
La Lettre du Pneumologue - Vol. IX - n° 4 - juillet-août 2006
Mise au point
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pénicillines, et la question demeure du risque de prescrire une 
céphalosporine chez un patient avec antécédent d’allergie à la 
pénicilline (2, 5). Un patient aux antécédents avérés d’allergie à 
la pénicilline a huit fois plus de risques de voir se déclencher une 
allergie aux céphalosporines qu’un patient sans antécédent aller-
gique (4, 5). Les pourcentages de réactions croisées pénicillines-
céphalosporines communément admis sont de 5 à 10 %. C’est 
pourquoi il est important chez ces patients de mener un inter-
rogatoire complet et, le cas échéant, d’effectuer des tests cutanés 
aux pénicillines. Les tentatives de mise au point de tests cutanés 
avec les céphalosporines se sont révélées infructueuses et les 
tests avec la molécule mère ont une valeur prédictive limitée (2, 
5). En revanche, les patients ayant des tests cutanés négatifs aux 
pénicillines n’ont pas plus de risques que la population générale 
de développer des réactions allergiques aux céphalosporines. 
Ces informations sont reprises dans le RCP des céphalospori-
nes à la rubrique “Mises en garde”, où il est précisé que “l’allergie 
aux pénicillines étant croisée avec celle aux céphalosporines dans
5 à 10 % des cas, l’utilisation des céphalosporines doit être extrê-
mement prudente chez les patients pénicillinosensibles”.
Parmi les bêtalactamines, on peut distinguer l’aztréonam, mo-
nobactam (structure chimique à un seul cycle). Cette molécule 
est proposée par Parmar et Nasser (6) chez des patients atteints 
de mucoviscidose et présentant des prick-tests positifs aux péni-
cillines. Cependant, l’aztréonam partage avec la ceftazidime une 
chaîne latérale identique, et des cas isolés de réactions croisées 
entre ces deux molécules ont été rapportés. Il convient donc, 
selon le RCP de l’aztréonam, d’utiliser cette molécule avec une 
grande prudence chez les patients présentant une hypersensibi-
lité aux bêtalactamines.
Chez les patients ayant présenté une réaction anaphylactique à 
une bêtalactamine, il convient donc de proscrire toutes les bê-
talactamines, compte tenu du risque d’allergie croisée entre les 
molécules de toute la classe. Il est ensuite conseillé de prévoir un 
bilan allergologique, afin de confirmer le diagnostic, de définir 
une liste des médicaments à risque et de proposer le cas échéant 
un test de réintroduction ou une désensibilisation sous stricte 
surveillance médicale.
Maladie pseudo-sérique
Il s’agit d’un effet indésirable d’apparition retardée par rapport 
au début du traitement. La maladie pseudo-sérique survient 
essentiellement chez de jeunes enfants (âge ≤ 6 ans) traités 
par céfaclor et par les céphalosporines de première généra-
tion proches (4, 7). Elle se manifeste au plan clinique par une 
urticaire, de la fièvre et des arthralgies dans un délai d’environ 
une semaine après le début du traitement (7). L’évolution est 
spontanément favorable. La molécule en cause est alors contre-
indiquée chez le patient, mais sans contre-indication de la classe 
des bêtalactamines (4). La survenue de cet effet serait expliquée 
par un déficit héréditaire sur la voie métabolique hépatique du 
céfaclor (2, 7). Des tests cutanés peuvent être envisagés, de type 
patch-test à lecture retardée (48-72 heures) (4).
Dans la série décrite par King et al. (7) sur la période allant du 
1er janvier au 31 décembre 1997, le céfaclor était associé à 84 %
des maladies pseudo-sériques attribuables à un traitement anti-
biotique par voie orale, et cette caractéristique a été confirmée 
dans le reste du monde. Les auteurs observaient sur la même 
période une sous-notification de cet effet indésirable auprès du 
système de pharmacovigilance (Adverse Drug Reactions Adviso-
ry Committee [ADRAC] Australia) : cet effet étant maintenant 
bien reconnu avec le céfaclor, il est sans doute moins notifié par 
les professionnels de santé, ce qui entraîne une sous-estimation 
de son incidence au sein de la population pédiatrique traitée par 
céfaclor.
FLUOROQUINOLONES (tableau I)
Les “nouvelles” fluoroquinolones, à savoir ciprofloxacine, 
norfloxacine, ofloxacine, péfloxacine, puis sparfloxacine, ont 
été mises sur le marché dans les années 1990. L’utilisation 
de cette classe d’antibiotiques à large spectre antibactérien, 
offrant une alternative possible aux bêtalactamines et semblant 
bien tolérée, a été d’emblée importante. Toutefois, après quel-
ques années de commercialisation, des effets indésirables sont 
apparus en notification spontanée et dans la littérature (8). En 
France, l’Agence du médicament décida rapidement une analyse 
des cas notifiés avec les fluoroquinolones du début de leur com-
mercialisation au 31 décembre 1993. Plus tard, la sparfloxacine 
fut intégrée à l’enquête (8). Un profil d’effets indésirables des 
fluoroquinolones s’est dégagé avec des particularités propres à 
certaines molécules, qui seront détaillées plus loin. Des troubles 
neuropsychiatriques, des atteintes tendineuses, des photosen-
sibilisations et des troubles cardiaques sont décrits (8, 9). Des 
réactions plus rares d’hypersensibilité immunomédiées ont 
aussi été rapportées en notification spontanée (9). Ces effets in-
désirables, maintenant attendus pour toute la classe, sont suivis 
pour toutes les molécules mises sur le marché depuis l’enquête 
initiale, comme la lévofloxacine, la moxifloxacine, la trovafloxa-
cine et la grépafloxacine.
Certains de ces effets indésirables sont expliqués par la structure 
chimique des fluoroquinolones (figure 2). Par exemple, la pho-
totoxicité est influencée par la nature d’une substitution présen-
te pour la sparfloxacine et absente pour des molécules comme 
la moxifloxacine, pour laquelle ces réactions semblent peu fré-
quentes (1, 9). Les fluoroquinolones trifluorées (trovafloxacine, 
témafloxacine) sont à haut risque de réactions immunomédiées, 
ce qui a été confirmé par l’apparition d’atteintes hépatiques sévè-
res sous trovafloxacine, rapidement après son obtention d’AMM, 
et a conduit les autorités de santé à retirer ce médicament du 
marché (1). Ces informations sur la relation structure-toxicité 
sont donc importantes pour anticiper la toxicité des molécules 
en développement.
Les trois types d’effets indésirables envisagés ici sont les tendino-
pathies, la phototoxicité et la cardiotoxicité.
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