Université Francois Rabelais de Tours Licence de Mathématiques Solutions Feuille de Travaux Dirigés n◦ 4 L3, Algèbre Semestre 6 Extension de corps Exercice 1 √ 2 est irrationnel. √ Solution: Supposons que 2 = 1) (a) Montrer que a b avec (a, b) ∈ N∗ premiers entre-eux. On a alors a2 = 2b2 . et 2 divise a2 . Or si 2 ne divise pas a on peut écrire a = 2a0 + 1 ce qui implique que a2 = 2(2a02 + 2a0 ) + 1 et donc 2 ne divise pas non plus a2 . Par contraposé on en déduit que 2 divise a et donc que a = 2a0 . Ceci implique alors b2 = 2a02 et on en déduit de la même façon que√2 divise b et donc que b = 2b0 . Ceci contredit le fait que (a, b) sont premiers entre-eux. Ainsi 2 ne peut pas être rationnel. √ (b) Montrer que p est irrationnel pour tout nombre premier p. √ Solution: Supposons que p = ab avec (a, b) ∈ N∗ premiers entre-eux. On a alors a2 = pb2 . et p divise a2 . Ceci implique que p divise a. On peut par exemple utiliser la décomposition de a en facteur premiers pour le voir. On a donc que a = pa0 . Ceci implique alors b2 = pa02 et on en déduit de la même façon que p divise b. Ceci contredit le fait que (a, b) sont premiers entre-eux. √ Ainsi p ne peut pas être rationnel. √ 2) Soit n ∈ N. Montrer que n est soit entier soit irrationnel. √ Solution: Supposons que n est un nombre rationnel. On a alors a et b des entiers positifs tels que a2 = nb2 . On définit alors l’ensemble Γ par Γ := {p ∈ N∗ : p est un diviseur premier de a, b ou n}. En utilisant la décomposition en facteur premier dans N on a trois fonctions νa , νb et νn à valeurs dans N telles que Y Y Y a= pνa (p) , b= pνb (p) , n= pνn (p) . p∈Γ 2 p∈Γ p∈Γ 2 Mais alors l’équation a = nb nous fournit Y Y p2νa (p) = p2νb (p)+νn (p) . p∈Γ p∈Γ Et en utilisant l’unicité de la décomposition en facteurs premiers on arrive alors à ∀p ∈ Γ, 2νa (p) = 2νb (p) + νn (p). On en conclut donc que pour tout p dans Γ, le nombre νn (p) est divisible par 2 c’est à dire νn (p) = 2νn0 (p) et on peut alors écrire 2 n := Y p 0 2νn (p) p∈Γ = Y p 0 νn (p) p∈Γ et donc n est un carré parfait. Ceci contredit les hypothèses. 3) Soit n1 , n2 deux entiers qui ne sont pas des carrés parfaits. 1 , √ n1 + √ n2 est irrationnel. √ √ Solution: Si on suppose que n1 + n2 = ab , on peut en déduire (a) Montrer que √ b2 n1 = a2 + b2 n2 − 2ab n2 , √ ce qui est absurde car cela impliquerait que n2 est rationnel or d’après la question 2) ce n’est pas le cas. √ √ √ √ (b) Montrer que n1 + n2 est algébrique sur Q et déterminer P ∈ Q[X] tel que P ( n1 + n2 ) = 0. Solution: On introduit les notations √ √ r = n1 , s = n2 , t = r + s. On a alors r2 = n1 et s2 = n2 . On veut une équation polynomiale à coefficients entier pour t. n1 = r2 = (t − s)2 = t2 + s2 − 2st = t2 + n2 − 2st. Mais on peut alors isoler le terme en st pour obtenir 4n2 t2 = 4s2 t2 = (t2 + n2 − n1 )2 = t4 + 2(n2 − n1 )t2 + (n2 − n1 )2 . √ √ Au final on voit que t = n1 + n1 est solution de P (X) := X 4 − 2(n1 + n2 )X 2 + (n2 − n1 )2 = 0. (c) Déterminer le polnôme minimal de √ n1 + √ n2 . Solution: On peut facilement factoriser P dans R[X] car les racines proviennent d’une équation bicarrée. √ √ √ √ √ √ √ √ P (X) = (X − ( n1 + n2 ))(X + ( n1 + n2 ))(X − ( n1 − n2 ))(X + ( n1 − n2 )). Or en utilisant les mêmes arguments qu’à la question 1) on peut voir qu’aucune des racines n’est rationnelle. Ceci implique que P ne peut pas se factoriser dans Q[X] comme produit d’un polynôme de degré 3 et d’un polynôme de degré 1. On constate de plus que √ √ √ √ √ / Q[X], (X − n1 + n2 )(X − n1 − n2 ) = X 2 − 2 n1 X + n1 − n2 ∈ √ √ √ √ √ (X − n1 + n2 )(X + n1 + n2 ) = X 2 + 2 n2 X + n2 − n1 ∈ / Q[X], Finalement la seule factorisation possible vient du regroupement √ √ √ √ √ (X + n1 + n2 )(X − n1 − n2 ) = X 2 − n1 − n2 − 2 n1 n2 , √ qui est dans Q[X] si et seulement si n1 n2 est rationnelle. On a donc deux cas de figure. Si √ √ n1 n2 est un carré parfait alors le polynôme minimale de n1 + n2 est √ X 2 − n1 − n2 − 2 n1 n2 . Sinon le polynôme minimale est P . Exercice 2 1) Soit P = X 2 + X + 1 ∈ F2 [X]. On pose F := F2 /(P ) et α = X dans F . (a) Montrer que P est irréductible. Solution: Degré 2 et pas de racine donc irréductible. (b) Montrer que F = F2 [α] = {a0 + a1 α | a0 , a1 ∈ F2 }. Pn Solution: On rappelle que F2 [α] = { i=0 ai αi | n ∈ N, ai ∈ F2 }. Pour tout polynôme A ∈ F2 [X], il existe un unique couple (Q, R) ∈ F2 [X]2 tel que A = P Q + R où deg(R) < 2. Ainsi A = R = a0 + a1 α avec a0 , a1 ∈ F2 d’où le résultat. (c) Montrer que α est racine de P et factoriser P dans F . Solution: On a P (α) = P (X) = P (X) = 0 dans F et donc α est racine de P dans F . On fait la division euclidienne de P par (X − α) et on trouve P = (X − α)(X + α + 1) sur F . 2) Soit P = X 3 + X + 1 ∈ F2 [X]. On pose F := F2 /(P ) et α = X dans F . 2 (a) Montrer que P est irréductible. Solution: Degré 3 et pas de racine donc irréductible. (b) Montrer que F = F2 [α] = {a0 + a1 α + a2 α2 | a0 , a1 , a2 ∈ F2 }. Pn Solution: On rappelle que F2 [α] = { i=0 ai αi | n ∈ N, ai ∈ F2 }. Pour tout polynôme A ∈ F2 [X], il existe un unique couple (Q, R) ∈ F2 [X]2 tel que A = P Q + R où deg(R) < 3. Ainsi A = R = a0 + a1 α + a2 α2 avec a0 , a1 , a2 ∈ F2 d’où le résultat. (c) Montrer que α est racine de P et factoriser P dans F . Solution: Par division euclidienne on trouve P = (X −α)(X 2 +αX +(α2 +1)). Reste à savoir si Q = X 2 +αX +(α2 +1) est irréductible. On cherche une racine sous la forme β = a0 +a1 α+a2 α2 . On trouve Q(β) = 0 ⇐⇒ (a0 + a2 + 1) + a0 α + (a2 + 1)α2 = 0 ⇐⇒ a0 = 0, a2 = 1, a1 = 0 ou 1. Les racines de Q sont donc α2 et α2 + α et on a P = (X − α)(X − α2 )(X − (a + α2 )) Exercice 3 1) Énoncer le critère d’irréductibilité de Eisenstein de la feuille de Td1. √ 2) Déterminer le polynôme minimal de 2 sur Q. √ Solution: P := X 2 − 2 est unitaire, irréductible et P ( 2) = 0 donc P est le polynôme minimal de √ 2 sur Q. √ 3) Déterminer le polynôme minimal de 3 2 sur Q. √ Solution: P := X 3 − 2 est unitaire, irréductible et P ( 3 2) = 0 donc P est le polynôme minimal de √ 3 2 sur Q. √ 4) Déterminer le polynôme minimal de n 2 sur Q. √ Solution: P := X n − 2 est unitaire, irréductible et P ( n 2) = 0 donc P est le polynôme minimal de √ n 2 sur Q. √ √ 5) Déterminer le polynôme minimal de 3 sur Q[ 2]. √ √ √ √ √ Solution: On vérifie que 3 ∈ / Q[ 2]. L’extension [Q( 