Division Endocrinologie Diabétologie et Obésité Pédiatrique Complications de l’obésité de l’enfant Eglantine Elowe-Gruau 26.05.2016 (3.5 DS) 40 kg/m2 BMI Courbes SSP P99.5 % (+ ~3 DS): obésité extrême P97 % (+ ~2 DS) : obésité P90 % (+ ~1.3 DS): surpoids z-score (3.5 DS) 40 kg/m2 BMI Courbes SSP P99.5 % (+ ~3 DS): obésité extrême P97 % (+ ~2 DS) : obésité P90 % (+ ~1.3 DS): surpoids Complications liées à l’obésité Persistance à l'âge adulte Cutanées Métaboliques cancer Endocriniennes Cardiovasculaires Surmortalité Psychosociales Troubles orthopédiques Respiratoires National Geographic Channel 2009 Persistance à l’âge adulte (1) Poids dans l’enfance % obèses à l’âge adulte normal 15 % surpoids 65 % obèse 82 % Juonala et al. Circulation 2005, 112:1486-93 Persistance à l’âge adulte (2) • Hommes BMI très élevé à l’adolescence (14-19 ans): RR 15 d’avoir un BMI > 30 à l’âge adulte ( >10 ans plus tard) • Femmes BMI très élevé à l’adolescence: RR 12 d’avoir un BMI > 30 à l’âge adulte Anders et al. Epidemiology. 2004. 15:79-84 Surmortalité liée à l’obésité n=4857 enfants, âge initial moyen 11.3 ans Obésité dans l’enfance fortement associée au risque de mort prématurée (<55 ans) de cause endogène Franks PW et al. N Engl J Med. 2010Feb.11;362(6):485–93. Complications psycho-sociales Troubles du comportement Addictions - Tabac - Substances psychoactives - Jeux, achats… - Agitation, opposition, impulsivité - Agressivité… Troubles dépressifs (20%) - tristesse, irritabilité, isolement - Idées suicidaires Troubles anxieux (30%) Troubles des conduites alimentaires (10-50%) - Hyperphagie boulimique, compulsions - Night eating syndrome - Phobie sociale - Angoisse de séparation - TOC, attaques de panique… Golay et al. Diabete metab. 2001 Sudres et al. Neuropsychiatrie de l’enfance et adolescence. 2013 Complications cardio-vasculaires • Hypertension artérielle (HTA) • Athérosclérose et accidents vasculaires Risque de maladie cardiovasculaire en fonction de l’évolution du BMI Trouble cardiovasculaire N= 37 674 hommes BMI à l’adolescence BMI à l’âge adulte Tirosh A, et al. N Engl J Med. 2011 . Hypertension artérielle chez l’enfant obèse (1) Prévalence 11 à 30% Définition: TA normale < P90 Etat pré-HTA : P90-95 HTA stade I: P95-99 HTA stade II: > P99 2 mesures au moins Bonnes conditions Brassard adapté Consultation spécialisée Remler : Mesure ambulatoire TA sur 24h Pediatrics 2004;114:555 Hypertension artérielle (2) Clinique: Asymptomatique+++ Céphalées, épistaxis, palpitations, nausées, vomissements, douleurs abdominales, vertiges, scotomes, bourdonnements d’oreille. Traitement Diminution du BMI Activité physique (>20 minutes 3x/sem) Restriction sodée(< 2.5 g/jour si possible) Arrêt du tabac +/- IEC (↑sensibilité insuline, protection rénale) +/- inhibiteurs calciques (2ème intention) diurétiques et beta bloquants (rarement utilisés) Pediatrics 2004;114:555 Complications respiratoires Apnées obstructives du sommeil Asthme Déconditionnement à l’effort Complications respiratoires Apnées obstructives du sommeil • 25% des enfants obèses (vs 2% des enfants non-obèses) • Corrélation avec BMI et degré d’hypertrophie amygdalienne • Retentissement sur activité diurne, concentration, comportement • Traitement: ↓BMI, amygdalectomie, VNI Centre du sommeil (polysomnographie) + ORL + pneumologie Wing et al. Arch Dis Child. 