Albert Gleize dans “ Puissance du cubisme ” précise : “ La forme est en même temps
mouvement et lumière : par sa force rythmique courbe elle ajoute le temps à l’étendue ”.
“ Les spectacles du monde ne sont que des reflets d’images dans le miroir de l’oeil ”.
L’Art, en tant qu’expression transfigurée du sensible, réside dans le lien de ce
temps-mouvement (durée) avec la forme-lumière (étendue).
Gleize cherche à définir les conditions de “ l’appréhension spirituelle de la lumière ”,
par opposition aux propriétés du spectre lumineux. Le rendu artistique doit restituer la
lumière invisible qui l’inspire !
Mais, dis t’il, les couleurs de l’arc en ciel ne sont pas des faits physiques, mais des faits
psychophysiologiques correspondants aux différentes longueurs d’ondes que nous
pouvons percevoir (ce qui n’est pas le cas pour l’infra-rouge et l’ultra-violet).
Le cercle chromatique n’est que la mise en cercle de ce “ semblant ” ;
Il en résulte que ce semblant réifié, que nous considérons comme un réalité objective, a
véritablement un statut de mythe !
Pour Gleize, mettre en forme des couleurs, c’est agir sur un “ contenu ” d’ordre
métaphysique, et ensuite avec l’approche sémiotique (primauté du signe sur la forme),
s’exprimer par un contenu d’ordre culturel.
Il faut considérer le “ contenu ” comme le vecteur ontologique du sensible !
* * *
9- Wittgenstein déclare dans le “ Tractatus ” (1921° : “ Le monde est la totalité des
faits, non des choses ”…Il prétends, non sans raisons, que nous attrapons des “ crampes
mentales, à vouloir nettoyer nos notions et à chercher de clarifier ce qui peut être dit du
monde ”. Cette réalité extérieure au langage, nous pouvons la montrer du doigt,
l’éprouver mais pas la dire…, précise Roger Pol-Droit.
Que faut-il penser de cette primauté de l’événement, en tant que manifestation de la
réalité ?
Cette phénoménalité a une origine, qui reste virtuelle et potentielle, dont on aimerait
bien cerner davantage les contours et les mécanismes !
N’y a t’il pas toujours une origine au niveau des idées, comme anticipation du
formel-événementiel à venir ? En bref pour les “ chercheurs d’absolu ” :
Les idées sont t’elles une chaîne d’interprétation des faits, ou est ce le contraire ?
Wittgenstein se veut concret et pratique ; il relativise dans “ Recherches
philosophiques ” le “ jeu de la nomination ” : “ Les mots n’ont que le sens qu’on leurs
donne ”..De ce fait la “ signification ” est moins dans le couple signifiant/signifié
(corpus formel), que dans son –emploi (aspect opérationnel).
Cette valeur d’usage primordiale justifie les nuances de l’interprétation comme la
polysémie de nombreux mots.
Je reviens sur cette situation, inconfortable mais recherchée avec persévérance, du
Philosophe prenant un appui quelque part entre le dicible et l’indicible.