Démarrage Le démarrage 2. LE DÉMARRAGE 2.1. Analyse de la situation La première étape du démarrage consiste à faire l’état des lieux (d’où partonsnous ? – « Ist Zustand »). Cela signifie qu’il est impératif d’identifier le/s client/s du projet. En effet, il y a toujours plusieurs parties prenantes dans un projet. Nous trouvons en général : le mandant (client du projet), les utilisateurs et autres bénéficiaires du projet et les clients internes (direction, l’équipe de projet, le responsable des ressources humaines et chef de projet). L’important pour tous ces acteurs n’est pas la fonction, mais bien le rôle et les engagements que va chacun prendre dans le projet. Comme nous le verrons plus loin, plusieurs types d’organisation sont possibles. Elle dépend du type de projet, de sa nature, de sa taille, de son importance stratégique et de l’environnement dans lequel il se déroule. Tout projet a un client ! Mais qui est le véritable client du projet ? Est-ce le donneur d’ordre, le propriétaire, l’exploitant, l’utilisateur ou le consommateur final ou encore le maître de l’ouvrage ? Le chef de projet s’efforce de distinguer dès le début d’un processus « projet » le client « principal » ou sponsor sans pour autant négliger les autres parties prenantes. Faute de quoi il risque de se faire balader de l’un à l’autre. Le projet est toujours la recherche de la concrétisation d’une idée, l’idée est suscitée par un besoin, et le besoin ressenti par un individu ou un groupe d’individus. Il faut savoir que bien souvent le thème du projet n’exprime pas forcément les véritables attentes (=anticipation du besoin) du client. Le chef de projet satisfait en priorité le client identifié qui dispose effectivement de pouvoirs décisionnels. Il est important que le chef possède les documents liés à la traçabilité des négociations menées. Ceux-ci peuvent aussi donner une idée sur le climat des négociations. Gestion de projet 1/11 Le démarrage Exemples d’attitudes Tab. 1 Tendance du client Pressé Attente supposée du client Attitude dominante du chef de projet Tenir les délais Négocier les coûts et la performance Administrative Attentif aux règles et aux Respecter le formalisme normes A la recherche du profit Limiter les dépenses Proposer des variantes profitables Politique Popularité Communiquer et faire savoir Contraint par des pressions Eviter les bouleversements Modifier au minimum les extérieures habitudes Une fois les acteurs identifiés, leurs besoins/problèmes respectifs doivent être analysés. Ils vont se poser en terme d’exigences pour le chef de projet que nous trouvons globalement dans le concept et de manière plus détaillée dans le cahier des charges fonctionnel. 2.2. Fixation des buts / objectifs Après avoir étudié la situation initiale, le point de départ du projet, il faut fixer les buts du projet. Les buts sont des intentions et marquent la volonté de ceux qui les définissent ou écrivent. Ex. Nous voulons être plus présent sur le marché romand l’année prochaine. Ce but va être ensuite décliné en objectifs ou valeurs-cible à atteindre. En fait, pour atteindre un but, des critères doivent être choisis. Pour chacun d’eux, une valeur appelée valeur-cible doit être donnée pour pouvoir déterminer si le but est atteint ou non. Gestion de projet 2/11 Le démarrage CRITERES Part de marché VALEURS-CIBLE OUTILS + 20% Chiffre d’affaires CONTROLES Comptabilité Volume des ventes + 15% Quantité vendue Comptabilité des stocks Nombre de succursales +5 Projets d’implantation Inaugurations Un objectif a toujours des contraintes qui doivent être mentionnées et des ressources nécessaires pour les réaliser. De plus un but est un ensemble d’objectifs à atteindre. Ils peuvent être d’ordre : monétaire qualité technique temporel Pour mieux se situer par rapport à la définition d’un objectif, nous pouvons affirmer qu’il doit être : S...pécifique, il touche un domaine et un seul. M...esurable, c’est une valeur-cible avec une mesure. A…ttente, il répond à un besoin, c’est une satisfaction. R…éalisable, il est réaliste, faisable. T…emporel, il a une durée, un début et une fin. E…cologique, il est propre, correspond