Journal de pédiatrie et de puériculture (2013) 26, 210—221 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ARTICLE EMC Troubles mictionnels de l’enfant Urination problems in the child E. Bérard ∗, J. Bréaud , I. Oborocianu , F. Bastiani France Introduction Les fuites urinaires sont fréquentes et invalidantes chez l’enfant. Non prises en charge, elles peuvent persister à l’âge adulte. Outre les troubles mictionnels, qui regroupent les dysfonctions de l’élimination urinaire (primitives et/ou secondaires) et l’énurésie, d’autres fuites urinaires non mictionnelles doivent être recherchées. Une approche clinique simple permet souvent une prise en charge adaptée permettant une guérison ou une amélioration franche. Ne pouvant faire une revue exhaustive de la littérature, nous renvoyons, sauf point particulier, aux mises au point récentes [1—3]. Ce texte s’appuie sur les nouvelles définitions de l’International Children Continence Society (ICCS) [2]. Pour l’énurésie, nous utilisons un consensus d’experts [3]. Les vessies neurologiques, qui peuvent occasionner des fuites urinaires, ne sont pas traitées dans cet article. Physiologie de la miction Maturation physiologique et régulation de la miction La vessie se vide dès avant la naissance par un réflexe mictionnel médullaire sacré qui coordonne les dix à 14 muscles (striés et lisses) impliqués dans la miction, enchaînant la décontraction du périnée, l’ouverture des sphincters vésicaux, la contraction du détrusor et l’abaissement des pressions urétrales [4]. À quelques jours de vie, la miction survient ∗ Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (E. Bérard). 0987-7983/$ — see front matter © 2013 Publié par Elsevier Masson SAS. http://dx.doi.org/10.1016/j.jpp.2013.04.007 Troubles mictionnels de l’enfant 20 fois par jour, déclenchée par le stimulus proprioceptif de la distension vésicale, mais aussi par la stimulation cutanée périnéale [4,5]. Entre la naissance et l’âge de deux ans, ce réflexe est progressivement inhibé par des influx provenant d’abord de centres médullosacrés, puis lombaires, dorsaux, bulbaires, tronculaires et enfin cérébraux, aboutissant à six à huit mictions par jour à deux ans [4,6]. Vers 18 mois, l’enfant, contrôlant volontairement le sphincter strié, peut retenir une miction réflexe, induisant l’augmentation de sa capacité vésicale et l’inhibition de la contraction réflexe du détrusor [4,6,7]. La continence diurne puis nocturne résulte d’une maturation physiologique progressive entre 1,5 ans et cinq ans, qui synchronise le cycle nycthéméral de la diurèse (et son osmolarité), la capacité vésicale et l’activité du détrusor [8]. Les âges moyens des étapes d’acquisition de la continence [9] sont que l’enfant à 18 mois indique qu’il est mouillé, à 24 mois acquiert le contrôle diurne, à 36 mois contrôle partiellement les mictions nocturnes, à 42 mois est propre jour et nuit avec des incidents nocturnes occasionnels jusqu’à cinq ou six ans. Ainsi, 80 % des enfants sont continents la nuit à cinq ans. Parmi les 20 % restants, 15 % par an guérissent spontanément [9,10]. 211 d’intégration de ces influx volontaires et automatiques. Les informations passent par des voies neurologiques afférentes et efférentes aux effecteurs musculaires (détrusor, appareil sphinctérien et urètre). On peut mettre en cause chacun de ces mécanismes dans les troubles de contrôle de la miction et cette classification oriente la recherche vers de nouvelles voies thérapeutiques. POINT FORT Physiologie • La miction est un automatisme anténatal à commande initialement médullaire puis contrôlée par des centres supérieurs. Le contrôle volontaire autorise ou interdit la miction dont le déroulement est inscrit dans les automatismes. • Le contrôle volontaire diurne apparaît vers deux ans, et le contrôle nocturne entre deux et cinq ans chez 80 % des enfants. • Une fuite urinaire résulte de l’inadéquation du volume urinaire, de la capacité vésicale et des moyens de contrôle (musculaires et nerveux) de la continence. Facteurs de la continence Une fuite urinaire survient lorsqu’il y a inadéquation entre trois paramètres : le volume d’urine, la capacité vésicale et les moyens (musculaires et nerveux) de la continence. Du fait du cycle nycthéméral de l’hormone antidiurétique (ADH), le volume d’urines diurne est le double du volume nocturne, et l’osmolarité urinaire nocturne supérieure à celle de la journée [11]. On peut le mesurer par la comparaison des volumes urinaires nocturnes (pesée des couches) et diurnes, et la mesure de l’osmolarité urinaire (ou l’évaluer par la densité urinaire à la bandelette). La capacité vésicale (CV) théorique peut être calculée selon la formule de Koff [12] : CV ml = (30 × âge en années) + 30 avant l’âge de 12 ans. La CV fonctionnelle est mesurée par la cystomanométrie ou plus récemment évaluée en échographie [13]. La CV fonctionnelle estimée [14] est le plus gros volume que le patient est capable de retenir (test sur quatre jours avec des apports liquidiens contrôlés), mais cette évaluation est imparfaite car variable