Traitements de substitution aux opiacés Dix ans… et plus ! Didier Touzeau* À la fin des années 1980, on veut soigner le toxicomane malade en même temps que l’on souhaite régler un problème social qui inquiète l’opinion chauffée à blanc régulièrement par des campagnes anti-drogues et leurs cortèges de discours incantatoires, d’imprécations, voire de prétentions d’exorcismes, qui relèvent plus de la croisade que d’une véritable politique sanitaire cohérente. Il existe tout à la fois un consensus et un malentendu sur la fonction des institutions spécialisées offrant la possibilité aux toxicomanes de “souffler” pour faire d’autres choix de vie en même temps qu’elles sont censées contribuer à l’éradication de la drogue. Selon un modèle de traitement inspiré de celui mis en place pour éradiquer la tuberculose (dépistage, cure et postcure). Les traitements de substitution sont alors absents du paysage. Depuis, heureusement, la politique et les traitements ont bien évolué. La métha, à petits pas Dans les pays anglo-saxons, quatre types de prise en charge ont alors cours : la désintoxication, la communauté thérapeutique, la maintenance par la méthadone, les traitements ambulatoires sans substitution. Le souci de réhabilitation sociale a conduit à développer, pour les patients sevrés, une prise en charge visant à prévenir les rechutes dans des centres fermés, où l’on réapprend des comportements centrés sur l’adhésion de l’individu à l’idéal d’un groupe composé d’ex-toxicomanes (communautés thérapeutiques). Le constat de perturbations biologiques et des rechutes a ouvert la voie aux traitements de substitution (maintenance à la méthadone), associés à une prise en charge psychosociale. Les modalités de soins y ont été moins parasitées par les débats idéologiques et construites de façon plus pragmatique qu’en France où la primauté des théories psychologiques de la dépendance a contribué à laisser de côté l’utilisation de produits de substitution réputés toxicomanogènes. L’objectif étant officiellement de favoriser le cheminement de l’individu vers l’abstinence, même si l’auto-substitution par la codéine reste la règle avec 12 millions de boîtes de codéinées vendues en 1994. Pourtant, l’existence de toxicomanies graves aux opiacés avait conduit, dès 1973, à prescrire le chlorhydrate de méthadone (sirop), dans le cadre de maintenances thérapeutiques. Deux centres sur quatre sollicités l’ont l’utilisé, Sainte-Anne et Fernand-Widal. En 1987, le proto* Clinique Liberté, Bagneux. Département des addictions, hôpital Paul-Guiraud, Villejuif. cole est revu et assoupli. Seule notre équipe (le programme proposé par Jean Tignol et J.P. Daulouède n’est pas retenu) développe un nouveau programme complémentaire des précédents : l’Action méthadone insertion dans le cadre du centre Pierre-Nicole (A. CharlesNicolas, A. Coppel, D. Touzeau). Ce dispositif montre l’utilité de petits programmes s’appuyant sur des centres de soins spécialisés. Du Temgésic® au Subutex® En 1984, la buprénorphine (faiblement dosée, Temgésic ) obtient une autorisation de mise sur le marché comme antalgique. Elle suscite un grand intérêt car, agoniste partiel, son effet plafond limite les risques de surdose. Dans le même temps, commercialisée sous forme injectable, elle est alors détournée par certains toxicomanes, ce qui a motivé son interdiction, mais aussi la poursuite de sa prescription, sous sa forme orale, par un réseau de médecins pionniers (REPSUD) conduits par le Dr Jean Carpentier. Enfin, en 1995, consécration de nombreuses bagarres, elle obtient une autorisation de prescription sous sa forme haut dosage, correctement dosée pour une indication de traitement de substitution aux opiacés (Subutex ), assortie de conditions strictes. C’est donc grâce à l’action conjointe de cliniciens convaincus de l’intérêt des traitements de substitution, qu’un nouveau médicament efficace a pu voir le jour, dans un délai très rapide, illustrant le propos de Vincent Dole, le découvreur des traitements méthadone : “It is not necessary to await an ultimate reduction of addictive