W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER 21 Mars 2011 6A, rue Goethe, L-1637 Luxembourg, Tel.: (+352) 26 895-1, Fax: (+352) 26 895-24 e-mail: [email protected], www.bcee-assetmanagement.lu W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER Japon : les conséquences économiques du cataclysme naturel Seulement 4% du PIB japonais sont générés dans les trois régions impactées directement par la catastrophe. Une dizaine de jours après le séisme, le tsunami et la série d’accidents à la centrale nucléaire de Fukushima, les conséquences de la catastrophe japonaise restent imprévisibles. Les événements des derniers jours dépassent l’imagination et personne ne sait encore évaluer les répercussions humaines et économiques. A l’heure actuelle, on estime que 18.000 personnes ont péri dans la catastrophe ou sont portées disparus. Ce bilan n’est que provisoire. Les réacteurs nucléaires ne sont toujours pas entièrement sous contrôle et la zone contaminée n’a pas encore été entièrement évacuée. Les retombées sanitaires de l’irradiation à laquelle est exposée la population de la péninsule ne se mesureront que dans le très long terme. Les chercheurs ayant analysé les conséquences de Tchernobyl s’attendent à voir une hausse des taux de cancer de la thyroïde et des autres cancers dans les années à venir. Mais aucun chercheur n’est capable de prédire quelles pourraient être les séquelles de l’incident nucléaire sur l’évolution démographique japonaise qui est déjà très défavorable. Tout ce que l’on sait c’est qu’à l’heure actuelle la population japonaise diminue lentement et que la croissance des grandes villes s’est fortement contractée, à l’exception notable de Tokyo. L’indice de fécondité se situe parmi les plus faibles au monde. Le rapport du nombre de naissances vivantes d’une année à l’ensemble de la population féminine en âge de procréer se situe à seulement 1,2 au Japon. Le cataclysme naturel qui a frappé le Japon la semaine dernière pourrait également entraîner de lourdes conséquences économiques pour ce pays dont la reprise économique commençait déjà à s’affaiblir au 4ème trimestre (cf. graphique). Afin de se faire une idée des retombées économiques possibles des récents événements, on ne peut qu’essayer de comparer l’incomparable. Le seul tremblement de terre qui peut servir d’orientation est le séisme de 1995 à Kobe. A titre de comparaison, ce séisme avait coûté l’équivalent de 100 milliards de dollars, voire environ 2,6 % de croissance sur l’ensemble de l’année. Néanmoins, à l’époque, la ville de Kobe et son port concentraient bien plus d’activité économique et de population que les zones qui sont touchées aujourd’hui : seulement 4% du PIB japonais sont générés dans les trois régions impactées directement par la catastrophe. ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER La reconstruction des territoires dévastés aura l’effet paradoxe de renforcer la croissance économique. Mais cette fois-ci une catastrophe nucléaire vient amplifier les effets négatifs sur l’économie japonaise et la croissance mondiale. L’impact sera probablement plus grave et durable que lors des catastrophes naturelles qu’avait connues le Japon jusque-là. Ceci incite à croire que le frein à la croissance pourrait facilement dépasser les 2 points de pourcentage du PIB. Néanmoins, la reconstruction des territoires dévastés aura l’effet paradoxe de renforcer la croissance économique. Ceci s’explique par le fait que le stock de capital détruit ne joue pas dans le calcul du produit intérieur brut: le PIB comptabilise la croissance en termes de flux. Des sommes importantes devront donc être mobilisées pour financer la reconstruction et elles pourraient éviter une rechute de l’activité pour l’année en cours du moins. Ces sommes agiront de la même manière qu’un programme conjoncturel. Si de nombreuses usines ont dû être temporairement fermées, soit à cause des destructions causées par le séisme et le tsunami ou encore des coupures d’électricité, il ne faut pas oublier qu’aucun des ports industriels majeurs n’ait été détruit. Des goulots d’étranglement pourraient pourtant menacer la production industrielle