DOSSIER THÉMATIQUE Gynécologie-obstétrique et psy Douleurs pelviennes chroniques : entre le sacré et le honteux Pelvic chronic pains: between sacral and shameful P. Lévy-Soussan* L * Psychiatre, psychanalyste, Paris. a localisation pelvienne de la douleur, trajectoire des nerfs honteux et sacrés, peut vite – trop vite – être interprétée comme relevant immédiatement d’une cause psychique, tant la mariée est belle et la région évocatrice de sexualité. L’accusation d’hystérie n’est jamais loin dans l’entourage de la patiente, et parfois dans le cercle des médecins, car la théorie de l’utérus migrateur est toujours présente dans l’inconscient médical, utérus qui peut bien déclencher toutes ces douleurs quand il viendrait à bouger pour fuir sa primolocalisation ! N’oublions pas que faire respirer des sels à une femme évanouie avait été mis en place à la suite de cette théorie dans le but de faire redescendre l’utérus par répulsion de cette odeur si désagréable… Nous ne développerons pas ici le versant hypocondriaque des algies pelviennes qui nécessiterait un chapitre à part, l’hypocondrie étant largement méconnue de nos jours. Ces douleurs sont parfois particulièrement difficiles d’accès aux médecins tant elles sont honteuses et culpabilisées par la femme, mais aussi par l’homme, je le rappelle ici par souci d’exhaustivité. Parfois elles sont sacrées : inatteignables, rebelles à toute approche clinique, organisant des rituels, des pratiques quasi magiques, réorganisant la vie entière de la patiente dans les formes les plus sévères. Le médecin est alors interpellé par des sentiments violents et contradictoires vis-à-vis de la patiente : il oscille entre agressivité et empathie. Certains, plus pressés par la volonté “d’en finir” avec la douleur, voire avec la patiente, que par raison médicale, multiplieront les examens agressifs invasifs, insistant parfois pour mettre en place des thérapies lourdes, une chirurgie intempestive. D’autres banaliseront 34 | La Lettre du Gynécologue • n° 378-379 - janvier-février 2013 le tableau clinique, laissant la patiente à sa solitude, voire à sa responsabilité, après lui avoir dit que “c’était dans la tête”. Les autres tenteront, une fois qu'ils auront récupéré la patiente à la suite d’une errance diagnostique et thérapeutique, de ne pas tomber dans le piège du médecin tout-puissant, sacré aux yeux de la patiente, sans lui promettre non plus la terre promise. L’approche des douleurs chroniques nécessite une patience et une empathie souvent mises à rude épreuve par la patiente. Nous détaillerons ici le masque algique de la dépression parfois concomitante avec une midlife crisis – que nous appelons en France une crise du milieu de la vie – tant la dépression est fréquente, en particulier chez la femme dans la période ménopausique. L’approche multifocale et pluridisciplinaire est alors pleinement justifiée pour ne pas être seul face à la violence qu’un tableau douloureux communique à l’ensemble des soignants. Rappel sur les théories psychosomatiques “L’erreur présente répandue parmi les hommes est de vouloir entreprendre séparément la guérison du corps et celle de l’esprit.” Platon. La théorie psychosomatique tente de donner une théorisation psychique à la fois des maladies psychosomatiques et des atteintes dites fonctionnelles ou idiopathiques. En aucun cas l’implication du psychique dans l’origine, l’évolution, la chronicité d’une douleur ne doit laisser entendre au patient une phrase du type Points forts »» Nous situons les douleurs au sein d’une approche historique globale de l‘individu en rappelant les similarités avec d’autres tableaux cliniques psychosomatiques et fonctionnels. »» La localisation pelvienne de la douleur peut trop vite être interprétée comme relevant d’une cause psychique sans que le médecin ait pris soin d’éliminer une cause somatique. »» Le médecin est soumis à des sentiments contradictoires vis-à-vis de la patiente : il oscille entre agressivité et empathie. C’est entre ces registres qu’il devra effectuer les examens complémentaires. L’approche des douleurs chroniques nécessite une patience et une empathie que la patiente met souvent à rude épreuve. La dépression masquée sera détaillée dans son versant algique, elle est fréquente chez la femme pré- ou ménauposique et parfois concomitante avec une crise du milieu de la vie. “rassurez-vous, vous n’avez rien”, une fois le bilan organique effectué pour éliminer une étiologie organique. Une telle phrase reflète non