Les dimensions psychologiques des élèves :

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Les dimensions psychologiques des élèves :
la face cachée de l’école
Martine Alcorta
Maître de conférence
Psychologie du Développement et de l’Education
Université de Bordeaux-2
Paroles d’enseignants à propos de la motivation
« Dans ma classe, j’ai un élève qui ne fait rien, il est passif, il ne voit visiblement pas pourquoi travailler et ne
trouve aucun intérêt à l’école. J’ai rencontré ses parents qui sont d’un milieu défavorisé et qui ont été très peu
scolarisés. Ils ne lui offrent aucun soutien pour les devoirs et ne voient eux-mêmes aucun intérêt à l’école »
« Dans ma classe, il y a aussi un élève qui présente les mêmes problèmes de désintérêt, de passivité… Pourtant,
sa famille n’appartient pas à un milieu particulièrement défavorisé et loin de ne lui offrir aucun soutien, elle est
très exigeante et attend de lui d’être parmi les meilleurs de sa classe »
Je vous trouve bien négatifs. Dans ma classe, il y a un élève qui au début de l’année était en grande difficulté.
Maintenant, il progresse constamment et, même lorsqu’il a des difficultés, il n’abandonne pas. Au contraire, il
s’accroche. Il est plus attentif à ses progrès personnels et, du coup, j’ai l’impression qu’il prend plaisir à
apprendre »
Importance de
Les Représentations de soi
L’estime de soi
Le sentiment d’efficacité personnelle
Les représentations du contexte
Les buts d’apprentissage
En quoi est-il intéressant de s’intéresser à ces dimensions psychologiques ?
 Parce qu’elles agissent indirectement sur les performances scolaires des élèves
 Parce qu’en retour les performances scolaires agissent sur ces dimensions psychologiques
 Parce qu’il est nécessaire de ne pas rendre seul responsable l’élève de son échec ni de culpabiliser les
enseignants en dédouanant le système de toute responsabilité.
Le sentiment d’auto efficacité c’est :
La confiance qu’un individu a dans ses capacités pour faire face à une tâche
Il détermine la façon dont il va faire face à cette tâche et le niveau de réussite qu’il va atteindre
L’illusion d’incompétences c’est :
L’illusion d’incompétences est un décalage entre résultats effectifs de l’élève, mesurés par des épreuves
standardisées, et l’évaluation que l’élève a de ses capacités
Ces élèves présentent les caractéristiques suivantes :
 Faible estime de soi
 Pas de plaisir et d’intérêt pour apprentissage
 Interviennent peu en classe, font peu d’efforts
 Pensent qu’ils ne peuvent agir sur leurs réussites
 Pensent que leurs parents les croient peu compétents
L’estime de soi c’est :
La valeur qu’une personne s’accorde dans un domaine
Elle est à différencier de la connaissance de soi ou concept de soi qui est la façon dont une personne se définit
Elle est à différencier du sentiment d’auto efficacité qui est un jugement sur ses capacités à réussir une tâche et
non un jugement sur sa valeur
Un concept multidimensionnel
estime de soi
Y-a-t-il un lien entre estime de soi et performances scolaires?
L’estime de soi scolaire diminue progressivement au fur et à mesure que le niveau scolaire des élèves diminue,
mais jusqu’à un certain seuil qu’on peut considérer être celui des plus faibles
Qu’est-ce qui peut faire varier l’estime de soi dans le contexte scolaire ?
 Les expériences de réussites et d’échecs
 L’évaluation et le jugement de l’enseignant
 Naturalisation de la réussite
Si la copie est bonne, on peut dire
« Ca ne m’étonne pas de toi » ou
« Je vois que tu as la bosse des maths ».
Le but est de déboucher sur la naturalisation du trait de personnalité lié au comportement attendu.
 Dénaturalisation de l’échec
« Je dis bien que ta copie n’est pas bonne, mais je ne dis pas que tu n’es pas doué pour les Mathématiques, je suis
même persuadé du contraire et je suis sûre que tu feras mieux la prochaine fois »
Le principe de dénaturalisation permet à l’élève de ne pas considérer qu’il est dans sa nature d’échouer dans telle
ou telle matière »
UN EXEMPLE :
RENTRÉE CHEZ ELLE, UNE PETITE FILLE DIT À SA MÈRE : « MAMAN, À L’ÉCOLE ANGÈLE ET LES
AUTRES, ELLES NE ME PRENNENT JAMAIS POUR JOUER »
D’après vous quelle est la réponse susceptible de mieux aider cette petite fille qui doute d’elle-même?
