Le Courrier des addictions (9) – n° 2 – avril-mai-juin 2007 54
programmes avec un seuil d’exigence élevé,
notamment en prenant compte comme cri-
tères d’admission, l’âge et l’ancienneté de
la dépendance. En Croatie, par exemple, les
patients doivent être âgés de plus de 25 ans
et être héroïnomanes depuis au moins cinq
ans pour pouvoir suivre un traitement.
En revanche, pour d’autres pays, l’unique
critère d’admission est la dépendance aux
opiacés. On peut citer le Danemark, l’Espa-
gne, l’Italie et les Pays-Bas.
Enfin, peu de pays ont défini des limites
précises concernant la durée maximale de
prescription, du fait que la délivrance de la
méthadone se fait généralement sur place et
de manière journalière.
Et la buprénorphine haut dosage
La buprénorphine haut dosage (BHD) en
tant que TSO n’est apparue que bien plus
tardivement. En 1996, la France fut le pre-
mier pays au monde à octroyer une autori-
sation de mise sur le marché (AMM) pour
cette substance dans le traitement de la
substitution aux opiacés.
Sa disponibilité dans l’UE s’est ensuite pro-
gressivement étendue : 6 pays en 1999/2000,
14 pays en 2003 et désormais dans l’ensem-
ble de l’UE ainsi qu’en Norvège et en Suisse.
Néanmoins, malgré une meilleure disponibi-
lité, le pourcentage de patients sous BHD par
rapport à l’ensemble des patients substitués
reste faible à ce jour. Ce pourcentage dépasse
50 % seulement dans trois pays : la France,
la République tchèque et la Suède. Pour les
autres pays de l’UE, ce pourcentage oscille
généralement entre 10 % et 20 % et reste par-
ticulièrement faible dans les nouveaux États
membres. À noter également qu’en Irlande, la
buprénorphine est indiquée uniquement dans
le traitement de sevrage aux opiacés.
À la différence de la méthadone qui est ins-
crite sur la liste des stupéfiants dans tous les
États membres, le statut de la BHD diffère
selon les États : ce médicament est considéré
comme psychotrope, notamment en Belgique,
en Espagne, en Estonie, en Finlande, en Fran-
ce, en Lituanie et au Portugal alors qu’il est
classé stupéfiant en Allemagne, en Autriche,
au Danemark, en Irlande, au Luxembourg, au
Royaume-Uni, en Suède et en Suisse.
Tout comme pour la méthadone, le cadre de
prescription de la BHD diffère d’un pays à
l’autre. Sa prescription se fait essentiellement
par des médecins généralistes ou spécialistes,
le plus souvent dotés d’une compétence dans
la prise en charge des dépendances, en Alle-
magne, en France, au Luxembourg et en Ré-
publique tchèque alors qu’elle est accessible
préférentiellement dans des centres de soins
au Danemark, en Espagne, en Estonie, en
Grèce, en Italie, en Finlande en Suède et en
Norvège. Dans les autres États membres, un
système mixte est proposé.
Ainsi, malgré une accessibilité généralisée
des TSO au cours des dix dernières années,
les possibilités d’accès à ces traitements
sont-ils très variables au sein de l’Europe.
Le degré d’accessibilité demeure limité
principalement en Europe orientale, mais
également en Finlande, en Grèce et en Suè-
de. D’une manière générale, la proportion
de patients substitués par rapport à l’ensem-
ble des usagers problématiques de drogues
ne dépasse pas 30 % en Europe (4).
Les TSO aux États-Unis
La méthadone est disponible aux États-Unis
depuis 1964 et a été approuvée par la Food and
Drug Administration en 1972. Toutefois, son
accès reste limité à des cliniques spécialisées
ayant obtenu une accréditation par la Substance
Abuse and Mental Health Services Administra-
tion (SAMSHA). Si bien qu’en 2000, moins de
20 % des 900 000 usagers problématiques d’hé-
roïne étaient traités par la méthadone. La liste
des centres habilités à prescrire la méthadone est
disponible sur le site Internet de cet organisme
public (cf. Contacts et sites Internet utiles).