d’un jour à l’autre. Si la polyurie ou une « petite vessie » expliquent la réplétion vésicale plus rapide, celle-ci devrait déclencher le besoin avec le contrôle de la miction. Donc, l’origine de la fuite est aussi à rechercher dans le contrôle musculonerveux de la miction. Le contrôle musculonerveux de l’élimination urinaire repose sur l’alternance de phases de remplissage et de mictions (Fig. 3). Lors du remplissage, le détrusor se laisse distendre en maintenant, malgré l’augmentation de volume d’urine, une pression inférieure au tonus sphinctérien. Lors de la miction, la pression vésicale augmente par la contraction du détrusor et devient supérieure à la pression urétrale, qui elle-même chute brutalement après relâchement du sphincter. La coordination musculaire nécessaire vient de centres nerveux de commande (notamment noyaux gris centraux), mais aussi du système nerveux végétatif et des centres Définitions La littérature sur les troubles mictionnels manquait de définitions consensuelles. Les définitions de l’ICCS doivent maintenant être exclusivement utilisées [2], ainsi que leurs traductions françaises proposées par l’Association française d’urologie (AFU) [15]. Cette terminologie récente rend difficile l’interprétation des résultats des études antérieures. L’incontinence urinaire est une perte d’urine incontrôlable qui peut être permanente ou intermittente. L’incontinence permanente est une fuite permanente sans véritable miction. Elle fait donc partie du diagnostic différentiel des troubles mictionnels et se rencontre dans les malformations des voies urinaires (abouchements ectopiques de l’uretère, fistule vésicovaginale, etc.). L’incontinence intermittente est un défaut occasionnel de la continence urinaire diurne et/ou nocturne. L’énurésie nocturne (En) est une incontinence intermittente exclusivement pendant le sommeil (nuit ou sieste) chez des enfants d’au moins cinq ans. L’En est primaire (EnP) si l’enfant n’a jamais eu de continence durant le sommeil pendant plus de six mois. Elle s’oppose à l’énurésie secondaire où, après une période de contrôle de plus de six mois, les incontinences réapparaissent pendant le sommeil. L’énurésie primaire est dite isolée (EnPI) ou monosymptomatique s’il n’existe aucun autre symptôme, en particulier diurne, relevant du bas appareil urinaire. Seule la nycturie (réveil nocturne par un besoin mictionnel) peut être associée à l’EnPI. La définition de l’EnPI exclut donc tous les symptômes rapportés en encadré, qui sont des signes d’incontinence intermittente diurne/nocturne par dysfonction de l’élimination d’urine, primitive ou secondaire [2,15]. Le terme d’énurésie diurne doit être évité. 212 POINT FORT Symptômes diurnes de dysfonction de l’élimination d’urine primitive ou secondaire • Fréquence anormale des mictions (trop fréquentes, plus de sept par jour, ou trop rares, moins de quatre par jour), chez un enfant de plus de cinq ans. • Incontinence diurne même minime. • Impériosité mictionnelle non contenue (à plus de cinq ans). C’est un besoin subit, inattendu et immédiat d’uriner. • Faux besoins (non suivis de miction), hésitation, retard à la miction (enfant de plus de cinq ans ou ayant un contrôle vésical diurne). • Efforts de poussée abdominale à la miction, pour initier et maintenir la vidange vésicale (quel que soit l’âge de l’enfant). • Faiblesse du jet, jet irrégulier. • Miction fractionnée (considérée comme physiologique jusqu’à trois ans, si elle n’est pas accompagnée de poussée abdominale). • Manœuvres de retenue (accroupissement, pincement de la verge, croisement des jambes, agitation, debout sur la pointe des pieds, etc.). • Sensations de vidange vésicale incomplète, gouttes résiduelles, cystalgies ou douleurs génitales (décrites par les plus âgés vers l’adolescence). Ces symptômes, souvent difficiles à mettre en évidence chez l’enfant de moins de huit ans, peuvent être révélés par un calendrier mictionnel précis après normalisation des apports hydriques. Ils doivent être recherchés par un interrogatoire rigoureux, illustré et soigneux, car souvent négligés par les parents, et sont alors retrouvés chez 20 % à 45 % des enfants consultant pour « énurésie nocturne » [16,17]. Il faut noter que la fréquence des symptômes n’entre pas dans les définitions. Un épisode unique suffit. Classification physiopathologique des troubles de l’élimination urinaire En dehors de l’EnPI qui est une entité physiopathologique particulière, les autres dysfonctionnements vésicaux sont (dans un souci de clarté) classés selon la phase de survenue (remplissage ou vidange) et non l’étiologie (primitive ou secondaire) [18]. Les troubles pendant le remplissage ont des symptômes à type de fuites et/ou urgenturie, et ceux de la miction des dysuries. En clinique, il est difficile de séparer ces deux types de troubles qui sont souvent intriqués et les modes de prise en charge des formes primitives ne sont pas encore clairement séparés. Dysfonctionnement de la phase de remplissage À la phase de remplissage, la désinhibition détrusorienne est la principale