40 Soins Libéraux Reflux gastro-œsophagien (RGO) Traitement médical ou chirurgical ? Le reflux gastro-œsophagien est l’exposition de l’œsophage à une acidité provenant de l’estomac à laquelle il n’est pas préparé. L’affection toucherait occasionnellement 45 % de la population, et 10 % quotidiennement. Face à l’impact économique des traitements au long cours, l’idée est de traiter chirurgicalement et définitivement le RGO. C hez les 10 % de personnes pour qui le RGO est invalidant, la moitié d’entre elles, voire jusqu’à 80 % selon les études, présentent des lésions d’œsophagite aux explorations complémentaires. D’où la nécessité de faire cesser cette maladie, pour en éviter, certes, les désagréments, mais surtout, les complications, parmi lesquelles, et non des moindres, la dégénérescence néoplasique. Les objectifs du traitement du RGO sont de soulager les symptômes et de guérir ou d’améliorer les lésions œsophagiennes. Seule la guérison de ces dernières permet d’éviter les complications. La pathologie est en elle-même bénigne dans la majorité des cas. Le traitement doit donc avoir un risque vital très faible, entraîner un minimum de séquelles ou d’effets secondaires, et être efficace de manière durable. Le traitement médical Le but du traitement médical est d’obtenir la cicatrisation des lésions œsophagiennes pour éviter les hémorragies, les sténoses et l’endobrachyœsophage. Les inhibiteurs de Surveillance d’un patient opéré par cœliochirurgie En dehors de la surveillance normale des paramètres postopératoires, l’IDE doit surveiller les points d’entrée à la recherche de saignements, les complications de paroi étant rares. Il s’agit aussi de vérifier le liquide de drainage si besoin, de guetter des manifestations hémorragiques internes (douleurs abdominales, ballonnement, arrêt du transit, voire état de choc), de signaler la reprise du transit. Une douleur de l’épaule est souvent due au pneumopéritoine et cède facilement aux antalgiques. Professions Santé Infirmier Infirmière N° 60 • décembre 2004 la pompe à protons (IPP) sont en cela remarquablement efficaces. La rapidité de la cicatrisation se traduit par une disparition rapide des symptômes. Cependant, à l’arrêt du traitement, dans un cas sur deux se produit une récidive entraînant une véritable dépendance thérapeutique. Utiliser les IPP au long cours est une possibilité, puisque leurs effets secondaires sont quasi inexistants et la mortalité nulle. Le contrôle de la sécrétion acide est toutefois imparfaite, comme en témoigne une hyperacidité nocturne. De même, l’achlorhydrie chronique est-elle réellement sans danger ? Le manque de recul crée une incertitude. Tous ces éléments font discuter une indication chirurgicale. Le traitement chirurgical Les indications du traitement chirurgical du RGO ont été longtemps limitées au reflux chronique compliqué symptomatique. Il est désormais de plus en plus proposé dans des stades précoces. La chirurgie n’est certes pas dénuée de risques, mais, depuis l’apparition de la laparoscopie, elle présente de nombreux intérêts. La mortalité est faible, inférieure à 1/1 000, et le taux de réussite élevé, soit 15 % de brûlures et 5 % de régurgitations à 5 ans. La cœliochirurgie présente des taux de réussite opératoire identiques à ceux de la chirurgie conventionnelle, mais surtout des avantages en termes de durée d’hospitalisation et d’incapacité physique. La prise d’antalgiques est nettement moins importante, signant une algie plus faible et, à terme, un moindre risque d’éventration. Ce qui la rend fondamentale, c’est que c’est la seule technique (d’intervention chirurgicale) qui permet de prévenir, voire de faire régresser, un endobrachyœsophage (EBO). Cette complication, qui n’est pas rare, peut toucher un patient sur cinq, avec des risques métaplasiques que seule la chirurgie permet de prévenir. En bref, celle-ci est recommandée pour une meilleure qualité de vie, car elle permet de contrôler les complications chroniques. Enfin, en termes de coût, le traitement médical est uniquement symptomatique et peut durer de longues années. Au-delà de 6/10 ans de prescriptions régulières de médicaments, son coût dépasse celui de la chirurgie, qui ne se contente pas d’être symptomatique, mais est également causale et définitive. C’est ainsi que les conférences de consensus conseillent l’intervention chirurgicale en cas de récidive de RGO, après un traitement médical bien conduit, ou lors de l’apparition de complications. JB Entretiens de Bichat Paris 2004, d’après les interventions des Drs N. Turrin, F. Menegaux, Q. Nguyen Thanh, C. Tresallet, J.P. Chigot, service de chirurgie générale Pitié-Paris. De nouvelles possibilités thérapeutiques endoscopiques ont été récemment décrites dans la prise en charge du RGO. Ces techniques (sutures ou plicatures endoluminales, radiofréquence, injection de matériel inerte) sont en cours d’évaluation et ne peuvent être actuellement considérées comme une alternative thérapeutique pouvant être recommandée en routine. (Oleynikov D, Odelschlager B. New alternative in the management of gastroesophageal direase. Am J Surg 2003;186:106-11).