Chapitre VI Polynômes Sommaire K A L’ensemble [X] des polynômes à coefficients dans A.1 Définitions et vocabulaire . . . . . . . . . . . . . A.2 Opérations algébriques sur les polynômes . . . A.3 Polynômes dérivés . . . . . . . . . . . . . . . . . B Divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C Racines d’un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . C.1 Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C.2 Racines multiples . . . . . . . . . . . . . . . . . . C.3 Factorisation dans [X] . . . . . . . . . . . . . . Exercices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C K . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 . 2 . 4 . 5 . 6 . 9 . 9 . 11 . 13 . 15 2 Chapitre VI - Polynômes Dans tout ce chapitre, K désigne R ou C. A - L’ensemble K[X] des polynômes à coefficients dans K A.1 - Définitions et vocabulaire Définition 1 K On appelle polynôme à coefficients dans toute fonction P : éléments a 0 , a 1 , . . . , a n de vérifiant pour tout z ∈ : K K K → K telle qu’il existe n ∈ N et n + 1 P(z) = a 0 + a 1 z + · · · + a n z n i .e. P(z) = n X ak z k . k=0 On dit que a 0 , a 1 , . . . , a n sont les coefficients de P. Dans la pratique, on écrit : P = a0 + a1 X + a2 X2 + · · · + an Xn = n X ak Xk k=0 où X est une lettre muette appelée l’indéterminée. L’ensemble des polynômes à coefficients dans Remarques 1 Ï L’incusion R C C R K et d’indéterminée X se note K[X]. ⊂ permet de dire qu’un polynôme à coefficients dans coefficients dans i.e. [X] ⊂ [X]. C R est a fortiori un polynôme à 2 Ï On appelle monôme un polynôme n’ayant qu’un coefficient non nul i.e. de la forme a p X p avec a p 6= 0. 3 Ï On appelle polynôme nul le polynôme dont tous les coefficients sont nuls (on le note 0). 4 Ï Si un polynôme P n’est pas nul, alors son degré est l’indice du dernier coefficient non nul ; on le note deg(P) ou deg P. Un polynôme de degré n ∈ N est donc de la forme P = a0 + a1X + a2X2 + · · · + an Xn avec an 6= 0. Ce coefficient a n est appelé coefficient dominant de P ; lorsque a n = 1, on dit que alors P est unitaire. 5 Ï On convient que le polynôme nul est de degré −∞. 6 Ï Un polynôme constant est un polynôme soit nul, soit de degré nul. 7 Ï L’écriture P = n P k=0 a k X k ne signifie pas que P est de degré n mais seulement que deg P É n. 8 Ï L’ensemble des polynômes à coefficients dans 2016-2017 K, d’indéterminée X et de degré au plus n se note Kn [X]. Sébastien PELLERIN A - L’ensemble K[X] des polynômes à coefficients dans K 3 Proposition 2 (principe d’identification) Soit I un intervalle de R (non vide et non réduit à un point). 1. Soit a 0 , . . . , a n des nombres réels tels que : ∀x ∈ I, a 0 + a 1 x + · · · + a n x n = 0. Alors tous les coefficients sont nuls i.e. a i = 0 pour tout i ∈ 0, n. 2. Soit a 0 , . . . , a n et b 0 , . . . , b k des nombres réels avec a n 6= 0 et b k 6= 0 tels que ∀x ∈ I, a 0 + a 1 x + · · · + a n x n = b 0 + b 1 x + · · · + b k x k alors n = k et a i = b i pour tout i ∈ 0, n. Démonstration 1. On raisonne par récurrence sur n. Initialisation. Pour n = 0, si on a pour tout x ∈ I, a 0 = 0 c’est que la fonction constante a 0 est nulle. Hérédité. Soit n Ê 0 pour lequel la propriété est vraie et montrons qu’elle est vraie au rang n + 1 ; on considère n + 2 coefficients a 0 , . . . , a n+1 tels que : ∀x ∈ I, a 0 + a 1 x + a 2 x 2 + · · · + a n x n + a n+1 x n+1 = 0 En particulier cela est vrai pour x = 0 ce qui donne a 0 = 0 donc : ∀x ∈ I, a 1 x + a 2 x 2 + · · · + a n x n + a n+1 x n+1 = 0. En dérivant on obtient alors : ∀x ∈ I, a 1 + 2a 2 x + · · · + na n x n−1 + (n + 1)a n+1 x n = 0. En appliquant l’hypothèse de récurrence avec les coefficients a 1 , 2a 2 , . . . , (n + 1)a n+1 on obtient : a 1 = 2a 2 = · · · = na n = (n + 1)a n+1 = 0 i .e. a 1 = a 2 = · · · = a n = a n+1 = 0. On a donc bien montré que les coefficients a i sont tous nuls ce qui termine la démonstration. 