INVARIANTS DE SIMILITUDE 4
abélien, Ef=E). Plus explicitement, le morphisme structural ˜µenvoie un poly-
nôme Psur le polynôme d’endomorphisme P(f), et donc la loi externe est définie par
P·x=P(f)(x). Remarquons que la loi externe prolonge celle de K-espace vectoriel.
De plus, les sous-modules de Efcorrespondent aux sous-espaces vectoriels de Equi
sont stables par f.
Remarque 1.9. — Soit Mun K[X]-module. Comme K[X]est une K-algèbre, M
possède une structure naturelle de K-espace vectoriel : on note Mev l’espace vectoriel
sous-jacent. L’application µX:M→M, x 7→ X·xdéfinit un endomorphisme de
cet espace vectoriel Mev, et le K[X]-module associé à cet endomorphisme n’est rien
d’autre que le module Mde départ : (Mev)µX=M.
Le but de ce cours est d’étudier ce module Ef(lorsque Eest de dimension finie)
pour en déduire des informations sur la classe de similitude de f.
Proposition 1.10. — Soient Eet E0des K-espaces vectoriels, et soient fet f0des
endomorphismes de ces espaces vectoriels. Les conditions suivantes sont équivalentes :
1. Les endomorphismes fet gsont conjugués, i.e. il existe un isomorphisme d’es-
paces vectoriels u:E→E0tel que f0=ufu−1.
2. Les modules Efet E0
f0sont isomorphes.
En particulier lorsque E=E0, les endomorphismes fet f0sont semblables si et
seulement si les modules Efet Ef0sont isomorphes.
Démonstration. — Supposons qu’il existe un isomorphisme d’espaces vectoriels u:
E→E0tel que f0=ufu−1. L’application uest aussi K[X]-linéaire vis-à-vis des
structures de module sur Efet E0
f0. En effet, on a pour tout entier kla relation
u◦fk=f0k◦u, qui se traduit par u(Xk·x) = Xk·u(x). Puis la linéarité par rapport
àKimplique que u(P·x) = P·u(x)pour tout P∈K[X]. La bijectivité de uimplique
que c’est un isomorphisme entre les modules Efet E0
f0.
Réciproquement, si u:Ef→E0
f0est un isomorphisme de modules, alors c’est en
particulier un isomorphisme d’espaces vectoriels (être linéaire par rapport à Kest
plus faible qu’être linéaire par rapport à K[X]). La relation u(X·x) = X·u(x)se
traduit par u(f(x)) = f0(u(x)) pour tout x∈E, autrement dit u◦f=f0◦u.
Étudier les endomorphismes d’espace vectoriel à similitude près revient donc à
étudier certains modules sur K[X]à isomorphisme près (on verra plus loin à quel
type de modules on peut se restreindre). Voici deux exemples de K[X]-modules, qui
vont constituer les "blocs de base" de notre étude.
Exemple 1.11. — Soit P∈K[X]un polynôme unitaire de degré n, que l’on écrit
P=Xn+Pn−1
k=0 akXk. On considère le K[X]-module K[X]/(P). Ce module est
en particulier un K-espace vectoriel (K[X]est une K-algèbre), dont une base est
donnée par la famille (1, X, X2,· · · , Xn−1)(4). Considérons l’endomorphisme d’espace
4. On note Qla classe d’un polynôme Qmodulo P.