2)( 3), Q( 2)] et donc au moins de degré 2. √ 2 Comme X√ − 3 est un polynôme annulateur de 3 c’est nécessairement le polynôme minimal de de √ 3 sur Q[ 2]. √ √ 6) Déterminer le polynôme minimal de 4 2 sur Q[ 2]. √ √ √ √ √ Solution: On a[Q( 4 2), Q] = 4 √ et [Q( 2),√Q] = 2 donc [Q( 4 2), Q( 2)] = 2. Le polynôme√X 2 − 2 est un polynôme annulateur de 4 2 sur Q( 2), ce doit donc être le polynôme minimal de 4 2. Codes correcteurs Exercice 4 Soit C le code de contrôle H donnée par : 1 0 0 G= 0 1 1 1 Hamming de paramètre (4, 7) de matrice génératrice G et de matrice de 0 1 0 0 1 1 0 0 0 1 0 1 0 1 0 0 0 1 0 1 1 et 1 H = 1 1 1 1 0 1 0 1 0 1 1 1 0 0 0 1 0 0 0 1 1) Corriger le message m0 = t (1, 1, 0, 1, 1, 0, 0) sachant qu’il y a eu une seule erreur. Solution: Soit ei = (0, . . . , 1, . . . 0) le vecteur d’erreur qui contient un 1 à la iième place de telle sorte que m = m0 + ei . On calcule 1 Hm0 = 1 0 qui est la deuxième colonne de H. Ainsi i = 2 et le message devrait être t (1, 0, 0, 1, 1, 0, 0). 3 2) Vous recevez le message m0 = t (0, 0, 1, 1, 0, 1, 0). (a) Y-a-t-il eu des erreurs ? 1 Solution: Oui puisque Hm0 = 0 6= 0. 0 (b) Corriger le message sachant qu’il y a eu une seule erreur. Solution: En procédant comme dans la question précédente, on montre que l’erreur se situe à la 5ième place et donc que le message envoyé devait être t (0, 0, 1, 1, 1, 1, 0). Comme le codage est systématique, la partie contenant les informations (les 4 premières composantes) sont correctes. (c) Si on suppose qu’il y a eu deux erreurs, déterminer les messages qui pourraient avoir été envoyés ? Solution: Il s’agit ici de trouver les mots de code qui diffèrent de m0 de deux composantes et qui vérifient Hm1 = Hm2 = 0. Dans le tableau suivant, on calcule tous les mots de code ainsi que la distance à m0 : t m (0, 0, 0, 0) (1, 0, 0, 0) (0, 1, 0, 0) (0, 0, 1, 0) (0, 0, 0, 1) (1, 1, 0, 0) (1, 0, 1, 0) (1, 0, 0, 1) t (Gm) (0, 0, 0, 0, 0, 0, 0) (1, 0, 0, 0, 1, 1, 1) (0, 1, 0, 0, 1, 1, 0) (0, 0, 1, 0, 1, 0, 1) (0, 0, 0, 1, 0, 1, 1) (1, 1, 0, 0, 0, 0, 1) (1, 0, 1, 0, 0, 1, 0) (1, 0, 0, 1, 1, 0, 0) d(Gm, m0 ) 3 5 5 4 2 6 2 4 t m (0, 1, 1, 0) (0, 1, 0, 1) (0, 0, 1, 1) (1, 1, 1, 0) (1, 1, 0, 1) (1, 0, 1, 1) (0, 1, 1, 1) (1, 1, 1, 1) t (Gm) (0, 1, 1, 0, 0, 1, 1) (0, 1, 0, 1, 1, 0, 1) (0, 0, 1, 1, 1, 1, 0) (1, 1, 1, 0, 1, 0, 0) (1, 1, 0, 1, 0, 1, 0) (1, 0, 1, 1, 0, 0, 1) (0, 1, 1, 1, 0, 0, 0) (1, 1, 1, 1, 1, 1, 1) d(Gm, m0 ) 3 5 1 5 3 3 2 4 Ainsi, le message d’origine aurait peut être : 0 1 0 1 0 0 1 0 1 1 , 0 ou 1 . 0 0 0 0 1 1 0 0 1 Exercice 5 Soit q = pn où p est un nombre premier et soit Fq le corps fini à q éléments. Soit E = Fnq . On rappelle que pour tout x ∈ Fnq , w(x) est le nombre de coordonnées non nuls dans x et que la distance de Hamming est définie par d(x, y) = w(x − y). 1) Montrer que d est une distance sur Fnq . Solution: Il faut montrer que pour tout (x, y, z) ∈ Fnq (a) d(x, y) = d(y, x) (b) d(x, y) = 0 ⇐⇒ x = y (c) d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y) Les deux premiers points sont clairs. Pour montrer la troisième inégalité, on introduit la fonction suivante ( 0 si xi = yi di (x, y) = 1 si xi 6= yi P On a d(x, y) = di (x, y). Ainsi pour montrer que d(x, y) ≤ d(x, z) + d(z, y) il suffit de montrer que di (x, y) ≤ di (x, z) + di (z, y). Mais c’est clair puisque dès lors que xi 6= yi on a forcément xi 6= zi ou yi 6= zi . 