behaviors to molecular terms before effective treatment can be provided. On ® ® 11 Addict juin0910 ans.indd 11 the contrary, effective treatment, empirically found, can lead to a better understanding of molecular processes." En passant par Chatenay C’est la Conférence interuniversitaire de Châtenay-Malabry sur “Intérêts et limites des traitements de substitution dans la prise en charge des toxicomanes” (23-25 juin 1994), dont les promoteurs ont été aussi ceux du Courrier des addictions, qui a permis le développement des traitements de substitution. Ils répondent à un double objectif : celui de la réduction des risques dont le but est de limiter, voire d’éviter les effets néfastes liés à l’usage de drogues sur l’état de santé (la réduction des risques infectieux, tels le sida et les hépatites). Le second objectif est l’amélioration de la prise en charge sanitaire et sociale des toxicomanes et l’augmentation de l’offre de soins (multiplication des places méthadone dans les centres spécialisés et possibilité de prescription en médecine de ville). Les conclusions du jury ont été guidées par un souci de sortir de l’impasse qui a consisté à assimiler une modalité thérapeutique à une hypothèse étiologique de la toxicomanie. Les participants, objet d’attaques frontales (“dealers en blouse blanche”) ont fait le choix de promouvoir des propositions de soins diversifiées, découlant d’une évaluation clinique de chaque toxicomane, étayées par des théories diversifiées et clairement explicitées. Hélas, depuis, peu de travaux de recherche clinique ont été financés. Restait un acquis notable, bien que discutable: la circulaire du 31 mars 1995, dont l’objectif ultime était de “permettre à chaque patient d’élaborer une vie sans dépendance”. Y compris à l’égard des médicaments de substitution. Elle définissait donc les objectifs du traitement de substitution comme l’insertion dans un processus thérapeutique facilitant le suivi médical d’éventuelles pathologies associées à la toxicomanie d’ordre somatique ou psychiatrique ; une réduction de la consommation de drogues issues du marché illicite et un moindre recours à la voie injectable ; la notion de réduction de la consommation invoquée pour la méthadone, mais d’arrêt de traitement pour la buprénorphine (d’où la persistance d’objectifs peu clairs : réduction, sevrage et abstinence souvent confondus dans les objectifs thérapeutiques) ; une amélioration de l’insertion sociale des patients. La France a fait, à ce moment-là, le choix d’une large mise à disposition des traitements (buprénorphine haut dosage [BHD]) avec un double principe d’encadrement : par le contrôle du statut du médicament (classement particulier) et par l’appel à l’organisation volontaire des professionnels de santé (réseaux de soins). Le Courrier des addictions (11) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2009 24/06/09 9:33:29 Il n’a pas été prévu de formation obligatoire pour les prescripteurs, ni d’enregistrement des patients. La délivrance est relativement aisée (28 jours mais sur présentation d’ordonnance issue d’un carnet à souches). Dérives, rappels à l’ordre et consensus Résultats : des dérives collectives et des rappels à la règle de bon usage formulés par “lettre” aux professionnels, et des dérives individuelles sanctionnées. Le modèle de régulation s’appuie sur l’administration sanitaire, mais laisse place à une forte délégation de l’organisation de l’offre des soins à la profession médicale dans un contexte d’expérimentation de nouvelles organisations du travail médical (réseau de soins coordonnés avec l’émergence du rôle du pharmacien dans la supervision de la délivrance du traitement). Dans le contexte de critiques politiques réitérées à l’égard du détournement du médicament, la Direction générale de la Santé a du solliciter l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) pour que des experts rédigent des recommandations professionnelles. Cette initiative visait à cadrer les limites des usages thérapeutiques du Subutex et les conduites à tenir face à ses “diversions”. Parallèlement, sous