14 Février 2011

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14 Février 2011
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L’impact politique de la flambée des prix alimentaires sur la stabilité politique du Moyen-Orient et
de l’Afrique du Nord
La flambée des prix des
produits alimentaires et des
matières premières sape les
efforts déployés pour faire
reculer la pauvreté et la faim
dans le monde […]
Les bouleversements politiques au Moyen-Orient et en Afrique
du Nord ne sont pas uniquement l’expression d’un soudain désir
de réforme des populations locales. Certes, après le départ des
dirigeants tunisien et égyptien, un nouveau vent réformateur
et démocratique souffle dans la région. La population ne
se soulève pourtant pas uniquement contre des décennies
d’injustice et d’oppression. Une des origines des manifestations
de masse réside dans l’hyperinflation alimentaire qui opprime
les citoyens tunisiens, égyptiens, algériens et bien d’autres.
Et l’envolée récente des prix alimentaires pourrait maintenir
les gouvernements sous une pression permanente. Les
réformes constitutionnelles ouvrant la voie vers des systèmes
politiques plus démocratiques, telles que celles proposées par
l’ex-président égyptien, Hosni Mubarak, ne suffiront pas. De
nouvelles émeutes de faim devraient provoquer des tensions
croissantes au cours des prochains mois, car la flambée des
prix agro-alimentaires n’est probablement pas à son terme.
Même les contrôles de prix tels qu’observés dans de nombreux
pays de la région ne ramèneront pas le calme. En janvier, le
gouvernement jordanien l’avait déjà bien compris et a annoncé
une hausse des salaires et des retraites, ainsi que des baisses
des taxes sur les carburants. Le gouvernement égyptien n’avait
non plus tardé à augmenter les salaires des fonctionnaires de
15%. Certes, ces hausses de salaires permettront de maintenir
le pouvoir d’achat de la population face à l’inflation, mais
il faudrait déjà que les prix des matières premières baissent
rapidement afin de provoquer une hausse nette des revenus.
Rien n’est moins sûr aujourd’hui. Pour le dire dans les mots du
Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurria, « la flambée
des prix des produits alimentaires et des matières premières
sape les efforts déployés pour faire reculer la pauvreté et la
faim dans le monde […] ».
Les effets secondaires de ces mesures politiques sont bien
connus : elles entraîneront une détérioration des finances
publiques et donc de la dette des pays en question. Dans une
publication du 1er février, l’agence de notation de crédit,
Standard & Poor’s, explique la dégradation de la notation de
l’Egypte. On a pu apprendre que « le nouveau gouvernement
égyptien prendra probablement des mesures pour réduire la
pauvreté et accroître les aides à l’achat de carburant et de
nourriture, mais ceci aggravera le déficit public ». La fuite des
investisseurs n’a pas tardé et la chute consécutive de la devise
égyptienne provoquera une hausse des prix à l’importation
des denrées alimentaires…
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Le prix de nombreux aliments étant souvent négocié sur les marchés
mondiaux (et non locaux), le phénomène de l’hyperinflation
alimentaire et des émeutes de faim dépassent de loin le cadre
du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Les parallèles avec les
économies asiatiques en voie de développement sont évidentes. La
raison de l’impact dévastateur de la flambée des prix alimentaires
sur les marchés émergents l’est aussi. Les populations des pays en
voie de développement réservent une proportion importante de
leurs budgets journaliers à la nourriture, ce qui n’est plus le cas
dans les pays industrialisés. Et pourtant dans l’analyse des origines
de l’inflation alimentaire, c’est bien la politique monétaire
ultra-accommodante des pays développés qu’on doit pointer du
doigt. Leurs banques centrales appliquent des taux d’intérêts
historiquement bas afin d’aider leurs économies à sortir du
marasme de la crise financière (cf. ci-dessous).
En dehors du fait que les
perspectives de croissance
de la première économie
mondiale prouvent son succès
relatif, on constate également
que les dollars bon marché,
mis à disposition par la Fed,
n’aboutissent pas uniquement
dans l’économie réelle.
L’assouplissement monétaire inégalé de la banque centrale
américaine a suscité de vives critiques et ceci non seulement dans
le coin des altermondialistes ou des utopistes. La Réserve fédérale
a injecté des sommes faramineuses de liquidités dans le système
financier international afin d’éviter une rechute de l’activité
économique sur son propre territoire. En dehors du fait que les
perspectives de croissance de la première économie mondiale
prouvent son succès relatif, on constate également que les dollars
bon marché, mis à disposition par la Fed, n’aboutissent pas
uniquement dans l’économie réelle. De nombreux observateurs
reprochent à la banque centrale d’avoir encouragé les Américains à
la spéculation afin de rétablir leurs finances privées qui avaient été
malmenées par la crise immobilière et financière. Non seulement
des investisseurs sur le territoire américain, mais dans le monde
entier, ont pu profiter de cet argent à bas loyer pour l’investir
dans les marchés considérés comme étant porteurs. Le marché
des matières premières est parmi eux et a connu une progression
avoisinant les 60% depuis la fin de la récession américaine. Il suffit
de comparer cette progression avec celle d’un investissement dans
les 30 plus importantes capitalisations américaines (+ 45%) pour
constater que les investisseurs n’ont pas manqué leur coup (cf.
graphique page suivante).