2003 Complications respiratoires Asthme • Fréquence: étude sur 3792 enfants, 7-18 ans - RR chez enfants en surpoids non-allergiques: 1.52, 95% IC (1.14, 2.03) - RR enfants obèses non-allergiques: 1.77, 95% IC (1.08, 2.36) - Corrélation plus marquée chez la fille • Prise en charge: • Evaluation pneumologique • +/- tests allergologiques • Traitement en cas de crise • +/- traitement de fond Corticoïdes Gilliland et al. Am J of Epidemiology. 2015 Troubles orthopédiques ↑ risque de trauma des MI avec ↑ du BMI (fracture, entorse..) Epiphysiolyse de la tête fémorale (gonalgies, coxalgies..) Douleurs musculo-squelettiques (61% vs 9%) Ostéochondrite (hanche, genou, rotule, talus) Arthrose précoce Morphotype: pieds plats varus, genu varum Avis orthopédique Prévention: APA/physiothérapie • Piscine, cycling, stair steppers • Exercices au sol • Importance échauffement et étirements – warm-up/cool down • Utilité des attelles (genou – cheville) Complications métaboliques Dyslipidémie Stéatose hépatique Résistance à l’insuline / DT2 Syndrome métabolique Adipocyte Adipocyte dysfonctionnel Stress oxydatif ECM Hypoxie cellulaire Diminution de la flexibilité métabolique Sécrétion altérée des adipokines Angiotensine Inflammation chronique TNFα Leptine Œstrogène Insuline/IGF-1 HGF IL6 Lipotoxicité Dyslipidémie VEGF Résistance à l’insuline locale et systémique ECM Effet multiplié si associé à une dysfonction du tissu intra abdominal Prolifération cellulaire AntiApoptose ECM= matrice extracellulaire Survie cellulaire Critères définition prédiabète - diabète Normal Prédiabète Diabète Glycémie à jeun (mmol/L) ≤ 5.5 5.6 – 6.9 ≥ 7.0 (4) 2-h glycémie au HGPO/OGTT (mmol/L) ≤ 7.7 7.8 – 11.0 ≥11.1 HbA1c (%) ≤ 5.6 5.7 – 6.4 ≥ 6.5 Autre Le syndrome métabolique Signes classiques (polyurie, polydipsie, fatigue) Et glycémie random ≥11.1 mmol/L (6) Critères définition syndrome métabolique Le diagnostic requière la présence d’une obésité centrale et deux autres facteurs Groupe âge (ans) Tour de taille Triglycérides (mmol/L) Cholestérol-HDL (mmol/L) Tension artérielle (mmHg) Glycémie à jeun (mmol/L) 6 ≤ 10 ≥ P90 (2) 10 ≤ 16 ≥ P90 (2) ≥ 1.7 ≤ 1.03 ≥ 94 cm ♂ ≥ 80 cm ♀ ≥ 1.7 ou traitement spécifique en cours ≤ 1.03 (homme) ≤ 1.29 (femme) ou traitement spécifique en cours TA syst. ≥ 130 ou TA dias. ≥ 85 TA syst. ≥ 130 ou TA dias. ≥ 85 ou Traitement spécifique en cours ≥ 5.6 ou diabète type 2 ≥ 5.6 ou diabète type 2 >16 Zimmer et al. Pediatrics 2007 Tour de taille mi-distance entre le bord inférieur de la dernière côte palpable et le bord supérieur de la crête iliaque (WHO, 2008b). Ratio tour de taille / taille ≥ 0.5 !! http://www.drsharma.ca/wp-content/uploads/sharma-obesity-waist-circumference.jpg Dyslipidémie Définition: Chol. tot > 5.2 mM LDL > 3.4 mM HDL < 0.91 mM TG > 1.5 mM AHA, 2003 Stéatose hépatique (NAFLD) Fréquence: dans les pays industrialisés, • NAFLD: 3 à 10% des enfants et adolescents • > si obèses (80% dans certaines ethnies) Hépatomégalie: environ 50% des cas Dépistage: ALAT + échographie abdominale ↑ gamma-GT: fibrose avancée? Biopsie hépatique: pas de consensus. • Doute diagnostique • Suspicion de maladie hépatique Thérapeutique: non-spécifique • ↓ du BMI et activité physique+++ • Probiotiques? omega-3? Metformine? Antioxydants? • Chez l’enfant, vitamine E associée à une amélioration des tests hépatiques. SSGHNP. 2014 Troubles de la tolérance glucidique Prévalence du DT2 dans le monde Sinha R et al. The New England journal of medicine. 