cause mais l’instabilité urétrale peut être aussi en cause. E. Bérard et al. Causes détrusoriennes Une contraction désinhibée du détrusor (CDD) pendant le remplissage peut augmenter la pression vésicale au-delà de la pression de clôture sphinctérienne et provoquer la fuite urinaire (anciennement dénommé vessie hyperactive ou instabilité vésicale). La CDD primitive est une cause fréquente de fuites urinaires diurnes et/ou nocturnes. Elle est due à une immaturité vésicale [19], et résulte du conflit entre une contraction sphinctérienne maîtrisée par l’enfant et la persistance de l’hyperactivité du détrusor. Cette instabilité peut être transitoire pendant quelques mois lors de l’apprentissage de la propreté diurne vers deux ans et doit disparaître ensuite. La CDD peut favoriser la survenue d’infections urinaires et/ou de reflux vésico-urétéral, ces complications régressant après traitement [19—21]. Sa persistance à long terme peut aboutir à une grande vessie rétentionniste à mictions rares par hypocontractilité détrusorienne. La CDD peut aussi être secondaire à une inflammation de l’urothélium vésical par une infection, des cristalluries ou lithiases, ou la présence d’un résidu post-mictionnel. Chacun de ces facteurs favorise les deux autres [19]. La dysurie fait partie des signes cardinaux de l’infection urinaire. De même, l’émission de sables urinaires, le plus souvent par hypercalciurie, provoque une dysfonction vésicale avec parfois dysurie, pollakiurie, incontinence diurne, urgence mictionnelle et infections urinaires récurrentes [22]. Une hypercalciurie est retrouvée chez 28 % des patients consultant pour un trouble mictionnel [23]. Chez un enfant de plus de cinq ans, elle est mise en évidence sur un échantillon d’urines par un rapport calcium/créatinine supérieur à 0,5 mmol/mmol. Le récent enrichissement en vitamine D de produits laitiers vendus en France a sans doute augmenté la fréquence de ce trouble, surtout s’il est associé à une insuffisance des boissons (hyperconcentration des urines). L’augmentation des boissons et la suppression de toute vitamine D médicamenteuse, mais aussi alimentaire, corrige souvent ce trouble. La CDD peut aussi résulter d’une mauvaise commande nerveuse du système nerveux central comme dans l’incontinence au fou rire, fréquente chez les préadolescentes (familiale dans 13 % à 28 % des cas), qui est une miction souvent complète au rire [19,24]. Parfois isolée, elle est dans un quart des cas associée à une dysfonction vésicale vraie [25]. Causes sphinctériennes Une autre cause de dysfonction vésicale de remplissage est l’instabilité urétrale. La chute brutale de la pression urétrale pendant le remplissage va provoquer une contraction détrusorienne réflexe et une fuite urinaire d’importance variable. L’étiologie de l’instabilité urétrale est mal déterminée mais souvent liée à l’hyperémotivité. Dysfonctionnement de la phase de miction À l’inverse des anomalies du remplissage, celles de la miction sont plus souvent sphinctériennes que détrusoriennes. Troubles mictionnels de l’enfant Cause sphinctérienne L’hypertonie sphinctérienne résulte de mauvaises habitudes mictionnelles (enfants « rétentionnistes ») ou d’une adaptation du sphincter devant une CDD. Elle induit un mauvais relâchement périnéal à la miction qui majore les troubles, avec une augmentation secondaire du tonus et de la contractilité détrusorienne, et l’apparition d’un résidu post-mictionnel, véritable CDD secondaire. Causes détrusoriennes La « vessie paresseuse » (lazy bladder) a une contractilité diminuée, voire absente, sans contraction détrusorienne au relâchement sphinctérien. La sensibilité vésicale diminuée et l’absence de sensation de besoin peuvent entraîner des fuites par regorgement. Cas particuliers 213 • l’EnPI polyurique nocturne par inversion du cycle de l’ADH. Le volume urinaire nocturne est alors supérieur au volume diurne, avec une osmolarité (ou densité) urinaire plus basse la nuit ; • l’EnPI à faible CV, définie par une CV fonctionnelle, évaluée sur un calendrier mictionnel de 48 heures, inférieure à 70 % de la CV théorique. Elle s’accompagne dans 30 % des cas d’une hyperactivité nocturne du détrusor. Cette classification sous-estime le rôle du défaut d’éveil nocturne. En effet, ces deux mécanismes expliquent la réplétion vésicale nocturne rapide des patients, mais qui devrait provoquer l’éveil et une miction consciente (nycturie). L’intensité de l’EnPI peut être classée en [3] : • modérée (moins d’un épisode par semaine) ; • moyenne (un ou deux épisodes par semaine) ; • sévère (au moins trois épisodes par semaine). Irritation des organes génitaux externes L’irritation des organes génitaux externes (adhérences, vulvites, dermite du siège, etc.) peut entraîner des dysuries, des brûlures mictionnelles, des pollakiuries et des urgences mictionnelles par l’activation du réflexe mictionnel [5]. Constipation L’association entre constipation et troubles de la miction est fréquente et peut relever de deux mécanismes. Outre le risque d’infection urinaire, la constipation chronique