Orientation au pays des mots

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Orientation au pays des mots
Pour bien nous entendre lors des échanges qui vont avoir lieu durant la session, je vous
propose un parcours d'orientation dans le vocabulaire que nous allons utiliser, afin de nous
mettre d'accord sur ce dont nous allons parler ensemble, sur notre langage commun.
1 – L’expression
Est expression : ce qui pousse vers le dehors. C’est la manifestation d’un geste, d’une
attitude, d’un mot … qui n’est pas faite volontairement mais qui cependant signifie quelque
chose
2 - Le
langage
A - Au sens large
- a : utilisé dans une acception vague et souvent peu rigoureuse : tout ce en
quoi on peut trouver l'expression d'un sens (ex. langage des fleurs, de la nature, de l'art…)
- b : système de signes compris par un groupe d'êtres vivants et leur permettant
de communiquer entre eux en échangeant des informations ( ex. langage des abeilles… ou des
dauphins ). (Le cri des singes est un début de langage, un système de communication assez
perfectionné.)
B – Le langage humain
a- le langage humain non-verbal : les hommes communiquent entre eux non
seulement par le moyen de mots, mais aussi avec tout leur corps : par des attitudes, des
expressions du visage, par le regard, par des gestes …Il y a aussi un langage gestuel chez les
animaux.
b- le langage verbal humain : système de signes organisés selon une double
articulation .
Pour parler de manière signifiante il faut articuler ensemble :
- des sons (les unités de sons s’appellent des « phonèmes ») il y en a une trentaine
de phonèmes en français ; ce matériel sonore d’un signe, c’est ce qu’on appelle le
signifiant.
- et du sens (les unités de sens s'appellent « monèmes » ) ils sont quelques milliers
en français L’image mentale à laquelle renvoie le signe, c’est ce qu’on appelle le
signifié.
- le signe linguistique est donc composé de signifiant et de signifié.
Nous avons besoin de mots communs pour communiquer mais du coup ces mots
communs ne peuvent jamais complètement désigner une expérience ou une réalité qui est
toujours particulière et donc incommunicable. Ceci rend inévitables des incompréhensions et
des malentendus.
Ces mots communs ou généraux – ex bateau - sont ce qui rend possible la pensée
abstraite, la conceptualisation. Les animaux, eux, sont incapables de prendre de la distance
par rapport à leur vécu immédiat, incapables de pensée abstraite, mais aussi incapables de
mentir ou de faire de l’humour, puisque leur système de communication « colle» à la réalité,
ce qui n’est pas le cas de celui des hommes qui, lui, est capable de pensée symbolique.
C- La Langue
-
Le langage verbal est universel (c’est une structure commune à tous les hommes)
La langue est particulière (spécifique à un groupe culturel : ainsi le français, le
russe, le dogon…),
- La parole est singulière ( propre à chacun )
Il n'y a pas de "langage humain", il n'y a que des langues qui sont l'incarnation de la
capacité humaine de langage au sein d'une culture particulière, alors que, par contre, il y a un
langage animal propre à chaque espèce.
La langue est un produit social de la faculté de langage, c'est un système formel de
conventions adoptées par le corps social qui construit une vision commune du monde.
Il y a même des "sous-langues", la langue des savants n'est pas la même que celle des
jeunes des banlieues ou des SMS, celle des Poursuivants a aussi ses codes différents (éviter
les jugements, les discours idéologiques), ses thèmes récurrents (ex la laïcité), ses manières de
s'exprimer (ex « carrefours d'appropriation », « prospects ») qui ne sont pas ceux d'un militant
du PC ou d'une congrégation de moniales bénédictines!
-
3 - La Parole
Elle vient du latin "parabola" (qui veut dire métaphore) devenu "paraula" en latin
chrétien
Dans le sens commun la parole est liée à l'oral.
C'est le plus souvent un énoncé chargé de sens : parler c'est s'adresser à quelqu'un
pour lui dire quelque chose ; en ce sens la parole peut être écrite ou orale, on parle aussi d'une
"parole intérieure".
La parole au sens strict, loin d’être du bavardage, est une réalité humaine essentielle,
toujours incarnée, portée par un sujet, et adressée à un autre ; elle nécessite une mobilisation
globale de la personne : l'homme construit sa personnalité à travers le jeu de paroles
échangées
4 - Le Silence
La langue latine discerne deux formes de silence:
A - tacere : est un verbe actif dont le sujet est une personne, il marque un arrêt ou une
absence de parole en référence à un homme.
En grec : siôpan : se taire
B - silere : est un verbe intransitif, il ne s'applique pas seulement à un homme mais
aussi à la nature, aux objets, aux animaux. Il désigne plutôt la tranquillité, une tonalité paisible
de la présence que n'interrompt aucun bruit.
En grec : sigân : être en silence, baigner dans le silence
NB : Les mots mutique, muet - qui seraient à mettre du côté du silence - sont à relier à
d'autres qui viennent de la même racine « mû » (qui évoque la clôture, au sens du
recueillement, du regard tourné vers l'intérieur, du secret) qui joignent la parole et l’ineffable :
le mystère, le mythe et la mystique .
Mardi
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