Précis d’économie objective / Propositions premières de science économique / Chapitre 6 - Le profit Profit — « Différence entre l’ensemble des recettes d’une entreprise et l’ensemble de ses charges liées à la production et à la vente de ses biens et services. / Schématiquement, on peut considérer le profit comme " ce qui reste " à l’entreprise une fois payés par elle les prix de ses facteurs de production et, généralement, l’ensemble de ses charges. L’existence d’un profit suppose naturellement que l’ensemble de ses recettes (mesurées approximativement par son chiffre d’affaires) soit supérieur à l’ensemble de ses charges. » [1] Un autre ouvrage de vocabulaire économique, après avoir repris : « Profit — Différence entre la recette totale et le coût total d’une entreprise » [2], affirme dans la droite ligne de l’enseignement économique prévalant : « Le profit est un objectif à réaliser, qui résume l’ensemble des buts qui sont poursuivis par la firme. » [3] Mais dans ce « résumé », qu’en est-il du maximum de profit ? Les propositions et argumentations à suivre sont, bien entendu, en accord avec l’affirmation énoncée plus haut : les entreprises ne sont pas inéluctablement asservies à un maximum à l’avantage de leurs propriétaires ou dirigeants. Voici une économie politique qui fait du profit d’abord et finalement le terme d’un échange marchand. En voilà une autre qui ne le fait pas, comme c’est aujourd’hui encore le cas pour la plus enseignée. Sur ce point, l'une rompt avec l'autre. Celle qui le fait poursuit un projet ouvertement normatif fort différent du projet apparemment descriptif de l’autre. Au moyen des options méthodologiques d’où celle qui le fait tire ses aptitudes à l’objectivité, les sentiments ataviques et contradictoires que les notions de profit et de capital continuent à exciter sont enjambés. Ceci afin de faire reposer l’analyse primitive des faits économiques sur des concepts assez définis et indispensables pour qu’en user devienne impartial. L’alternative, qui reste encore la plus usitée, est la damnation sans issue des réponses à de l’idéologie par de l’idéologie, au sens péjoratif de ce mot. [1] Dictionnaire économique et financier, Yves Bernard / Jean-Claude Colli / Dominique Lewandowski, Inspecteurs des Finances, éditions du Seuil, première parution en 1975. Dans cette citation, les « recettes » sont les produits, au sens comptable de ce mot, entièrement constitués de chiffre d’affaires dans les entreprises qui sur la période considérée n’ont pas perçu de subvention. [2] Vocabulaire économique, Frédéric Teulon, Agrégé de l’Université, Presses Universitaires de France, coll. « Que sais-je ? » n° 2624, 1996. [3] Même source que la citation précédente, avec entre ces deux extraits : « Le profit a trois fonctions : – il rémunère les apporteurs de capitaux qui ont pris des risques et qui ont effectué des apports en travail ; – il représente une contrainte d’efficacité ; – il permet de dégager des ressources pour financer des investissements. » Dans cette assertion, « fonctions » est une manière dissimulée de dire « raisons d’être », car il faut détourner l’attention du statut logique de l’affirmation à suivre. Dire, en effet, que le profit « résume l’ensemble des buts de la firme » n’est logiquement recevable que s’il s’agit d’une hypothèse démontrée par la doxa. Comme ce n’est pas le cas et comme ce ne sera à coup sûr jamais le cas puisque l’entreprise est une chose et qu’il n’y a en réalité que des gens qui ont des buts, ce dire véhicule une contrevérité administrée par pétition de principe.