MP Lycée Berthollet, 2014/2015
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Résumé 19 : Endomorphismes des espaces euclidiens
Dans tout ce chapitre, Esera un espace vectoriel euclidien de dimension n.
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1LE GROUPE ORTHOGONAL
§ 1. Endomorphismes orthogonaux.— Ce sont ceux qui préservent les dis-
tances.
Définition 1.1
Soit fL(E).fest un endomorphisme orthogonal, ou une
isométrie vectorielle lorsque
x, y E, < f(x), f(y)>=< x, y > .
On note O(E)l’ensemble des endomorphismes orthogonaux.
Pour montrer qu’un endomorphisme est une isométrie, nous uiliserons plutôt :
Proposition 1.2
Soit fL(E). Alors
fO(E)⇒ ∀xE, kf(x)k=kxk.
EXEMPLES :
IToute isométrie de Eest ainsi injective (car kf(x)k= 0 ⇔ kxk= 0) et par consé-
quent bijective car Eest de dimension finie.
ILes symétries orthogonales sont des isométries.
IIdEest le seul projecteur orthogonal qui soit une isométrie. Attention au fait qu’un
projecteur orthogonal non trivial n’est PAS un endomorphisme orthogonal.
Plusieurs propriétés (injectivité, surjectivité) d’un endomorphisme fde Ese
lisent sur les propriétés de l’image d’une base de Epar f(libre, génératrice). Il
en est de même du caractère isométrique de f:
Proposition 1.3
Soit Eun espace euclidien et fL(E). Alors on a l’équivalence entre les
prédicats suivants :
fO(E) une BON Bde Edont l’image par fest une BON de E
⇒ ∀BBON de E, l’image par fde Best une BON de E.
Proposition 1.4 (Le groupe orthogonal)
L’ensemble O(E)est un sous-groupe de (GL(E),), appelé groupe orthogonal
de E.
§ 2. Matrices orthogonales.— Ici, nN, et Rnsera toujours muni du pro-
duit scalaire canonique.
Définition 1.5
Soit MMn(R).Mest dite orthogonale lorsque l’endomorphisme de Rn
LMRnRn
X7−MX
est une isométrie de Rn.
On note On(R)l’ensemble des matrices orthogonales.
Proposition 1.6
Soit MMn(R). Sont équivalentes :
(i) MOn(R)
(ii) tMM = In
(iii) MtM= In
(iv) Les colonnes de Mforment une base orthonormée de Rn.
(v) Les lignes de Mforment une base orthonormée de Rn.
REMARQUES :
IEn particulier, inverser une matrice orthogonale est très simple : il suffit de la trans-
poser.
IToute matrice de rotation cos xsin x
sin xcos xest orthogonale.
Proposition 1.7 (Matrice de passage entre deux bases orthonormées)
Soit B0une BON de E, et B1une base de E. Alors
B1est une BON de Ela matrice de passage PB1
B0On(R).
En particulier, la matrice de passage entre deux BON de Eest une matrice
orthogonale.
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2GÉOMÉTRIE VECTORIELLE EUCLIDIENNE
Rappelons qu’un espace euclidien orienté de dimension nest un espace eu-
clidien dont on a fixé une base de référence B0. Toute base Bde Eest ainsi
orientée ; elle est dite directe si det PB
B0>0, et indirecte si det PB
B0<0.
En particulier, Rnest orienté par sa base canonique.
Proposition 2.1 (Conservation de l’aire)
Pour tout On(R),det Ω = 1 ou 1.
On note SOn(R) = {MOn(R)/det Ω = 1}.
C’est un sous-groupe de On(R),appelé groupe spécial orthogonal. Ses élé-
ments sont parfois appelés rotations de Rn.
La version fonctionnelle de cette proposition est :
si fO(E),alors det f=±1.
§ 1. Dans le plan orienté.— Nous noterons pour tout réel x:
Rx=cos xsin x
sin xcos xet Sx=cos xsin x
sin xcos x.
Ces deux types de matrices appartiennent à O2, et le décrivent entièrement :
Théorème 2.2 (Description de O2(R))
Soit O2(R)
ISi det Ω = 1, alors θRtel que Ω = Rθ.
ISi det Ω = 1, alors θRtel que Ω = Sθ.