à travers le monde et sont déjà palpables dans les secteur de l’automobile, de l’électronique et des semiconducteurs. Les usines de Toyota, Nissan et Honda aux Etats-Unis sont contraints de ralentir leur production faute d’approvisionnements en provenance du Japon. De plus, on estime qu’aujourd’hui chaque sixième pièce électronique provient du Japon et on imagine l’impact que pourraient avoir des arrêts de production durables sur les partenaires commerciaux. S’il est bien trop tôt pour chiffrer avec exactitude les dégâts, il semble aujourd’hui que la capacité d’exportation japonaise n’ait pas été sérieusement affaiblie et que l’impact des événements au Japon devrait rester limité au niveau du commerce mondial. Malgré son importance en tant que 3ème exportateur et 3ème économie mondiale, le Japon ne représente « que » 9% du PIB mondial. commerce extérieur provient plus de la devise locale que des destructions des infrastructures portuaires. Comme en 1995, la catastrophe intervient après une longue phase d’appréciation de la devise locale qui avait lésé la compétitivité des exportations. Au moment du séisme de Kobe, on avait constaté que de nombreux Japonais avaient rapatrié leur argent investi à l’étranger, soit pour financer la reconstruction soit par besoin de toucher aux réserves d’épargne. Etant donné que les investisseurs japonais sont parmi les plus importants détenteurs d’obligations étatiques, on avait observé de lourdes ventes de ces titres dont le produit avait ensuite été converti en yens. Les répercussions financières d’un éventuel rapatriement de l’épargne japonaise sont potentiellement énormes : plus de la moitié du PIB de la 3ème économie mondiale sont investis à l’étranger. Le graphique à droite illustre qu’en 1995 la balance commerciale du pays avait chuté sévèrement. Aujourd’hui la menace pour le ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER Lors du séisme de Kobe, ce mouvement de rapatriement des investissements japonais était visible aussi bien à l’appréciation du yen qu’à la hausse du rendement des obligations publiques américaines desquelles les Japonais s’étaient désinvestis. On peut imaginer aujourd’hui que le même phénomène se reproduira à moyen terme, une fois que la première panique des investisseurs s’est calmée. Juste après la nouvelle du tremblement de terre suivi du tsunami et de la catastrophe nucléaire, les obligations étatiques américaines avaient pourtant connu une forte hausse suite à la fuite des investisseurs dans la sécurité des titres de l’Etat américain. Lors du séisme de Kobe, ce mouvement de rapatriement des investissements japonais était visible aussi bien à l’appréciation du yen qu’à la hausse du rendement des obligations publiques américaines desquelles les Japonais s’étaient désinvestis. Afin d’éviter que la hausse du yen vienne perturber encore plus l’économie japonaise, le G7 a annoncé jeudi dernier une action concertée pour contrer la flambée de la devise nippone. Après les premières ventes du yen opérées par les sept nations, le cours de change s’est quelque peu replié après avoir atteint un record depuis la Seconde Guerre Mondiale à 76,36 yens contre un dollar. De son côté, la Banque du Japon a promis de soutenir l’économie et d’aider à la reconstruction en approvisionnant les marchés avec d’importantes liquidités. Elle a annoncé avoir injecté au total 34.000 milliards de yens (309 milliards d’euros) dans l’économie depuis lundi dernier. Les marchés d’actions japonais peinent néanmoins à se relever de leur déclin du début de semaine. Rien qu’au cours des séances de lundi et de mardi, les indices boursiers nippons avaient chuté de plus de 16%. Après plusieurs jours de ventes de panique, les investisseurs se sont pourtant ressaisis et ont repris un peu de confiance. Mais, les acteurs financiers craignent toujours que le financement public de la reconstruction pourrait entraîner un abaissement de la notation de crédit du Japon. La péninsule japonaise connaît une dette publique qui représente le double de son activité économique annuelle (plus de 200% du PIB) et rien que son évolution démographique devrait contribuer à faire croître cette dette. ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER Les consommateurs et l’industrie devront aussi être prêts à accepter des prix d’énergie considérablement plus élevés que ceux auxquels ils sont habitués aujourd’hui. En dehors des répercussions financières, il faut s’interroger sur les conséquences de la catastrophe sur les choix des mix énergétiques des pays industrialisés. Le Japon, 3ème puissance mondiale dans la production d’énergie nucléaire, sera contraint de reconsidérer sa dépendance des sources d’énergie nucléaire. Aujourd’hui on estime que le Japon couvre environ un tiers de ses besoins d’électricité à travers un parc d’une cinquantaine de centrales nucléaires. Le gouvernement japonais va devoir trouver des sources d’énergie de substitution et compenser la pénurie d’électricité par l’importation de gaz pour ses centrales thermiques. Les discussions de nos pays voisins, et surtout de l’Allemagne, montrent pourtant que le séisme du 11 mars pourrait aussi marquer le début d’une transition vers les énergies alternatives en Europe. L’accident y a revigoré les opposants du nucléaire. Il faut espérer que l’engouement pour les énergies alternatives sera durable (cf. graphique avec la surperformance du secteur des énergies renouvelables) et se traduira par des conséquences politiques au niveau du mix énergétique. Les consommateurs et l’industrie devront aussi être prêts à accepter des prix d’énergie considérablement plus élevés que ceux auxquels ils sont habitués aujourd’hui. Vu la forte dépendance de nos économies industrialisées de l’énergie nucléaire, un passage rapide à des sources énergétiques alternatives ne semble pas réaliste. ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER Séisme, tsunami et accident nucléaire. Il est désormais sûr que le Japon est confronté à la plus grave crise de son histoire de l’après-guerre. Ces commentaires, qui se veulent rationnels et s’accompagnent d’un profond malaise, sont une tentative vaine de chiffrer une catastrophe humaine qui ne se mesure pas en yens, mais en vies humaines meurtries. Les réflexions économiques sont loin des pompiers et soldats qui tentent aujourd’hui de venir en aide aux sinistrés et ne peuvent qu’organiser leur survie dans les décors apocalyptiques. Séisme, tsunami et accident nucléaire. Il est désormais sûr que le Japon est confronté à la plus grave crise de son histoire de l’après-guerre. Les événements récents ont dépassé les pires scénarios. Les images des rescapés qui sont maintenant exposés à la menace invisible des radiations resteront gravées dans nos mémoires. Il faut espérer qu’elles nous aideront à prendre conscience qu’une utilisation plus prudente des ressources naturelles est sans alternative. Mike Schmit, Senior Economist BCEE Asset Management ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER 6A, rue Goethe,L-1637 Luxembourg, Tel.: (+352) 26 895-1 Fax: (+352) 26 895-24 e-mail: [email protected] www.bcee-assetmanagement.lu Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg Etablissement Public Autonome Siège Central : 1, Place de Metz L-2954 Luxembourg BIC : BCEELULL R.C.S. Luxembourg B 30775 www.bcee.lu tél. : (+352) 4015 -1 Disclaimer : Les opinions, avis ou prévisions figurant dans ce document sont, sauf indication contraire, ceux de son ou ses auteur(s) et ne reflètent pas les opinions de toute autre personne, de BCEE Asset Management S.A. ou de Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg. Les informations contenues dans le présent document proviennent de sources publiques considérées comme fiables, dont BCEE Asset Management S.A. et Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg ne peuvent cependant pas garantir l’exactitude. De fait, les informations peuvent être soit incomplètes, soit condensées. Toute référence aux performances antérieures ne saurait constituer une indication quant aux performances à venir. Ce document ne peut en aucune circonstance être utilisé ou considéré comme un engagement de BCEE Asset Management S.A. ou de Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg. 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