provoque une activité anormale du sphincter de l’urètre et du plancher pelvien, et une hypocontractilité détrusorienne [26]. De plus, le volume des selles dans le pelvis réduit la capacité vésicale [26]. La constipation provoque alors une dysfonction vésicale secondaire. Mais le rapport constipation/dysfonction vésicale peut s’envisager autrement. L’exonération fécale a un mécanisme proche de celui de la miction, certains muscles sont communs et les centres de commande sont voisins, voire communs (noyau d’Onufrowicz). La constipation et le trouble mictionnel font alors partie d’une pathologie globale des émonctoires : le syndrome de dysfonction éliminatoire [27]. Certains adolescents présentent aussi des troubles de l’érection ou des douleurs génitales. Quarante pourcent des enfants constipés chroniques ont des fuites d’urines diurnes et/ou nocturnes qui sont améliorées par le traitement de la constipation [28]. Le diagnostic de constipation est retenu sur une fréquence anormale des selles, mais aussi, même avec une fréquence correcte, sur la consistance, la douleur à l’émission ou le volume trop important [28]. Les antécédents de constipation dans la petite enfance sont à rechercher. La prise en charge utilise des régimes riches en fibres, des boissons abondantes et des médications jusqu’à obtenir un transit régulier, indolore et quotidien. Énurésie primaire isolée L’EnPI est une incontinence intermittente exclusivement pendant le sommeil (notion familiale dans 30 % à 60 % des cas). Il est classique de distinguer deux types d’EnPI [3,8] : Diagnostic différentiel des troubles mictionnels Certaines fuites urinaires ne sont pas des troubles mictionnels : • les incontinences permanentes, goutte à goutte, par abouchements ectopiques des voies urinaires (cutané, rectal, vaginal, etc.) ; • les pertes d’urine après une miction normale, au rhabillage [19], qui évoquent une miction vaginale chez la fille, favorisée par une miction « cuisses serrées », une coalescence des petites lèvres et/ou une discrète anomalie du méat. Chez le garçon, il peut s’agir de miction sous-préputiale (phimosis punctiforme avec ballonisation du prépuce) ou d’urine séquestrée dans un urètre pénien plicaturé dans les sous-vêtements ; • la pollakiurie comportementale [29,30] avec 20 à 30 mictions par jour sans fuites ni dysuries, qui est un véritable « tic » [19] réactionnel à des troubles psychosociaux ou émotionnels, ou à la consommation excessive de boissons acides (jus d’orange, de pomme, de pamplemousse, de raisin, de tomate, etc.) ou riches en oxalate (thé, thé glacé) [29,30]. Outre la correction de ces mauvaises habitudes, une rééducation par biofeedback peut être proposée dans les cas résistants [30]. POINT FORT Classification • Les nouvelles définitions doivent être utilisées. Deux grandes classes de troubles mictionnels primitifs doivent être identifiées. • L’EnPI est un trouble survenant exclusivement pendant le sommeil sans aucun signe diurne. • Les dysfonctions primitives de l’élimination urinaire regroupent la CDD, l’hypertonie sphinctérienne et l’instabilité urétrale. 214 E. Bérard et al. • Les dysfonctions vésicales secondaires sont très sousestimées et doivent être recherchées avec soin, en particulier la constipation. • Les autres causes de fuites urinaires sans troubles mictionnels doivent être éliminées. • De nombreux troubles non urinaires sont associés aux troubles mictionnels et nécessitent parfois une prise en charge spécifique. Troubles associés aux troubles mictionnels Chez 13 % à 40 % des patients consultant pour troubles mictionnels, on retrouve des troubles non urinaires associés chez l’enfant et sa famille [2,3], dont l’association est difficile à interpréter mais dépasse la simple coïncidence. les énurétiques versus 39,7 % chez les témoins) [42] et une réduction du réflexe de sursaut à la stimulation (prepulse inhibition) [40]. Troubles respiratoires L’étude de Stone et al. [43] met en évidence une association entre troubles respiratoires nocturnes et énurésie. L’obstruction des voies aériennes supérieures (ronflement), surtout si elle s’accompagne d’apnées obstructives, est fréquemment rapportée dans l’EnPI [44]. La disparition de certaines énurésies après amygdalectomie a été signalée [45]. Troubles cutanés Ils sont la conséquence de macérations du siège au contact de l’urine et peuvent activer le réflexe mictionnel [5]. Troubles psychiques de l’enfant Les troubles de la miction peuvent entraîner un repli sur soi, un stress émotionnel, une perte de l’estime de soi. La baisse de l’estime de soi est fréquente, avec des sentiments de honte, de culpabilité, d’humiliation [31,32]. Le traitement, quel qu’il soit et quel que soit son résultat, a des effets positifs sur ces troubles [32]. Obésité Certains auteurs ont suggéré une prévalence plus grande de troubles mictionnels (surtout EnPI) chez les obèses, avec une moins bonne réponse thérapeutique si l’indice de masse corporelle est supérieur au 85e percentile [46]. Troubles psychiatriques Les enfants présentant une incontinence