
Modules Homotopiques 413
particulier de ce r´esultat est le fait que pour tout sch´ema lisse X, le groupe
ab´elien F(X) admet une r´esolution par un complexe de la forme:
(G)C∗(X, ˆ
F∗) : M
x∈X(0)
ˆ
F(κ(x)) →... M
x′∈X(n)
ˆ
F−n(κ(x′)) →...
Suivant Voevodsky, F−n= HomHI(k)(G⊗n
m, F ). On a not´e X(n)l’ensemble des
points de codimension nde X. Pour un entier r≥0 et un point xde X,
ˆ
Fr(κ(x)) d´esigne la fibre du faisceau homotopique Frau point Nisnevich qui
correspond au corps r´esiduel κ(x), vu comme un corps de fonctions.
Un corollaire de cette r´esolution de Gersten est que les faisceaux homotopiques
sont essentiellement d´etermin´es par leurs fibres en un corps de fonctions. La
question centrale de cet article est de savoir jusqu’`a quel point ils le sont.
Th´eorie de Rost. — Pour d´efinir un complexe de Gersten, du type (G), on
remarque qu’il faut essentiellement se donner un groupe ab´elien pour chaque
corps r´esiduel d’un point de X. M. Rost axiomatise cette situation en in-
troduisant les modules de cycles. Un module de cycles est un foncteur φde
la cat´egorie des corps de fonctions au-dessus de kvers les groupes ab´eliens
gradu´es, muni d’une fonctorialit´e ´etendue qui permet de d´efinir un complexe
C∗(X, φ) du type (G). Pour avoir une id´ee de cette fonctorialit´e, le lecteur peut
se r´ef´erer aux propri´et´es de la K-th´eorie de Milnor – mais aussi `a la th´eorie des
modules galoisiens. Rost note l’analogie entre ce complexe et le groupe des
cycles de X– comme l’avaient fait Bloch et Quillen avant lui – et utilise le
traitement de la th´eorie de l’intersection par Fulton pour montrer que la co-
homologie du complexe, not´ee A∗(X, φ), est naturelle en Xpar rapport aux
morphismes de sch´emas lisses.
Une comparaison. — R´epondant `a la question finale du premier paragraphe,
nous comparons la th´eorie de Rost et celle de Voevodsky. D’une mani`ere vague,
notre r´esultat principal affirme que l’association F7→ ˆ
F∗d´efinit un foncteur
pleinement fid`ele des faisceaux homotopiques dans les modules de cycles, avec
pour quasi-inverse `a gauche le foncteur φ7→ A0(., φ).
Pour ˆetre plus pr´ecis dans la formulation de ce r´esultat, on est conduit `a ´elargir
la cat´egorie des faisceaux homotopiques. On d´efinit un module homotopique
F∗comme un faisceau homotopique Z-gradu´e muni d’isomorphismes ǫn:
Fn→(Fn+1)−1. La cat´egorie obtenue, not´ee HI∗(k), est encore ab´elienne
de Grothendieck, sym´etrique mono¨ıdale ferm´ee. De plus, elle contient comme
sous-cat´egorie pleine la cat´egorie HI(k) – si Fest un faisceau homotopique,
le module homotopique associ´e a pour valeur G⊗n
m⊗F(resp. F−n) en degr´e
n≥0 (resp. n < 0).
D`es lors, on peut montrer que le syst`eme ˆ
F∗des fibres d’un module homo-
topique F∗en un corps de fonctions d´efinit un module de cycles. De plus, pour
trait´ee dans le cas de la K-th´eorie par H. Gillet (voir [Gil85]) puis ´etendue dans le cas des
modules de cycles par M. Rost.
Documenta Mathematica 16 (2011) 411–455