plus en cas d’ascite, de masses pariétales sur carcinose
évoluée ou encore en cas d’antécédent de gastrecto-
mie partielle ou de tout autre remaniement interne et
adhérences. La plupart du temps, la gastrostomie de
décharge est très bien tolérée. Aussi, il nous paraît
important de rassurer les patients sur cette technique et
de savoir ne pas attendre pour la réaliser quand elle
devient nécessaire. Les patientes en occlusion sur car-
cinose par cancer de l’ovaire et encore traitées par
chimiothérapie illustrent bien cette réalité [17]. L’étude
prospective [18, 19] que nous avons menée sur 4 ans
au CHU de Grenoble auprès de 75 patients recevant
ou non une chimiothérapie et présentant un syndrome
occlusif non résécable sur carcinose (80 épisodes
occlusifs car 5 patients ont eu 2 épisodes occlusifs à
distance l’un de l’autre) montre que nous réalisons
tardivement ce geste. Dix patients ont eu recours à cette
technique après échec des traitements médicamenteux
symptomatiques dont 6 pour cancer de l’ovaire. La
médiane du délai pour sa réalisation après l’échec
était de 17 jours (12 à 35 jours). La médiane de durée
de vie après l’intervention était de 13 jours (de 6 à
125 jours) soit proche de celle de 17 jours dans une
étude comparable auprès de 51 patients [7]. Cela
souligne certes le mauvais pronostic des patients consi-
dérés, mais aussi nos difficultés à poser l’indication de
la gastrostomie et à l’organiser.
L’utilisation de la sonde nasogastrique
L’aspiration nasogastrique soulage partiellement des
symptômes pénibles de l’occlusion. Elle n’est plus sys-
tématique depuis le développement des traitements
médicamenteux antisécrétoires (essentiellement butyl-
bromure de scopolamine et octréotide) qui, en associa-
tion ou non à un antiémétique, permettent le plus
souvent un contrôle des vomissements. Le groupe
d’experts de l’Association européenne de soins pallia-
tifs (EAPC) [20] recommande son utilisation en cas de
vomissement invalidant en début de traitement seule-
ment dans l’attente de l’efficacité des médicaments ou
en cas d’échec de ceux-ci et d’impossibilité de pose
d’endoprothèse ou de réalisation d’une gastrostomie
de décharge. Une sonde naso-gastrique (SNG), sauf
exception, ne devrait plus être utilisée au-delà de
quelques jours compte tenu de l’inconfort important
qu’elle représente et de son caractère invasif : immobi-
lisation du patient, douleurs et infections nasales et
pharyngées, sinusite, ulcération de l’aide du nez, éro-
sion œsophagienne, pneumopathie d’inhalation, etc.
En pratique, il faut aussi savoir le retirer rapidement
même chez un patient qui n’a pas repris de transit.
Compte tenu du volume sécrétoire gastrique habituel,
elle n’a pas de raison d’être si elle ramène moins de un
litre/24 h [19].
Le traitement pharmacologique
Il s’appuie sur les recommandations de l’EAPC, confir-
mées par la récente revue de la littérature de Merca-
dante et al. [21] qui souligne l’intérêt d’une approche
pharmacologique multimodale permettant une syner-
gie entre les médicaments utilisés. Le traitement associe
corticoïdes, antisécrétoires, antiémétiques et antalgi-
ques. La réhydratation parentérale intraveineuse ou
sous-cutanée, avec correction d’éventuels troubles
hydroélectrolytiques, est systématique en phase aiguë.
Les corticoïdes
L’étude multicentrique randomisée en double aveugle
que nous avons réalisée il y a quelques années [22]
comparait la méthylprednisolone (1 ou 4 mg/kg/j,
3 jours) au placebo chez 40 patients cancéreux en
occlusion intestinale non opérable (avec ou sans carci-
nose) et sans SNG. Elle retrouvait deux fois plus
(p= 0,047) de levée d’occlusion sous stéroïdes que
sous placebo, sans toutefois pouvoir préciser
l’influence de la posologie sur le résultat obtenu.
L’actuelle insuffisance de travaux sur des populations
homogènes (type de cancer, carcinose ou non...) et en
nombre suffisant (> 100 patients) rend difficile les
conclusions et la question reste débattue. Dans notre
expérience, il semble que les corticoïdes sont d’autant
plus efficaces sur la levée d’occlusion que le patient
n’en recevait pas au préalable comme si l’effet
antiœdémateux libérant la lumière intestinale était
maximal lors d’une première utilisation. L’étude sur le
CHU de Grenoble [18, 19] montre bien, en effet, dans
l’étape I du protocole alors utilisé, que 20 des 25
(80 %) levées d’occlusions sous corticoïdes l’étaient
chez des patients qui n’en recevaient pas auparavant,
contre 30 sur 55 (55 %) patients sans levée d’occlusion
et qui étaient déjà sous corticoïdes. Cette différence est
significative (p= 0,03). Cela nous invite de manière
générale à plutôt utiliser les corticoïdes en cure courte
de quelques jours seulement, et à les renouveler si
besoin. Ces résultats initiaux nous paraissent toutefois
très importants pour le confort des patients. L’action
antiémétique, coanalgésique et stimulante des corticoï-
des est également intéressante.
Les antisécrétoires : anticholinergiques,
analogues de la somatostatine
et inhibiteurs de la pompe à protons
Des études comparatives [23-25] entre l’antisécrétoire
anticholinergique, la hyoscine butylbromide, encore
appelée butylbromure de scopolamine (Scoburen
®
)(à
bien différencier de la scopolamine que nous ne recom-
mandons plus dans cette indication car trop sédative)
et l’antisécrétoire analogue de la somatostatine,
Mini-revue
Hépato-Gastro, vol. 14, n°6, novembre-décembre 2007
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