seulement un déni massif du médecin face au poids du psychique dans l’économie douloureuse d’une pathologie, mais elle culpabilise aussi le patient vis-à-vis de sa maladie ou, pire, lui fait penser que le médecin le considère comme un fabulateur, ce qui fera échouer toute prise en charge thérapeutique de la chronicité de son atteinte algique. C’est dans la seconde moitié du xixe siècle, en pleine expansion de la vision organiciste de la maladie, que le terme psychosomatique est utilisé pour la première fois. La psychosomatique suppose au départ l’existence de facteurs d’ordre psychique qui vont rendre compte de la causalité et de l’étiopathogénie de certaines maladies. On peut constater à quel point cette conception globaliste de l’homme est proche de la vision hippocratique de la maladie, tant la dialectique de l’âme et du corps est chose ancienne. Pourtant, l’“âme” des anciens ne se résume pas à la notion du “psychique” au xixe siècle, et encore moins à la notion de “causalité psychique de la maladie”, car elle était fortement sous l’influence des “humeurs”, de l’environnement atmosphérique, etc. La psychosomatique serait donc une approche nouvelle d’un problème ancien d’une énigme toujours actuelle. F. G. Alexander, élève et collaborateur de S. Ferenczi, a créé aux États-Unis un courant de psychosomatique appelé “médecine psychosomatique”. Sa conception repose sur une approche dualiste du malade somatique associant un point de vue psychanalytique et un point de vue physiopathologique (tableau I). Ces travaux ont abouti à l’édification de profils de personnalités reliés à un certain nombre de maladies somatiques, dites psychosomatiques : asthme, ulcère gastroduodénal, hypertension artérielle, etc. Tableau I. Théories psychosomatiques et conceptions antagonistes de la maladie. Notion de dualisme somapsyché : avoir une maladie Approche mécaniste, anatomiste, atomistique, galiéniste Notion moniste de la maladie : être malade Approche vitaliste, humorale, totaliste, hippocratique Pour lui, la maladie peut être la résultante d’une somme de facteurs étiologiques intervenant plus ou moins dans son apparition : ➤➤ la naissance : ••facteurs génétiques, ••facteurs constitutionnels, ••existence de traumatismes obstétricaux, d’une fœtopathie d’origine infectieuse, toxique ; ➤➤ l'enfance : ••nursing, qualité des interactions précoces, ••c limat affectif familial (carence, angoisse, dépressivité), pathologie psychique parentale, ••traumatismes physiques ou psychiques familiaux ou personnels, carences affectives, deuils, séparations pertes, ••maladies pouvant augmenter la vulnérabilité ; ➤➤ l'adolescence, l'âge adulte : ••t raumatismes physiques, psychiques, deuils, séparations, pertes, ••q ualité, quantité des expériences affectives, sociales. Dans cette logique, la théorie psychanalytique a pu être mal utilisée, comme aboutissant à une conception d’une “causalité purement psychique de la maladie”, comme un facteur étiologique unique et totalisant à mettre au même rang qu’une cause purement organique qui déclencherait une maladie. Le risque de cette vision est de ne plus appréhender à leur juste valeur les composantes organiques en cause dans l’étiopathogénie du trouble et de culpabiliser à outrance le patient : “Vous avez fait votre cancer.” Que d’échecs de prise en charge par incompréhension radicale ou par passage intempestif d’une simplification d’idées complexes dans le grand public ! Il est bien plus intéressant de tenter d’appréhender la charnière psychosomatique comme une unité indissociable, une synthèse qui reste toujours à interroger comme le dit l’adage : “Une maladie psychosomatique est 100 % somatique et 100 % psychique.” Cet adage souligne bien le monisme à l’œuvre où tantôt le psychique, tantôt le somatique, est le “tout” de la maladie, l’identité entre 2 versions d’un processus unique. Pour comprendre les conditions dans lesquelles a pu se développer une maladie somatique, la psycho­ somatique psychanalytique actuelle ne part pas de Mots-clés Psychosomatique Crise du milieu de la vie Dépression masquée Highlights »»Our approach to breast pain is based on the patient’s overall history ; this approach is used with other similar psychosomatic and functional clinical profiles. »»When the pain is located in the pelvic region, the physician could attribute it too hastily to a psychic cause, without first eliminating a possible somatic origin. »»The physician has conflicting feelings about the patient : they alternate