urinaire présentent deux à quatre fois plus de troubles du comportement [33]. Le trouble déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), présent chez 3 % à 5 % des enfants scolarisés, est retrouvé chez 10 % à 40 % des patients souffrant de troubles mictionnels [34—36]. Inversement, chez les enfants consultant pour un TDAH, 21 % ont une énurésie nocturne et 6,5 % des troubles diurnes [36]. Le traitement du TDAH améliore souvent le trouble mictionnel [37]. En revanche, Crimmins et al. [38] montrent une moins bonne réponse au traitement des troubles mictionnels lorsqu’ils sont associés à un TDAH. L’évaluation d’un TDAH peut être faite par différents tests de débrouillage comme l’ADHD-rating scale [39] et peut nécessiter une prise en charge spécifique. Cette association fait suspecter des mécanismes nerveux centraux communs [40]. Troubles du développement et des apprentissages Les enfants souffrant de troubles mictionnels un développement plus tardif du langage selon auteurs, mais ce résultat est contesté [1,17,41]. études montrent une association fréquente de mictionnels avec des difficultés scolaires. Ces d’apprentissage semblent plus fréquents dans les tions vésicales que dans les EnPI [17,33,40]. auraient certains D’autres troubles troubles dysfonc- Troubles du sommeil Les apnées du sommeil et les parasomnies sont fréquentes chez les enfants souffrant d’énurésie. L’enfant énurétique a un seuil d’éveil élevé aux stimuli auditifs (9,3 % d’éveil chez Troubles des relations sociofamiliales Le port de couches, le lavage du linge et les traitements non remboursés représentent une charge pour les parents et la famille [47,48]. Le trouble mictionnel de l’enfant induit aussi des modifications de la socialisation familiale. Un tiers des enfants énurétiques ne vont pas dormir hors de chez eux [48] et la moitié des parents ont un sentiment d’impuissance [49], de culpabilité ou d’échec éducatif [48]. Certains parents deviennent intolérants et 14 % à 33 % punissent l’enfant [48]. Fréquence des troubles mictionnels Les données épidémiologiques disponibles (antérieures à la mise en place des définitions de l’ICCS) et la pratique font estimer que, parmi les enfants de six à sept ans, environ 10 % à 15 % ont des fuites nocturnes, 10 % à 15 % des fuites diurnes et 5 % à 10 % souffrent des deux. Une enquête française chez les enfants de cinq à dix ans a révélé une prévalence de l’EnPI de 9,2 % [48] ; ces chiffres sont similaires à ceux d’études réalisées dans d’autre pays [50,51]. L’énurésie est secondaire dans 20 % à 25 % des cas [50]. L’EnPI est plus fréquente chez les garçons dans l’enfance, mais cette tendance disparaît à l’adolescence [3,51]. En revanche, les troubles vésicaux ont un sexe ratio de 1 [27]. On estime que parmi les premières consultations pour troubles mictionnels primitifs il y a deux tiers d’EnPI et un tiers de dysfonctions vésicales. La fréquence des troubles mictionnels secondaires est sans doute sous-estimée, mais ils sont retrouvés fréquemment si on les cherche. Troubles mictionnels de l’enfant 215 Démarche diagnostique Une bandelette urinaire est utile pour exclure une infection, suspecter une hyperconcentration des urines (densité supérieure à 1020), génératrices de dysfonction vésicale secondaire, ou mettre en évidence l’inversion du cycle de l’ADH de certaines EnPI (comparaison des densités diurnes et nocturnes). Sauf cas particulier, aucun examen complémentaire n’est nécessaire lors de la première consultation. Toutefois, si on suspecte une dysfonction par infection ou lithiase, on peut demander un examen cytobactériologique des urines et un rapport calcium/créatinine. Ce n’est qu’après l’élimination des fuites urinaires non mictionnelles et l’exclusion ou la correction des troubles mictionnels secondaires (notamment constipation), et avec un nouveau calendrier mictionnel, qu’un trouble mictionnel primitif peut être classé en EnPI (exclusivement au cours du sommeil) ou trouble primitif de l’élimination d’urine (fuites diurnes et/ou nocturnes). Si à l’issue de cette démarche le trouble primitif de l’élimination d’urine n’est pas parfaitement caractérisé, un recours à une évaluation urodynamique simple associant échographie vessie pleine et vessie vide (Fig. 2), débimétrie et électromyographie périnéale peut être proposée [52]. L’urodynamique invasive (cystomanométrie) (Fig. 3 et 4) et/ou l’imagerie invasive (cystographie rétrograde) [19,27,28] sont discutées au cas par cas [53]. Le diagnostic d’un trouble mictionnel est avant tout clinique [1,3]. Il repose sur l’interrogatoire et l’examen physique au cours d’une ou plusieurs consultations nécessairement longues [3]. La première démarche consiste à rassurer l’enfant en le déculpabilisant, pour obtenir sa coopération, et à l’informer pour qu’il comprenne la nécessité de sa compliance aux mesures thérapeutiques (des fiches d’information peuvent aider) [3]. La démarche diagnostique (Fig. 1) élimine d’abord ce qui n’est pas un trouble mictionnel. Puis on s’attache à rechercher des troubles mictionnels secondaires (souvent sous-estimés) avant d’arriver au diagnostic des troubles mictionnels primitifs [1—3]. Interrogatoire L’interrogatoire précise les antécédents personnels et familiaux (lithiase, constipation, fuites urinaires), la fréquence et les circonstances de déclenchement des fuites urinaires, les habitudes alimentaires (qualité, quantité et répartition des prises de boissons dans la journée), les habitudes mictionnelles, la fréquence des selles, le sommeil de l’enfant (profondeur et durée, difficultés d’éveil, ronflement nocturne, apnées), le retentissement de l’énurésie sur sa vie sociale et familiale, l’existence d’autres pathologies et les prises en charge déjà tentées. On recherche avec un soin particulier les signes de dysfonction du bas appareil urinaire (cf. supra). Par l’observation du comportement de l’enfant, on apprécie sa motivation et un possible déficit de l’attention ou une hyperactivité. La tenue d’un calendrier relevant les mictions, les selles et les prises de boissons avec mesure des volumes urinés et de la production d’urine nocturne est recommandée pour confirmer ou préciser le diagnostic (par exemple, en faisant boire l’enfant dans la journée, on démasque des signes de CDD). On confronte les volumes aux données de la CV théorique. Des modèles de calendrier, de recommandations de boissons et d’hygiène mictionnelle et de questionnaire qui peuvent être faits à domicile permettent d’abréger la première consultation et d’avoir une observation fiable des habitudes de l’enfant. Examen clinique L’examen clinique est orienté vers le diagnostic différentiel pour rechercher des fuites urinaires sans trouble mictionnel, des incontinences permanentes et les vessies neurologiques. Il comporte l’examen : • de la région dorsale (anomalie médullorachidienne) ; • de la marche, de la voûte plantaire, de la trophicité musculaire et des réflexes ; • des organes génitaux et en particulier du méat urétral ; • abdominal (constipation, globe vésical) ; • périnéal (irritation, abouchement ectopique). L’observation d’une miction, si elle est possible, est informative. POINT FORT Démarche diagnostique • La démarche diagnostique nécessite une ou plusieurs consultations de longue durée. • On élimine d’abord les fuites urinaires sans troubles mictionnels, puis les dysfonctions secondaires de l’élimination d’urine, puis on classe le trouble mictionnel primitif. • L’interrogatoire est long et précis. Il prend toute sa valeur après normalisation des apports hydriques, des habitudes mictionnelles et du transit intestinal. • L’examen clinique est centré sur l’exclusion des pathologies autres que les troubles mictionnels primitifs. • L’énurésie est classée en énurésie polyurique ou à petite vessie. Prise en charge des troubles mictionnels de l’enfant La prise en charge commune aspécifique des troubles mictionnels doit être la première étape, incontournable, du traitement du trouble mictionnel, quel que soit son type, avant d’aborder une classification définitive et une prise en charge spécifique. Prise en charge aspécifique Il faut rappeler au décours de la première consultation les règles d’hydratation (50 ml/kg/j), de rythme mictionnel (cinq à sept mictions par jour) et d’hygiène mictionnelle. 216 E. Bérard et al. Figure 1. Arbre décisionnel. Conduite à tenir devant des fuites urinaires de l’enfant. TDAH : trouble déficit de l’attention avec hyperactivité ; EnPI : énurésie primaire isolée ; * : signes diurnes et/ou nocturnes ; ** : signes nocturnes. La miction normale survient au calme, chez un enfant bien installé : absence de stress, bon appui (marchepied au besoin), jambes écartées, en décontraction (pas de poussée abdominale), sans tomber dans le siège des toilettes (réducteur de siège pour les plus petits), vêtements baissés ne comprimant pas les organes génitaux et permettant l’écart des jambes. Ces règles sont parfois difficilement applicables dans les toilettes des établissements scolaires et il faut parfois faire un certificat permettant à l’enfant d’appliquer ces règles hygiénodiététiques. Lorsqu’un trouble psychiatrique est détecté, il faut assurer la prise en charge de l’enfant par une équipe spécialisé dans les troubles envahissants du comportement. Prise en charge de l’énurésie primaire isolée La prise en charge spécifique de l’EnPI a fait l’objet de plusieurs revues Cochrane et d’un consensus [3]. Aucun examen paraclinique n’est nécessaire. Les données de l’interrogatoire, le calendrier mictionnel et les mesures de densité ou osmolarité urinaire permettent de classer l’EnPI en polyurique ou à petite vessie. Hygiène de vie On fait réduire les boissons après 18 heures en évitant les boissons osmotiques (gazeuses, sucrées), les aliments chargés en sel ou en calcium, tout en gardant des apports hydriques quotidiens de 50 ml/kg par jour [3,54]. L’observance de ces mesures corrige 20 % des EnPI en six à huit semaines. Les patients compliants à ces premières mesures mais peu ou pas améliorés nécessitent un traitement complémentaire adapté au type d’EnPI [1,3,54]. Desmopressine Figure 