normalisation des marqueurs de reconstitution immune (CD4 > 500/mm
3
, pourcentage
de CD4 > 30 % et ratio CD4/CD8 > 1).
Trois cent sept patients ont pu être inclus : 35 ayant commencé un traitement anti rétroviral
durant la primo-infection et 272 traités au stade de l’infection chronique avec un suivi
médian de 6 ans.
Dans le groupe “primo-infection”, les hommes étaient plus nombreux, tous symptoma-
tiques, moins fréquemment infectés par les virus des hépatites. Les patients traités en
infection chronique avaient un nadir de lymphocytes CD4 plus bas et étaient plus souvent
au stade B ou C.
Commentaire
L’instauration d’un traitement antirétroviral durant
la primo-infection représente une opportunité-clé
de pouvoir réduire le réservoir viral et d’aboutir
à un statut optimal en termes de reconstitution
immunitaire.
Référence bibliographique
Hocqueloux L, Avettand-Fènoël V, Jacquot S et al. Long-
term antiretroviral therapy initiated during primary HIV-1
infection is key to achieving both low HIV reservoirs
and normal T cell counts. J Antimicrob Chemother 2013;
68(5):1169-78.