Les marchés monétaires et ob
6 octobre 2010
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Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat,
Luxembourg
Lux-In
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La croissance dynamique
des pays émergents et les
changements dans leurs styles
de vie et de consommation qui
en résultent, provoqueront un
accroissement important de la
demande.
Comme tout prix librement négocié, la flambée des prix des
matières premières repose sur le jeu de l’offre et de la demande.
Et c’est bel et bien un excès de la demande par rapport à l’offre
qui a poussé les prix à la hausse. Cette demande pouvant venir
des spéculateurs ou des producteurs agro-alimentaires, il s’agit de
faire la part des choses. Lorsqu’on analyse l’évolution des positions
d’achat par catégories d’intervenant (commercial/non-commercial)
sur les différents marchés des aliments, on tombe souvent sur des
conclusions similaires. On constate que la corrélation des positions
acheteuses des acteurs non commerciaux ne colle pas exactement
avec l’évolution du prix. Par contre, en comparant les dates de
flambées de prix avec celles des catastrophes climatiques voire
des conflits politiques, on découvre des parallèles. Les sécheresses
en Asie et en Amérique Latine observées au printemps 2010 ont
vraisemblablement été à l’origine de l’accroissement des positions
spéculatives (non commerciales) au même moment. De même, les
incendies, les inondations et les troubles politiques plus récents se
sont toujours soldés par de nouvelles vagues d’achat de contrats
sur matières premières et donc des hausses de prix.
Plus structurellement, la croissance dynamique des pays émergents
et les changements dans leurs styles de vie et de consommation
qui en résultent, provoqueront un accroissement important
de la demande. La poursuite de ce phénomène de rattrapage
économique de la part des pays en voie de développement pourrait
provoquer des tensions inflationnistes supplémentaires sur les
prix des matières premières. D’un point de vue fondamental, la
recherche dans le domaine agro-alimentaire montre que la
production agricole dans le monde devrait ralentir au cours de la
décennie à venir. En vue des développements démographiques à
attendre, on peut toutefois croire qu’elle permettra de satisfaire la
demande prévue. Mais, avec l’augmentation des prix de production
et une demande accrue résultant de la reprise économique, ainsi
que de la demande provoquée par la hausse de la production des
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biocarburants, les prix des matières premières devraient être
en moyenne plus élevés au cours de la décennie à venir que
lors de la dernière flambée observée en 2007-2008.
Les travaux de recherche de l’Organisation de coopération et
de développement économique ainsi que de l’Organisation
des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture montrent
aussi que les subventions accordées à la production de
biocarburants à partir de maïs, de betterave sucrière ou d’huile
végétale peuvent contribuer à la hausse des prix alimentaires.
L’organisation constate que l’objectif de réduire les émissions
de gaz à effet de serre n’est pas atteint avec cette politique de
subvention. Ceci explique pourquoi le gouvernement français
cherche actuellement à faire de la sécurité alimentaire et
de l’instabilité des prix des matières premières un des axes
prioritaires de sa présidence du G20. Il s’agit d’unir les efforts
des plus importantes nations industrialisées pour atténuer des
fluctuations excessives des cours et donc mieux protéger les
consommateurs et les producteurs vulnérables.
Mike Schmit, Senior Economist
BCEE Asset Management
Tous les efforts de réforme politique ne peuvent pas
cacher que les déséquilibres économiques entre les pays
émergents et développés sont à l’origine des turbulences
politiques observées aujourd’hui. Les pays industrialisés
sont aujourd’hui contraints de redresser et réformer
leurs systèmes financiers. Etant donné qu’il est urgent de
rétablir des finances publiques plus saines, leurs banques
centrales devraient rester réticentes à faire remonter
le coût de refinancement de la dette. Or, dans les
économies émergentes, la politique des taux d’intérêts
bas pratiquée par les pays riches crée déjà d’importantes
turbulences. Elle accentue les entrées de capitaux
étrangers et provoque souvent une appréciation des
devises locales. Les bulles des prix qui résultent de cette
surchauffe ne se limitent pas à l’Afrique du Nord ou au
Moyen-Orient. Les économies émergentes asiatiques
sont également touchées. En conjugaison avec le défi
démographique du vieillissement de la population,
présent non seulement dans les pays industrialisés mais
aussi dans les nations émergentes (comme la Chine,
p.ex.), des tensions géopolitiques nous seront assurées
dans les décennies à venir. Les événements tunisiens
et égyptiens ne marquent probablement que le début
d’une longue chaîne de remous politiques.
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