2002 Troubles de la tolérance glucidique: définitions • Résistance à l’insuline (IR): pas de norme consensuelle. HOMA-IR ≥ 2.7 • “Pré-diabète”: • • Hyperglycémie à jeun: glycémie à jeun entre 5.6 et 6.9 mM • Intolérance au glucose: glycémie T120 entre 7.8 et 11.1 mM (OGTT) DT2: • Glycémie à jeun ≥ 7.0 mM • et/ou glycémie T120≥ 11.1mM • et/ou glycémie random ≥ 11.1 mM en présence de signes cliniques typiques American Diabetes A. Classification and diagnosis of diabetes. Diabetes care. Jan 2015. Résistance à l’insuline: comment l’évaluer? I. Clamp hyper-insulinémique eu-glycémique II. Test Oral de la Tolérance au Glucose (OGTT) III. Insuline à jeun IV. HOMA Levy-Marchal C, Arslanian S, et al. . J Clin Endocrinol Metab. 2010 Résistance à l’insuline: comment l’évaluer? I. Clamp hyper-insulinémique eu-glycémique II. Test Oral de la Tolérance au Glucose (OGTT) III. Insuline à jeun IV. HOMA Levy-Marchal C, Arslanian S, et al. . J Clin Endocrinol Metab. 2010 Résistance à l’insuline: conséquences •Hyperinsulinémie •Grande taille, prise de poids •Acanthosis nigricans •Diabète type 2/prédiabète •Dyslipidémie •Stéatose hépatique •Dysfonction ovarienne Hyperandrogénie Oligoménorrhée Semple RK et al. Endocrine Reviews, 2011 DT2: dépistage chez l’enfant obèse • Age ≥ 10 ans (ou début de puberté si celle-ci survient plus tôt) • En présence de ≥ 2 FDR suivants: DT2 chez apparenté(s) du 1er ou 2e degré Ethnie à risque Signes de résistance à l’insuline ou conditions associées (acanthosis nigricans, HTA, dyslipidémie, PCOS, ancien RCIU) Diabète gestationnel maternel American Diabetes A. Classification and diagnosis of diabetes. Diabetes care. 2015. Comment dépister ? Glycémie et insulinémie à jeun OGTT Place de l’HbA1C ? Buse et al. HEALTHY Study Group. 2015 Etude DEDOP n=148 Median age (range), years Female / male (%) Tanner 1 / Tanner 2-5 (%) Median BMI Z-Score, (range), SDS High-risk ethnicity (%) T2D in 1̊ / 2̊ relative (%) High-risk group per ADA (%) High blood pressure (%) Dyslipidemia (%) HbA1C (%) 11.9 (3.2-18.7) 53/47 37/63 2.92 (2.0-12.9) 24 (n=35) 26 (n=38) 34 (n=51) 8 (n=12) 24 (n=35) 5.3 (5.0-5.9) Résultats DEDOP: dépistage selon OGTTT Intérêt de l’OGTT vs. Glycémie à jeun seule GAJ seule Résultats de l’OGTT et groupe à risque selon la ADA Intérêt de l’HbA1C Parmi les 7% de patients avec HbA1C pathologique (>5.7%) Mauvaise corrélation de l’HbA1C avec diagnostic à l’OGTT Prise en charge DT2 Suivi trimestriel 0 ans ? Mode de vie Intervention Intolérance au glucose Mode de vie Metformine + Metformine insuline basale Diabète HbA1c > 7 FPG ≥ 7 Insulino-thérapie intensifiée + Metformine HbA1c > 7 FPG ≥ 7 Insulino-thérapie intensifiée + thérapie orale combinée HbA1c > 7 FPG ≥ 7 Hannon et al. Diabetes Care. 2006 Évaluation primaire Evaluation clinique et paraclinique Facteurs de risque Examen clinique dirigé Anamnèse familiale: Diabète familial type 2 Hypercholestérolémie Hypertension artérielle Ethnicité africaine, asiatique, mexicaine Anamnèse personnelle RCIU Troubles pubertaires Médicaments Troubles du sommeil Tour de taille, taille, envergure, vitesse de croissance, TA, FCard, FResp, Obésité généralisée/abdominale/ proximale Acanthosis nigricans, puberté Signe d’endocrinopathie Organomégalie Bilan métabolique « de base » à jeun: Glucose, cholestérol totale, -LDL- et -HDL, triglycerides, ALAT, TSH OGTT dès l’âge de 10 ans si facteur de risque Evolution rapide Signes d’alarme. Étiologie. Comorbidité Signes d’hypertension intracrânienne Signe d’insuffisance cardio-pulmonaire Retard de croissance inadéquat ou vitesse de croissance < 4 cm/année Trouble neurologique Retard développemental, trouble neurologique, hypotonie