L`article dans le BIC n°110 - Cliniques universitaires Saint-Luc

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OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE ET NEUROPHYSIOLOGIE
Acquisition d’un olfactomètre
Testez votre odorat
Les Services d’oto-rhino-laryngologie et de neurophysiologie
des Cliniques ont fait l’acquisition d’un olfactomètre. Un
dispositif, unique, destiné à l’évaluation «ultra scientifique» de
l’odorat.
Photo: DR
e récent prix Nobel de médecine attribué aux américains Linda Buck et
Richard Axel vient de révéler les progrès de la science dans le domaine du système olfactif. Basés sur des recherches
menées en biologie moléculaire, ces travaux ont permis de clarifier le fonctionnement de la codification du message
olfactif. Outre ces découvertes de recherche
fondamentale, la médecine a également
réalisé, au cours de ces dernières années, des
progrès intéressants dans la mise au point
des troubles olfactifs.
Bien que réduit à sa plus simple expression par rapport à d’autres espèces animales, le système olfactif humain intervient dans nombre de nos comportements
et conditionne notre qualité de vie. Or, les
troubles de l’odorat et les troubles du goût
(qui leur sont souvent associés), consti tuent une plainte fréquente en oto-rhinolaryngologie et en neurologie, indique le Dr
Philippe Rombaux, ORL.
A l’origine du trouble olfactif, les spécialistes distinguent généralement deux
types de cause : les causes périphériques et
les causes centrales. Dans le premier cas, la
molécule odorante ne parvient plus à sti muler l’épithélium olfactif situé dans la
partie supérieure des fosses nasales ,
explique le spécialiste, et dans le second,
c’est l’acheminement du message nerveux
au niveau du cerveau qui fait défaut . C’est
ainsi que de nombreux tableaux cliniques
peuvent être à l’origine de ce trouble neurosensoriel : des patients atteints d’une
maladie inflammatoire au niveau des sinus
ou d’une maladie dégénérative du cerveau.
Ce peut être aussi des patients ayant subi
un accident de la route avec contusion de
la base du crâne ou encore des personnes
ayant manipulé et respiré des substances
toxiques.
L
L’olfactomètre permet de savoir si le patient possède un odorat normal.
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Déterminer l’intensité du trouble
Lorsqu’il s’installe progressivement, le
trouble olfactif est parfois difficile à déceler. Lorsque la perte est brutale par contr e,
ce phénomène inquiète car il altère la qua lité de vie, les plaisirs de l’alimentation et
OTO-RHINO-LARYNGOLOGIE ET NEUROPHYSIOLOGIE
Photo: DR
CE QUE RÉVÈLE L’ OLFACTOMÈTRE
L’olfactomètre (notre photo) permet de stimuler l’épithélium olfactif
(potentiel évoqué olfactif) et la muqueuse nasale via la diffusion de substances
odorantes. Assis face à l’appareil, le
patient reçoit via un embout nasal, pendant vingt à quarante minutes, des
odeurs à visée, soit purement olfactives
(il s’agit souvent d’eau de rose sous la
forme du 2-phenylethyl alcohol), soit
sensitives (du gaz carbonique), avec à
la clé des potentiels évoqués olfactifs
et trigéminaux.
Par ailleurs, afin de mener à bien cet
examen, le patient doit être détendu (et
ne doit donc pas être perturbé par des
éléments extérieurs).
Disponibles dès que l’analyse informatique est terminée (le lendemain de
l’examen), les résultats indiquent si oui
ou non le patient possède un odorat
normal. Il n’est toutefois pas (encore)
possible de conclure que tel sujet a un
nez plus fin qu'un autre. L’olfactomètre
ne permettra donc pas de repérer d’office de «super-œnologues»... ■
engendre chez le patient un stress lié à
son incapacité de déclencher des réactions
d’alerte (comme la détection d’une fuite
de gaz par exemple).
Au cours de ces derniers mois, plusieurs
techniques permettant de tester l’odorat
sont apparues dans les Services d’oto-rhino-laryngologie et de neurophysiologie
des Cliniques. La première est une mesure
semi-objective de l’odorat qui consiste à
présenter au sujet des sticks odorants permettant d’avoir une idée sur le seuil olfactif des patients, sur leur capacité discriminatoire ainsi que sur leur aptitudes à
identifier des odeurs différentes. Référencé à un groupe de patients normaux, le clinicien peut estimer que le patient présente une perte totale de son odorat (anosmie),
une perte partielle (hyposmie) ou au
contraire que son odorat est considéré comme normal (normosmie). Parallèlement à
ces tests dits psychophysiques de l’odorat,
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l’endoscopie naso-sinusienne et l’imagerie médicale apporteront une aide précieuse au spécialiste.
Analyser et objectiver l’odorat
Par ailleurs, grâce à la coopération entre
les Services d’oto-rhino-laryngologie et de
neurophysiologie, il est également possible
d’obtenir, aujourd’hui, à Saint-Luc, une
analyse objective de l’odorat au moyen des
potentiels évoqués olfactifs et trigéminaux.
Effectuée grâce à un olfactomètre, un
stimulateur ingénieux et complexe (lire
encadré), l’analyse de l’activité cérébrale
(électroencéphalogramme ou EEG) et l’analyse des réponses obtenues en fonction de
la stimulation (potentiels évoqués) permettront d’objectiver la perte ou non de
l’odorat. Les applications de cette tech nique sont bien entendu cliniques, mais
peuvent également intéresser la recherche
fondamentale (neurophysiologie, neuro -
psychologie, otorhinolaryngologie) ainsi
que la médecine légale (expertise des
troubles neurosensoriels après un acci dent de la voie publique). Actuellement,
seules les Cliniques universitaires SaintLuc possèdent ce type de stimulateur en
Belgique.
En cas de doute, n’hésitez donc pas à
consulter: une prise en charge précoce
pourrait peut-être sauver votre plaisir à
humer la rosée du matin ou à profiter d’un
bon verre de vin. ■ XL
Rens. : Dr Philippe Rombaux, Unité de
chirurgie cervico-faciale et de rhinologie,
Service d’ORL, Tél.: 02 764 19 42 - 02 764
19 30, RV pour la consultation rhinolo gique, le test d’olfactométrie et les poten tiels évoqués olfactifs : Pr J-M. Guérit, Uni té de neurophysiologie clinique, Service de
Neurologie, secrétariat : 02 764 19 32.
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