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Pat a arrêté de prendre sa méthadone il y a
trois semaines à la suite d’une expulsion
des États-Unis prononcée pour des motifs
judiciaires. Il a, en effet, été renvoyé en
France au vu de ses origines françaises .
Quand il se présente au centre, il se plaint
de souffrir de douleurs lombaires basses
persistantes, de douleurs au niveau des
membres inférieurs et de sueurs.
Devant ce tableau de manque persistant,
nous convenons avec lui de reprendre la
méthadone à dose plus faible (60 mg/jour).
Pat revient après 48 heures de traitement. Il
présente un érythème de la face et du tronc
très prurigineux ainsi qu’un œdème des
membres inférieurs. Il n’a pas d’œdème de
Quincke. On lui administre alors du
Solumédrol®en intramusculaire et un trai-
tement anti-histaminique per os et la
méthadone est aussitôt arrêtée. Le traite-
ment par Valium®est poursuivi car il
n’avait jamais été interrompu et, d’ailleurs,
Pat le tolère bien.
Dès le lendemain, les symptômes régres-
sent progressivement et s’amendent en
quatre jours.
Il est ensuite décidé de patienter une semai-
ne pour observer si les symptômes de
manque régressent ou non.
Sept jours plus tard, le patient se plaint des
mêmes douleurs lombaires et des membres
inférieurs et d’une adynamie. Il n’a repris
aucun opiacé depuis son épisode aller-
gique. Il est donc décidé de débuter un trai-
tement par buprénorphine haut dosage à la
dose de 8 mg par jour.
La tolérance est parfaite. Le patient se pré-
sente une semaine plus tard au centre en
signalant la quasi-disparition de ses dou-
leurs. Cependant, il n’a pas tout à fait
recouvré son état physique et psychique
antérieur. On porte donc la dose de bupré-
norphine haut dosage à 10 mg/jour.
Il s’agit d’ un cas d’allergie à la méthadone
(probablement liée aux excipients de la
méthadone disponible en France qui sont
sans doute différents de ceux de la métha-
done délivrée en Californie).
Le 16 avril 2000 , un patient âgé de 45 ans, de nationalité
américaine, se présente au centre Gainville pour un syndrome
de manque aux opiacés. Il a été suivi pendant 25 ans dans un
centre méthadone à Oackland (Californie) à la dose de 80 mg
par jour .
Xavier Aknine*
Un cas d’allergie à la méthadone au
Centre de traitement Gainville
d’Aulnay-sous-Bois
* Médecin au CSST Gainville, Aulnay-sous-
Bois (Seine-St-Denis).
Patchs à la nicotine : le succès
•
Depuis la décision prise par les pouvoirs publics
d’autoriser la vente sans prescription des substituts
à la nicotine en pharmacie, le nombre des tentatives d’arrêt de consom-
mation du tabac a explosé en France. La vente de tous les patches à la
nicotine a été multiplié par 2,3 par rapport à la même période en 1999.
Et la totalité des produits de substitution nicotinique (spray nasal excep-
té) a connu une hausse très importante de ses ventes (et pas seulement
la gomme dosée à 2 mg). Cet effet très positif du délistage des substituts
nicotiniques, déjà acquis en Suède, Norvège, Finlande, Royaume-Uni,
Irlande, Autriche, Danemark, Espagne, Belgique, Italie, Pays-Bas et
Allemagne, a été largement vérifié aussi aux États-Unis, où le nombre de
tentatives d’arrêt avec ces produits est passé de 2,5 millions en 1995 à
6,3 millions en 1996, année de la prise de décision du passage des subs-
tituts du statut de prescription à celui d’automédication.Soit un gain d’ar-
rêts supplémentaires compris entre 114 000 et 304 000 (sur la base d’un
taux de succès à un an estimé à 8 %).
•
Par exemple, plus de trois millions de patches NiQuitin (SmithKline
Beecham) ont été vendus depuis la fin du mois de décembre 1999 jus-
qu’en avril 2000. Cette thérapie de substitution est accompagnée d’un
programme de soutien comportemental personnalisé, Pas à pas sans
tabac.Ces patches à membrane de contrôle de débit, qui réduisent la
sensation de manque, représentent actuellement 54 % du marché de ces
produits de substitution vendus en officine, et
39 000 personnes ont déjà adhéré au programme
de soutien personnalisé.
•
Par ailleurs, 54 centres d’examens de santé se sont portés récemment
volontaires pour évaluer l’impact des conditions de prise en charge des
substituts nicotiniques sur le sevrage tabagique des populations en diffi-
culté sociale. Ces centres ont été répartis en trois groupes de 18, char-
gés de recruter chacun 2 600 patients volontaires : dans le groupe 1, les
substituts nicotiniques seront délivrés gratuitement,le coût étant pris en
charge totalement par l’assurance maladie. Dans le groupe 2, les substi-
tuts nicotiniques seront à la charge du patient (soit 500 francs par mois)
et dans le groupe 3,les patients adoptent des méthodes diverses d’auto-
sevrage (gommes, psychothérapie, etc.). Les centres d’examen de santé
renvoient tous ces patients vers leur médecin traitant, avec une lettre de
suivi invitant celui-ci à enrichir de ses conseils l’accompagnement des
candidats au sevrage tabagique. Ceux qui bénéficient de la gratuité reçoi-
vent un bon à remettre au pharmacien,qui l’envoie pour remboursement
à la Caisse primaire d’assurance maladie. C’est le retour des bons aux
centres qui permettra de mesurer le nombre de patients adhérents dans
chaque groupe, et de suivre l’évolution de ce nombre de mois en mois.
Au bout du sixième mois, un questionnaire est adressé à chaque méde-
cin généraliste afin de savoir si le sevrage a été définitif ou non.
F.A.R.