2. Supposons que a 0 + a 1 x + · · · + a n x n = b 0 + b 1 x + · · · + b k x k pour tout x ∈ ∀x ∈ R, avec par exemple n Ê k, alors : R, (a0 − b0 ) + (a1 − b1 )x + · · · + (ak − bk )x k + |ak+1 x k+1 +{z· · · + an x n} = 0 n’apparaissent que si n > k Si n > k alors d’après 1. les coefficients (a 0 − b 0 ), (a 1 − b 1 ), . . . , (a k − b k ), a k+1 , . . . , a n sont tous nuls ce qui est absurde puisque a n 6= 0 donc n = k et, pour tout x ∈ , on a : R (a 0 − b 0 ) + (a 1 − b 1 )x + · · · + (a n − b n )x n = 0 En utilisant 1. on en déduit que a i = b i pour tout i ∈ 0, n. Remarques 1 Ï Le théorème précédent assure de l’unicité de l’écriture d’un polynôme sous la forme a 0 + a 1 X +· · ·+ a n X n avec a n 6= 0 ; on admet que c’est également vrai dans le cas d’un polynôme à coefficients dans K = C. 2 Ï On en déduit également qu’une fonction polynomiale ne peut pas être de degré n et de degré k avec n 6= k. On peut donc parler du degré d’un fonction polynomiale. 3 Ï On peut reformuler ce résultat de la façon suivante : une combinaison linéaire de monômes de degrés distincts ne peut être nulle que si tous les coefficients sont nuls. Sébastien PELLERIN 2016-2017 4 Chapitre VI - Polynômes Exercice C-96 Soit P ∈ C[X] tel que P(x) ∈ R pour tout x ∈ R. Montrer que les coefficients de P sont réels. A.2 - Opérations algébriques sur les polynômes Soit P et Q deux polynômes à coefficients dans K, alors P + Q est un polynôme à coefficients dans K et on a : ¡ ¢ deg(P + Q) É max deg P, deg Q . C’est évident lorsque P ou Q est nul (il y a même égalité). Sinon, on note p = deg P et q = deg Q, il est clair que les coefficients de P + Q sont nuls à partir du rang max(p, q) (et peut-être avant !). On en déduit que le degré de P + Q (i.e. l’indice du dernier coefficient non nul de P + Q) est inférieur ou égal à max(p, q). Remarques 1 Ï En réalité on a deg(P +Q) = max(deg P, deg Q) sauf si P et Q ont même degré et des coefficients dominants opposés (par exemple 1 − X et 1 + X). 2 Ï Ce résultat reste vrai même avec un polynôme nul en utilisant la convention deg 0 = −∞. On considère deux polynômes P = p P k=0 a k X k de degré p et Q = q P k=0 b k X k de degré q. Alors le produit, noté PQ, des polynômes P et Q est le polynôme : PQ = p+q n X³X ´ a k b n−k X n , n=0 k=0 avec la convention a k = 0 pour k > p et b k = 0 pour k > q. Le degré de PQ est p + q et son coefficient dominant est a p b q . Remarques 1 Ï Soit P et Q deux polynômes à coefficients dans K alors : PQ = 0 ⇐⇒ P = 0 ou Q = 0 En effet, le sens ⇐= est clair. Pour le sens =⇒, on raisonne par contraposée : si P et Q sont non nuls de degrés respectifs p et q, alors PQ est de degré p + q donc n’est pas nul. 2 Ï La multiplication des polynômes possède les propriétés suivantes : i. elle est associative i.e. pour tous polynômes P, Q et R, on a (PQ)R = P(QR) ; ii. elle possède comme élément neutre le polynôme 1 i.e. pour tout polynôme P, on a P.1 = 1.P = 1 ; iii. elle est distributive (à droite et à gauche) par rapport à l’addition i.e. pour tous polynômes P, Q et R, on a P(Q + R) = PQ + PR et (P + Q)R = PR + QR ; iv. elle est commutative i.e. pour tous polynômes P et Q, on a PQ = QP. 3 Ï Soit P, Q et R trois polynômes à coefficients dans K avec PR = QR, alors P = Q (i.e. on peut « simplifier » par R). En effet, si PR = QR alors (P − Q)R = 0 avec R 6= 0. On en déduit que P − Q = 0 i.e. P = Q. 2016-2017 Sébastien PELLERIN A - L’ensemble K[X] des polynômes à coefficients dans K 5 K Soit (P, Q) ∈ [X]2 , on note P = a 0 + a 1 X +· · ·+ a p X p , alors le polynôme composé de P et Q, noté P ◦Q ou P(Q), est défini par : déf P ◦ Q = a0 + a1 Q + · · · + a p Qp On dit aussi que P ◦ Q s’obtient en substituant Q à X dans P. Exemples 1 Ï Si P = 1 − 2X + 3X 2 et Q = 1 + X alors : 2 Ï Pour tout P ∈ K[X] on a P ◦ X = P(X) = P. Remarque On a deg(P ◦ Q) = deg(P). deg(Q). A.3 - Polynômes dérivés Définition 3 Si P = a 0 +a 1 X +...+a n X n ∈ K[X] est de degré n Ê 1, alors on appelle polynôme dérivé de P le polynôme : P 0 = a 1 + 2a 2 X + 3a 3 X 2 + ... + na n X n−1 . Autrement dit, si P = n P k=0 a k X k , alors on a P 0 = n P k=1 ka k X k−1 . Par convention, la dérivée d’un polynôme constant (nul ou non) est le polynôme nul. Remarques 1 Ï Les règles de calculs restent les mêmes que pour les fonctions réelles de la variable réelle. En particulier pour tout (P, Q) ∈ K[X]2 on a (P + Q)0 = P0 + Q0 et (PQ)0 = P0Q + PQ0. 2 Ï Si deg(P) = n Ê 1 alors deg(P 0 ) = n − 1. Exercice C-97 On définit les dérivées successives d’un polynôme P par : ¡ ¢0 P (0) = P , P (1) = P 0 et pour tout n Ê 2, P (n) = P (n−1) . On note P 00 au lieu de P (2) et P 000 au lieu de P (3) . 1. Soit P un polynôme de degré n et de coefficient dominant α, déterminer P (n) . 2. Considérons deux entiers k et n avec k < n. Que peut-on dire de P (n) si P est un polynôme de degré k ? Sébastien PELLERIN 2016-2017 6 Chapitre VI - Polynômes B - Divisibilité Soit A et B dans K[X]. On dit que A divise B (ou que A est un diviseur de B ou que B est un multiple de A), et on note A | B, lorsqu’il existe Q ∈ [X] tel que B = QA. K Exemples 1 Ï On a X − 2 | X 2 − 4 car X 2 − 4 = (X − 2)(X + 2). 2 Ï On a X − 1 | X n − 1 car X n − 1 = (X − 1) n−1 P Xk . k=0 Exercice C-98 Soit A, B, C et D des polynômes et n un entier naturel non nul. Montrer les propriétés suivantes : 1. si A divise B et B 6= 0 alors deg A É deg B ; 2. A | A ; ¡ ¢ 3. A | B et B | C =⇒ A | C ; 4. A | B =⇒ A | BC ; 5. A | B et A | C =⇒ A | B + C ; 6. A | B et C | D =⇒ AC | BD ; N∗, A | B =⇒ An | Bn ; ⇐⇒ ∃λ ∈ K∗ / B = λA. 7. ∀n ∈ ( A|B 8. B|A Théorème et définition 4 (division euclidienne) Soit (A, B) ∈ K[X]2 avec B 6= 0. Alors il existe un unique couple (Q, R) ∈ K[X]2 tel que : ( A = BQ + R deg R < deg B . On dit que Q et R sont respectivement le quotient et le reste de la division euclidienne de A par B. Démonstration 2016-2017 Sébastien PELLERIN B - Divisibilité Sébastien PELLERIN 7 2016-2017 8 Chapitre VI - Polynômes Exemples 1 Ï Divisons X 3 + 2X 2 + X + 2 par X 2 + X + 1. 2 Ï Divisons X 4 + 3X 3 + X 2 + 2X + 4 par X 3 + 1. Remarque Avec les mêmes notations, B divise A si et seulement si le reste de la division euclidienne de A par B est nul. En effet, si B divise A alors il existe un polynôme Q tel que A = BQ. L’unicité de la division euclidienne prouve alors que Q et 0 sont respectivement le quotient et le reste de la division de A par B. La réciproque est évidente. Exercice C-99 Effectuer les divisions euclidiennes de : 1. 