Propriétés 2.3 (des réflexions)
Soit xR. Alors
ISxest la réflexion par rapport à Vect cos x
2
sin x
2.
ISxest orthogonalement semblable à la matrice Diag(1,1).
Le cas des rotations est plus connu :
Propriétés 2.4 (des rotations)
Soit xR. Alors
IRxest la rotation vectorielle de centre 0et d’angle x.
Ix, y R, Rx×Ry=Rx+yet R1
x×Ry×Rx=Ry.
De ces trois résultats, on déduit le théorème suivant :
Théorème 2.5 (Réduction de O2(E))
Soit Eun plan euclidien orienté et fO(E).
ISi det f= 1, alors
1. θRtel que pour toute BOND Bde E, Mat B(f) = Rθ.
2. Pour tout vecteur unitaire uE, (cos θ=< u, f(u)>
sin θ= det(u, f(u))
ISi det f=1, alors
1. Il existe une BON directe Bde Edans laquelle Mat B(f) =
1 0
01.
2. Pour tout BON directe Bde E, il existe θRtel que Mat B(f) =
Sθ.
Enfin, le produit de deux réflexions est une rotation, et la réciproque est vraie.
§ 2. Dans l’espace orienté.— Le cas de la dimension 3est légèrement plus dé-
licat à étudier que celui de la dimension 2car les éléments caractéristiques d’une
rotation par exemple n’apparaissent pas du premier coup d’oeil. Conformément
au programme, nous ne nous intéresserons qu’aux rotations, i.e aux isométries
vectorielles qui conservent l’orientation.
On rappelle que Eest un espace euclidien orienté de dimension 3, et que
SO3(E)est l’ensemble des endomorphismes orthogonaux de Ede déterminant
1.
Proposition 2.6 (Réduction de O3(R))
Soit fSO3(E). Alors il existe une base orthonormée directe B= (
e1,
e2,
e3)
et un réel θtels que
Mat B(f) =
1 0 0
0 cos θsin θ
0 sin θcos θ
Une telle isométrie est appelée rotation de demi-axe R+
e1et d’angle θ, et
notée Rot
e1.
Si θ=π, on dit de fque c’est un retournement, ou un demi-tour.
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REMARQUES :
1. Pratiquement, les éléments caractéristiques de cette rotation se retrouvent grâce
à :
I
e1ker(fId).
ITrace (f) = 1 + 2 cos θ,
IPour tout vecteur unitaire
uorthogonal à
e1,sin θ= det
u , f (
u),
e1.
2. Une symétrie orthogonale est une isométrie, mais c’est un élément de SO3(R)si
et seulement si ker(f+ Id) est de dimension paire (réduire cette matrice dans
une base adaptée pour calculer son déterminant) i.e f= Id ou fest un
retournement.
Proposition 2.7
Soit
uR3et θR. L’image d’un vecteur
xorthogonal à
upar la rotation
de demi-axe
uet d’angle θest donné par :
R(x) = (cos θ)
x+ (sin θ)
u
x .
§ 3. Le cas général.— Le théorème principal est basé sur plusieurs lemmes,
dont les résultats et les preuves doivent être sus, que je regroupe dans une pro-
position :
Propriétés 2.8
Soit fune isométrie de E.
(i) Si Fest un sous-espace vectoriel de Estable par f, alors Fest égale-
ment stable par f.
(ii) Les seules valeurs propres réelles possibles de fsont 1ou 1.
(iii) Il existe des sous-espaces vectoriels P1, . . . , Prstables par f, de dimen-
sion 62, orthogonaux deux à deux, et tels que E=Pi.
On en déduit le théorème suivant de réduction de On. Nous notons encore Rθ
la matrice de rotation d’angle θ.
Théorème 2.9 (Réduction de On)
Soit fO(E). Il existe trois entiers naturels p, q, r tels que p+q+ 2r=n,r
réels θ1, . . . , θr]0,2π[\{π}, et une base orthonormée Bde Edans laquelle
la matrice de us’écrit
D=
Ip0 0 0 . . . 0
0Iq0.......
.
.
0 0 Rθ10....
.
.
0...0Rθ2
...0
.
.
..............
.
.
0. . . 0 0 0 Rθr
.
En particulier, uSO(E)qest pair.
Matriciellement, cela signifie que toute matrice MOnest orthogonalement
semblable à une matrice de ce type.