l’égide de l’Anaes, les professionnels ont organisé en 2004 une conférence de consensus médicale, qui aboutira à la définition de stratégies thérapeutiques en matière de substitution (traitements de substitution aux opiacés ou TSO). Initiative séparée de celle des pouvoirs publics, dressant des TSO un bilan très positif, elle entendait marquer l’achèvement du processus de normalisa- ® tion médicale du traitement et dessiner l’évolution de la politique de substitution à venir. En gros : baisse de la consommation d’héroïne, de l’incidence du sida, et du nombre de surdoses, simplification des modalités de délivrance (carnet à souches). Elle a également abordé les problèmes de mésusages (injection, prise d’alcool…) et proposé en conséquence des modalités d’amélioration de la dispensation. D’autres questions, comme la notion de maintenance, sont restées en suspens. Enfin, les TSO auront permis de lever le tabou de la prescription des opiacés dans le traitement de la douleur et apporté ainsi un bénéfice à toute la population (tableau I). Nouvelle période : 2003-2008 À partir de 2003, de nouvelles logiques d’action publique se superposent aux anciennes et bousculent l’ordre antérieur de priorités. Les enjeux sécuritaires sont au premier plan (prévention du trafic de drogues) dépassant les enjeux sanitaires (l’épidémie VIH/hépatites paraît contenue). Les TSO sont victimes de leur succès et du modèle de régulation souple qui a permis de traiter plus de 60 % des usagers, mais a laissé place à un marché noir et trafic du médicament vers l’étranger. L’heure est aussi à la mise en place de procédures sécurisées de la mise à disposition des produits de santé. Les TSO vont servir de modèle et l’expérience ainsi acquise sera appliquée à d’autres substances psychoactives : inscription sur la liste des stupéfiants de l’amineptine, kétamine ; renforcement du cadre de prescription et de délivrance du Rohypnol et Tranxène , Subutex ; diminution du dosage unitaire de l’Halcion , Rohypnol , Tranxène ; modification de l’AMM du zopiclone et zolpidem ; communication aux prescripteurs, etc. ® ® ® ® ® ® Tableau I. L’évolution des mesures d’encadrement de la buprénorphine haut dosage par les tutelles publiques (d’après I. Feroni). Les mesures réglementaires Juillet 1995 : AMM du Subutex® Recommandation du travail en réseau et du lien médecin pharmacien Février 1996 : disponibilité du Subutex® 1997 : rappel de l’AMM par les ordres professionnels des médecins et des pharmaciens 1999 : rappel de l’AMM par l’Afssaps 1999 : ordonnances sécurisées 2003 : rappel de l’AMM par Afssaps 2004 Anaes : recommandations professionnelles à l’égard des mésusages des TSO 2004 Anaes, FFA : conférence de consensus “Stratégies thérapeutiques pour les personnes dépendantes des opiacés : place des traitements de substitution 2004 : Plan de l’assurance maladie vis-à-vis des TSO 2004 : projet de contrat thérapeutique liant patient, médecin, et médecin conseil de la CNAMTS 2007 Afssaps : plan de gestion des risques concernant la buprénorphine haut dosage (Subutex® et ses génériques) Le Courrier des addictions (11) –­ n ° 2 – avril-mai-juin 2009 Addict juin0910 ans.indd 12 Le contexte Mars 1994 : mise en place de la commission consultative des traitements de substitution L’Afssaps s’est vu confier une mission d’“addicto-vigilance” et les plans de gestion des risques sont devenus obligatoires. Aujourd’hui, la buprénorphine est devenue un médicament “sensible” dont on envisage de façon récurrente le classement comme stupéfiant, auquel, toutefois, restent opposés les experts OMS et professionnels français. L’encadrement est planifié par un plan d’action de l’assurance maladie et les médecins conseils. L’heure est aussi aux économies et à l’encadrement des coûts, ce qui incite à la mise à disposition de génériques de la BHD (avec des galéniques sensiblement différentes), et entraîne le risque de voir s’aggraver la diversion du médicament, lequel ne semble plus être une préoccupation, lorsqu’il s’agit de réduire les coûts ! À l’ordre du jour aussi, la diversification