die de Kaposi. Les malades inclus dans l’étude sont suivis
aux services de dermatologie des centres hospitalo-
universitaires Ibn Rochd de Casablanca et Ibn Sina de Rabat
(Maroc). Pour chaque patient nous avons relevéles données
cliniques concernant l’âge, le sexe, les antécédents et le statut
sérologique vis-à-vis duVIH. Le diagnostic de la maladie de
Kaposi a étéconfirmépar l’examen anatomopathologique.
L’étude a également étéréalisée auprèsd’un groupe té-
moin constituéde 26 donneurs de sang, de même tranche
d’âge et de même sexe prélevés au centre régional de trans-
fusion sanguine de Casablanca.
3. Méthodes
Pour les deux groupes, témoins et malades, un prélève-
ment de sang veineux périphérique sur un tube sec et stérile a
étéfait. Les aliquots de sérums ont étéconservésà–30°C
jusqu’au moment du test sérologique.
L’étude sérologique a consistéen la recherche des anti-
corps (AC) type IgG anti-HHV8 par la technique d’immuno-
fluorescenceindirecte (Kit BiotrinHHV8-IgG-IFA).Le prin-
cipe de la technique est simple et comprend deux étapes : la
première étape consiste àmettre en contact le sérum àtester
avec les cellules infectées par le HHV8 et fixées sur la lame,
la présence d’AC dans le sérum se traduit par la formation
d’un complexe antigène-anticorps (Ag-AC). La deuxième
étape consiste àajouter des anti-IgG humains marquésàun
fluorescent, une lumière verte fluorescente est observéeau
microscope àfluorescence en cas de présence d’AC anti-
HHV8.
4. Résultats
L’âge moyen des patients est de 63 ans avec des extrêmes
allant de 40 à83 ans. Ils sont répartis en 23 hommes et 3
femmes. Dans les antécédents nous avons notéun cas de
syphilis et un cas d’urétrite chronique. La sérologieVIH a été
négative chez les deux groupes, malades et témoins.
Sur les 26 malades, 24 ont présentéune sérologie HHV8
positive (92 %), alors que tous les témoins ont étéséronéga-
tifs en anticorps anti-HHV8.
5. Discussion
Des études épidémiologiques ont suggéré,dèsl’année
1970, que la maladie de Kaposi pourrait être en rapport avec
un agent infectieux. Plusieurs virus tels que le cytomégalo-
virus, l’herpès virus-6, le virus de l’hépatite B et le virus de
l’immunodéficience acquise ont étéincriminés puis innocen-
tés [2,3].
C’est grâce àune technique originale de biologie molécu-
laire RDA (Representional Difference Analysis) que Chang
et al. ont identifié pour la première fois en 1994 des séquen-
ces d’ADN du HHV8 dans des lésions de la maladie de
Kaposi chez un patient atteint du syndrome de l’immunodé-
ficienceacquise (Sida) [1].Parlasuite, de nombreusesétudes
ont confirmépar la technique de polymerase chain reaction
(PCR) la présence du HHV8 dans toutes les formes de la
maladie de Kaposi ainsi que dans le lymphome primitif des
séreuses et dans la maladie de Castleman [2,3].
La transmission de HHV8 semble se faire essentiellement
par voie sexuelle comme en témoigne la prévalence élevée
des anticorps anti-HHV8 en cas d’infections sexuellement
transmissibles (20 %), d’infection àVIH (48 %) et d’homo-
sexualité(40 %) [2,4]. La présence d’ADN viral dans les
sécrétions salivaires et la séropositivitéchez l’enfant âgéde
moins de 12 ans rend compte de la transmission par la salive
[4]. Les études sérologiques ont permis de mieux connaître
l’épidémiologie de l’infection par le HHV8.Actuellement de
nombreuses techniques existent, telles que l’immunoblot,
l’Elisa et l’immunofluorescence [2]. Cette dernière, plus sen-
sible et spécifique est celle que nous avons utilisée dans ce
travail.
La séroprévalence de l’infection àHHV8 dans la popula-
tion générale est hétérogène et semble dépendre de la région
géographique, du niveau socio-économique et de l’âge [2,4].
Elle est de 1 à5%enAmérique du nord, 7 à35 % sur le
pourtour méditerranéen et avoisine 100 % dans certains pays
d’Afrique Noire [2,5,6].
Dans une étude qui a portésur 122 donneurs de sang en
AmériqueduNord, aucun cas de séropositivitéHHV8n’aété
retrouvé[5]. Ce résultat est comparable àcelui retrouvédans
notresériechez le groupe témoinconstituéde 26 donneurs de
sang tous séronégatifs en anticorps HHV8.
Les études sérologiques réalisées enAmérique du Nord et
en Europe ont montréune très forte prévalence des anticorps
anti-HHV8 chez les patients atteints de maladie de Kaposi.
Dans la forme de Kaposi endémique liéeàl’infection àVIH,
laséroprévalencevariede 65 à96%. Elle estplusélevéedans
la forme classique avoisinant souvent 100 % [5,7–9] (Ta-
bleau 1). Dans notre étude, la séroprévalence de l’infection à
HHV8 dans la population atteinte de maladie de Kaposi
classique est de 92 % ce qui concorde avec les résultats
rapportés dans la littérature.
Tableau 1
Prévalence des anticorps anti-HHV8 chez les patients atteints de maladie de
Kaposi en l’absence d’infection par le VIH
Études Techniques SéropositivitéHHV8
Sitas F. [9] IF 83 % (13/16)
Afrique du Sud, 1999
Simpson [8] Elisa 94 % (17/18)
Grèce, 1996
Lennette [7] IF 100 % (28/28)
Afrique Noire, 1996
Gao [5] IF 100 % (11/11)
États-Unis, 1996
Notre étude IF 92 % (24/26)
Maroc, 2001
IF : Immunofluorescence
227B. El Kassimi et al. / Médecine et maladies infectieuses 33 (2003) 226–228