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3ENDOMORPHISMES SYMÉTRIQUES
§ 1. S(E)et Sn.— Nous définissons ici un sous-espace vectoriel de L(E)
constitué d’endomorphismes diagonalisables.
Définition 3.1
Un endomorphisme fL(E)est dit symétrique lorsque
x, y E, < f(x), y >=< x, f(y)> .
Nous en avons vu des exemples dans R[X]. Matriciellement, il y a aussi les
affinités orthogonales, que l’on peut définir comme les matrices qui diagonalisent
dans une BON.
Proposition 3.2
Soit Bune base orthonormée, et fL(E). Alors
MatB(f)est symétrique fest symétrique.
§ 2. Projecteurs orthogonaux.— On peut en déduire une nouvelle caractérisa-
tion des projecteurs orthogonaux dans l’ensemble des projecteurs. Nous regrou-
pons toutes les caractérisations à connaitre dans la proposition suivante.
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Proposition 3.3
Soit fun projecteur de l’espace euclidien E. On a équivalence entre :
(i) fest un projecteur orthogonal.
(ii) fest un endomorphisme symétrique.
(iii) ker fIm f.
(iv) Pour tout xE, kf(x)k6kxk.
(v) La matrice de fdans toute BON est symétrique.
§ 3. Réduction de S(E).— Ils partagent avec les endomorphismes orthogo-
naux une propriété de stabilité :
Lemme 1 (Stabilité de l’orthogonal d’un sous-espace stable)
Si fest un endomorphisme symétrique de Eet si Fest un sous-espace vecto-
riel de Estable par f, alors Fest aussi stable par f.
Théorème 3.4 (Spectral)
Soit fun endomorphisme symétrique de E. Alors il existe une BON de E
formée de vecteurs propres de E.
De manière équivalente, fdiagonalise en base orthonormale. Ou encore, Eest
somme directe orthogonale des sous-espaces propres de f. Géométriquement, les
endomorphismes symétriques sont les affinités orthogonales.
Théorème 3.5
Si SSn, il existe Ddiagonale et Ontelles que S=tD.
REMARQUES :
A toute matrice MMn, on peut associer des matrices symétriques dont les éléments
propres contiennent des informations utiles sur M, par exemple S1=tMM, S2=
MtM, S3=M+tM. On peut entre autres prouver que pour tout MGLn, il existe
une BON dont l’image par Mest orthogonale.
§ 4. Compléments.— Ces résultats ne sont pas au programme, mais je serais
surpris qu’aucun sujet n’en parle.
Proposition 3.6
Soi SSn. Notons (e1, . . . , en)une base orthonormale de Rnformée de vec-
teurs propres de S, et λ1, . . . , λnRtels que pour tout k[[1, n]], Sek=λkek.
(i) Soit X=
n
X
i=1
xieiRn.Alors, < SX, X >=Pn
k=1 λix2
i.
(ii) Pour tout XRn, λ1kXk26< SX, X >6λnkXk2.
Définition 3.7
Soit MSnune matrice symétrique. Mest dite :
(i) positive lorsque pour tout XRn, < SX, X >R+.
(ii) définie positive lorsque pour tout XRnnon nul, < SX, X >
]0,+[.
Géométriquement, cela signifie que l’angle entre un vecteur et son image est
toujours aigu.
Proposition 3.8 (Caractérisation spectrale de la positivité)
Soit MSnune matrice symétrique.
(i) Mest positive toutes ses valeurs propres sont positives.
(ii) Mest définie positive toutes ses valeurs propres sont strictement
positives.
ANNEXE
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ALES PREUVES À CONNAITRE...
IUn endomorphisme symétrique ou orthogonal stabilisant un sous-espace
vectoriel Fstabilise aussi F.
ILes proposition 1.3, 1.7
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
BFIGURES IMPOSÉES
EXERCICES :
Déterminer la nature de la transformation de R3dont la matrice dans la base canonique
est la suivante : A=1
3 122
2 1 2
2 2 1!.
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EXERCICES :
Determiner la matrice dans la base canonique de R3de la rotation d’axe R+(1,1,1) et
d’angle π/3.
EXERCICES :
Soit A= (ai,j )O3(R)une matrice orthogonale.
Montrer que X
16i,j63
ai,j 63. A quelle condition a-t-on égalité ?
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