En avril 2003, deux spécialités à base de bu-
prénorphine ont été simultanément mises sur le
marché américain. Contrairement à la métha-
done, ces deux spécialités sont prescrites par
des médecins libéraux ayant, d’une part, validé
une formation dans le domaine de la psychia-
trie ou de la toxicomanie et, d’autre part, obtenu
une habilitation auprès de la Drug Enforcement
Administration (DEA). Les praticiens peuvent
au plus suivre 30 patients. Aucune durée maxi-
male de prescription n’est imposée.
La liste de ces médecins est également dispo-
nible sur le site SAMSHA (Substance Abuse
and Mental Health Services Administration)
(cf. Contacts sites Internet utiles).
Au Canada
Au Canada, la plupart des programmes et ser-
vices de traitement en matière de toxicomanie
relèvent de la compétence des gouvernements
territoriaux et provinciaux. Néanmoins, l’État
s’engage de plus en plus à participer finan-
cièrement au développement de la prise en
charge des usagers de drogues dans le cadre
de la stratégie canadienne antidrogue.
La méthadone a été introduite comme TSO
dans les années 1960 au Canada. Toutefois, son
accessibilité reste limitée et variable d’une pro-
vince à l’autre. En 2003, seulement un quart
des 80 000 usagers problématiques d’héroïne
suivait un traitement avec ce médicament (5).
La méthadone est prescrite principalement
dans des centres spécialisés. Elle peut éga-
lement être prescrite par des médecins géné-
ralistes ayant acquis des compétences dans
le champ de la toxicomanie et obtenu préa-
lablement une autorisation (exemption) par le
Bureau des substances contrôlées de santé ca-
nadien. Sa délivrance se fait de manière journa-
lière et sous contrôle médical, le plus souvent
en pharmacie d’officine, mais également dans
les structures de soins publics ou privés.
La liste des centres de soins spécialisés dans
la prise en charge des toxicomanes est notam-
ment disponible sur Internet (cf. Contacts et
sites Internet utiles).
La buprénorphine haut dosage n’a été auto-
risée au Canada qu’en 2005. Néanmoins, ce
médicament n’est pas encore commercialisé.
En Australie
En Australie, près de 40 000 héroïnomanes
suivaient, en 2004, un TSO, dont un quart
sous BHD et trois-quart sous méthadone (6).
La méthadone a été introduite dans ce pays
en 1969. Les conditions de prescription et de
délivrance ne sont pas uniformes d’une ré-
gion à l’autre, si bien que l’accessibilité à ce
traitement est très variable selon les États. Par
exemple, dans l’État Victoria, l’initialisation
d’un traitement par la méthadone se fait dans
la majorité des cas par un médecin généraliste
et dans une moindre mesure, dans un centre
spécialisé. Au contraire, dans d’autres États,
l’initialisation du traitement se fait obligatoi-
rement dans une structure de soins alors que
le relais peut être réalisé par un médecin libé-
ral une fois que le patient est stabilisé sur le
plan clinique (7).
La buprénorphine haut dosage a obtenu
une AMM de l’administration de régulation
des produits de santé (Australian Thera-
peutic Goods Administration) en 2000. Dès
2001, la disponibilité de ce médicament
s’est largement étendue.
Classée stupéfiant en Australie, la BHD peut être
prescrite, soit par un médecin généraliste ou un
spécialiste qualifié dans le domaine de la phar-
macodépendance, soit dans un centre spécialisé.
Les praticiens doivent, au préalable, obtenir une
autorisation spécifique pour pouvoir prescrire ce
médicament tout comme pour la méthadone. Ce
médicament est délivré quotidiennement sous
contrôle médical, soit dans une pharmacie d’of-
ficine, soit dans un centre spécialisé.
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