de l’offre (méthadone sous forme sèche gélule) afin d’améliorer la qualité de vie de ceux qui prennent des TSO, l’élargissement de leur diffusion (médecins hospitaliers) et la primo-prescription (à l’étude) envisagée pour la médecine de ville. Enfin, l’accent est mis sur la proposition d’un nouveau traitement (Suboxone®) moins attractif sur le plan de l’injection. Trois types de contrôles Le cadre du contrôle des TSO n’est pas préexistant à la mise sur le marché du médicament et il est évolutif. Schématiquement, trois types de contrôle peuvent être décrits : un minimal (buprénorphine + naloxone/buprénorphine haut dosage [BNX/BHD]), comme en France ne prévoyant pas de guideline, un soutien psychosocial et une supervision de la délivrance minimaux ; intermédiaire (BNX/BHD/méthadone) comme aux États-Unis et au RoyaumeUni, qui organisent la formation, diffusent un guideline, prennent des mesures de prévention du nomadisme, et prévoient un soutien psychosocial renforcé ; strict (méthadone/BNX/ BHD), comme en Australie, réalisant une dispensation contrôlée par un personnel spécialisé avec soutien important (tableau II). Tableau II. Avantages et inconvénients du contrôle. 2002 : travaux préparatoires à la réforme de la loi de 1970 sur l’usage des stupéfiants 2003 : débats parlementaires préparatoires à la loi de l’assurance maladie. 2006 : affaires de trafics du Subutex® 2007 : AMM générique BHD Arrow et Merck Avantages Problèmes Minimal Peu cher, rapide Objectifs de santé publique Qualité du traitement ? Mésusage Mauvaise réputation Intermédiaire Moins cher, rapide Objectifs de santé publique Qualité du traitement ? (mésusage et mauvaise réputation) Strict Qualité meilleure Moins de mésusage Bonne réputation Cher Impact limité Bonne volonté des autorités 12 24/06/09 9:33:30 Les modèles stricts “régulation haut de gamme” (coûteux) se traduisent par des services à haut niveau d’exigence et de prestations. Il n’est pas prouvé qu’ils soient pour autant plus performants que des prestations de service plus moyens, banaux. En effet, pour la grande majorité des patients, ce qui a prouvé son efficacité, ce sont des doses adéquates de buprénorphine ou de méthadone associées à un accompagnement psychosocial de base, mais non intensif. Les traitements peu régulés ont-ils de plus mauvais résultats ? Pour une minorité de patients sûrement, mais pas pour la majorité ! En France, on s’est orienté progressivement vers un contrôle intermédiaire avec le Plan de l’assurance maladie qui semble d’ailleurs avoir porté ses fruits, puisqu’on assiste à une dimi- nution du mésusage (étude sur les remboursements réalisée en 2007 sur 4 607 patients par la CNAMTS et l’OFDT), alors que près de 100 000 patients continuent de bénéficier du traitement. Des progrès ont été réalisés grâce au Plan addictologie (création, par décret du 22 décembre 2005, des Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques des usagers de drogues ou CAARUD, consolidation des Centres de soins spécialisés aux toxicomanes ou CSST). Des dispositifs à destination de la minorité qui pose encore problème (bus méthadone) ont été créés, d’autres pourraient voir le jour (programme héroïne, salles d’injection supervisée). L’épidémie d’hépatite C est un nouveau défi à relever et l’amélioration des médicaments de substitution qui a polarisé les débats ne suffira pas pour la contenir. L’enjeu actuel est d’éviter une dérive réglementaire bureaucratique des traitements (les dispositions prises ont montré leur efficacité et un durcissement dans le contexte répressif actuel éloignerait les usagers des lieux de soins), lutter contre la routine et poursuivre les efforts de formation des équipes. Le rapprochement avec d’autres professionnels (spécialistes du tabac, de l’alcool, équipes hospitalières) peut être une opportunité à saisir à condition que les enjeux cliniques récents soient intégrés (consommations de stimulants, VHC/VIH…), les efforts concernant le soutien psychosocial poursuivis et les financements assurés… v vvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvvv Le