sédation voire une anesthésie générale sont de plus en plus
recommandées [9]. De plus, elle n’est pas dénuée de risque :
bactériémie, transmission d’un agent infectieux de patient à
patient, hypoxie majorée en cas de sédation, hémorragie et
hématome en cas de biopsie chez les patients à risque hémor-
ragique.
La réalisation d’une endoscopie digestive chez l’enfant
nécessite la disponibilité d’une structure adaptée aux spéci-
ficités pédiatriques, tant pour le matériel que pour l’expé-
rience de l’endoscopiste mais aussi avec l’équipement propre
à la prise en charge spécialisée de nourrissons.
Les situations de suspicion d’œsophagite sont vécues
comme une urgence par les familles, supportant difficilement
les pleurs et l’inconfort du nourrisson, et réclament une
réponse thérapeutique rapide. Le délai d’obtention d’une
endoscopie peut alors être jugé trop long et justifie pour
certains la prescription d’un antisécrétoire, dont l’efficacité
doit être rapidement constatée en un ou deux jours.
Cette attitude est très discutable car l’utilisation trop large
et non contrôlée des antisécrétoires, et plus particulièrement
des inhibiteurs de la pompe à protons, peut conduire à mas-
quer des affections s’accompagnant d’une inflammation
œsophagienne mais dont la cause pourrait bénéficier d’un
traitement spécifique (allergie par exemple), mais surtout
pourrait augmenter de façon significative l’incidence des
effets secondaires.
En pratique, face à un RGO, le pédiatre est confronté à
trois situations cliniques :
•l’enfant présente une symptomatologie évocatrice
d’œsophagite. Afin de pouvoir optimiser l’approche thé-
rapeutique, il est important de confirmer l’existence de
cette œsophagite par fibroscopie. Il est déconseillé de
prescrire des antisécrétoires pour une œsophagite, sans
l’avoir confirmée par une fibroscopie [6] ;
•l’enfant ne vomit ou ne régurgite que très occasionnel-
lement ou pas du tout, mais présente des manifestations
qui suggèrent une pathologie de RGO. Afin de pouvoir
valider l’attitude thérapeutique, il est important de pou-
voir établir avec précision le diagnostic de RGO ; la
pH-métrie trouve dans cette situation une indication de
choix [4,6] ;
•l’enfant présente des régurgitations ou même des vomis-
sements sans autres symptômes d’appel mais évolue et
grossit normalement. Cependant, les parents sont in-
quiets et demandent une consultation médicale. Ce
RGO, non compliqué, surtout chez le nourrisson de
moins d’un an ne nécessite aucune investigation préala-
ble à la mise en place d’une prise en charge diététique et
d’une surveillance médicale simple par son pédiatre
[5,6].
Pour conclure, il est important de rappeler que les pleurs
« inconsolables » isolés du nourrisson ne sont en aucun cas
une indication d’endoscopie digestive [10]. L’écoute des
familles et l’examen attentif du nourrisson permettent tou-
jours de faire la différence entre les pleurs nocturnes, les
douleurs lors de la prise du biberon, les autres signes évoca-
teurs d’œsophagite et les pleurs diurnes et vespéraux, parfai-
tement isolés et sans retentissement organique des coliques
du nourrisson. L’enfant qui pleure n’est en aucun cas une
indication d’endoscopie digestive, ni de traitement d’essai
par antisécrétoire. Enfin, il est indispensable de rappeler que
l’indication d’une endoscopie digestive doit être portée par
l’endoscopiste lui même après une analyse soigneuse des
symptômes et qu’il ne doit pas être tenté de la réaliser, sans
évaluation, sur la simple demande.
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souvent évoqué. Réalités Pédiatriques 2001;62:17–20.
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