L`article dans le BIC n°110 - Cliniques universitaires Saint-Luc

OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE ET NEUROPHYSIOLOGIE
1 - BIC110décembre - janvier 2005
Acquisition d’un olfactomètre
Testez votre odorat
Les Services d’oto-rhino-laryngologie et de neurophysiologie
des Cliniques ont fait l’acquisition d’un olfactomètre. Un
dispositif, unique, destiné à l’évaluation «ultra scientifique» de
l’odorat.
Le récent prix Nobel de médecine attri-
bué aux américains Linda Buck et
Richard Axel vient de révéler les pro-
grès de la science dans le domaine du sys-
tème olfactif. Basés sur des re c h e rc h e s
menées en biologie moléculaire, ces tra-
vaux ont permis de clarifier le fonction-
nement de la codification du message
olfactif. Outre ces découvertes de re c h e rc h e
fondamentale, la médecine a également
réali, au cours de ces dernières années, des
progrès intéressants dans la mise au point
des troubles olfactifs.
Bien que réduit à sa plus simple expre s-
sion par rapport à d’autres espèces ani-
males, le sysme olfactif humain inter-
vient dans nombre de nos comportements
et conditionne notre qualité de vie. Or, les
t roubles de l’odorat et les troubles du goût
(qui leur sont souvent associés), consti -
tuent une plainte fréquente en oto-rhino-
laryngologie et en neuro l o g i e, indique le Dr
Philippe Rombaux, ORL.
A l’origine du trouble olfactif, les spé-
cialistes distinguent généralement deux
types de cause : les causes périphériques et
les causes centrales. Dans le premier cas, la
molécule odorante ne parvient plus à sti -
muler l’épithélium olfactif situé dans la
partie supérieure des fosses nasales ,
explique le spécialiste, et dans le second,
c’est l’acheminement du message nerveux
au niveau du cerveau qui fait défaut. C’est
ainsi que de nombreux tableaux cliniques
peuvent être à l’origine de ce trouble neu-
rosensoriel : des patients atteints d’une
maladie inflammatoire au niveau des sinus
ou d’une maladie générative du cerveau.
Ce peut être aussi des patients ayant subi
un accident de la route avec contusion de
la base du crâne ou encore des personnes
ayant manipulé et respiré des substances
toxiques.
Déterminer l’intensité du trouble
Lorsqu’il s’installe progressivement, le
t rouble olfactif est parfois difficile à déce-
l e r. L o rsque la perte est brutale par contre ,
ce phénomène inquiète car il altère la qua -
lité de vie, les plaisirs de l’alimentation et
L’olfactomètre permet de savoir si le patient possède un odorat normal.
Photo: DR
2- BIC110 décembre - janvier 2005
OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE ET NEUROPHYSIOLOGIE
e n g e n d re chez le patient un stress lié à
son incapacité de déclencher des réactions
d’alerte (comme la détection d’une fuite
de gaz par exemple).
Au cours de ces derniers mois, plusieurs
techniques permettant de tester l’odorat
sont apparues dans les Services d’oto-rhi-
no-laryngologie et de neuro p h y s i o l o g i e
des Cliniques. La première est une mesure
semi-objective de l’odorat qui consiste à
présenter au sujet des sticks odorants per-
mettant d’avoir une idée sur le seuil olfac-
tif des patients, sur leur capacité discrimi-
n a t o i re ainsi que sur leur aptitudes à
identifier des odeurs différentes. Référe n-
à un groupe de patients normaux, le cli-
nicien peut estimer que le patient présen-
te une perte totale de son odorat (anosmie),
une perte partielle (hyposmie) ou au
c o n t ra i r e que son odorat est consicom-
me normal (normosmie). Pa rallèlement à
ces tests dits psychophysiques de l’odorat,
l’endoscopie naso-sinusienne et l’image-
rie médicale apporteront une aide pré-
cieuse au spécialiste.
Analyser et objectiver l’odorat
Par ailleurs, grâce à la coopération entre
les Services d’oto-rhino-laryngologie et de
n e u r ophysiologie, il est également possible
d ’ o b t e n i r, aujourd’hui, à Saint-Luc, une
analyse objective de l’odorat au moyen des
potentiels évoqués olfactifs et trigéminaux.
Effectuée grâce à un olfactomètre, un
stimulateur ingénieux et complexe (lire
encadré), l’analyse de lactivité cérébra l e
( é l e c t ro e n c é p h a l o g r amme ou EEG) et l’ana-
lyse des réponses obtenues en fonction de
la stimulation (potentiels évoqués) per-
mettront d’objectiver la perte ou non de
l ’ o d o rat. Les applications de cette tech -
nique sont bien entendu cliniques, mais
peuvent également intéresser la re c h e rc h e
fondamentale (neurophysiologie, neuro -
psychologie, otorhinolaryngologie) ainsi
que la médecine légale (expertise des
t roubles neurosensoriels après un acci -
dent de la voie publique). Actuellement,
seules les Cliniques univers i t a i res Saint-
Luc possèdent ce type de stimulateur en
Belgique.
En cas de doute, n’hésitez donc pas à
consulter: une prise en charge précoce
p o u r rait peut-être sauver votre plaisir à
humer la rosée du matin ou à profiter d’un
bon verre de vin. XL
Rens. : Dr Philippe Rombaux, Unité de
chirurgie cervico-faciale et de rhinologie,
Service d’ORL, Tél.: 02 764 19 42 - 02 764
19 30, RV pour la consultation rhinolo -
gique, le test d’olfactométrie et les poten -
tiels évoqués olfactifs : Pr J-M. Guérit, Uni -
de neurophysiologie clinique, Service de
N e u rologie, secrétariat : 02 764 19 32.
CE QUE RÉVÈLE LOLFACTOMÈTRE
L’ o l f a c t o m è t re (notre photo) per-
met de stimuler l’épithélium olfactif
(potentiel évoqué olfactif) et la muqueu-
se nasale via la diffusion de substances
o d o rantes. Assis face à l’appareil, le
patient reçoit via un embout nasal, pen-
dant vingt à quarante minutes, des
o d e u rs à visée, soit purement olfactives
(il s’agit souvent d’eau de rose sous la
forme du 2-phenylethyl alcohol), soit
sensitives (du gaz carbonique), avec à
la clé des potentiels évoqués olfactifs
et trigéminaux.
Par ailleurs, afin de mener à bien cet
examen, le patient doit être tendu (et
ne doit donc pas être perturbé par des
éléments extérieurs).
Disponibles dès que l’analyse infor-
matique est terminée (le lendemain de
l’examen), les résultats indiquent si oui
ou non le patient possède un odora t
normal. Il n’est toutefois pas (encore )
possible de conclure que tel sujet a un
nez plus fin qu'un autre. L’ o l f a c t o m è t re
ne permettra donc pas de repérer d’of-
fice de «super-œnologues»...
Photo: DR
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