3X 5 + 2X 4 − X 2 + 1 par X 3 + X + 2 5. X 4 − 3X 3 + X 2 − 2X + 2 par X 3 + X + 1 2. X 3 + X + 2 par 3X 5 + 2X 4 − X 2 + 1 6. X 5 + X 4 + 2X 2 − 1 par X 3 + X + 1 3. 4X 7 + 9X 5 + 3X 4 + 2X + 1 par X 3 7. X 5 − X 3 + X 2 par X 3 4. X 3 + iX 2 + X par X − i + 1 8. X 4 + 2X 3 − 2X 2 − 2X + 1 par X 2 − 1 2016-2017 Sébastien PELLERIN 9 C - Racines d’un polynôme C - Racines d’un polynôme C.1 - Généralités Définition 5 On dit que a ∈ K est une racine de P ∈ K[X] lorsque P(a) = 0. Exemples 1 Ï Le nombre 1 est racine du polynôme X 2 + X − 2. 2 Ï Plus généralement on sait calculer les racines d’un polynôme de degré 2 (à coefficients réels) à l’aide de son discriminant. 3 Ï Cette notion dépend de 4 Ï Tous les éléments de K ; par exemple X2 + 1 n’a pas de racines dans R mais en admet deux dans C. K sont racines du polynôme nul. 5 Ï Un polynôme constant non nul n’a aucune racine. Exercice C-100 Soit P ∈ R[X]. Montrer que z ∈ C est une racine de P si et seulement z est également une racine de P. Proposition 6 Soit P ∈ K[X] et a ∈ K, alors : a racine de P ⇐⇒ ∃Q ∈ K[X] / P = (X − a)Q. Autrement dit, a est racine de P lorsque P est factorisable par X − a. Démonstration Remarques 1 Ï Si a 1 , a 2 , ..., a k sont k racines distinctes du polynôme P, alors P est factorisable par : (X − a 1 )(X − a 2 ) · · · (X − a k ) = k Y (X − a i ) i =1 Sébastien PELLERIN 2016-2017 10 Chapitre VI - Polynômes 2 Ï Si P est de degré n alors P possède au plus n racines distinctes. 3 Ï On en déduit qu’un polynôme de degré au plus n possédant n + 1 racines distinctes est nécessairement nul. Il s’ensuit que pour montrer que deux polynômes P et Q sont égaux il suffit donc de montrer que P − Q a « suffisamment » de racines (par exemple une infinité). 4 Ï Si P est de degré n et possède exactement n racines distinctes a 1 , ..., a n alors P se factorise sous la forme (en notant λ le coefficient dominant de P) : P = λ(X − a 1 )(X − a 2 )...(X − a n ) = λ n Y (X − a i ). i =1 Exemples 1 Ï Factorisons P = X 4 − 1 : 2 Ï Factorisons P = 1 + X + X 2 : 2016-2017 Sébastien PELLERIN 11 C - Racines d’un polynôme 3 Ï Soit n ∈ N∗, factorisons P = Xn − 1 : C.2 - Racines multiples Définition 7 K K N Soit P ∈ [X], a ∈ et k ∈ ∗ . On dit que a est une racine d’ordre k de P lorsque P est factorisable par (X − a)k mais pas par (X − a)k+1 . On dit que k est l’ordre de multiplicité de la racine a. Remarques 1 Ï On dit qu’une racine d’ordre 1 est une racine simple, qu’une racine d’ordre 2 est une racine double et plus généralement qu’une racine d’ordre k Ê 2 est une racine multiple. 2 Ï Par convention une « racine d’ordre 0 » de P est un élément de K qui n’est pas racine de P. Proposition 8 Soit P ∈ K[X], a ∈ K et k ∈ N∗, alors : a est une racine d’ordre k de P ⇐⇒ ∃Q ∈ K[X] / P = (X − a)k Q et Q(a) 6= 0. Compte-tenu de la convention précédente, ce résultat est encore vrai pour k = 0. Démonstration Sébastien PELLERIN 2016-2017 12 Chapitre VI - Polynômes Exemples 1 Ï −1 est racine double de X 2 + 2X + 1 puisque : X 2 + 2X + 1 = (X + 1)2 . 