between aggressivity and empathy. He will have to perform the complementary examinations in this state of mind. The management of chronic pain requires great patience and empathy, which are often sorely tried by the patient. We will discuss the pain dimension of masked depression, which is frequent in pre-menopausal and menopausal women, and sometimes coincides with midlife crisis. Keywords Psychosomatic Midlife crisis Masked depression La Lettre du Gynécologue • n° 378-379 - janvier-février 2013 | 35 DOSSIER THÉMATIQUE Gynécologie-obstétrique et psy Annoncez vous ! ces Des annon es nell profession gratuites pour les étudia nts Contactez Valérie Glatin au 01 46 67 62 77 ou faites parvenir votre annonce par mail à [email protected] Douleurs pelviennes chroniques : entre le sacré et le honteux la maladie comme le fait la médecine classique, mais de l’individu malade et de son fonctionnement psychique. La psychosomatique psychanalytique se situe en opposition au courant strictement médical, car elle part de la notion de maladie pour en rechercher tous les facteurs étiologiques, biologiques et psychiques. La pratique psychanalytique tente toujours d’élaborer le sens d’un symptôme, quel qu’il soit. Pourtant, avec les maladies psychosomatiques, 2 conceptions s’affrontent : ➤ le symptôme somatique serait vecteur d’un sens dans la vie du sujet et aurait une dimension symbolique ; ➤ le symptôme somatique serait un non-sens. Il aurait une valeur substitutive, mais dépourvue de dimension symbolique (École de Paris de psychosomatique). Il révélerait une vulnérabilité psychique face à une saturation émotionnelle liée à des conflits non élaborés, sans possibilité de décharge, aboutissant à une transformation des productions psychiques, affectives en somatisations et non en symptômes névrotiques ou comportementaux. Les somatisations résulteraient ainsi de l’échec des systèmes de défense psychique. Deux concepts semblent essentiels pour cette école, car ils sont souvent retrouvés dans les décompensations somatiques sévères : ➤ la dépression essentielle (P. Marty), qui est une modalité dépressive caractérisée par l’absence d’expressions symptomatiques. Elle se définit par un abaissement général du tonus de vie. On ne retrouve dans le vécu dépressif essentiel ni sentiment de culpabilité ni autoaccusation mélancolique. La dépression essentielle se révèle ainsi par sa négativité symptomatique ; ➤ la pensée opératoire, qui est un mode de pensée actuelle, factuelle et sans lien avec une activité fantasmatique ou de symbolisation. Elle accompagne les faits plus qu’elle ne les représente. Clinique Trouble psychofonctionnel, ou fonctionnel On appelle trouble psychofonctionnel, ou fonctionnel, toute altération de fonctionnement d’un organe liée à des conflits psychologiques sans lésion de cet organe. Cette modification entraîne soit une exagération du fonctionnement normal, soit un amoindrissement de la fonction de l’organe considéré. 36 | La Lettre du Gynécologue • n° 378-379 - janvier-février 2013 Dans la zone pelvienne, comme le souligne le Pr Marès dans ce même numéro (page 39), l’intrication de multiples organes sensibles avec de nombreux facteurs déclenchants rend difficile l’isolation d’une seule étiologie sans un examen clinique et paraclinique soigneux. Le tableau II rappelle les exemples de troubles fonctionnels et de douleurs pelviennes. Et il ne faut pas oublier les douleurs pelviennes déclenchées par l’examen gynécologique lui-même, en particulier avec spéculum, même effectué avec le plus grand soin. Tableau II. Exemples de troubles fonctionnels. Appareil cardiaque Tachycardie secondaire à de la peur, de la joie, une surprise, un stress chronique Appareil respiratoire Essoufflement, spasme, oppression thoracique : stress Appareil digestif Augmentation de la sécrétion gastrique : agressivité, situation conflictuelle Boule œsophagienne”, vomissements à la suite d’un stress Majoration ou diminution des fonctions vésiculaires : douleurs, dyskinésies vésiculaires Hypo- ou hypersécrétion du pancréas : stress, conflit Diminution du péristaltisme intestinal : constipation fonctionnelle Augmentation du péristaltisme intestinal : diarrhée psychogène Appareil locomoteur Algies aiguës, chroniques Crampes de l’écrivain, dystonies Divers Troubles sexuels : impuissance, dyspareunie, frigidité Dysménorrhées Douleurs pelviennes chroniques : zone colo-vésicomusculo-neuro-génitale - Facteurs traumatiques (physiologiques, psychologiques, chirurgicaux, gestes