à une éthique. Dans le langage courant, la distinction entre but et objectif n’existe pas toujours. Ici, nous avons voulu essayer de présenter une approche technique pour son application dans la gestion de projet. Un bon test pour voir si les vrais objectifs ne sont pas dissimulés consiste à vérifier que le nom donné au projet ou son sous-titre correspond bien à ce qui figure au cahier des charges qui sera définitivement attribué. Gestion de projet 3/11 Le démarrage Nous savons aussi qu’en théorie, mais surtout en pratique, un arbre peut en cacher un autre. Dans un projet, il y a souvent des buts/objectifs secondaires ou alors des buts/objectifs déclarés et des buts/objectifs cachés. Les exemples ne manquent pas. Il est important que le chef de projet clarifie les buts/objectifs dès le départ pour éviter que la trajectoire du projet dévie dès son début. Le but d’un projet n’est rien d’autre qu’une réalité envisagée dans l’avenir (« soll Zustand »). Cette réalité future doit être définie avec précision et clarté. Les buts sont d’abord esquissés dans les grandes lignes et sont peu à peu affinés avec le client. Il en résulte que la définition des buts est belle et bien un processus itératif. Un projet doit satisfaire les besoins de toutes les parties prenantes (stakeholders). Méthodologie a) Si le mandant a des buts parfaitement clairs et bien formulés : 1. Voir si les buts ne sont pas contradictoires entre eux. Si c’est le cas : les reformuler pour éliminer les contradictions. 2. Discuter ces buts avec l’équipe de projet, le client, éventuellement les utilisateurs finaux pour s’assurer que tout le monde est d’accord avec les buts formulés. Ceci peut prendre du temps. Il n’est pas superflu de passer une ou plusieurs journées pour se mettre d’accord. 3. Continuer de préciser les buts – c’est un processus itératif, dans lequel on retombe sur des contradictions, on reformule. 4. Etablir une priorité des buts : lesquels sont indispensables, lesquels sont souhaitables (need to have, nice to have). 5. Vérifier que les buts soient formulés de manière neutre, en laissant ouvertes les diverses solutions techniques. Le quoi devrait déterminer le comment. b) Si le mandant a des buts plutôt vagues, peu précis, mal formulés : 1. Essayer de comprendre exactement le problème ou le besoin sous-jacent. 2. D’abord, le chef de projet essaye de formuler les buts du projet. Il les soumet au mandant, en discute, reformule, jusqu’à ce que le mandant et le chef de projet se soient mis bien d’accord. 3. Ensuite, continuer comme sous le point A ci-dessus. Gestion de projet 4/11 Le démarrage 2.3. Définition des Concepts globaux C’est répondre à la question « Comment aller ? » de la situation initiale connue vers le but projeté (inconnu). Il s’agit de trouver le chemin, appelé « variante ou scénario », qui conduit les acteurs du projet vers le but à atteindre. A ce stade, le chef de projet fait appel à des spécialistes du domaine du projet. C’est leur métier. La définition du concept comme ensemble de variantes est l’affaire des professionnels. Il aboutira dans la prochaine phase du projet, la préparation, à l’élaboration du cahier des charges. Dans l’étape de démarrage, il faut décrire les variantes (scénarios) globales possibles en indiquant pour chacune d’elles les avantages/inconvénients. Très souvent nous utilisons l’analyse SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats) qui donne pour chaque scénario une description globale sous la forme d’un tableau présentant les : Forces Faiblesses Menaces Opportunités En général, ces points sont traités sous l’angle de la politique de l’entreprise. Les variantes / scénarios exposés vont souvent d’un extrême à l’autre. Exemples de variantes qualifiées d’extrême : A/ Sous-traiter tout le projet et n’assumer que la distribution du produit fini (sa commercialisation) ou la phase d’exploitation. B/ Tout faire seul ! La phase de lancement d’un projet comprenant l’initialisation et le démarrage se termine par la remise d’un premier document au client pour décision, soit la demande de projet. Les conditions cadre du projet étant définies, le client