RÉPONSE A
« Angèle est une idiote et ses copines aussi, ne t’occupes pas d’elles. Tu n’as qu’à jouer dans ton coin
tranquillement. Et si elles ne sont pas gentilles avec toi, j’irai voir ta maîtresse »
RÉPONSE B
« Ah Zut! Et ça te rend triste? Bon raconte-moi ça.
Qu’est-ce qu’elles te disent exactement?
Et que fais-tu alors?
RÉPONSE C
« Ah, elles ne te prennent jamais pour jouer? Je vois, je vois..Ca te rappelle quand tu étais petite et que les grands
ne voulaient pas jouer avec toi, hein? Et c’est pour ça que cette année, tu as de moins bonnes notes…Tu as peur
de ne pas être intéressante, que plus personne ne t’aime… »
VOUS AVEZ RÉPONDU A?
Un peu interventionniste ? Non ?
Le risque est que la fillette en arrive à la conclusion que :
les personnes qui la rejettent ou la critiquent sont sans valeur, ce qui est une façon artificielle de protéger son
estime de soi.
 Sans sa mère ou son défenseur, elle ne peut être socialement reconnue, ce qui n’est pas bon non plus pour
l’estime de soi
VOUS AVEZ RÉPONDU C ?
Vous êtes plutôt intrusif et impératif !
Risqué pour l’estime de soi !
Si les interprétations sont vraies, l’enfant va penser qu’il est transparent au regard des autres, que les parents sont
tout puissants et comprennent mieux que lui ce qui se passe et ce qu’il faut faire : et chez certains cela dure toute
la vie…
Si en revanche les interprétations sont fausses, l’enfant se sentira seul et incompris : même ses parents ne peuvent
se rapprocher de lui…
VOUS AVEZ RÉPONDU B?
Avant de prendre position, vous cherchez à comprendre comment l’enfant voit la réalité.
Bénéfices pour l’estime de soi : se sentant important et respecté, l’enfant participera à la recherche de solutions
Qu’est-ce qui peut faire varier l’estime de soi dans le contexte scolaire ?
Les expériences de réussites et d’échecs
L’évaluation et le jugement social de l’enseignant
Le groupe de référence auquel l’élève se compare
L’estime de soi fonctionne par comparaison sociale
Un élève en difficulté se dévalorise-t-il plus lorsqu’il est dans une classe spéciale ou dans une classe «normale» ?
« Effet mare aux grenouilles » Frog pond effect
Les buts de maîtrise et les buts de performance
L’engagement dans une tâche peut résulter de deux types de buts :
Buts de maîtrise
Le sujet cherche à augmenter sa compétence, à comprendre o à maîtriser quelque chose de nouveau.
Buts de performance
Ils sont centrés sur la valorisation de soi, l’objectif est d’obtenir des jugements favorables sur sa compétence
Erreur
Difficulté
Les buts de maîtrise sont associés à un traitement en profondeur des connaissances et les buts de
performance à un traitement plus superficiel
La nature de l’engagement conditionne le rapport du sujet à l’aide.
Demander ou accepter de l’aide peut être perçue comme un aveu d’incompétence
L’aide est alors esquivée ou reçue passivement
Une difficulté ou un problème difficile est, soit une opportunité d’apprendre quelque chose (buts de maîtrise), soit
une menace pour l’estime de soi (buts de performance)
Il est plus facile de prendre le risque de se tromper si le but est d’apprendre puisque l’enjeu n’est pas faire la
preuve de sa compétence
On peut ne plus apprendre pour préserver son estime de soi
Les stratégies auto-handicapantes :
Auto complaisance
Auto handicap
Pessimisme défensif
Désengagement
Désidentification
Comment faire que l’estime de soi d’un élève ne soit plus associée à sa performance scolaire ?
 Faire en sorte de ne pas associer les indicateurs de la réussite (les notes) à l’intelligence
 Valoriser l’apprentissage plutôt que la performance
 Favoriser la comparaison de soi avec soi
Croire dans la réussite de tous!
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