binge-drinking abîme le cerveau consommation de vin (48,5 litres de vin par an et par habitant), derrière le Luxembourg. Concernant la consommation de spiritueux (2,35 litres d’alcool pur par an et par habitant) et de bière (35,5 litres de bière par an et par habitant), elle arrivait respectivement en 11e et 37e positions (World drink trends 2005). v Le cerveau de jeunes qui ont expérimenté plusieurs épisodes de cuites rapides et massives montre, à l’IRM, des lésions au niveau de la substance blanche que l’on retrouve habituellement chez les patients alcooliques. Cette observation a été faite par l’équipe du Pr Susan Tapert de l’université de San Diego en Californie auprès de 28 volontaires, dont la moitié reconnaissaient avoir été des adeptes du binge-drinking. Alcoholism : Clinical and Experimental Research, 22 avril 2009. à Nantes, Des veilleurs de soirée en maraude Un p’tit verre, c’ est toujours de trop ! v Après avoir enregistré, il y a deux ans, deux décès d’étudiants hyperalcoolisés à la sortie d’une discothèque, le préfet et le député-maire de Nantes (Jean-Marc Ayrault) avaient donné un nouveau sérieux coup de vis aux opportunités d’alcoolisation sur la voie publique, en étendant les interdictions de boire dans la rue du centre ville depuis 2005 à de nouveaux quartiers (Viarme, Mellinet, Canclaux, Rond-point de Rennes, gare Nord, ouest de l'île de Nantes et bords de l’Erdre…). Un autre arrêté municipal (26 octobre 2007) avait, dans la foulée, interdit la vente promotionnelle de boissons alcoolisées en Open bars et autres Happy hours (ventes d’alcool à volonté moyennant un forfait modique). Après ces deux arrêtés d’interdiction, le maire a décidé de développer des actions d’information en partenariat avec les associations d’étudiants et de prévention de terrain, en faisant appel à des "veilleurs de soirée", qui, les jeudis, vendredis et samedis, de 21 heures à 3 heures du matin, "maraudent" dans les rues pour rencontrer des jeunes "en goguette" et défonce alcoolique. Cette équipe mobile, montée et gérée par Médecins du Monde, avec le soutien et l’aide de l’Association nationale de prévention d’alcoologie et d’addictologie (ANPAA) et des services de la Direction départementale des affaires sanitaires et sociales (DDASS), a pour but de prévenir, dans la rue, les conduites à risque, de repérer les personnes en situation de détresse et, le cas échéant, de mobiliser les pompiers ou le Samu. Elle est financée à 80 % par la préfecture et à 20 % par la ville de Nantes. P. de Postis v Le petit ballon de rouge quotidien (de vin français !), bon soidisant pour entretenir son cœur et ses vaisseaux, n’a plus de justification, si l’on en croit la brochure que l’Institut national du cancer (INCa) a coordonnée dans le cadre du Programme national nutrition santé. Destinée aux professionnels de la santé, elle synthétise les connaissances scientifiques les plus récentes sur la consommation "alimentaire" d’alcool et le risque de développement de certains cancers. Bien sûr, le risque augmente avec la quantité globale d’alcool absorbé, mais il reste significatif dès une consommation moyenne d’un verre par jour. Ainsi, toute consommation régulière, fut-elle d’un seul verre, est bel et bien associée à une augmentation du risque de cancer colorectal, de la bouche, du larynx et du pharynx, de l’œsophage, du sein et du foie : de 9 % (côlon-rectum) à 16,8 % (bouche, larynx, pharynx) par verre consommé par jour, selon la localisation. Et le risque existe quel que soit le type de boisson alcoolisée : vin, bière, spiritueux…. En 2007, la part des cancers attribuables à la consommation d’alcool en France a été estimée à 10,8 % chez l’homme et à 4,5 % chez la femme (IARC, 2007). Elle est la deuxième cause de mortalité par cancers, après le tabac. Rappelons qu’en 2003, la France occupait le onzième rang mondial de la consommation d’alcool avec 9,3 litres d’alcool pur par an et par habitant. Elle se plaçait au deuxième rang pour la 13 Addict juin0910 ans.indd 13 Le Courrier des addictions (11) ­– n ° 2 – avril-mai-juin 2009 24/06/09 9:33:30