doit choisir la variante ou les variantes à détailler dans la phase préparatoire. En fait, il donne ses premières directives pour une réflexion plus approfondie sur chacun des points traités dans le lancement. Cette décision impliquant un choix du client est baptisée le « Go ou No Go ». Le mandant prend connaissance de l’ensemble du lancement du projet et donne son aval pour la continuation des tâches à caractère préparatoire. A ce moment-là, le chef de projet (et éventuellement son équipe) peut réfléchir sur la stratégie de communication à adopter dans la gestion du projet. Ce point est d’autant plus vital pour un projet que l’on sait par expérience qu’une mauvaise communication est le facteur d’échec principal. Gestion de projet 5/11 Le démarrage Méthodologie 1) 2) 3) 4) 5) Organiser l’activité en dehors des murs de l’entreprise Faire participer des gens neutres (1 ou 2, médiateurs, animateurs) Installez le matériel nécessaire (chaises, flip-chart, etc.) Répéter les règles du processus créatif (brainstorming) Discuter les variantes en fin de session 2.4. Choix de la variante Après le développement du concept, souvent il n’existe pas qu’une seule solution possible, mais deux, trois voire plus. Parfois, ces différentes solutions sont difficilement comparables : 1. La solution A est bon marché, mais elle comporte plus de risques. 2. La solution B coûte cher, par contre elle peut facilement être intégrée dans le paysage existant. 3. La solution C est très élégante et moderne, mais relativement chère. Une décision autoritaire en faveur d’une solution peut engendrer des effets catastrophiques : par exemple, des collaborateurs frustrés n’attendront que le moment de démontrer les défauts de la solution choisie… La définition des critères, leur pondération, leur juste évaluation peuvent être réalisées comme processus de groupe. Cela ne garantit pas un optimum mathématique, mais amène souvent le groupe à une décision qui est acceptée de tous. Méthodologie L’analyse multicritères 1. Définir les critères (voir les buts, objectifs du projet) qui seront utilisés pour prendre la décision 2. Pondérer les critères sur la base du cahier des charges du client 3. Evaluer chaque critère de chaque variante et donner une note (selon une échelle prédéfinie) 4. Multiplier chaque note par le poids du critère respectif pour ainsi obtenir une note pondérée 5. Additionner les notes pondérées pour obtenir le résultat total de chaque variante Gestion de projet 6/11 Le démarrage Attention ! La pondération doit être faite avant l’évaluation de chaque variante. Les options de toutes les parties prenantes du projet doivent être prises en compte. L’analyse multicritère La décision du client dépend d’un choix qui peut être réalisé par : 1. le vote simple, 2. le vote pondéré, 3. le pifomètre. Gestion de projet 7/11 Le démarrage Le vote simple Dans ce cas-là, la décision se prend à la majorité des voix (50% + une voix). Le vote pondéré La décision d’un groupe de résolution de problème repose sur le consensus. Lorsqu’il faut choisir entre plusieurs options, le vote pondéré permet de faire progresser le groupe dans cette voie. Il consiste à faire voter chacun et à choisir ensuite, par consensus, l’option du groupe, parmi celles qui ont obtenu le plus grand nombre de points. Déroulement Dessiner un tableau à double entrée. Rappeler les conditions de vote aux membres. Procéder au vote et totaliser les points obtenus (P) par chaque option ainsi que le nombre de suffrages exprimés (S). Effectuer le produit PxS pour obtenir le classement final. choisir par consensus parmi les options les mieux classées. Exemple : A B C D E F G H Sur un thème choisi, le groupe a proposé les critères suivants : Pierre Christian 2 1 3 1 2 3 4 5 4 5 A B C D Nicolas Nicole Sylvia Pascal 4 5 1 3 5 1 2 4 3 2 5 1 4 2 1 4 3 2 E 3 5 Total des points 15 9 12 13 17 7 7 10 F G H Nbre de suffrages Produit Classement 5 4 5 5 4 3 2 2 75 36 60 65 68 21 14 20 1 5 4 3 2 6 8 7 Ce qui signifie que le thème A à la priorité ! Gestion de projet 8/11 Le démarrage Le pifomètre La décision est prise sur la base du sentiment, du feeling, de l’intuition. Elle