2 Ï Le polynôme X 4 − 1 = (X − 1)(X − i)(X + 1)(X + i) n’a aucune racine multiple. Remarques 1 Ï On obtient aisément par récurrence que si a 1 , . . . , a p sont p racines distinctes de P d’ordre respectif k 1 , k 2 , . . . , k p alors P est divisible par : (X − a 1 )k1 (X − a 2 )k2 · · · (X − a p )k p = p Y (X − a i )ki , i =1 et k 1 + k 2 + · · · + k p É deg P. 2 Ï Lorsque l’on dénombre les racines d’un polynôme, on dit souvent que l’on compte chaque racine avec son ordre de multiplicité ce qui signifie qu’une racine d’ordre k compte en fait pour k racines. Par exemple le polynôme P = (X − 1)2 (X − 3)(X + 2) de l’exemple précédent possède : — 3 racines distinctes : 1, 3 et −2 ; — 4 racines comptées avec leur ordre de multiplicité : 1, 1, 3 et −2. 3 Ï Compte tenu de cette convention, le résultat précédent dit en fait qu’un polynôme de degré n possède au plus n racines comptées avec leur ordre de multiplicité. 4 Ï Il s’ensuit que pour montrer qu’un polynôme de degré inférieur ou égal à n est nul, il suffit de montrer qu’il admet au moins n + 1 racines comptées avec leur ordre de multiplicité. On en déduit finalement : Proposition 9 Si a 1 , . . . , a p sont p racines distinctes de P d’ordre respectif k 1 , . . . , k p avec k 1 + k 2 + · · · + k p = deg P alors (en notant λ est le coefficient dominant de P) : P = λ(X − a 1 )k1 (X − a 2 )k2 · · · (X − a p )k p = λ p Y (X − a i )ki . i =1 On termine cette partie par un résultat sur les racines de P 0 . Proposition 10 Si a est une racine d’ordre k Ê 1 de P alors a est racine d’ordre k − 1 de P 0 . 2016-2017 Sébastien PELLERIN 13 C - Racines d’un polynôme Démonstration Remarques 1 Ï Une racine multiple (d’ordre k Ê 2) de P est donc racine d’ordre au moins 1 de P 0 : c’est donc une racine de P 0 . 2 Ï En revanche une racine simple (i.e. d’ordre 1) de P est une racine d’ordre 0 de P 0 : ce n’est pas une racine de P 0 . 3 Ï Les racines de P 0 ne sont pas nécessairement des racines de P. Exercice C-101 Montrer que Pn = 1 + X + X2 Xn +···+ n’a que des racines simples dans 2! n! C.3 - Factorisation dans C. C[X] On admet le théorème fondamental suivant : Théorème 11 (d’Alembert-Gauss) Tout polynôme non constant de C[X] possède au moins une racine. C Autrement dit toute équation polynomiale possède au moins une solution dans . Rappelons que ce fut l’une des motivations de l’introduction des nombres complexes : créer des solutions à des équations qui n’en avaient pas. Ce théorème est aussi appelé théorème fondamental de l’algèbre. En réalité si le résultat est fondamental en algèbre, les différentes démonstrations font toutes appel à un minimum d’analyse. La première preuve – incomplète – est donnée par D’Alembert (1717-1783) en 1746. La première démonstration correcte est publiée en 1799 par Gauss (1777-1855)) ; il publie deux autres démonstrations de ce résultat en 1816 et en 1850. Sébastien PELLERIN 2016-2017 14 Chapitre VI - Polynômes Corollaire 12 Tout polynôme non nul de C[X] se factorise sous la forme : P=λ p Y (X − a i )ki i =1 où λ est le coefficient dominant de P, a 1 , ..., a p sont les racines distinctes de P et k 1 , ..., k p leur ordre respectif. Démonstration Remarques 1 Ï Tout polynôme à coefficients complexes est donc un produit de polynômes de degré 1 (on dit qu’un tel polynôme est scindé). 2 Ï Autrement dit tout polynôme de plicité. C[X] admet exactement n racines, comptées avec leur ordre de multi- On en déduit que tout polynôme à coefficients réels se factorise comme un produit de polynômes de degré 1 et de trinômes du second degré sans racine réelle. Plus précisément, si P ∈ [X] alors on peut écrire : R P=λ p Y i =1 (X − a i )ki q Y (X 2 + b j X + c j )l j j =1 où : • λ est le coefficient dominant de P ; • a 1 , ..., a p les racines réelles distinctes de P d’ordre respectif k 1 , ..., k p ; • p P i =1 ki + 2 q P j =1 l j = deg P ; • pour tout j ∈ 1, q le trinôme X 2 + b j X + c j n’a pas de racines réelles i.e. b 2j − 4c j < 0. 