2. Échographie vésicale pathologique avec une épaisseur anormale en vidange et un résidu calculé de 35 mL. La desmopressine (1-deamino-cys-8-D-argininevasopressine [DDAVP]), analogue synthétique de l’ADH est le traitement de choix de l’EnPI avec polyurie nocturne [1,3,55]. Le lyophilisat oral (seul commercialisé en France pour cette indication) a une excellente tolérance et acceptabilité [3]. Le médecin doit informer du risque d’intoxication par l’eau (surveillance du poids), surtout en cas de surdosage [1,3] selon l’autorisation de mise sur le marché (AMM). La posologie initiale est de 120 g/j le soir et la dose efficace recherchée par une augmentation des Troubles mictionnels de l’enfant 217 Figure 3. Exploration urodynamique normale. La sécrétion urinaire rénale remplit la vessie qui se distend sans augmentation franche de la pression vésicale. Lorsque le remplissage approche 100 % de la capacité vésicale fonctionnelle (CVF), la pression vésicale augmente, les récepteurs de pression sont stimulés, le besoin est ressenti et le tonus musculaire sphinctérien augmente. La miction survient par l’abaissement de l’activité des muscles de la continence, l’augmentation de la pression vésicale (contraction du détrusor) et l’abaissement de la pression urétrale. Elle se déroule de façon régulière jusqu’à vidange vésicale complète. EMG : électromyogramme. doses par paliers de 60 g/j tous les huit jours (selon AMM) jusqu’à 240 g/j, exceptionnellement 360 g/j [3]. La réponse à huit semaines est définie par une réduction d’au moins 50 % du nombre de nuits mouillées [3,55]. Le traitement est prescrit pour trois mois puis interrompu pour réévaluation (AMM). Soixante pourcent à 75 % des patients sont répondeurs [3,55]. La rechute après traitement court est fréquente [55], et le traitement à long terme (12 mois) donne un meilleur taux de guérison (69 % des enfants étaient améliorés, soit 46 % répondeurs, 23 % guéris [56]). Ces résultats datent d’avant les recommandations ICCS et on peut suspecter que certains échecs sont liés à l’absence de prise en compte de troubles secondaires associés. Thérapies de conditionnement par alarme Elles sont indiquées dans l’EnPI à capacité vésicale réduite [3,57—59]. Les premières gouttes d’urine de l’épisode énurétique ferment un circuit électrique et une sonnerie retentit. La famille doit être motivée et prête à être aussi réveillée. Un des parents doit emmener l’enfant aux toilettes et réactiver le système. Après environ un mois, l’enfant commence à se réveiller. Ce traitement a un effet sur l’éveil, la production nocturne d’urine et la capacité vésicale nocturne. La propreté est atteinte dans 65 % à 78 % des cas à trois mois [57,58]. Les effets peuvent être accrus par l’association d’une thérapie comportementale et d’un soutien familial (consultation ou appel téléphonique) [60]. Les alarmes ne sont pas remboursées par la Sécurité sociale, mais peuvent être louées en pharmacie. Traitements de recours de seconde intention D’autres monothérapies ont été proposées. L’oxybutinine n’est pas indiquée dans l’EnPI, mais peut être discutée pour quelques patients suspects de vessie hyperactive pendant le sommeil [58,61]. Les antidépresseurs tricycliques (hors AMM) sont efficaces, mais avec un taux élevé de rechute à l’arrêt. Du fait de sa cardiotoxicité, ce traitement est réservé, sous un contrôle médical strict, à certains adolescents motivés et résistant aux traitements spécifiques [1,3,62]. 218 E. Bérard et al. Figure 4. Exemple d’exploration urodynamique pathologique. L’activité des muscles de la continence est anarchique. Il existe des baisses brutales de la pression urétrale et des contractions désinhibées du détrusor pendant la phase de remplissage (dans certains cas coordonnées). Avant d’atteindre la capacité vésicale fonctionnelle (CVF), la baisse de pression urétrale et l’augmentation de pression vésicale surviennent, avec des irrégularités aboutissant à une miction fractionnée. La remontée précoce de la pression urétrale et l’arrêt de la contraction du détrusor aboutissent à une vidange incomplète de la vessie (résidu post-mictionnel). Cette association de pathologie vésicale et urétrale est fréquente. EMG : électromyogramme. La combinaison de plusieurs traitements peut se justifier pour certaines EnPI associant polyurie nocturne et faible CV, qui sont réfractaires à la monothérapie : • desmopressine et alarme : dans un essai randomisé contrôlé comparant alarmes, desmopressine et traitement combiné, la fréquence des épisodes a diminué de respectivement 46 %, 52 % et 73 % [63] ; • desmopressine et oxybutinine : l’association est indiquée quand la polyurie nocturne est associée à une hyperactivité vésicale [64—66]. Avec ces prises en charge, la grande majorité des EnPI sont contrôlées. Quelques rares formes, obéissant à une autre physiopathologie actuellement incomplètement comprise, font suspecter une anomalie de la régulation de l’excrétion sodée. Ces formes sont explorées dans des centres spécialisés [8,67]. Autres traitements de l’énurésie primaire isolée