Primo-infection par le VIH Recommandations du groupe d’experts Rapport 2010 sous la direction du Pr. Patrick Yeni Cécile GOUJARD, CHU Bicêtre Épidémiologie des infections récentes en France Estimation de l’incidence du VIH (InVS, INSERM) en 2008 (18-69 ans) 17 contaminations /100 000 personnes [IC 95%, 1321, InVS], 99% par voie sexuelle Population hétérosexuelle H / F français : incidence de 6/4 cas /100 000 H/ F nationalité étrangère : 35/ 45 cas /100 000 H/ F pays d’Afrique subsaharienne 145 / 354 cas /100 000 Hommes homosexuels: ≈ 48% des nouvelles contaminations 1 006 cas /100 000 en France Incidence 7,5% [IC 95 %, 4,2-10,3] enquête PREVAGAY en 2009 51% sont diagnostiqués dans les 12 mois suivant l’infection Bénéfice individuel d’une prise en charge précoce Existence d’un déficit immunitaire modéré à sévère et/ou progression immunologique rapide possibles dès la primo-infection (PI) Risques associés à sévérité des symptômes pendant la PI niveau initial élevé d’ARN et d’ADN VIH niveau initial bas de CD4 Bénéfice collectif d’une prise en charge précoce Période à haut risque de transmission du VIH dès les premiers mois de l’infection Responsabilité de la PI dans la dynamique de l’épidémie Dépistage au moment de la PI associé à un changement rapide des comportements sexuels Dépistage des autres IST : risque d’acquisition et/ou de transmission d’IST concommitantes ou successives Améliorer le diagnostic précoce de la primo-infection Méconnaissance associée à une faible spécificité des symptômes Sd viral aigu, avec adénopathies, s. cutanéo-muqueux et/ou s. neurologiques… S. hématologiques, cytolyse hépatique… Diagnostic virologique ARN VIH plasmatique (Ag p24) ELISA ou faiblement Western blot ou dissocié Tests rapides (sans Ag p24) encore Dans le contexte d’une infection « aiguë », les tests rapides ne sont pas recommandés car ils risquent d’être négatifs et donc de retarder voire d’exclure le diagnostic d’infection à VIH. Nécessité de formation des professionnels de santé et du public (Rapport “Mission RDRs”) Épidémiologie virologique Fréquence de résistances aux ARV stable depuis 10 ans (10%) INTI 5,5%; INNTI 4,8%; IP 2,2%; 2 classes ARV 1,5% Test génotypique de résistance Diffusion progressive des sous-types non B chez les personnes non migrantes (70% en 2008) Fréquence de souches de tropisme X4 élevée dès la PI (15%), stable depuis 10 ans Evolution de la virulence du VIH controversée Arguments pour traiter dès la primoinfection Traitement rapide, dès la PI Pas de bénéfice démontré dans les essais en termes de modification du set-point après interruption, sauf peut-être dans les traitements très précoces; durée de traitement encore incertaine Pour : Limitation de la dissémination dans les réservoirs (t. digestif, cerveau, t. génital) Restauration immunitaire (CD4 ≈ 500/mm3) Limitation de l’activation/réplication sur organes (s. nerveux, s. cardio-vasculaire, os…) Transmission et poids de la PI dans la poursuite de l’épidémie Contre : contraintes et limites d’un traitement à vie, initié en situation de vulnérabilité Modalités de traitement Indications Symptômes : nombre ( 3) ou sévérité (s. neurologiques) Infection opportuniste inaugurale CD4 < 500/mm3 Grossesse Association de TDF/FTC et IP/r (CV généralement élevée; faible barrière génétique et/ou absence de données pour EFV et RAL; délai de typage HLA*B5701 pour ABC) Poursuite à long terme, accompagnement, éducation Objectifs : identiques à ceux de l’infection chronique (CV < 50 cp/mL entre M6 et M12) En l’absence de traitement ARV : surveillance rapprochée des CD4 pendant la première année Points forts La quasi-totalité des nouvelles infections en France est due à un contact sexuel, les hommes ayant des rapports homosexuels représentant près de 50% de celles-ci. Le nombre de primo-infections diagnostiqué reste modeste au regard du nombre de nouvelles infections. La nécessité du diagnostic et de la prise en charge de la primo-infection par le VIH est justifiée par le risque de progression immunologique rapide dès les premiers mois de l’infection. La recommandation d’un traitement initié au seuil de 500 CD4/mm3 et/ou en présence de symptômes sévères concerne près de 70% des cas de primo-infections. Dans le contexte d’une infection « aiguë », les tests rapides ne sont pas recommandés car ils risquent d’être négatifs et donc de retarder voire d’exclure le diagnostic d’infection à VIH. Le groupe d’experts recommande Un dépistage ciblé et régulier dans certaines populations ayant une forte incidence d’infection à VIH. La répétition régulière de ce dépistage devrait permettre le diagnostic de primo-infections et d’infections récentes et conduire à une prise en charge plus précoce (AIIa) ; Une proposition systématique de sérologie VIH aux partenaires. Ce dépistage est d’autant plus pertinent que le risque de transmission sexuelle est élevé en phase de primo-infection (AIIa) ; Un traitement dans des délais courts des patients présentant des symptômes sévères, en particulier neurologiques, et chez les patients ayant un taux de CD4 inférieur à 500/mm3 au moment du diagnostic, par une association de ténofovir/emtricitabine avec un IP/r (AIIa) ; Une surveillance rapprochée des patients non traités dès les premières semaines, pendant la première année de suivi (BIIa) ; La poursuite des inclusions dans les essais et les cohortes pour améliorer les connaissances en particulier épidémiologiques et thérapeutiques à long terme au cours de la primo-infection (AII).