invasifs) - Facteurs infectieux - Rapports sexuels : lien avec une dyspareunie - Postexamen gynécologique Trouble psychosomatique On appelle trouble psychosomatique une affection où la participation psychique joue un rôle important dans le déclenchement des troubles organiques. Un processus de somatisation est une chaîne d’événements psychiques qui favorisent le développement d’une affection somatique. DOSSIER THÉMATIQUE Tableau III. Exemples de troubles psychosomatiques. Appareil respiratoire Asthme Appareil digestif Ulcères gastriques, maladie de Crohn, rectocolite-ulcérohémorragique Affections allergiques Eczéma, rhume des foins, coryza spasmodique, urticaire Appareil cardiaque Hypertension artérielle, angine de poitrine, myocardiopathie non obstructive de stress Appareil locomoteur Rachialgies Appareil neurologique Migraines, crises céphalalgiques Douleurs pelviennes chroniques résiduelles par sensibilisation centrale et/ou médullaire Maladies générales Maladies auto-immunes, maladies cancéreuses Divers Herpès Le tableau III présente des exemples classiques de troubles psychosomatiques, mais la liste n’est pas exhaustive tant l’apparition d’une somatisation est l’une des manifestations les plus fréquentes de réponse à un conflit psychique ou à un stress. Dépression et dépression masquée par les douleurs pelviennes Tout tableau dépressif peut se révéler par un tableau algique (40 % des dépressions). L'encadré décrit un exemple dont l'étiologie n'est pas toujours bien connue des somaticiens : celui du milieu de la vie. Bien entendu, nous ne traiterons pas exhaustivement l’ensemble des étiologies dépressives, nous ferons juste un rappel de cette cause, fréquente dans un tableau de survenue de la ménopause, dans une période de bilan qu’une femme fait de sa vie affective, de couple, professionnelle ou sociale, des buts oubliés, des objectifs jamais atteints. La dépression masquée illustre parfaitement l’approche psychosomatique de l’individu comme une totalité, tant le corps et l’esprit prennent des voix si intriquées pour dire leur souffrance. L’esprit parle par le corps, le corps parle par la douleur, symptôme des plus psychiques et si trompeur. Ulysse aurait-il été atteint d’une crise du milieu de la vie chez Calypso, lui qui avait tout à sa portée (L’Urgence, Milan Kundera) ? Pourquoi regarder en arrière en milieu de vie : nost-algie, passé-douloureux, ce mouvement qui paralyse l’avancée d’une vie en une rumination incessante des plaisirs anciens. Le présent est vécu sans désir ni passion, le futur sans lendemain, autant de signes qui évoquent une dépression, parfois masquée par un tableau algique. La crise du milieu de la vie est l’exemple même de la dépression avec résurgence du passé qui réactive souvent autant de processus de deuil jamais bien résolus, de promesses jamais tenues et qui ne le seront jamais plus. La dépression du milieu de la vie, l’âge du “Never More”, comme le dit si bien Verlaine dans ses Poèmes saturniens dédiés à la mélancolie, est l’exemple même d’une cause psychogène d’une dépression qui fait suite à un bilan trop lucide de sa vie, comme seule la dépression le permet. Elle atteint aussi bien les femmes que les hommes et peut prendre chez les femmes le masque d’une douleur bien réelle : on l’appelle alors dépression masquée. Le diagnostic est alors plus délicat, car le tableau médical est au devant de la scène. Le concept de dépression masquée est relativement récent et date des années 70. Malgré l’absence d’un consensus précis sur les implications étiologiques de cette dépression (endogène ou psychogène ?), elle est caractérisée par le masquage des symptômes dépressifs (humeur dépressive, ralentissement psychomoteur) par d’autres symptômes, le plus souvent somatiques. Le masquage est un élément dépressif inapparent dont les symptômes peuvent dominer le tableau clinique et résumer à eux seuls l'ensemble de la symptomalogie dépressive. Dans la dépression masquée somatique, les manifestations somatiques sont au premier plan, en particulier les symptômes algiques. Les plaintes digestives, lombaires, pelviennes, les céphalées traînantes • Calypso, pendant 7 ans, retint Ulysse sur son île. Il avait la plus belle femme du monde à ses côtés, l’existence d’un demi-dieu, la dolce vita... • Au bout de 7 années, il redit à Calypso, qui lui demandait les raisons de son malaise : “Je sais que la très sage Pénélope n’offre au regard ni ta beauté, ni ta stature, et néanmoins, j’espère, je désire