2) Combien y-a-t-il d’éléments dans un s.e.v de Fnq de dimension d ? Solution: On fixe une base (e1 , . . . , ed ) du s.e.v. Tout élément s’écrit alors uniquement comme une combinaison linéaire des éléments de la base. Pour chaque coefficient on a q choix, ce qui fait q d éléments. 4 3) Combien y-a-t-il d’éléments dans Fnq tels que w(x) ≤ 1 ? tels que w(x) ≤ 2 ? Solution: Si w(x) ≤ 1, cela veut dire soit que x = 0 soit que x diffère de 0 en une seul composante. Il y a donc 1 + n1 (q − 1) = 1 + n(q − 1) éléments qui vérifient w(x) ≤ 1. Si w(x) ≤ 2 alors soit w(x) = 0 et x = 0, soit w(x) = 1 et il y a n(q − 1) possibilités, soit x diffère de 0 en 2 composantes, il y a donc n2 (q − 1)2 . Finalement on a {x ∈ Fnq | w(x) ≤ 2} = 1 + n (q − 1) + n (q − 1)2 1 2 4) Calculer le cardinal de la boule fermée Br (a) centré en a et de rayon r. Solution: Tout d’abord on voit que |Br (a)| = |Br (0)|. Pour cela on peut vérifier que l’application Ψ : Br (a) −→ x 7−→ Br (0) x−a est bien définie et injective. D’après les questions précédentes, on voit que |Br (0)| = {x ∈ Fnq | w(x) ≤ r} r X n = (q − 1)i . i i=0 On remarque que si on prends r = n, alors |Bn (a)| = n X n i=0 i (q − 1)i = (q − 1 + 1)n = q n ce qui est cohérent puisque la boule de centre 0 et de rayon n contient tous les éléments de Fnq . 5) Soit C un code t-correcteurs de E de dimension d. Montrer que |C | ≤ q n /|Bt (0)|. [ Aide : Un code est t-correcteur si les boules de centre les mots du code et de rayon t sont disjointes. ] Solution: Toutes les boules de rayon t ont même cardinal |Bt (0)|. Si toutes les boules de centre un mot de C sont disjointes alors |C | × |Bt (0)| ≤ q n d’où le résultat. 6) L’entier t peut-il être arbitrairement grand ? Solution: Non puisque sinon |Bt (0)| deviendrait arbitrairement grand et alors l’inégalité précédente ne serait plus vérifiée. 7) Montrer que dans le cas du code de Hamming de paramètre (4,7), l’ensemble des boules de rayons 1 et de centre les mots du code forme une partition de F72 . Solution: Le code de Hamming est 1-correcteur, on peut le voir par exemple en calculant le poids des mots du code. Ce code contient 24 = 16 éléments et chaque boule de rayon 1 contient 1 + 7 × (2 − 1) = 8 éléments. La réunion des boules fermées de rayon 1 et centrées en les mots du code contient donc 24 · 23 = 27 éléments, soit l’espace F72 tout entier. Exercice 6 Soit E = Fn2 et soit C un code linéaire de dimension k et de distance minimale dC . Soit F le s.e.v de E formé des vecteurs de la forme (x1 , x2 , . . . , xn−(k−1) , 0, . . . , 0). Montrer que F ∩ C n’est pas réduit à 0 et en déduire que dC ≤ n + 1 − k. Solution: On a dim F = n − (k − 1) et dim(C ) = k. Comme dim F + dim C = n + 1 on voit que F ∩ C n’est pas réduit à 0. Autrement dit, il existe un vecteur dans C dont les k − 1 dernières composantes sont nulles. Le poids de ce vecteur est inférieur ou égal à n − k − 1 et donc dC ≤ n − (k − 1). 5