présente pour la sparfloxacine et absente pour des molécules
comme la moxifloxacine, pour laquelle ces réactions sem-
blent peu fréquentes
(1, 8)
. Les fluoroquinolones trifluorées
sont à haut risque de réactions immunomédiées, ce qui a été
confirmé par l’apparition d’atteintes hépatiques sévères sous
trovafloxacine, rapidement après son obtention d’AMM, et a
conduit les autorités de santé à retirer ce médicament du mar-
ché
(8)
. Ces informations sur la relation structure-toxicité
sont donc importantes pour anticiper la toxicité des molécules
en développement.
Fluoroquinolones et tendons
Le risque d’atteinte tendineuse a tout d’abord été mis en évi-
dence grâce à la notification spontanée avec la péfloxacine,
pour laquelle l’incidence des tendinites, principalement sur
le tendon d’Achille, était plus élevée qu’avec les autres fluo-
roquinolones
(7-9)
. Des facteurs de risque tels que l’âge
supérieur à 60 ans et la corticothérapie associée ont alors été
identifiés. Les données de pharmacovigilance ont ensuite
montré que le même type d’atteintes tendineuses survenait
fréquemment avec l’isomère lévogyre du racémique ofloxa-
cine, la lévofloxacine, bien que l’incidence de survenue ait
été difficilement comparable à celle de la péfloxacine
(8, 10).
Les données recueillies au cours des dix premiers mois de
commercialisation montraient que les tendinites concer-
naient en majorité le tendon d’Achille, et pouvaient conduire
à une rupture tendineuse (30 % des cas). Les tendinites pou-
vaient survenir en 48 heures après le début du traitement et
devenir bilatérales. Les facteurs de risque, âge et corticothé-
rapie associée, majoraient nettement le risque. Il en est résul-
té une mise en garde dans le RCP de la lévofloxacine ainsi
qu’une proposition d’adaptation des doses en cas d’insuffi-
sance rénale.
Fluoroquinolones et peau
Les fluoroquinolones exposent à un risque de phototoxicité
qui varie selon les molécules
(8)
. Les atteintes cutanées, plus
ou moins sévères, vont du simple érythème solaire à la brûlure
(11)
. La sparfloxacine avait été mise sur le marché en sep-
tembre 1994 et suivie d’emblée par l’enquête de pharmacovi-
gilance précédemment évoquée. Après huit mois de commer-
cialisation, il est apparu qu’elle était responsable de réactions
phototoxiques plus fréquentes et plus graves (nécessitant par-
fois une hospitalisation) que les autres fluoroquinolones
(11).
L’activité de la sparfloxacine sur le pneumocoque ayant un
intérêt en thérapeutique, la molécule était restée disponible
dans des indications très restreintes, avec mention dans le
RCP de “proscrire toute exposition au soleil, à la lumière vive
et aux ultraviolets pendant le traitement et trois jours après la
fin”. Aux problèmes cutanés s’est ajouté le potentiel cardio-
toxique de la sparfloxacine, ce qui a conduit le titulaire de
l’AMM à retirer son produit du marché en février 2001.
Fluoroquinolones et cœur
La prolongation de l’intervalle QT est un effet indésirable
désormais considéré comme un effet de classe des fluoroqui-
nolones, mais qui avait été initialement observé avec la spar-
floxacine
(8, 12)
. Ce trouble de la repolarisation expose au
risque de torsades de pointes, une tachyarythmie ventriculaire
potentiellement fatale
(12)
. Ainsi, parallèlement au problème
de phototoxicité, le potentiel cardiotoxique de la sparfloxacine
était analysé en temps réel par un groupe d’experts dans les
études précliniques, les essais cliniques et les données de
pharmacovigilance
(13)
. Dès mai 1995, la contre-indication
de la sparfloxacine avec l’amiodarone en raison du risque
d’allongement de l’intervalle QT était ajoutée au RCP. La
grépafloxacine, enregistrée en novembre 1997, a été retirée
du marché en octobre 1999 pour prolongation de l’intervalle
QT (7 décès en Allemagne)
(1)
. Comme la sparfloxacine, la
moxifloxacine, disponible en France depuis 2002, a montré
une tendance à allonger l’intervalle QT dans les phases pré-
coces de son développement
(8, 12)
. Selon le RCP de la moxi-
floxacine, toute association avec un médicament susceptible
d’augmenter l’intervalle QT est contre-indiquée. La firme
commercialisant le produit a, par ailleurs, obligation de
mener des études de sécurité (phases IV) sur son produit, afin
de détecter très précocement tout événement cardiovasculaire
grave
(12)
.
MACROLIDES
(tableau 1)
Généralités
Les macrolides représentent une classe d’antibiotiques homo-
gène dans ses indications. Ils constituent également une alter-
native pour les germes sensibles en cas d’allergie aux bêta-
lactamines
(14)
. Outre les troubles gastro-intestinaux retrou-
vés pour la majorité des molécules, les effets indésirables
découlent du potentiel de certains macrolides à allonger l’in-
tervalle QT et à entraîner des interactions médicamenteuses
cliniquement significatives, les deux étant souvent liés
(1, 15)
.
En effet, les macrolides représentent la majorité des médica-
ments impliqués dans la survenue de torsades de pointes,
principalement l’érythromycine et la clarithromycine
(12, 15)
.
D’une part, le potentiel d’allongement du QT est intrinsèque
à la molécule, et interviennent la pharmacocinétique du pro-
duit (dose, voie d’administration, distribution, …) et les capa-
cités métaboliques et d’élimination du patient. D’autre part,
l’impact des macrolides sur l’intervalle QT peut également
résulter de l’inhibition du métabolisme, par le cytochrome
P450 3A4 (CYP3A4), d’un médicament prolongeant le QT à
fortes concentrations plasmatiques [exemple : le cisapride]
(12, 15)
. Les cas rapportés de torsades de pointes en postmar-
keting révèlent la coprescription des macrolides avec des
médicaments contre-indiqués ou l’existence de facteurs de
La Lettre du Pharmacologue - Volume 19 - n° 2 - avril-mai-juin 2005
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PHARMACOVIGILANCE