2016-2017 Sébastien PELLERIN 15 C - Racines d’un polynôme Exercice C-102 Factoriser dans C[X] puis dans R[X] les polynômes suivants : P1 = X 5 − 1 , P2 = X 6 − 1 , P3 = X 8 + 1 et P4 = X 4 + X 2 + 1. On termine par une remarque sur les relations entre les coefficients et les racines d’un polynôme. C Soit P ∈ [X] que l’on P = a 0 + a 1 X + a 2 X 2 + · · · + a n X n avec a n 6= 0, P admet n racines dans α1 , . . . , αn . C que l’on note Il existe des relations entre les αi et les a i qui ne sont pas explicitement au programme, cependant il convient de retenir au moins deux d’entre elles (et de retenir que l’on peut lier les coefficients et les racines) : α1 + α2 + · · · + αn = − a0 a n−1 et α1 α2 · · · αn = (−1)n . an an Exemples 1 Ï Soit P = aX 2 + bX + c avec a 6= 0. Les deux racines α1 et α2 vérifient : 2 Ï Soit P = 3 + 5X + 2X 2 + 3X 3 , on note α1 , α2 et α3 ses racines dans C alors : Exercices Exercice C-103 Soit P ∈ K[X] un polynôme de degré n Ê 1. Déterminer le degré et le coefficient dominant du polynôme ∆ = P(X + 1) − P(X). Exercice C-105 Trouver tous les polynômes P ∈ R[X] tels que : X(X − 1)P 0 + P 2 − (2X + 1)P + 2X = 0. Indication : commencer par déterminer le degré d’un polynôme solution de cette équation. Exercice C-104 Soit n ∈ nôme : N , calculer les coefficients du poly∗ Pn = (1 + X + X 2 + · · · + X n )2 . Sébastien PELLERIN Exercice C-106 Soit P = X 4 − 5X 3 + 9X 2 − 15X + 18. Déterminer les racines complexes de P sachant que le produit de deux d’entre elles vaut 6. 2016-2017 16 Chapitre VI - Polynômes Exercice C-107 Exercice C-108 Pour tout entier n Ê 1 et considère le polynôme Pn ∈ [X] donné par : C Pn = ´ 1³ (X + i)2n+1 − (X − i)2n+1 . 2i 1. Déterminer les racines de Pn (dans C). On vérifiera que les solution obtenues sont toutes réelles et s’expriment simplement à l’aide d’une fonction trigonométrique. 2. Montrer que Pn est un polynôme à coefficients réels, de degré 2n et de coefficient dominant égal à 2n + 1. 3. Trouver un polynôme Qn ∈ R[X] tel que : Pn = Qn (X 2 ). Quel est le coefficient du terme de degré n − 1 de Qn ? 1. À l’aide de la formule de De Moivre, montrer qu’il existe un polynôme à coefficients réels Tn tel que : ∀x ∈ R, Tn ¡ cos(x)¢ = cos(nx). 2. Montrer l’unicité du polynôme Tn . 3. À l’aide de formules de trigonométrie, déterminer une relation de récurrence donnant Tn+2 en fonction de Tn+1 et Tn . 4. En utilisant la formule de récurrence trouvée à la question précédente, calculer Tn pour n ∈ 0, 5. 5. Déterminer le degré et le coefficient dominant de Tn . 6. Que valent Tn (−1), Tn (0) et Tn (1) ? 7. Déterminer les racines de Tn . Quelles sont les racines de Qn ? 4. Calculer : Exercice C-109 tn = n X k=1 et : sn = tan2 n X 2 k=1 sin 1 ¡ kπ ¢ 2n+1 1 ¡ kπ ¢ . 2n+1 5. En déduire la limite quand n tend vers +∞ de : n 1 X . 2 k=1 k On considère la matrice réelle : 5 6 6 6 −3 −4 −3 −3 A= . −3 −3 −4 −3 3 3 3 2 1. Calculer A2 puis trouver des réels α et β tels que A2 + αA + β I4 = 04 . 2. En déduire que A est inversible et déterminer A−1 . N 3. Soit n ∈ ∗ , déterminer le reste de la division euclidienne de X n par X 2 + αX + β. 4. En déduire la matrice A2017 en fonction des matrices A et I4 . 2016-2017 Sébastien PELLERIN