n’est pas basée sur une logique et ne répond à une méthode structurée mise en œuvre pour aboutir à une décision quantifiée. Gestion de projet 9/11 Le démarrage 2.5. La demande de projet La demande de projet est écrite par le chef de projet, et adressée au mandant. La demande de projet est souvent le préalable indispensable à la constitution de l’équipe : une demande de projet acceptée est la condition sine qua non pour engager des collaborateurs sur un projet. Le mandant, en signant la demande de projet, libère les moyens financiers nécessaires au montage du projet. Dans les tout petits projets, il est fréquent que l’on saute l’étape de la demande de projet : on passe directement à la documentation finale projet. Méthodologie Les points que devrait comporter une demande de projet sont les suivants (les points indiqués en gras devraient figurer également pour les projets de moindre envergure) : Le problème / besoin qui est à l’origine du projet Les buts principaux du projet Ce que le projet ne fera pas (définition négative des buts) Les jalons principaux Les choix techniques retenus Estimation grossière des ressources nécessaires, par département Estimation du délai final Estimation grossière des coûts Calcul de la rentabilité du projet Analyse grossière des risques Contenu de la demande de projet (cf. document annexe) Le problème, le besoin (spécification / besoin) et le contexte permettent de fixer le thème du projet et son environnement. Il découle directement de l’analyse de la situation. Celui-ci peut par la suite grandement influencer la préparation, le déroulement voire même la clôture dudit projet. Pour l’environnement il s’agit plutôt de paramètres comme le climat, la motivation, l’écoute du client, les projets concurrents, la vie et la culture d’entreprise, etc. Le contexte fait référence au domaine politique, technique, humain et concurrentiel. A ce stade, il faut également mentionner les travaux et études déjà réalisés dans le cadre de ce projet. Certaines tentatives antérieures peuvent figurer sous cette rubrique. Gestion de projet 10/11 Le démarrage Description du projet, c’est l’output / le délivrable du processus projet. Nous rappelons ci-dessous la définition d’un processus nommé « PROJET ». Dès le départ de la gestion d’un projet, il faut très nettement faire distinguer à chacun ce qui est projet de ce qui est produit (résultat) du projet. Les buts et objectifs de l’entreprise, c’est dire ce que veut l’entreprise par rapport au projet considéré. Les motifs sont les éléments-déclencheurs internes et externes du projet. Les buts peuvent être décliner en objectifs. Ces derniers doivent toujours aller dans le sens de la stratégie de l’entreprise. Objectifs de qualité 1. Quelles sont les attentes/exigences du client/des clients ? 2. Quel est le produit du projet (respectivement les produits) ? 3. Quelles sont les principales fonctions du/des produits ? Objectifs de communication 1. Quelle est la stratégie de communication ? 2. Quels sont les supports utilisés ? Objectifs complémentaires 1. Pour les ressources humaines ? 2. Dans le développement des méthodes ? 3. Dans le domaine de la formation ? 4. Dans d’autres domaines ? NB : à définir en termes de description, d’intérêt et de coûts pour la société ! Les risques principaux indiquent les principaux écueils attendus dans le projet. Les bénéfices principaux attendus recherchés par le projet considéré. surtout des domaines dans lesquels sont pas quantifiables. Ce sont les projet. montrent très clairement les avantages Ils sont encore globaux et désignent les gains peuvent être réalisés. Ils ne raisons qui motivent l’acceptation du Les contraintes (heures de travail et coût du matériel) sont d’ordre politique par rapport à l‘entreprise. Elles influencent grandement les choix fondamentaux dans les variantes du projet. Les contraintes sont liées aux objectifs et portent donc sur la qualité, le temps, les charges d’occupation des collaborateurs et les coûts. Cette rubrique doit mentionner la marge de manœuvre et les contraintes dites bloquées (obligations, objets incontournables). Gestion de projet 11/11