Dysmorphisme (obésité sévère, troubles des yeux, facies, microcéphalie, trouble squelettique, surdité, malformation rénale) Signe d’hypothyroïdie, signe d’hypercorticisme, signe de trouble phosphocalcique Hypogonadisme Hypertension artérielle Apnées du sommeil Polyurie Polydipsie Puberté avancée ou retardée Hirsutisme, signe de PCOS Trouble psychologique MH 2012 Complications endocriniennes • puberté précoce/tardive • Pubarche précoce • Gynécomastie • Syndrome des ovaires polykystiques (PCOS) • Hyperandrogénie • Infertilité Troubles pubertaires / pubarche précoce • Puberté précoce: • plutôt chez la fille (seins < 8 ans) • Centrale idiopathique • Retard pubertaire: • plutôt chez le garçon (testicules prépubères > 14 ans) • Pubarche précoce: • pilosité pubienne <8 ans chez la fille et < 9 ans chez le garçon • AO, Androgènes, 17 OHP (hyperplasie congénitale surrénales) Avis endocrinologique Hyperandrogénie -Acné -Hirsutisme (score de F-G) -Alopécie -Modification de la voix Avis spécialisé Hirsutisme si score >8 Eliminer une cause surrénalienne ou tumorale PCOS est l’étiologie dans 80 % des cas Syndrome des ovaires polykystiques (PCOS) Pathologie endocrinienne la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer, prévalence entre 8.5 et 12%. Parmi elles, 30 à 80% sont obèses. Lien avec l’obésité: cause et conséquence ↑ obésité abdominale (effet des androgènes sur la répartition des graisses) Hyperinsulinémie majore l’hyperandrogénie (↑ sécrétion par les cellules thécales et ↓ SHBG) PCOS (2) NIH (National Institute Health) 1990 Conférence de consensus de Rotterdam 2003 AES (Androgen Excess Society) 2006 Les 2 critères sont exigés: 2 critères sur 3 exigés: Les 2 critères sont exigés: 1) Oligoménorrhée (< 9 cycles/an) ou aménorrhée 1) Oligo-/ aménorrhée 1) Hyperandrogénie : clinique et/ou biologique 2) Hyperandrogénie clinique et/ou biologique 2) Hyperandrogénie clinique et/ou biologique 3) Aspect évocateur à l’échographie pelvienne Exclusion de toute autre cause Exclusion de toute autre cause d’hyperandrogénie d’hyperandrogénie 2) Dysfonction ovarienne : - oligoménorrhée ou aménorrhée - et/ou aspect évocateur à l'échographie pelvienne Exclusion de toute autre cause d’hyperandrogénie PCOS et adolescence: • Large recoupement entre PCOS et puberté physiologique (acné, troubles du cycle) • Difficultés à définir les normes biochimiques des androgènes • Echographie pelvienne par voie endovaginale souvent non réalisable => perte de sensibilité PCOS: critères échographiques • Au moins 12 follicules de 2-9 mm de diamètre par ovaire • et/ou un ovaire dont le volume est >10 ml Aspect échographique de PCOS, Balen et al, 2003 PCOS au sein de la DEDOP Prévalence du PCOS dans la population étudiée PCOS Hyperandrogénie idiopathique Aspect échographique évocateur d'ovaires polykystiques PCOS parmi les patientes obèses: 43% selon l’AES vs 10% dans la population générale oligoménorrhée isolée obèse sans critère PCOS Risque métabolique 5% 10% 9% 43% 33% N=21 Atteintes cutanées Acanthosis Nigricans Mycoses des plis Acné Vergetures Hirsutisme Cancer et obésité ↑ Risque global de cancer et de cancers spécifiques. Rôles: IGF1 Insuline Oestradiol http://www.e-cancer.fr Gasco et al. European Journal of Cancer Prevention. 2004 Intervenants … Pédiatre / Med famille Psychologue Chirurgien Psychiatre Orthopédiste Diététique Obésité Cardiologue Sociologue ORL / Pneumologue Activité physique Gastroentérologue Endocrinologue/ Diabétologue Merci de votre attention