Des résultats positifs de l’acupuncture ont été rapportés sur un nombre limité de patients [68,69]. Les autres thérapeutiques (phytothérapie, hypnose, mésothérapie, homéopathie, ostéopathie, etc.) n’ont pas fait l’objet d’évaluation scientifique. Prise en charge des dysfonctions de l’élimination urinaire Toutes les causes de dysfonction vésicale secondaire doivent d’abord être prises en charge : en particulier, en cas d’infections urinaires répétées, des antiseptiques urinaires permettent de passer un cap en diminuant l’inflammation de l’urothélium (facteur d’hyperactivité vésicale) [19] ; de même, l’irritation du siège, la constipation et la cristallurie (hyperhydratation et mesures diététiques). Troubles mictionnels de l’enfant Contraction désinhibée du détrusor primitive Toute CDD est considérée comme pathologique après la fin de la période de maturation vésicale [70]. Le traitement d’une CDD isolée repose sur l’utilisation d’anticholinergiques (type oxybutinine) pour une période d’au moins trois mois [70], qui doit être prolongée tant que persistent les signes [21,28]. Compte tenu de ses effets secondaires (effets muscariniques), son introduction et sa tolérance doivent être strictement surveillées. De nouvelles alternatives thérapeutiques voient le jour avec l’utilisation de la toxine botulique en injections intradétrusoriennes [71], et l’électrostimulation transcutanée parasacrale ou sur les racines médullaires [72—74]. 219 • Pour les dysfonctions de l’élimination d’urine, un bilan urodynamique non invasif est souvent nécessaire. Après traitement des facteurs favorisants et selon la caractérisation du trouble, le traitement de première intention repose sur une rééducation périnéale et/ou des anticholinergiques. Les autres traitements médicamenteux sont indiqués en seconde intention. Le traitement de l’instabilité urétrale isolée reste discuté. Conclusion Hypertonie sphinctérienne Instabilité urétrale Les troubles mictionnels de l’enfant sont des pathologies fréquentes dont le diagnostic, dans plus de 80 % des cas, ne nécessite qu’un bon interrogatoire, un examen clinique soigneux et un minimum d’examens paracliniques pour identifier et prendre en charge la pathologie. La prise en charge nécessite une mise en confiance de l’enfant et un suivi régulier au cours de plusieurs consultations qui doivent au mieux être assurées par le médecin personnel de l’enfant. Sont ainsi prises en charge les dysfonctions secondaires de l’élimination d’urine, la quasi-totalité des EnPI et certaines CDD. Dans certains cas difficiles ou résistant à la thérapeutique, la collaboration d’une équipe spécialisée est requise pour faire le diagnostic et proposer une attitude thérapeutique. Sa prise en charge, difficile, repose sur une expertise psychologique. Une amélioration est parfois constatée dans le temps lors de l’imprégnation hormonale gestationnelle. Annexe. Matériel complémentaire Son traitement de première intention, sous réserve que la compréhension et la compliance de l’enfant l’autorisent, repose sur les règles hygiénodiététiques aspécifiques associées à une rééducation du périnée (relâchement périnéal) par exemple par biofeedback [18,75]. La thérapie pharmacologique par alphabloquants peut constituer, malgré son absence d’AMM chez l’enfant dans cette indication, un complément de traitement efficace [76]. L’utilisation d’injection intrasphinctérienne de toxine botulique, actuellement en cours d’évaluation, pourrait être une nouvelle alternative thérapeutique disponible [77]. Troubles intriqués En pratique, l’intrication entre une CDD et une hypertonie sphinctérienne est souvent constatée, sans pouvoir clairement identifier le trouble primitif. Une prise en charge thérapeutique associant une urothérapie (éducation de l’enfant et de sa famille, règles hygiénodiététiques aspécifiques, rééducation) et des traitements pharmacologiques (anticholinergiques et/ou alphabloquants) est souvent proposée puis réévaluée en fonction de l’évolution clinique, de la compliance et de l’évolution dans le diagnostic du trouble primitif. POINT FORT Prise en charge des troubles mictionnels • Les mesures hygiénodiététiques aspécifiques constituent la base du traitement de tout trouble mictionnel. • Pour l’énurésie, on commence par mettre en place des mesures hygiénodiététiques. • Les autres traitements de l’énurésie ne doivent être proposés qu’à des enfants motivés. • Le traitement de l’énurésie polyurique est la DDAVP, celui de l’énurésie à faible capacité vésicale fait plutôt appel aux alarmes ou à la combinaison des deux. Les matériels complémentaires (Annexe 1—4) accompagnant la version en ligne de cet article est disponible sur http://www.sciencedirect.com et doi:10.1016/j.jpp.2013.04.007. Références [1] Hjalmas K, Arnold T, Bower W, Caione P., Chiozza L.M., von Gontard A., et al. Nocturnal enuresis: an international evidence based management strategy. J Urol 2004;171:2545—61. [2] Neveus T, von Gontard A, Hoebeke P, Hjalmas K, Bauer S, Bower W, et al. 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