à tout moment me retrouver chez moi et vivre l’heure du retour.” • À son retour, Ulysse rapporta au roi de Phéacie ses aventures, mais chez lui, personne ne lui demanda de les raconter, car elles appartenaient au passé. Encadré. Ulysse et Calypso : crise du milieu de la vie. La Lettre du Gynécologue • n° 378-379 - janvier-février 2013 | 37 DOSSIER THÉMATIQUE Gynécologie-obstétrique et psy Douleurs pelviennes chroniques : entre le sacré et le honteux sine materia sont particulièrement fréquentes. On retrouve aussi des troubles du sommeil persistants, résistants aux thérapeutiques hypnotiques, ainsi que des états asthéniques qualifiés de fonctionnels. Plusieurs caractéristiques aident à rattacher ces troubles à la dépression : ➤➤ plaintes vagues et variables d’un jour à l’autre ; ➤➤ absence ou peu d’anxiété concomitante ; ➤➤ disproportion entre la plainte et le retentissement général considérable ; ➤➤ normalité des bilans organiques ; ➤➤ inefficacité des traitements somatiques ; ➤➤ déni farouche de toute dépression. Au moindre doute, l’avis du psychiatre peut être utile. Il instaurera un traitement antidépresseur dont l’efficacité aura aussi une valeur rétrospective diagnostique. Principes thérapeutiques Pour en savoir plus Marty P. L’ordre psychosomatique. Paris : Payot, 1980. Lévy-Soussan P. Psychiatrie, 3e éd. Paris : Collection Med-Line ENC, 2007:548. Les principes thérapeutiques sont guidés par les constatations suivantes : ➤➤ l’évolution d’une maladie est influencée par la personnalité du sujet, sa résistance, sa résignation, son renoncement, sa lutte, ses émotions ; ➤➤ le pronostic d’une maladie est lié à la qualité de l’alliance thérapeutique ; ➤➤ l’approche multidimensionnelle du sujet ne réduit plus ce dernier à sa maladie et améliore sa qualité de vie. ➤➤ le traitement systématique de l’affection en cause ou, quand il existe, un traitement curatif ou palliatif. Un traitement antidépresseur est mis en place dans l’étiologie dépressive. Il peut avoir un but antalgique dans certains cas. Parfois, la thérapie doit aussi inclure une approche sociale de la maladie pour éviter l’isolement ou la rupture des soins. L’approche psychosomatique en médecine est aussi une approche particulière de la relation médecin/ malade et de la maladie. Le sujet n’est ni réduit à sa maladie ni considéré comme unique responsable de ses troubles. Le piège du caractère plaqué de la causalité psychique (“c’est dans la tête”) ne doit 38 | La Lettre du Gynécologue • n° 378-379 - janvier-février 2013 jamais servir d’excuse pour ne pas faire d'investigations médicales poussées pour déterminer la cause des problèmes. Cette approche devrait aussi permettre de proposer au patient une thérapeutique psychothérapique complémentaire afin d’éviter qu’il ne s’enferme dans une vision trop dissociée et dichotomique de sa maladie où le somatique serait tout et le psychique ne serait rien. Le traitement psychothérapique des patients atteints de douleurs chroniques doit être réalisé par des psychanalystes formés à la clinique et à la théorie psychanalytique, et ayant reçu une formation approfondie dans le champ de la psycho­ somatique. La psychothérapie ne doit pas simplement rassurer face à l’irruption d’une douleur chronique mais aussi analyser : ➤➤ l’apparition, la genèse des symptômes ; ➤➤ l’évolution des symptômes en fonction des événements extérieurs et intérieurs ; ➤➤ l’impact de la douleur sur la personnalité (réactions non spécifiques de la maladie) ; ➤➤ l’attitude face aux soins médicaux : résistance, opposition, nomadisme, etc. Plusieurs règles doivent être respectées : ➤➤ le traitement complémentaire des thérapeutiques médicales, parfois chirurgicales ; ➤➤ Le lieu où se déroule la psychothérapie doit être différent de celui dans lequel les soins médicaux sont pratiqués ; ➤➤ le psychothérapeute ou le psychanalyste ne peut être le médecin traitant. Les troubles psychosomatiques des affections psychofonctionnelles relèvent aussi de la relaxation, technique de détente du corps. Le thérapeute apprend au patient à relâcher des groupes musculaires déterminés, segment de corps par segment de corps. La technique la plus employée est celle de Schultz, du nom de son auteur. La relaxation suppose parfois que le patient poursuive ses exercices par lui-même. Elle peut aussi être une relaxation d’inspiration psychanalytique quand elle est pratiquée par un psychanalyste. Certaines approches de la douleur chronique incluent des thérapies cognitives ciblées. ■